Bonjour à toutes et à tous,
deux questions pour nos vrais spécialistes de l'Artillerie:
dans le JMO, de la II éme Armée je trouve l'expression : "une pièce de 240 à échantignolle" et "3 affûts-trucs de 155 L"
que sont ces pièces à échantignolle? (internet me donne une réponse vague)
que sont des affûts-trucs ?, l'orthographe est-elle correcte?
Merci d'avance.
Cordialement CC
artillerie à échantignolles?
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- Inscription : mer. nov. 10, 2004 1:00 am
Re: artillerie à échantignolles?
Bonsoir,
je réponds rapidement, car je dois partir, mais succintement, il s'agit d'une pièce de côte de 240 mm modèle 1884 monté sur affût à échantignolles.
C'est un affût en bois très rudimentaire, munis de 2 galets à l'avant.
Pour le 155 en affût truck, il s'agit de pièces, montées sur un affût, lui même, fixer sur une plate-forme adaptée. Ce matériel se déplace sur vois de 60. Affût-truck Peigné-Canet Mle 1897 sur voie de 60 pour le canon de 155c et 120L.
Amicalement
Florian
je réponds rapidement, car je dois partir, mais succintement, il s'agit d'une pièce de côte de 240 mm modèle 1884 monté sur affût à échantignolles.
C'est un affût en bois très rudimentaire, munis de 2 galets à l'avant.
Pour le 155 en affût truck, il s'agit de pièces, montées sur un affût, lui même, fixer sur une plate-forme adaptée. Ce matériel se déplace sur vois de 60. Affût-truck Peigné-Canet Mle 1897 sur voie de 60 pour le canon de 155c et 120L.
Amicalement
Florian
S'ensevelir sous les ruines du fort, plutôt que de se rendre.
La munition n'a ni amis, ni ennemis, elle ne connait que des victimes.
Si j’avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi ; si je recule, tuez-moi.
La munition n'a ni amis, ni ennemis, elle ne connait que des victimes.
Si j’avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi ; si je recule, tuez-moi.
Re: artillerie à échantignolles?
Bonsoir,
-Les affûts à échantignolles sont des affûts en bois avec armature en fer assez semblables aux anciens affûts de bord de la "Marine en bois", avant 1914, de tels affûts étaient encore employés dans les polygones de l'artillerie navale comme affûts d'expérience, notamment à Gâvres (56).
Au début 1915, le manque d'artillerie lourde conduit à monter "en catastrophe" des tubes modernes d'artillerie de côte sur de tels affûts pour improviser une riposte aux canons lourds allemands à longue portée.En effet, les canons de côte reposent sur des affûts modernes dans les batteries de côte mais leur poids rend à peu près impossible leur utilisation sur le front.Dans ces conditions, les affûts à échantignolles constituent une solution de transition avant l'entrée en service des affûts de l'artillerie lourde sur voie ferrée.Les affûts à échantignolles ont servi pour le montage transitoire des canons de 240 mm Mle 1884 de l'artillerie de côte puis de 240 mm Mle 1893 de l'artillerie de bord.La portée d'un 240 mm Mle 1884 sur affût à échantignolles atteint 16.000 mètres et celle d'un 240 mm Mle 1893 près de 20.000 mètres.
-Les affûts-trucs (ancienne orthographe en usage avant 1914) ou affûts-trucks (orthographe employée dès avant 1914 et généralement la seule employée dans les années 1915 et suivantes) sont des affûts sur voie ferrée.Il existait avant-guerre des canons de 120 L et 155 C sur des "affûts-trucs" Peigné-Canet construits à partir de 1893 et circulant sur les voies de 0,60 m des réseaux des places-fortes pour constituer une artillerie mobile de défense des places (affûts-trucs modèles 1893 et 1897).
Les trois affûts-trucs de 155 L sont des affûts sur voie ferrée normale construits à 6 exemplaires par Schneider fin 1914 en employant des tubes de 155 L "Transvaal" d'une ancienne commande de la République du Transvaal datant de 1899 juste avant la guerre des Boers et dont six tubes n'avaient pu être livrés pendant cette guerre anglo-boers.Les tubes existaient donc toujours au Creusot et c'est le général Coutanceau, gouverneur de Verdun, qui est à l'origine de cette commande d'affûts-trucs à l'automne 1914 (commande directe à Schneider du général Coutanceau) provoquant d'ailleurs la fureur de Joffre et de Millerand mis devant le fait accompli.Joffre a fini par régulariser cette commande et, pas trop rancunier, a fini par envoyer trois de ces affûts-trucs de 155 L à Verdun.
De rares photographies de tous ces matériels figurent dans mon livre "L'artillerie de la victoire-Les matériels de l'Artillerie Lourde à Grande Puissance" tome 2-Histoire et Collections-2008.
Cordialement,
Guy François.
-Les affûts à échantignolles sont des affûts en bois avec armature en fer assez semblables aux anciens affûts de bord de la "Marine en bois", avant 1914, de tels affûts étaient encore employés dans les polygones de l'artillerie navale comme affûts d'expérience, notamment à Gâvres (56).
Au début 1915, le manque d'artillerie lourde conduit à monter "en catastrophe" des tubes modernes d'artillerie de côte sur de tels affûts pour improviser une riposte aux canons lourds allemands à longue portée.En effet, les canons de côte reposent sur des affûts modernes dans les batteries de côte mais leur poids rend à peu près impossible leur utilisation sur le front.Dans ces conditions, les affûts à échantignolles constituent une solution de transition avant l'entrée en service des affûts de l'artillerie lourde sur voie ferrée.Les affûts à échantignolles ont servi pour le montage transitoire des canons de 240 mm Mle 1884 de l'artillerie de côte puis de 240 mm Mle 1893 de l'artillerie de bord.La portée d'un 240 mm Mle 1884 sur affût à échantignolles atteint 16.000 mètres et celle d'un 240 mm Mle 1893 près de 20.000 mètres.
-Les affûts-trucs (ancienne orthographe en usage avant 1914) ou affûts-trucks (orthographe employée dès avant 1914 et généralement la seule employée dans les années 1915 et suivantes) sont des affûts sur voie ferrée.Il existait avant-guerre des canons de 120 L et 155 C sur des "affûts-trucs" Peigné-Canet construits à partir de 1893 et circulant sur les voies de 0,60 m des réseaux des places-fortes pour constituer une artillerie mobile de défense des places (affûts-trucs modèles 1893 et 1897).
Les trois affûts-trucs de 155 L sont des affûts sur voie ferrée normale construits à 6 exemplaires par Schneider fin 1914 en employant des tubes de 155 L "Transvaal" d'une ancienne commande de la République du Transvaal datant de 1899 juste avant la guerre des Boers et dont six tubes n'avaient pu être livrés pendant cette guerre anglo-boers.Les tubes existaient donc toujours au Creusot et c'est le général Coutanceau, gouverneur de Verdun, qui est à l'origine de cette commande d'affûts-trucs à l'automne 1914 (commande directe à Schneider du général Coutanceau) provoquant d'ailleurs la fureur de Joffre et de Millerand mis devant le fait accompli.Joffre a fini par régulariser cette commande et, pas trop rancunier, a fini par envoyer trois de ces affûts-trucs de 155 L à Verdun.
De rares photographies de tous ces matériels figurent dans mon livre "L'artillerie de la victoire-Les matériels de l'Artillerie Lourde à Grande Puissance" tome 2-Histoire et Collections-2008.
Cordialement,
Guy François.
Re: artillerie à échantignolles?
Bonsoir à tous, bonsoir Guy,
vite fait, voilà celui pour le canon de 16c

Amicalement
Florian
vite fait, voilà celui pour le canon de 16c

Amicalement
Florian
S'ensevelir sous les ruines du fort, plutôt que de se rendre.
La munition n'a ni amis, ni ennemis, elle ne connait que des victimes.
Si j’avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi ; si je recule, tuez-moi.
La munition n'a ni amis, ni ennemis, elle ne connait que des victimes.
Si j’avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi ; si je recule, tuez-moi.
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- Inscription : mer. nov. 10, 2004 1:00 am
Re: artillerie à échantignolles?
Bonsoir,
je vous remercie vivement tous les deux pour ces rapides précisions techniques et orthographiques.
Il s'agit trés probablement des 3 affûts-trucs évoqués par ALVF puisque "nous" sommes le 12 mars 1916 et que le général Pétain se préoccupe de contrebattre l'artillerie allemande.
.....voici la citation :
D’autre part, par télégramme chiffré n° 5498 du 13 mars, (suite télégramme n°5333 du 11 mars) le GQG fait connaître que le commandant du groupement de l'ALP des deuxième et troisième Armées sera exercé par le commandant Martin. Il aura à surveiller, sous la direction du général Pétain, l’emploi des pièces de 305 et 200 laissées sur la ligne Verdun-Aubréville, du groupe Couade de 19, d’une pièce de 240 échantignolle et de la batterie de 370 annoncée, de trois affûts-trucs de 155 L. Le Général commandant en chef demande que lui soit rendu compte de l’emplacement et des missions de ces divers matériels...
Bien cordialement à vous deux
CC
je vous remercie vivement tous les deux pour ces rapides précisions techniques et orthographiques.
Il s'agit trés probablement des 3 affûts-trucs évoqués par ALVF puisque "nous" sommes le 12 mars 1916 et que le général Pétain se préoccupe de contrebattre l'artillerie allemande.
.....voici la citation :
D’autre part, par télégramme chiffré n° 5498 du 13 mars, (suite télégramme n°5333 du 11 mars) le GQG fait connaître que le commandant du groupement de l'ALP des deuxième et troisième Armées sera exercé par le commandant Martin. Il aura à surveiller, sous la direction du général Pétain, l’emploi des pièces de 305 et 200 laissées sur la ligne Verdun-Aubréville, du groupe Couade de 19, d’une pièce de 240 échantignolle et de la batterie de 370 annoncée, de trois affûts-trucs de 155 L. Le Général commandant en chef demande que lui soit rendu compte de l’emplacement et des missions de ces divers matériels...
Bien cordialement à vous deux
CC
Re: artillerie à échantignolles?
Bonjour,
Le croquis de Florian montre un affût à échantignolles pour canon de 16 cm qui a servi sur les navires du second empire et à Paris pendant la guerre de 1870-71 mais pas en 1914-1918.
Les affûts à échantignolles des pièces de 240 mm Modèle 1884 sont beaucoup plus gros et étaient transportés par la voie de 0,60 m ou par tracteurs lourds Latil.Plusieurs photos de ces affûts figurent dans mon article de la Revue GBM n° 88 de juillet 2009, deux photos de ces affûts sont d'ailleurs visibles en ligne sur le site de présentation de la Revue GBM n° 88.
Les "échantignolles" sont les pièces de bois à l'arrière de l'affût qui assurent le frottement de l'affût sur la plateforme en bois pendant le recul.Après le tir, il faut ramener l'affût à sa position initiale au moyen de cordages et d'un cabestan de carrier, tout ceci est assez lent...et explique que les affûts à échantignolles ne constituaient qu'un expédient provisoire et qu'ils furent abandonnés au profit des pièces d'A.L.V.F.
Cordialement,
Guy François.
Le croquis de Florian montre un affût à échantignolles pour canon de 16 cm qui a servi sur les navires du second empire et à Paris pendant la guerre de 1870-71 mais pas en 1914-1918.
Les affûts à échantignolles des pièces de 240 mm Modèle 1884 sont beaucoup plus gros et étaient transportés par la voie de 0,60 m ou par tracteurs lourds Latil.Plusieurs photos de ces affûts figurent dans mon article de la Revue GBM n° 88 de juillet 2009, deux photos de ces affûts sont d'ailleurs visibles en ligne sur le site de présentation de la Revue GBM n° 88.
Les "échantignolles" sont les pièces de bois à l'arrière de l'affût qui assurent le frottement de l'affût sur la plateforme en bois pendant le recul.Après le tir, il faut ramener l'affût à sa position initiale au moyen de cordages et d'un cabestan de carrier, tout ceci est assez lent...et explique que les affûts à échantignolles ne constituaient qu'un expédient provisoire et qu'ils furent abandonnés au profit des pièces d'A.L.V.F.
Cordialement,
Guy François.
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- Messages : 1547
- Inscription : mer. nov. 10, 2004 1:00 am
Re: artillerie à échantignolles?
bonjour Guy,
Merci de ces nouvelles précisions. Pour aller dans le sens de ce que vous ajoutez je précise que le JMO que "j'épluche" en ce moment revient à plusieurs reprises sur les voies de 0,60.
Cordialement CC
Merci de ces nouvelles précisions. Pour aller dans le sens de ce que vous ajoutez je précise que le JMO que "j'épluche" en ce moment revient à plusieurs reprises sur les voies de 0,60.
Cordialement CC