Bonjour
Il y a 95 ans, a eu lieu une des premières batailles sur le sol Français à Mangiennes (Meuse)
Hier lors de la cérémonie du souvenir, la chorale a chanté ce chant très émouvant :
Honneur à vous héros de notre histoire
Soldats frappés au plus fort des combats
Sur votre sang a fleuri la victoire
La liberté nait de votre trépas
Ah reposez, de vous la France est fière
Votre Martyr empourpre sa beauté
L'ange du ciel gardez votre puissance
Et dieu pour vous a fait l'éternité.
Le temps en vain ravage toutes choses
Dans nos tombeaux, nos coeurs et nos maisons
Sous le bandeau des paupières closes
Vos yeux ont vu de nouveaux horizons
Loin de la terre où l'on souffre où l'on pleure
S'épanouit votre front désormais
Du grand repos pour vous a sonné l'heure
Régnez au ciel ô martrys, pour jamais.
Nul ne saura la terre consacrée
Qui vous reçut de gloire ensevelie
Mais la patrie heureuse et délivrée
Vous défendra des douloureux oublis
Les champs lorrains sont un doux cimetière
Comme là-bas au village lointain
Honneur à vous ô morts de la frontière
Dormez, dormez jusqu'au dernier matin.
Malheureusement, personne ne connaît l'histoire de cette chanson ni son titre exact. Quelqu'un aurait-il des renseignements ?
Merci.
Pierre
Bataille de Mangiennes
Re: Bataille de Mangiennes
Bonsoir à Toutes & Tous
Bonsoir Pierre, Patrice et les amis de Mangiennes
- Pierre: un grand merci pour la retranscription de ce chant très émouvant et pour le rappel du combat fort oublié de Mangiennes !
- Patrice: pour en savoir un peu plus sur ce combat dont on a pas retenu les leçons par la suite (notamment à Virton le 22 août suivant...):
pages1418/forum-pages-histoire/aout-191 ... 6225_1.htm
Jusqu'à ce jour, je n'ai pas encore la chance de découvrir l'ouvrage du lieutenant-colonel PUGENS à ce sujet ...!
Un bonne soirée (bien agréable de Bruxelles)!
Bonsoir Pierre, Patrice et les amis de Mangiennes
- Pierre: un grand merci pour la retranscription de ce chant très émouvant et pour le rappel du combat fort oublié de Mangiennes !
- Patrice: pour en savoir un peu plus sur ce combat dont on a pas retenu les leçons par la suite (notamment à Virton le 22 août suivant...):
pages1418/forum-pages-histoire/aout-191 ... 6225_1.htm
Jusqu'à ce jour, je n'ai pas encore la chance de découvrir l'ouvrage du lieutenant-colonel PUGENS à ce sujet ...!
Un bonne soirée (bien agréable de Bruxelles)!
Bien cordialement
Paul Pastiels
Paul Pastiels
Re: Bataille de Mangiennes
Bonjour,
Au sujet de ce combat de Mangiennes, où le 130ème R.I de Mayenne subit de si grandes pertes, estimées à 700 hommes, dont 120 tués pour les deux bataillons engagés, il y a une tendance à sous-estimer les pertes allemandes qui furent, elles aussi, élevées.
Les autres pertes françaises citées par le Lt-Cl Pugens sont les suivantes: 91ème R.I, 13 tués, 69 blessés--120ème R.I, 3blessés---14ème Hussards, 13 blessés.La 9ème D.C a 85 hommes tués et blessés.
D'après les historiques des unités allemandes, rappelées dans le livre du Lt-Cl Pugens, la seule 6ème Division de cavalerie enregistra 450 pertes, le 5ème Bataillon de Chasseurs à Pied eut 5 officiers et 226 hommes hors de combat et le groupe d'artillerie à cheval eut 22 tués et 37 blessés.
Ces chiffres sont incomplets car ils ne prennent pas en compte les pertes du 21ème Dragons qui eut le tort de se rassembler en pleine vue de la 6ème batterie de 75 du 42ème R.A.C. qui ouvrit le feu à plus de 5100 m de distance sur cet objectif "admirable".Le 21ème Dragons eut de très grosses pertes d'après le témoignage d'un vétérinaire capturé, l'historique allemand de ce régiment ne dit rien sur ses pertes, ce qui est assez fréquent car les historiques allemands, encore plus que les historiques français, sont généralement "muets" sur les désastres et les pertes en matériel.
On cherchera en vain les pertes allemandes en matériel qui furent pourtant réelles puisque 3 mitrailleuses et 3 canons de 7,7 cm restèrent aux mains des français à l'issue du combat de Mangiennes, ces canons étaient très endommagés, une batterie à cheval ayant subi un tir écrasant de 75 dont les conséquences furent l'anéantissement d'une batterie (hommes, chevaux, matériels).Quelques dizaines de prisonniers non blessés furent faits, appartenant surtout au 5ème Chasseurs à pied et au 21ème Dragons allemands.
Cordialement, Guy.
Au sujet de ce combat de Mangiennes, où le 130ème R.I de Mayenne subit de si grandes pertes, estimées à 700 hommes, dont 120 tués pour les deux bataillons engagés, il y a une tendance à sous-estimer les pertes allemandes qui furent, elles aussi, élevées.
Les autres pertes françaises citées par le Lt-Cl Pugens sont les suivantes: 91ème R.I, 13 tués, 69 blessés--120ème R.I, 3blessés---14ème Hussards, 13 blessés.La 9ème D.C a 85 hommes tués et blessés.
D'après les historiques des unités allemandes, rappelées dans le livre du Lt-Cl Pugens, la seule 6ème Division de cavalerie enregistra 450 pertes, le 5ème Bataillon de Chasseurs à Pied eut 5 officiers et 226 hommes hors de combat et le groupe d'artillerie à cheval eut 22 tués et 37 blessés.
Ces chiffres sont incomplets car ils ne prennent pas en compte les pertes du 21ème Dragons qui eut le tort de se rassembler en pleine vue de la 6ème batterie de 75 du 42ème R.A.C. qui ouvrit le feu à plus de 5100 m de distance sur cet objectif "admirable".Le 21ème Dragons eut de très grosses pertes d'après le témoignage d'un vétérinaire capturé, l'historique allemand de ce régiment ne dit rien sur ses pertes, ce qui est assez fréquent car les historiques allemands, encore plus que les historiques français, sont généralement "muets" sur les désastres et les pertes en matériel.
On cherchera en vain les pertes allemandes en matériel qui furent pourtant réelles puisque 3 mitrailleuses et 3 canons de 7,7 cm restèrent aux mains des français à l'issue du combat de Mangiennes, ces canons étaient très endommagés, une batterie à cheval ayant subi un tir écrasant de 75 dont les conséquences furent l'anéantissement d'une batterie (hommes, chevaux, matériels).Quelques dizaines de prisonniers non blessés furent faits, appartenant surtout au 5ème Chasseurs à pied et au 21ème Dragons allemands.
Cordialement, Guy.
Re: Bataille de Mangiennes
Bonjour Patrice, bonjour à tous
La commémoration de cette bataille a lieu tous les ans le dimanche approchant le 10 août.
Je partage l'avis de Guy et d'ailleurs lors de mon intervention de dimanche j'ai dit qu'il faudrait à l'avenir aussi évoquer le coté allemand car dans les évocations on parle toujours des unités françaises mais bien peu de l'ennemi de l'époque.
Dans le cimetière allemand de Mangiennes sont d'ailleurs enterrés des soldats tombés pendant cette bataille que les Allemands appellent d'ailleurs la bataille de Pillon.
Reste à trouver les renseignements sur le chant......
Salutations
Pierre
La commémoration de cette bataille a lieu tous les ans le dimanche approchant le 10 août.
Je partage l'avis de Guy et d'ailleurs lors de mon intervention de dimanche j'ai dit qu'il faudrait à l'avenir aussi évoquer le coté allemand car dans les évocations on parle toujours des unités françaises mais bien peu de l'ennemi de l'époque.
Dans le cimetière allemand de Mangiennes sont d'ailleurs enterrés des soldats tombés pendant cette bataille que les Allemands appellent d'ailleurs la bataille de Pillon.
Reste à trouver les renseignements sur le chant......
Salutations
Pierre
Re: Bataille de Mangiennes
Bonjour à tous,
Le narrateur du JMO du 120e d'Infanterie tente de faire le bilan de cette journée pour son régiment. Ainsi, on peut y lire :
"Les prises furent : 3 mitrailleuses, 10 prisonniers dont un officier blessé.
Les pertes du 120e furent faibles : 3 soldats blessés, conséquence de l’appui efficace prêté par la batterie Lomballe et de l’offensive vigoureuse et décidée prise par le détachement du 120e.
[…]
Les prisonniers appartenaient : 1 officier et 6 hommes au 21e Dragons, 3 hommes au 5e Bataillon des Chasseurs à pied.
Interrogés à St Laurent s/Othain, ils firent connaître qu’ils redoutaient d’être mis à mort. Le Commandement Allemand aurait fait propager dans ses troupes l’idée que les Français mettaient impitoyablement à mort les Allemands qui tombaient entre leurs mains, vivants ou blessés. D’après eux, la guerre ne serait pas populaire en Allemagne. La mobilisation aurait eu lieu à partir du 2 Août. Ils ajoutaient que de nombreux blessés allemands se trouvaient à Pillon, sans soins. Le médecin auxiliaire Piettre, du 2e bataillon, accompagné de l’infirmier Mendelsohn se rendit à 22 h, à Pillon. Il y trouva une ambulance allemande en fonctionnement. Le médecin chef allemand le reçut correctement mais déclina ses offres de service. Il lui fit visiter deux de ses salles où il y avait 50 blessés. D’après les dires des femmes de Pillon, employées à cette ambulance, qui purent causer avec le médecin auxiliaire Piettre il y aurait à Pillon, répartis dans quatre grandes fermes, environ 400 blessés allemands.
Les soldats allemands avaient, dans la matinée, pillé complètement Pillon et mis le feu à une partie du village. Dix sept maisons brûlaient.
Le médecin auxiliaire Piettre et l’infirmier Mendelsohn purent revenir à Saint-Laurent s/Othain sans incident."
Mangiennes 10 août 1914 JMO du 120e RI 26N683/5
Cordialement
Eric
Le narrateur du JMO du 120e d'Infanterie tente de faire le bilan de cette journée pour son régiment. Ainsi, on peut y lire :
"Les prises furent : 3 mitrailleuses, 10 prisonniers dont un officier blessé.
Les pertes du 120e furent faibles : 3 soldats blessés, conséquence de l’appui efficace prêté par la batterie Lomballe et de l’offensive vigoureuse et décidée prise par le détachement du 120e.
[…]
Les prisonniers appartenaient : 1 officier et 6 hommes au 21e Dragons, 3 hommes au 5e Bataillon des Chasseurs à pied.
Interrogés à St Laurent s/Othain, ils firent connaître qu’ils redoutaient d’être mis à mort. Le Commandement Allemand aurait fait propager dans ses troupes l’idée que les Français mettaient impitoyablement à mort les Allemands qui tombaient entre leurs mains, vivants ou blessés. D’après eux, la guerre ne serait pas populaire en Allemagne. La mobilisation aurait eu lieu à partir du 2 Août. Ils ajoutaient que de nombreux blessés allemands se trouvaient à Pillon, sans soins. Le médecin auxiliaire Piettre, du 2e bataillon, accompagné de l’infirmier Mendelsohn se rendit à 22 h, à Pillon. Il y trouva une ambulance allemande en fonctionnement. Le médecin chef allemand le reçut correctement mais déclina ses offres de service. Il lui fit visiter deux de ses salles où il y avait 50 blessés. D’après les dires des femmes de Pillon, employées à cette ambulance, qui purent causer avec le médecin auxiliaire Piettre il y aurait à Pillon, répartis dans quatre grandes fermes, environ 400 blessés allemands.
Les soldats allemands avaient, dans la matinée, pillé complètement Pillon et mis le feu à une partie du village. Dix sept maisons brûlaient.
Le médecin auxiliaire Piettre et l’infirmier Mendelsohn purent revenir à Saint-Laurent s/Othain sans incident."
Mangiennes 10 août 1914 JMO du 120e RI 26N683/5
Cordialement
Eric
Cordialement
Eric ABADIE
Eric ABADIE
Re: Bataille de Mangiennes
Pertes de la 4e Division d'Infanterie à Mangiennes ce 10 août 1914
91e RI
Tués : 13 - un officier le sous-lieutenant de réserve MARCADET et 12 hommes de troupe ;
Blessés : 67 - deux officiers (capitaine CAHIERRE et lieutnant PORRAL) et 65 hommes ;
Disparus : 4 hommes de troupe.
E.M. de la 87e Brigade d'Infanterie
un blessé parmi la troupe
9e Bataillon de Chasseurs
Tués : 3 parmi la troupe ;
Blessés : 6 parmi la troupe ;
Disparus : 14 parmi la troupe.
18e Bataillon de Chasseurs
Tués : 3 parmi la troupe ;
Blessés : 19 parmi la troupe ;
Disparus : 2 parmi la troupe.
120e Régiment d'Infanterie
3 blessés parmi la troupe
Soit un total de 135 soldats hors de combat = un officier et 18 hommes de troupe tués + deux officiers et 94 hommes de troupe blessés + 20 hommes de troupe disparus
Source : 4e DI JMO 31 juillet 1914 - 27 octobre 1914 26N266/1
Cordialement
Eric
91e RI
Tués : 13 - un officier le sous-lieutenant de réserve MARCADET et 12 hommes de troupe ;
Blessés : 67 - deux officiers (capitaine CAHIERRE et lieutnant PORRAL) et 65 hommes ;
Disparus : 4 hommes de troupe.
E.M. de la 87e Brigade d'Infanterie
un blessé parmi la troupe
9e Bataillon de Chasseurs
Tués : 3 parmi la troupe ;
Blessés : 6 parmi la troupe ;
Disparus : 14 parmi la troupe.
18e Bataillon de Chasseurs
Tués : 3 parmi la troupe ;
Blessés : 19 parmi la troupe ;
Disparus : 2 parmi la troupe.
120e Régiment d'Infanterie
3 blessés parmi la troupe
Soit un total de 135 soldats hors de combat = un officier et 18 hommes de troupe tués + deux officiers et 94 hommes de troupe blessés + 20 hommes de troupe disparus
Source : 4e DI JMO 31 juillet 1914 - 27 octobre 1914 26N266/1
Cordialement
Eric
Cordialement
Eric ABADIE
Eric ABADIE
Re: Bataille de Mangiennes
Bonsoir à Toutes & Tous
Bonsoir Eric, Guy, Pierre et les amis de Mangiennes
- Eric: un grand merci pour les extraits du JMO du 120e RI et le relevé des pertes de la 4e DI ;
- Guy: un grand merci pour les précisions sur le combat de Mangiennes ;
- Pierre: en effet, dans le cimetière allemand, ils subsistent encore 21 tombes de soldats tombés le 10/08/1914 dont 9 canonniers et le major Axel GERNSTENBERG ...
Dans son ouvrage "Une brigade au feu" (Editions Lavauzelle - 1921), le général CORDONNIER évoque le combat de Mangiennes et sa rencontre, le lendemain, avec un officiers allemand blessé:
p. 203 (...) " Pourquoi, herr général, n'avez-vous pas poursuivi, puisque vous disposiez d'une supériorité si considérable en artillerie? La brigade allemande aurait été anéantie et rien ne vous aurait empêché de reprendre tout le terrain français jusqu'à la frontière.
- A votre avis, combien ai-je mis de batteries contre votre régiment de cavalerie?
- Cinq ou six au moins, car nous n'avons même pas pu remonter à cheval pour regagner Pillon.
- Je n'en avais qu'une, voilà mon capitaine, et je ne disposais que de 600 fantassins pour mener le combat.
- Alors, si avec une seule batterie vous produisez de tels effets, nous sommes perdus. On avait raison de craindre votre canon de 75. La guerre ne sera pas longue, notre pauvre Allemagne est battue d'avance". (...)
Une bonne soirée de Belgique
Bonsoir Eric, Guy, Pierre et les amis de Mangiennes
- Eric: un grand merci pour les extraits du JMO du 120e RI et le relevé des pertes de la 4e DI ;
- Guy: un grand merci pour les précisions sur le combat de Mangiennes ;
- Pierre: en effet, dans le cimetière allemand, ils subsistent encore 21 tombes de soldats tombés le 10/08/1914 dont 9 canonniers et le major Axel GERNSTENBERG ...
Dans son ouvrage "Une brigade au feu" (Editions Lavauzelle - 1921), le général CORDONNIER évoque le combat de Mangiennes et sa rencontre, le lendemain, avec un officiers allemand blessé:
p. 203 (...) " Pourquoi, herr général, n'avez-vous pas poursuivi, puisque vous disposiez d'une supériorité si considérable en artillerie? La brigade allemande aurait été anéantie et rien ne vous aurait empêché de reprendre tout le terrain français jusqu'à la frontière.
- A votre avis, combien ai-je mis de batteries contre votre régiment de cavalerie?
- Cinq ou six au moins, car nous n'avons même pas pu remonter à cheval pour regagner Pillon.
- Je n'en avais qu'une, voilà mon capitaine, et je ne disposais que de 600 fantassins pour mener le combat.
- Alors, si avec une seule batterie vous produisez de tels effets, nous sommes perdus. On avait raison de craindre votre canon de 75. La guerre ne sera pas longue, notre pauvre Allemagne est battue d'avance". (...)
Une bonne soirée de Belgique
Bien cordialement
Paul Pastiels
Paul Pastiels
Re: Bataille de Mangiennes
Bonjour,
pour information, texte reproduit paru dans "Le Courrier de Mayenne" le 29 août 1915, un an après la bataille
AUX MORTS DE MANGIENNES
10 Août 1914 – 10 Août 1915
Et à la mémoire du colonel Laffargue,
Commandant le 130è Régiment de Ligne,
Mort pour la Patrie et pour son Régiment.
J.L.
Un an de lutte, un an de deuil, un an de gloire ! …
Et nous venons, l’arme à la main, pieusement,
Saluer, premiers morts de notre régiment,
Votre jeune mémoire !
Un an ! Le soleil d’août ! Soldats du « Cent-trentième »,
Quel passé lumineux luit sur votre avenir !
Ah ! le même soleil les a vu bien mourir,
Là-bas à Mangiennes !
Jeunes hommes ardents, joyeux et volontaires,
Semeurs dont la moisson sera mûre demain,
Vous marchiez, le fusil ou l’épée à la main
Entraînant des frontières.
Votre amour les menait à leur sublime tâche,
Vous qui donniez un air de fête à ce martyr,
Officiers qui portiez le plumet de Saint-Cyr …
O France ! ton panache !...
Et tous, tous défiaient si haut la mort farouche
Qu’elle leur arracha de grands cris étonnés.
Quand elle les brisa, ces purs hallucinés.
Un refrain à la bouche !
Derniers appels ! Derniers regards ! Dernières fièvres !
O grands morts qui dormez au cœur des champs dorés,
Vous tendiez vos bras … et des noms adorés
Expiraient à vos lèvres !
Mères, pleurez ! Et toi, peuple sublime, prie !
La pourpre de ta gloire est pourpre de leur sang…
Donnez tous vos sanglots, donne tout encens
Aux morts pour la Patrie !
Mais une jeune foule a déjà pris leur place …
Où vous êtes tombés, d’autres s’élanceront,
Et s’ils tombent aussi, d’autres les vengeront :
C’est la France qui passe !
Ils vous saluent au seuil de la nouvelle année,
Ceux qui depuis un an ou bien depuis un jour,
Réclament gravement avec le même amour,
La même destinée !
Vous n’aurez pas de fleurs, vous n’aurez pas de larmes,
Notre hommage sera plus poignant et plus beau :
Un appel de clairon, le salut au Drapeau
En présentant les armes…
L’Avenir s’ouvre à nous comme une grande aurore…
Ah ! qu’il est beau d’avoir un fusil à vingt ans
Quand on meurt pour l’orgueil des drapeaux palpitants
Que la jeune aube dore !
Héros, dormez en paix ! … Demain, à la frontière,
Nous bâtirons pour vous un monument d’airain,
Et nous irons porter vos cœurs aux bords du Rhin
Dans un lit de lumière !
10 août 1915. Caporal Jean LABUSQUIERE
La pièce de vers que l’on vient de lire a été dite par son auteur, le 11 août dernier, dans une petite église du front, à l’issue du service religieux, célébré à la mémoire des officiers et soldats du 130é morts à Mangiennes, en présence du lieutenant-colonel entouré de l’état-major du régiment et devant le drapeau.
Après le dernier vers, la musique de 130è a exécuté, au milieu de l’émotion générale, la marche funèbre de Chopin.
L’auteur de ce poème au souffle ardent, est un jeune écrivain de grand talent, déjà connu, actuellement au front, en première ligne, et qui, s’il revient, sera certainement un des maîtres de la littérature française.
Nos biens vives et sincères félicitations.
(Extrait de l’Avenir de la Mayenne)-
REPRODUIT DANS « Le Courrier de Mayenne » , le 29 août 1915 (Archives départementales de la Mayenne, à Laval)
pour information, texte reproduit paru dans "Le Courrier de Mayenne" le 29 août 1915, un an après la bataille
AUX MORTS DE MANGIENNES
10 Août 1914 – 10 Août 1915
Et à la mémoire du colonel Laffargue,
Commandant le 130è Régiment de Ligne,
Mort pour la Patrie et pour son Régiment.
J.L.
Un an de lutte, un an de deuil, un an de gloire ! …
Et nous venons, l’arme à la main, pieusement,
Saluer, premiers morts de notre régiment,
Votre jeune mémoire !
Un an ! Le soleil d’août ! Soldats du « Cent-trentième »,
Quel passé lumineux luit sur votre avenir !
Ah ! le même soleil les a vu bien mourir,
Là-bas à Mangiennes !
Jeunes hommes ardents, joyeux et volontaires,
Semeurs dont la moisson sera mûre demain,
Vous marchiez, le fusil ou l’épée à la main
Entraînant des frontières.
Votre amour les menait à leur sublime tâche,
Vous qui donniez un air de fête à ce martyr,
Officiers qui portiez le plumet de Saint-Cyr …
O France ! ton panache !...
Et tous, tous défiaient si haut la mort farouche
Qu’elle leur arracha de grands cris étonnés.
Quand elle les brisa, ces purs hallucinés.
Un refrain à la bouche !
Derniers appels ! Derniers regards ! Dernières fièvres !
O grands morts qui dormez au cœur des champs dorés,
Vous tendiez vos bras … et des noms adorés
Expiraient à vos lèvres !
Mères, pleurez ! Et toi, peuple sublime, prie !
La pourpre de ta gloire est pourpre de leur sang…
Donnez tous vos sanglots, donne tout encens
Aux morts pour la Patrie !
Mais une jeune foule a déjà pris leur place …
Où vous êtes tombés, d’autres s’élanceront,
Et s’ils tombent aussi, d’autres les vengeront :
C’est la France qui passe !
Ils vous saluent au seuil de la nouvelle année,
Ceux qui depuis un an ou bien depuis un jour,
Réclament gravement avec le même amour,
La même destinée !
Vous n’aurez pas de fleurs, vous n’aurez pas de larmes,
Notre hommage sera plus poignant et plus beau :
Un appel de clairon, le salut au Drapeau
En présentant les armes…
L’Avenir s’ouvre à nous comme une grande aurore…
Ah ! qu’il est beau d’avoir un fusil à vingt ans
Quand on meurt pour l’orgueil des drapeaux palpitants
Que la jeune aube dore !
Héros, dormez en paix ! … Demain, à la frontière,
Nous bâtirons pour vous un monument d’airain,
Et nous irons porter vos cœurs aux bords du Rhin
Dans un lit de lumière !
10 août 1915. Caporal Jean LABUSQUIERE
La pièce de vers que l’on vient de lire a été dite par son auteur, le 11 août dernier, dans une petite église du front, à l’issue du service religieux, célébré à la mémoire des officiers et soldats du 130é morts à Mangiennes, en présence du lieutenant-colonel entouré de l’état-major du régiment et devant le drapeau.
Après le dernier vers, la musique de 130è a exécuté, au milieu de l’émotion générale, la marche funèbre de Chopin.
L’auteur de ce poème au souffle ardent, est un jeune écrivain de grand talent, déjà connu, actuellement au front, en première ligne, et qui, s’il revient, sera certainement un des maîtres de la littérature française.
Nos biens vives et sincères félicitations.
(Extrait de l’Avenir de la Mayenne)-
REPRODUIT DANS « Le Courrier de Mayenne » , le 29 août 1915 (Archives départementales de la Mayenne, à Laval)