ALMA-JEANNE Dundee de pêche des Sables d'Olonne

[olivier 12]

ALMA JEANNE

Dundee de pêche des Sables d’Olonne
32 tx
Armateur Ernest Pagot des Sables
Capitaine BRIQUEVILLE + 4 hommes + 1 mousse

La perte d’ALMA JEANNE

Le 15 Février 1917 entre 13h00 et 13h30, ALMA JEANNE se trouve par 46°09 N et 01°53 W à environ 30/35 milles dans l’WqSW des Baleines. A environ 400 m se trouve le dundee DESIRE LOUISE. Le patrouilleur VILLE DE ROYAN est à environ 5 milles.
Beau temps. Brise d’ESE. Mer clapoteuse. Temps très clair.

Un sous-marin est aperçu à 3 milles sur bâbord, faisant route sur les dundees. Il tire trois coups de canon, dont un sur DESIRE LOUISE et deux sur ALMA JEANNE. Les voiles sont percées par les éclats d’obus et entièrement déchirées. Le compas est brisé et le mousse est blessé à la main par des éclats de verre.
Les hommes mettent en panne, montent dans le youyou et viennent accoster le sous-marin qui s’est approché. Le commandant demande en mauvais français « Avez-vous des vivres ? » Ils répondent « Non ».
Le sous-marin prend alors le youyou en remorque et vient près du dundee. Le commandant fait monter 3 hommes sur le sous-marin et envoie un de ses marins sur le voilier. Il prend quelques vivres, pose une bombe dans la cale, allume la mèche et, quittant précipitamment le voilier, fait signe aux hommes de revenir au sous-marin. (Il ne parlait pas français).
Les Français rembarquent dans le youyou tandis que le patrouilleur VILLE DE ROYAN ouvre le feu sur le sous-marin. Celui-ci répond par 5 coups de canon, puis plonge en quelques minutes.

Les hommes sont recueillis à 13h45 par le VILLE DE ROYAN où ils retrouvent l’équipage de DESIRE LOUISE qui avait aussi été arraisonné par le sous-marin. Les deux dundees coulent presque en même temps.

Le patrouilleur VILLE DE ROYAN, rejoint par le patrouilleur FOI, croise sur les lieux pendant deux heures. Il rejoint La Pallice à 20h00, où les naufragés sont débarqués.

Description du sous-marin

60 à 70 m de long.
Blockhaus surmonté d’une passerelle
2 périscopes
Antenne TSF passant par-dessus le kiosque
1 canon d’environ 75 mm sur l’avant du kiosque, monté sur affût pivotant
Selon le capitaine, ce sous-marin pourrait être du type UB 18/47, mais avec une étrave renversée à guibre très prononcé.
Peinture gris foncé

Voici sa silhouette



Commandant portant une veste de cuir noir et une casquette. Parlait un peu français
Vu une douzaine d’hommes vêtus de cuir avec bottes et bonnets aux inscriptions diverses

Le sous-marin attaquant

C’était en fait l’ UC 66 de l’OL Herbert PUSTKUCHEN.
Ce sous-marin disparaîtra en Manche le 12 Juin 1917, après une rencontre avec le HMT SEA KING, peut-être coulé par l’explosion de ses propres mines. Il n’y aura pas de survivants parmi ses 23 hommes d’équipage.

On notera que l'officier enquêteur nomme en permanence ce dundee "ANNA JEANNE" ... et c'est sous ce nom qu'il figure dans les archives de Vincennes le concernant. Heureusement, le capitaine de DESIRE LOUISE, dans son rapport, le nomme bien ALMA JEANNE.

Cdlt

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Un complément sur ALMA JEANNE

Ce dundee était immatriculé n° 226 aux Sables

L'équipage se composait de

BRIQUEVILLE Auguste Capitaine
NAULLEAU Louis Matelot
BERANGER Elisée Matelot
LAURENT Raoul Matelot
BENITO Léon Matelot
NAULLEAU fils Mousse

Cdlt

[Rutilius]

Bonsoir à tous,


Corrections et compléments :

— BRIQUEVILLE Auguste, patron, inscrit à Saint-Valery, n° 223.

— NAULEAU Louis, matelot, inscrit aux Sables-d’Olonne, n° 812.

— BARRANGER Élisée, matelot, inscrit à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, n° 418.

— RAOULT Laurent, novice, inscrit à Auray, n° 6.369.

— BÉNÉTEAU Léon, novice, inscrit à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, n° 830/1.266.

— NOLEAU ..., mousse [Très probablement le fils – ou un proche parent – de NOLEAU Louis, autre matelot embarqué sur l’Alma-Jeanne, inscrit à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, n° 418].

[Rutilius]

Bonjour à tous,


■ Historique (complément).


― 17 décembre 1916 : Recueille et débarque aux Sables-d’Olonne l’équipage du trois-mâts goélette terre-neuvier Immaculée-Conception, de l’armement F. Delisle, de La Houle ~ Cancale, coulé au canon par le sous-marin allemand l’UC-18 (Oberleutnant zur See Wilhelm Kiel), à 9 milles dans le N. 52 W. du phare de La Coubre, par 45° 49’ N. et 1° 34’ W.


― 5 janvier 1917 : Recueille successivement :

• les 16 hommes d’équipage du cargo britannique Allie, de l’armement Stone & Rolfe Ltd, de Llanelly (Royaume-Uni), coulé au moyen de charges explosives par le sous-marin allemand UB-39 (Oberleutnant zur See Heinrich Küstner), à 10 milles dans le S.-W. des Baleines, par 46° 15’ N. et 1° 48’ W., alors qu’il allait de Swansea (Pays de Galles, Royaume-Uni) à Bordeaux avec un chargement de sulfate de cuivre ;

• les 19 hommes d’équipage du cargo norvégien Markland, de l’armement A/S D/S Markland (O. & A. Irgens & C°), de Bergen (Norvège), coulé au moyen de charges explosives par le même sous-marin, à 6 milles des Baleines, par 46° 14’ N et 1° 41’ W., alors qu’il allait de Bayonne à Cardiff (Pays de Galles, Royaume-Uni) avec un chargement de poteaux de mine ;

• les 21 hommes d’équipage du cargo britannique Easgate – non identifié.

Soit, au total, 56 hommes.

Remet en route l’équipage de l’Easgate à un patrouilleur – non identifié – de la 5e Escadrille des patrouilles de l’Atlantique et débarque aux Sables-d’Olonne ceux de l’Allie et du Markland.



— F. YDIER, Secrétaire-trésorier de la Société Olona, Instituteur public : « A la gloire des Marins Sablais et Chaumois. Épisodes de la lutte sous-marine en 1917 ~ 1918 », monographie de 16 p., s.l.n.d.


« IV. — Sauvetage de naufragés.

[...]

L’Alma-Jeanne, des Sables-d’Olonne.


La Guerre suscite le dévouement entre les Combattants et nous savons tous quelles amitiés profondes naquirent chez ceux qui vécurent en commun des heures tragiques.
Si le fantassin ramène à l’abri le camarade blessé, le marin, lui, empêche son voisin de couler ou le ramène au port, sans songer que tout retard qu’il s’impose peut lui être funeste.
Tel fut l'humble rôle que joua l’Alma-Jeanne du port des Sables-d’Olonne.
Le 17 décembre 1916, à 8 h. 30, le trois-mâts Immaculée-Conception de Cancale quittait le mouillage du Verdon, faisant route au N.-W. ¼ N., à une vitesse de 6 à 7 milles environ, de concert avec le Saint-Yves, à bâbord.
A 14 heures 30, l’Immaculée recevait 2 coups de canon qui lui criblaient son hunier : à 1 mille, entre les deux navires, émergeait un sous-marin ennemi.
Or, à cette époque, nul bateau de commerce n’était armé. Devant une résistance impossible, le Capitaine fit embarquer son équipage dans trois doris, en sauvant les papiers du bord et le sextant. Témoins impuissants, ils virent couler un vapeur de nationalité inconnue (n° 38 de la carte des épaves), le Saint-Yves et enfin, à 15 h. 25, leur propre navire s’enfonça dans les flots par 45° 49' N. de latitude et 1° 34’ 3’’ de longitude W. de Greenwich.
Lorsque le sous-marin, satisfait de son œuvre destructrice, quitta la scène pour attaquer un vapeur qui sortait de la Gironde, les trois doris songèrent à leur propre sauvegarde et, apercevant au loin quelques barques, se dirigèrent sur elles.
Le premier doris atteignit l’Alma-Jeanne à 3 milles au Nord. Le patron, sans se soucier du danger, recueillit les naufragés, alluma un fanal pour signaler sa présence et permettre aux retardataires de le rejoindre dans la nuit sombre ; il s’immobilisa ainsi dans cette zone dangereuse jusqu’à 18 heures. A ce moment, tous ayant rallié, l’Alma mit le cap vers les Sables-d’Olonne.

*
* *

Un second sauvetage s’inscrit à l'actif de cette même barque.
Le vapeur norvégien Marckland, chargé de poteaux de mines, quittait Bayonne le 4 janvier 1917, à destination de Cardiff. Le 5, à 14 h. 30, il se trouvait à 6 milles environ des Baleines (Longitude W., 1° 41’ de Greenwich, Latitude N., 46° 13’) quand il aperçut un sous-marin qui se dirigeait vers lui.
Le Capitaine ordonna alors à tous les hommes disponibles de descendre à la chaufferie pour forcer de vitesse et fit mettre cap à terre en zigzaguant (1). Mais, vers 15 heures, l’Allemand s’en approcha à 2 milles et ouvrit le feu. Un premier coup de canon coupa le mât principal ; un second troua le kiosque, blessant 3 hommes et le Capitaine eut sa botte coupée par un éclat de bois.
Le sous-marin arriva à 150 mètres du vapeur, et, de la voix, le Capitaine allemand ordonna de stopper. Il fallut s’exécuter, abandonner le navire. Le sinistre travail s’accomplit ensuite : visite du navire par les ennemis, dépôt de trois bombes ; et, sous les yeux de l’équipage réfugié dans les doris, coula le Marckland.
L’Alma-Jeanne croisait dans ces parages ; il recueillit les naufragés et les ramena sains et saufs dans le port hospitalier aux Infortunés qu’est celui des Sables-d’Olonne.
Honneur à ce Capitaine qui tenta d’échapper par tous les moyens mis à sa disposition ; honneur au patron et aux matelots de l’Alma-Jeanne dont l’humble secours sauva des vies humaines !

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(1) Cf. F. Ydier : " Au Large des Côtes Vendéennes. Croisière à bord du Cuirassé Diderot ". §. II. – Les Manœuvres. — (Préface de l’Amiral Merveilleux du Vignaux). » .
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(op. cit., p. 8 et 9)



■ Récompense accordée à l’équipage du dundee Alma-Jeanne pour actes multiples de sauvetage [Prix Henri Durand (de Blois)].


• Journal officiel du 9 mai 1918, p. 4.040.


« Par décision du 18 mars 1918, prise sur l’avis de la section permanente du Conseil supérieur de la Marine, le Ministre de la Marine a accordé des prix Henri Durand (de Blois) aux sauveteurs ci-après désignés :

[ ...]

[Rutilius]

Bonsoir à tous,


Le patron Auguste BRIQUEVILLE – alors inscrit à Boulogne-sur-Mer, n° 16.174 H.S. – est disparu en mer début Novembre 1926 au large de l’île d’Yeu avec le voilier Espérance, immatriculé à Concarneau, n° 1451.


• L’Ouest-Éclair – éd. de Nantes –, n° 9.150, Jeudi 11 novembre 1926, p. 6, en rubrique « Nouvelles maritimes ».