MUSETTE Trois-mâts goélette de Bayonne

[olivier 12]

Bonjour à tous,

MUSETTE

Trois-mâts goélette de 246 tx JB 201 tx JN
Armateur : Martin LEGASSE, NEVEU et Cie Bayonne

Liste d'équipage

PEDRON Louis Capitaine Binic
CONSTANT Georges 2e capitaineGranville
CHAUVITEAU Georges Mtre Equip. Ile d'Yeu
FAVRON François Sd maître Dinan
OZOUF Albert Matelot Granville
BURLO Jean Matelot Binic
SAILLARD Alfred Matelot Granville
LE MAOU Louis Novice Saint Malo
LESS Lucien Mousse Saint Malo

La perte de MUSETTE

Rapport du capitaine

Quitté Lisbonne le 13 Septembre 1916 pour Saint Malo avec 9 hommes d'équipage, tous Français, et 325 tonnes de sel. Aperçu feu des Berlingues le 16 Septembre à minuit.
Le 25 Septembre, tempête de NW qui défonce la misaine et le petit foc.
Le 1er Octobre, gouverné au près tribord amures.
A 09h00, le navire se trouve par environ 49°27 N et 05°31 W (position à laquelle les marins furent recueillis). Temps pluvieux et bouché.

Un sous-marin est aperçu à 1,5 mille sur l'arrière. Il tire un coup de canon et l'obus tombe à 100 m sur l'avant. Mis en panne et débordé l'embarcation. Le sous-marin s'approche à 30 m et fait signe de venir à son bord.
Le capitaine et un homme montent sur le sous-marin tandis que trois marins allemands, porteurs de trois bombes se font conduire sur MUSETTE. Ils prennent la montre d'habitacle, quelques vivres et divers objets comme des lignes, déposent leurs bombes dans les panneaux et reviennent sur le sous-marin.
Les bombes explosent et la goélette coule en quelques minutes.

L'équipage fait alors route vers la côte anglaise, par mer grosse. Une heure trente plus tard, ils aperçoivent un autre bateau de pêche abandonné, que le même sous-marin canonne. (nota : probablement LE PELERIN). Puis le sous-marin fait sauter un vapeur norvégien, le MALLIN, de Stavanger, dont l'équipage se trouve dans des canots.

A 14h30, les hommes sont recueillis par le vapeur espagnol MACARENA, de Bilbao, en même temps que les hommes du MALLIN. Ils reçoivent à bord des soins empressés. Ils sont débarqués à Bilbao le Mercredi 4 Octobre et rapatriés aussitôt de Bilbao sur Bayonne.

Description du sous-marin

50 m de long
Avant et arrière immergés
Kiosque avec passerelle, haut de 1,5 m
Un canon sur l'avant, peut-être de 75 mm
Périscope sur l'avant du kiosque. Mâtereau rabattable pour plonger, sur le pont avant
Le sous-marin se manœuvrait depuis le blockhaus
Les munitions sortaient par un panneau situé près du canon
Partie émergée peinte en gris, coque en vert avec vieille peinture, sale et couverte d'herbes.

Voici la silhouette de ce sous-marin (dessinée par le capitaine de OCEAN, coulé le 19 Décembre suivant)



Commandant grand, blond avec des yeux bleus, rasé, environ 30 ans. Parle très bien français en s'exprimant doucement. A peine vu le second. Un 3e officier semblait être l'ingénieur mécanicien. Signalement identique à celui du commandant, mais plus petit.

Vu aussi une douzaine d'hommes habillés de vêtements de laine gris.

Le capitaine et l'équipage ont été traités correctement et n'ont pas eu à souffrir de mauvais traitements. Le capitaine a demandé au commandant allemand l'autorisation de retourner chercher des vivres supplémentaires sur MUSETTE et celui-ci a accepté. Mais les matelots du canot ont finalement confisqué ces vivres. Ils cherchaient aussi de la graisse, mais n'ont pas eu l'idée d'aller en prendre à la cambuse.

Le sous-marin attaquant

C'était l'UB 38 de l'OL Erwin WASSNER.
On trouvera son histoire sur ce lien :
http://www.uboat.net/wwi/men/commanders/389.html

En 48 heures il coulera IRMA, FORTUNA, CAP MAZAGAN, BLAVET, MUSETTE, LE PELERIN et MALLIN.

Le navire sauveteur

MACARENA était un vapeur de 1152 t et 67 m de long, lancé le 23 Décembre 1893 à Grangemouth (GB).
Il coulera, suite à une collision, le 16 Décembre 1925 au large du cap Ajo (entrée de Santander).

Cdlt

[Yves D]

Bonjour Olivier, bonjour à tous
Le navire ayant chargé du sel à Lisbonne pour Saint Malo, je suppose qu'il s'agit d'un morutier qui y aura débarqué sa pêche.
Selon l'ouvrage de Thierry Le Roy, La guerre sous-marine en Bretagne, Musette a été coulée à 44 m NW d'Ouessant (approx. 49.59N 05.56W) et son équipage recueilli selon Macarena à 15 m W d'Ouessant. Un pareille dérive (35 m. dans le SE si je compte bien) ça semble beaucoup en 5 heures alors que la situation du champ de pression du 1.10 ne laisse pas supposer que le gros temps de NW ait persisté.
Selon le KTB de l'UB 38, la position serait 49.12 N 05.20 W soit en gros une dérive de 16 m. vers le SSE ce qui est déjà nettement plus réaliste. L'information
44 m NW d'Ouessant est donc selon toute vraisemblance incorrecte.
Amts
Yves

[markab]

Bonjour

Selon la liste de JP Clochon

01/10 MUSETTE VOILIER 245 44 milles, N13W Ouessant, coulé par un sous- marin. Brick goélette, armt S.M Légasse, neuve et Cie.

A bientot

[markab]

Aie

On va avoir de nouvelles interrogations entre brick goelette et trois mats goelette ...

A bientot

[alain13]

Bonjour à tous,

Alors là, j'en profite.

J'ignorais complétement comment on différenciait bricks-goélettes et goélettes, mais j'avoue que ce n'est pas encore tout à fait clair pour moi.

J'ai retenu (peut-être à tort ?) qu'un brick-goélette ne pouvait avoir que 2 mâts, et là, çà règle le problème des 3 mâts qui ne peuvent pas être des bricks.
Par contre il ne me semble pas voir de différence de gréement entre un brick-goélette et une goélette ou même un goélette à hunier (à 2 mâts).
Serait-ce le nombre de voiles carrées devant le mât de misaine qui ferait la différence ?
Ou alors la Belle-Poule pourrait-elle être considérée à la fois comme un brick-goélette et une goélette à hunier ????

Bien cordialement,
alain

[Michael Lowrey]

Bonjour à tous,

MUSETTE was built in 1896 by Gautier frères, St. Malo. She had the same owners through her existence. The 1899/1900 LR lists her as a "Wood3MstBn" -- a wooden three-masted brigantine, which is an impossibility. (Brigantines by definitions have only two masts.)

UB 38's KTB descibes MUSETTE as a "three-masted schooner" (Dreimastschooner).

Best wishes,
Michael

[dolmen]

Bonjour
Pour répondre à Alain13, effectivement bricks et goélettes n'ont que deux mâts. Ce qui les distingue est le type de gréement :
le brick (brig en anglais) porte des voiles carrées sur ses deux mâts plus une brigantine sur son grand mât (mât arrière, celui de devant étant la misaine);
la goélette (schooner en anglais) porte des voiles auriques sur des deux mâts.
Quant au brick-goélette (brigandine en anglais) il porte des voiles carrées sur sa misaine et une voile aurique sur son grand mât.
La goélette à hunier - comme l'Etoile et la Belle Poule de la Marine Nationale - c'est une goélette dont la voile aurique de la misaine, au lieu d'avoir un flèche au-dessus de sa voile aurique comme sur le grand mât, porte un hunier (une voile carrée sur vergue).

Pour compléter l'information sur ces types de bateaux, un brigantin est un petit brick.

[olivier 12]

Bonjour à tous,

Voici le rôle d'équipage de MUSETTE pour la campagne de Terre-Neuve de 1914-1915



ainsi que son état-major pour cette campagne



Les officiers n'étaient plus les mêmes en 1916.

Cdlt

[Rutilius]

Bonsoir à tous,

• Commission instituée en vue de constater les actes commis par l’ennemi en violation du droit des gens (Décret du 23 septembre 1914), Rapports et procès-verbaux d’enquête, Rapports VI. à IX, Im-primerie nationale, Paris, 1917, p. 9 et s. « Septième rapport. Violations par l’ennemi des conventions internationales dans la conduite de la guerre sur mer », Pièce n°65. (op. cit., p. 92).

« EXTRAITS DU RAPPORT DE MER du capitaine PEDRON, commandant le trois-mâts Musette

Bilbao, le 4 octobre 1916.

Je soussigné, L. Pédron, capitaine du trois-mâts-goélette Musette, du port de Bayonne, jaugeant 201 tonnes nettes, déclare être parti de Lisbonne, le 13 septembre 1916, à destination de Saint-Malo, armé de neuf hommes d’équipage, tous Français, muni de tous les apparaux et rechanges nécessaires, avec un plein chargement de sel de trois cent vingt-cinq tonnes.
Rien de particulier jusqu’au dimanche 1er octobre ; latitude 49° 12' Nord et longitude 5° 20' Ouest. Nous gouvernions près et plein tribord amures avec des vents de S.-S.-E. Temps boucailleux.
Soudain, à neuf heures du matin, nous apercevons quelque chose derrière nous, à environ un mille ou un mille et demi. Au même moment, nous entendons un coup de canon, et le boulet passe à nous toucher, et va tomber à environ cent mètres à tribord devant.
Voyant que j’avais affaire à un sous-marin ennemi et qu’il n’y avait aucune chance de lui échapper, je fis mettre en panne, préparer les embarcations et les mettre à la mer avec de l’eau et des vivres. Pendant ce temps, le sous-marin s’était approché de nous à une trentaine de mètres et nous faisait signe d’aller près de lui. Je fais descendre tout l’équipage dans les embarcations et les y suis moi-même, et nous nous approchons du sous-marin, qui ne portait pas de numéro. Le commandant me fait alors monter à bord, ainsi qu’un autre
homme, et fait embarquer trois de ses hommes dans notre canot, avec trois bombes. Voyant qu’il allait faire couler le navire, je lui demandai de laisser l’équipage retourner à bord prendre un supplément de vivres, ce qu’il m'accorda sans difficulté. Les vivres d’ailleurs ne servirent pas, car l’équipage du sous-marin s’en empara, ainsi d'ailleurs que de plusieurs objets tels que la montre d’habitacle, lignes, etc. Ils placèrent les deux bombes à bord, dans les panneaux, et quittèrent le navire, qui sauta quelques minutes après et coula à pic. Nos effets furent totalement perdus. Les Allemands retournèrent alors à leur bord, et le commandant, après m’avoir pris tous mes papiers et ceux du navire, qui se trouvaient dans l’embarcation, dans la boîte à rôle, me rendit la liberté, ainsi qu’à l’homme qu’ils avaient gardé à bord.
Me trouvant à peu près à la même distance d’Ouessant et de Wolf Rock et ayant des vents de Sud, je fis faire route pour la côte anglaise, de laquelle nous étions éloignés de cinquante milles. Le temps était pluvieux, bouché, et peu à peu la mer grossissait pour devenir assez grosse.
Nous revîmes plusieurs fois le sous-marin et rencontrâmes un bateau de pêche abandonné, à 1 h. 30, qu’il venait de canonner. Peu après, nous l’aperçûmes qui faisait sauter un navire norvégien, le Mallin, de Stavanger

A 2 h. 30, après avoir passé cinq heures et demie dans les embarcations, nous apercevons le vapeur espagnol Macarena, de Bilbao, qui nous recueille, ainsi que l’équipage du navire norvégien, par latitude 49° 27' Nord, longitude 5° 31' Ouest.
Je tiens à affirmer que nous avons été l’objet des soins les plus empressés à bord de ce vapeur pendant notre séjour à bord jusqu’à Bilbao, où nous arrivons au port mercredi 4 octobre.
Tel est mon rapport, que j’affirme véridique et sincère, me réservant le droit d’amplification si besoin est.

(Visa et cachet du Consulat de France à Bilbao.)

Le Capitaine de la Musette,
Signé : L. PÉDRON. »

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[Rutilius]

Bonsoir à tous,

□ Le capitaine du trois-mâts goélette terre-neuvier Musette était fort probablement, lors de la perte de ce bâtiment, Louis Laurent Marie PÉDRON, maître au cabotage, inscrit au quartier de Binic, f° 46, n° 32.

Erreur d'identification par suite d'homonymie. V. la contribution ci-après.