PERE Emile (206e RI) mort des suite d'un ... incident de discipline

[bretelles jaunes]

Bonjour à toutes et tous, bonjour Serge,

J’ouvre ce fil dans la rubrique Soldats de la Grande Guerre suite à une question de Serge Michel à propos du caporal PERE Emile du 206e RI, postée dans un autre sujet : pages1418/forum-pages-histoire/Generali ... 0731_1.htm

Sur le coup je n’avais pas "percuté" mais un caporal du 206e, mort dans une formation sanitaire à Nancy le 12 janvier 1915 suite à un "incident de discipline" il ne peut pas y en avoir trente six … il s’agit donc, c’est plus que probable, de l’homme dont Marc Delfaud, téléphoniste au 206e, évoque la tragique mésaventure dans ses carnets (pp. 117-118).

(Source : Marc DELFAUD, Carnets de guerre d’un hussard noir de la République, préface d’Antoine Prost, Publié sous la direction du général André Bach, éditions italiques, 2009, 680 p.)

Samedi 9 janvier
… Peu après arrive un message informant la brigade qu’un officier d’artillerie vient de tuer à coups de revolver un fantassin du 206 à Champenoux.
Des détails nouveaux arrivent bientôt, concernant cet assassinat. Tout d’abord le rapport médical, qui vise évidemment à couvrir l’officier : un homme a été blessé d’un coup de revolver par un officier d’artillerie à la suite d’un incident. L’homme a une plaie à l’estomac et paraît gravement atteint. Il a été dirigé sur l’hôpital de Nancy. Puis c’est le rapport du capitaine Deschamps, à la compagnie duquel appartient la victime : « Un caporal et un homme, tous deux ivres, sortaient d’un cabaret de Champenoux. Un officier d’artillerie les rencontra, et les hommes étant rentrés en rébellion, l’officier tira sur l’un d’eux un coup de revolver. Le blessé a été évacué. L’autre a été incarcéré à la prison d’Essey »…

Dimanche 10 janvier
… J’ai appris ce matin de nouveaux détails sur le drame de Champenoux, lesquels pour n’être pas officiels ne s’en rapprochent que davantage de la réalité : un caporal et un homme de la 24e sortaient d’un cabaret de Champenoux fortement éméchés. Un lieutenant d’artillerie vint à passer et leur fit une observation qui fut assez mal reçue. Furieux, l’officier fit appréhender le soldat et le fit ligoter. Ce que voyant, le caporal prit son couteau pour trancher les liens. Ce que voyant, le lieutenant eut peur et abattit l’homme à coups de revolver. L’infortuné est mort maintenant. Il était père de famille. Quant au meurtrier, il ne sera pas inquiété : n’est-on pas en guerre ? Telles sont les méthodes en usage dans l’armée française.

Si ce court extrait vous donne l’envie d’en savoir plus sur M. Delfaud et son témoignage, vous pouvez consulter le blog de Jeanne Delfaud (la fille de l’instituteur charentais, à l’origine de la publication des carnets de son père) riche de très nombreux documents :
http://picasaweb.google.com/jeanne.delfaud/

Amis forumeurs, avez-vous dans vos archives d'autres exemples de ce genre "d'incidents de discipline" ?

Bien cordialement,

Guilhem.

[pappy_boyington]

Bonsoir bretelles_jaunes,

Quelle triste histoire en effet...

"Des détails nouveaux arrivent bientôt, concernant cet assassinat. Tout d’abord le rapport médical, qui vise évidemment à couvrir l’officier..."

Mais êtes-vous sûr de pouvoir passer la censure du forum en révélant de telles choses? Car enfin, ce n'est qu'un bouseu de plus flingué par un officier qui fut sans doute un héros très décoré et qui figure dans de nombreux livres d'or!!!!
Ca m'étonne d'ailleurs que certains n'aient pas encore réagi en dénonçant l'information...
Messieurs les censeurs bonsoir!

Bien cordialement.

Pappy.

[Charraud Jerome]

Bonjour
Bien sûr d'autres cas d'exécutions sommaires existent, mais je n'emploierais pas le mot de censure, mais plutôt celui de méconnaisance.
Le plus dur est finalement de connaitre le contexte de la mort. A noter que le nom du général Bach revient souvent lors de ses "affaires", dans son ouvrage "Fusillés pour l'exemple 1914-1915" lui même reconnaissait la difficulté de répertorier ces cas.
Une simple fiche Mémoires des Hommes ne peut suffire, le plus dur est de trouver le témoignage clé. Un autre cas avait été signalé en 2006 sur le forum, il concernait un soldat du 268e RI:
pages1418/forum-pages-histoire/vous-mor ... 4693_1.htm
Il m'avait permis de rédiger ce message sur mon blog:
http://indre1418.canalblog.com/archives ... 92936.html

Cordialement
Jérôme Charraud

[Rutilius]

Bonsoir à tous,

Situation inverse : le supérieur – voire le simple soldat – victime d’un homicide ou d’un meurtre à la suite d’un acte d'insubordination ou de rébellion :

― MALGOUYARD Ernest, né le 13 juin 1880 à à Souillaguet – Saint-Cirq-Souillaguet depuis 1915 – (Lot), mort le 28 juillet 1918 à Fez (Maroc) d’un « coup de feu tiré par un chasseur (assassinat) en service commandé », Sergent, 7e Régiment d’infanterie, 17e Groupe spécial, Matricule n° 013.750, classe 1900, n° 302 au recrutement de Cahors [Acte transcrit à Paris (XVIIIe Arr.), le 10 déc. 1918].

― OZOUF André René, né le 5 septembre 1896 à Saint-Hélier (Île de Jersey, Royaume-Uni), mort le 19 août 1917 à Aïn-Leuh (...), « tué par un indigène en rébellion », Soldat de 2e classe, 2e Bataillon d’infanterie légère d’Afrique, Matricule n° 5.400, classe 1916, n° 1.406 au recrutement de Cherboug [Acte transcrit à Cherbourg (Manche), le 2 janv. 1918].
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Bien amicalement à vous,
Daniel.

[Rutilius]

Bonsoir à tous,

Sujet voisin :

■ L’exécution, « pour faire cesser le danger », d’un officier pris d’un soudain accès de folie.

● Journal de marche et opérations de la 37e Division, Quartier général, n° 1, du 2 août 1914 au 25 décembre 1914 : S.G.A. « Mémoire des hommes », cote 26 N 330/1, p. num. 3 et 4 :

« [...] Le 4 août [1914]– A 5 heures du matin, le Goeben (croiseur allemand) bombarde Philippeville (12 coups de canon). A 9 heures, le général Comby préside la commission de défense de Philippeville à la sous-préfecture. 10 tués, 10 blessés.

Le 5 août – A 8 heures, enterrement des victimes du bombardement. Discours du général Comby au cimetière. Embarquement à 12 heures à bord de la Medjerda. On passe la nuit dans le port.

Le 6 août – Réveil. Arrivée de l’escadre au large de Philippeville. On la rejoint en partant vers 6 h 30. Vers 7 h, on fait route pour la France. L’escadre se compose de : le Diderot ; le Danton ; le Jules-Michelet ; le Vergniaud ; l’Edgar-Quinet ; l’Ernest-Renan ; le Mirabeau.

Nuit du 6 au 7 août – Le lieutenant Blanc (de l’État-major de l’artillerie) pris subitement d’un accès de folie tue deux hommes de l’équipage de la Medjerda, blesse grièvement l’officier d’administration Garnier (de l’hôpital militaire de Constantine) et un homme de l’équipage.

Le lieutenant Blanc est abattu pour faire cesser le danger.

Le 7 août – En mer. Vers 13 h 30, en rade d’Ajaccio. Les cadavres et le lieutenant et l’officier d’administration Garnier sont descendus à Ajaccio. Vers 14 h, départ pour la France.

Le 8 août – Arrivée à Marseille à 10 heures ½. Installation des bureaux de l’État-major à l’école des filles d’Arenc. Départ de Marseille à 22 h ½ (Gare d’Arenc). [...] »

Afin de compléter l'historique de la Medjerda, je demeure bien évidemment preneur de tout élément de nature à permettre l'identification formelle tant de l'agresseur que de ses trois victimes, notamment des deux marins dont, au demeurant, le rédacteur du J.M.O. du Quartier général de la 37e Division fait fort peu de cas.

Bien amicalement à vous,
Daniel.

[pierreth1]

Bonsoir,
"Tout d’abord le rapport médical, qui vise "évidemment" à couvrir l’officier : un homme a été blessé d’un coup de revolver par un officier d’artillerie à la suite d’un incident" je ne vois pas le coté "couverture" si le blesse arrive avec une balle dans l'estomac le rapport en fera etat point! en outre et sauf à avoir été témoin (et c'etait déja la règle à l'époque) un médecin n'a pas à prendre parti! il relate des faits constatés par lui! en l'occurence décés des suites d'une ou de plusieurs blessures de l'abdomen par balles, telle blessure étant mortelle ou mort sur le coup etc.. sans plus . je ne vois pas dans ce cas en quoi le rapport médical eut "dédouané" l'officier!
par contre dans cette narration et quoique l'on puisse penser de nos jours de cette période qu'il n'y ait pas eu de poursuites de l'officier n'est pas anormal: rebellion, utilisation d'une arme blanche pour tenter de libérer un camarade, personnes ivres, le tir pour excessif et disproportionné qu'il ait été, est "justifié" légalement. ( de nos jours les gendarmes ont toujours le droit même si depuis quelques années ce droit ait été limité, à la différence des policiers, de tirer sans être en état de légitime défense! Dans le cas de cet officier on est à priori dans ce type de situation. Pour porter un jugement il manque des éléments, distance du tir, état des deux ivrognes, excités? Violents? maitrisables? physiquement imposants? ou l'inverse, rapport de taille, de force officier, soldat? nombre de témoins? qui aurait ligoté le premier soldat si tant est que cela soit vrai et pas le fait de radio latrines..
En l'occurence on ne peut pas réellement (à priori) parler d'exécution sommaire mais plus d'un drame du à l'alcool! Ce type de drame arrive encore de nos jours et selon les tribunaux et les juges d'instruction cela va de la légitoime défense (rarement) aux coups et blessures involontaires, volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner, à l'homicide volontaire.. tout dépend des circonstance de la région où se sont déroulés les faits de l'humeur du juge d'instruction etc..
Par ailleurs toute personne ayant travaillé dans des services d'urgence hospitaliers et ayant eu à prendre en charge des ivrognes (il n'y a pas d'autre mot!) en crise sait que même avec 4/5 pompiers musclés ou gendarmes ou policiers il est parfois difficile de maitriser ce type de personne en crise, on en voit tout casser avant que l'on arrive à les calmer Et il peut arriver que l'on use de moyens contestables pour les rendre innoffensifs.. (je l'ai fait et l'ai vu faire.. bien que ce soit un délit! "coups et blessures volontaires"! mais à 3 dont une infirmière à minuit avec personne d'autre dans les ervices face à une personne imperméable à la discussion, en crise éthyllique violente dont la force est "décuplée" on n'a pas toujours le choix et comme en plus ils sont insensibles à la douleur....)
Cordialement
Pierre

[martinez renaud]

bonsoir à tous
Sur le site de notre ami le Chtimiste, un carnet de route (du sergent CHAUBET) fait mention d'un capitaine abattu par les soldats du 81ème RI le 21 août 1914 alors qu'il est pris d'un coup de folie (je ne peux expliquer autrement son attitude
Amicalement
Renaud

[Fyrag]

Bonjour
Pour Bretelles jaunes, 2 portraits d'officier vraisemblablement du 206e, dont je cherche l'identité. Photo ramenée par mon AG (qui était au 206e entre novembre 1916 et août 1917.

pages1418/qui-cherche-quoi/206e-recherc ... 7353_1.htm

Cordialement

[serge michel]

Bonsoir Guilhem, bonsoir à tous,

J'ai demandé et obtenu de la part de l'ONAC, la reconnaissance "Mort pour la France" pour le caporal Emile Gabriel PERE dit JEAN GROS.
J'ai estimé en mon âme et conscience qu'il avait droit à la reconnaissance de la nation.
Le débat autour des circontances de sa mort ne doit pas occulter son engagement à la défense de son pays jusqu'à ce jour tragique du 12 janvier 1915.

Cordialement.
Serge