LEONTINE Goélette 124 tx
Lancée le 28 Février 1878 au chantier Beck de Dunkerque pour le propriétaire du chantier lui-même, Jean-Pierre Beck.
Voici LEONTINE sur son ber de lancement

On note que le voilier a reçu son gréement dormant avant d'être lancé.
Cette goélette fera des campagnes de pêche à la morue en Islande jusqu'en 1910, puis sera vendue au cabotage à un armateur de Gravelines, Mr. Bourgeois.
Concernant la construction de ces goélettes d'Islande, qui demandait entre trois et sept mois, voici la transcription d'un contrat typique de l'époque :
"Mr. ... s'engage à construire pour Mr. ..., qui accepte, une coque de navire pour être gréée en goélette et servir pour la pêche à Islande. Cette coque aura les dimensions suivantes : (exemple)
longueur 27,20 m
largeur 6,25
hauteur 3,30 m
jauge 147 tx
Ce navire sera construit pour être de première marche, sous la surveillance du Veritas et dans les conditions voulues pour être de cote spéciale 3/3 avec la croix.
(nota : le navires ayant la cote Veritas portaient une croix de Malte sur le tableau arrière)
Les matériaux seront de première qualité, chêne blanc, orme dit à petites feuilles, sapin rouge du nord. Les bordages extérieurs auront quatre attaches, soit deux gournables, deux clous, un clou où se trouverait une cheville. Le chevillage sera en cuivre rouge et les clous en métal à 1,75m de hauteur à l'avant et 2,25m à l'arrière. Tout le cloutage et chevillage, ainsi que tous les ferrements de la coque, en fer galvanisé. Guindeau à pompe; deux écubiers à l'avant et deux à l'arrière; deux galoches en fonte sur le couronnement; chaînes de haubans, pitons, boucles de pont et tous ferrements attenants à la coque à la charge du constructeur.
Tout ce qui concerne l'armement : ferrements de mâture, pouliage, canot, reste à la charge de l'armateur. Corroi, brai, coaltar, à la charge du constructeur.
Aménagements, tant pour la chambre du capitaine que pour le logement équipage, bacs en cale, bacs sur pont, courbes, fargues, tables, couvertures de tonnes au nombre de dix, et tout travail charpentage et menuiserie seront exécutés par le constructeur.
La mâture, comprenant deux mâts en bois de pitchpin pour le grand mât et en Riga pour la mât de misaine, beaupré en pitchpin, vergues, bôme et autres bois ronds en bois rouge de Suède de première qualité; tous ces bois ronds prêts à recevoir leur ferrement."
Une goélette de ce type valait environ 44000 f payables en trois tiers : un à la commande, un quand le navire est en bois tors et le solde au lancement, muni du certificat Veritas.
Le lancement était l'occasion d'une petite cérémonie.
"Voilà comment cela se passe avec les maisons sérieuses de Dunkerque. Après le lancement, les ouvriers charpentiers viennent présenter des bouquets; les armateurs leur donnent cent francs. Les gréeurs en font de même, mais on leur donne 25 francs car ils sont moins nombreux et la durée de leur travail est moins longue. Quand le navire est à l'eau, il se verse quelques verres de champagne que l'on offre aux invités. Cela se fait dans la chambre du navire. "
La perte de LEONTINE
Le voilier fut coulé le 21 Janvier 1917 à l'embouchure de la Gironde (source : "Grande pêche" de Jean-Pierre Mélis, éditions du Chasse-Marée)
Le sous-marin attaquant
C'était l'UC 21 de l'OL Rheinhold Saltzwedel. Ce sous-marin, qui opérait le long de la côte Atlantique, a coulé un très grand nombre de petits voiliers français. (Voir la note sur le cdt Saltzwedel à la fiche goélette MARNE)
J'ai toutefois un doute sur la position du naufrage car le même jour l'UC 21 aurait torpillé et endommagé le vapeur norvégien JOTUNSFJELL, 2492t , au large des Glénans. Ces deux positions me paraissent bien éloignées l'une de l'autre.
Seul le KTB du sous-marin pourrait lever le doute...
Cdlt