JEAN PIERRE
Voilier français de 469 tx JB
Trois-mâts barque en bois construit en 1868 à Bordeaux pour l'armateur MONTAUDRY (selon Louis Lacroix) En fait le navire appartenait à Madame Montaudry, et messieurs Héraud (ou Métaireau ?) et Dubourg
Ce navire fit de nombreux voyages à la côte d'Afrique avec retour sur les Antilles.
Armateur en 1917 DENIAU fils Ainé de Bordeaux
Capitaine LEBEAU Capitaine au Long Cours inscrit à Piriac
Equipage 12 hommes tous Français
Effectue une traversée Sainte Lucie – Bordeaux
La perte de JEAN PIERRE
Le 18 Février 1917 à 17h00, JEAN PIERRE se trouve à 80 milles dans le N80W de La Coubre, faisant route à 3 ou 4 nœuds.
Temps à grains. Grosse houle d’WSW. Petite brise de SW. Visibilité médiocre.
Un sous-marin est aperçu à 2 quarts sur bâbord avant et tire deux coups de canon à obus.
Mis en panne. Largué misaine et voiles hautes. A 17h30, le sous-marin s’approche à 400 m et l’équipage reçoit l’ordre d’abandonner le voilier et de venir sur le sous-marin. Trois hommes seulement restent dans le canot dans lequel montent 7 Allemands et 1 officier qui vont se livrer à un pillage méthodique et consciencieux du voilier. Conserves, provisions, couvertures de laine, cartes, chrono, sextant, montres, rapporteurs, cirés…tout est embarqué dans le sous-marin.
Pendant le pillage, le commandant demande au capitaine Lebeau le nom de son navire. L’ayant reçu, il disparaît quelques instant dans le sous-marin, puis revient avec un papier et lui dit :
-« Ah ! Vous venez de Sainte Lucie et vous transportez 400 tonnes de bois de campêche ».
Or JEAN PIERRE transportait 350 tonnes de bois de campêche, 50 tonnes de bois d’acajou et 75 fûts de rhum. Les Allemands étaient donc bien renseignés.
Il demande ensuite aux marins :
-« Pourquoi n’êtes-vous pas soldats ? »
-« Nous n’avons pas encore l’âge » répond un jeune matelot.
-« C’est vrai que vous paraissez bien jeune » lui répond le commandant qui ajoute « La France a encore beaucoup d’hommes ! »
Le capitaine demande alors à l’Allemand de le remorquer vers la terre, ou de les remettre à un navire neutre.
-« Impossible ; nous n’avons pas le temps » lui répond le commandant et il ajoute « -Pourquoi donc êtes vous alliés avec ces c…. d’Anglais ? Je vous laisse de l’eau, des biscuits, un fanal et un compas. Partez maintenant ».
Les hommes sont remis dans le canot dont la voile est hissée et qui fait alors route à l’EqSE. Dans la nuit, le capitaine revient sur les lieux de l’attaque, mais constate que JEAN PIERRE a disparu. Un coup de canon avait été entendu. Il met alors le cap sur la terre. Le canot est recueilli près de La Coubre le 20 au matin par le MENHIR (nota : chalutier dragueur auxiliaire de Bordeaux) L’équipage est débarqué à Royan à 10h30.
Commentaire de l’officier enquêteur
L’interrogatoire de l’équipage et le pillage en règle du voilier montre bien la gêne économique dans laquelle se trouve l’Allemagne. Ces renseignements semblent aussi montrer que l’Allemagne avait eu par la poste le manifeste papier du navire. On peut envisager un envoi au sous-marin par TSF.
Description du sous-marin
Longueur d’au moins 80 m
Sur le pont, une couronne de sauvetage portait la lettre U, mais le numéro avait été effacé.
Deux canons, un sur l’avant du kiosque et un sur l’arrière.
Rambarde percée avec filière d’acier le long de la coque.
Antenne TSF allant du kiosque à l’avant et à l’arrière.
Peinture blanche paraissant fraîche.
Peut-être des logements pour mines de chaque côté du kiosque
Le commandant parlait très bien le français
Voici la silhouette du sous-marin

Le sous-marin attaquant
C’était l’U 50 du KL Gerhard BERGER.
U 50 disparaîtra en mer du Nord, vers Terschelling, le 31 Août 1917 avec tout son équipage, ayant probablement sauté sur une mine.
La description du sous-marin et la silhouette dessinée par les hommes de JEAN PIERRE font évidemment penser aux renseignements donnés par les hommes de LES BALEARES, attaqués la veille sur la même zone par un sous-marin identique. Il est à nouveau confirmé que LES BALEARES a bien rencontré l’U 50.
(Voir ce lien : pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... _1.htm#bas )
Cdlt