Bonjour à tous,
LA NAVARRE
LA NAVARRE, en tant que navire hôpital, a été arraisonné à deux reprises par des sous-marins allemands.
Le premier arraisonnement eut lieu le 17 Janvier 1918
Rapport du capitaine
Le 17 Janvier 1918 à 21h00, par 39°22 N et 24°28 E, un coup de canon nous a invités à stopper. Envoyé une embarcation sur le sous-marin allemand. Un officier et deux hommes armés prennent place à bord et viennent inspecter LA NAVARRE.
Reçus à la coupée par l’officier Délégué Ignacio Cayetano Ojeda et conduits à la passerelle où je leur donne le nom du navire, sa nationalité, son tonnage et son âge. Accompagnés du délégué espagnol et du Médecin Chef, ils procèdent à la visite des hôpitaux qui se termine à 21h55. L’embarcation reconduit les Allemands à leur bord et le commandant du sous-marin fait connaître que LA NAVARRE peut continuer sa route. Remis en route à 22h10. Les relations entre l’officier allemand et moi ont été courtoises.
Rapport du lieutenant
Quitté LA NAVARRE à 21h10 dans une embarcation armée par quatre hommes. Le sous-marin était en demi plongée, mais émerge complètement à notre approche. Accosté. Un officier et deux marins armés de revolvers embarquent et je les conduis sur LA NAVARRE.
Chemin faisant, l’officier me demande le tonnage du navire, le nombre d’hommes d’équipage et de passagers et le chargement. Il me demande aussi pourquoi on n’a pas stoppé immédiatement au coup de canon. Je lui réponds que le signal lumineux qu’ils nous ont fait étant indistinct, nous n’avons pu le déchiffrer immédiatement.
La conversation continue alors sur un ton anodin. Il me demande mon opinion sur la durée probable de la guerre. Je lui réponds qu’en France le moral est excellent et que nous envisageons la prolongation de cette guerre pendant encore deux années.
Pendant le trajet retour, l’officier me complimente sur la bonne tenue du navire. Il me confie qu’il est lui-même officier de réserve et qu’avant la guerre, il naviguait sur des paquebots identiques au notre. Il me dit qu’il a remarqué que nos navires hôpitaux étaient fort nombreux. Je lui répondis que les troupes du corps expéditionnaire étant fort nombreuses, elles nécessitaient un service d’évacuation important.
Le sous-marin émerge de nouveau et il me quitte en me disant en français « Bon voyage ! »
Le sous-marin était de grande dimension et possédait un kiosque haut et spacieux sur l’arrière. Sur l’arrière du kiosque se trouvait un canon ne dépassant pas 80 mm. On voyait aussi deux tubes lance-torpilles sur l’arrière, mais aucun dispositif de mouillage de mines.
Le sous-marin
Voici le dessin fait par l’officier français
Toutefois, l’officier enquêteur note dans son rapport :
« Le lieutenant, dans l’obscurité, ne s’est pas rendu compte que le sous-marin était stoppé à contre-sens de LA NAVARRE. Il a pris l’avant du sous-marin pour l’arrière. »
Il ajoute :
Ce sous-marin est du type U 41. C’est probablement le sous-marin aperçu le matin par LE POIGNARD (LV de Maurepas) qui escortait un convoi de Salonique à Thébouki. La position était 39°15 N et 24°21 E. Il avait aussitôt plongé, laissant derrière lui une trace qui avait permis un grenadage, sans conséquences semble-t-il.
C’est aussi sans doute le sous-marin qui a arraisonné le navire-hôpital italien ITALIA, le même jour à 18h30 par 39°26 N et 24°24 E à 5 milles de l’île Piperi.
Un officier allemand, qui parlait mal anglais, avait procéder à une visite du navire. Il avait demandé aux Italiens quand ils pensaient que cette guerre finirait. Il lui avait été répondu qu’on en savait pas plus que lui sur ce sujet.
Il avait aussi déclaré qu’il était étrange de voir autant de navires hôpitaux se diriger vers Salonique.
Les Anglais pensent que c’est le sous-marin qui a coulé le pétrolier TROCAS le 19 Janvier par 39°07 N et 24°48 E.
(nota :Si tel est le cas ce pourrait-être l’UC 23 du KL Hans Georg Lübbe. Mais les sous-marins de type UC étaient des mouilleurs de mines, ce qui ne correspond pas à sa description. Point à éclaircir par des spécialistes

)
Le 2e arraisonnement de LA NAVARRE, en Avril 1918 est rapporté dans un post précédent.
Cdlt