Philippe, résidant à l’île Maurice, me fait parvenir cette photo du Monument-aux-morts de Curepipe en l’île Maurice.
L’arrière grand-père de Philippe, Joseph Mourand, originaire de la Haute-Saône, sergent au 47ème régiment d’artillerie à pied, décéda un mois avant la fin de la guerre de la grippe espagnole. Difficile de dire de quoi il est mort : de ses blessures ? De la grippe espagnole ? Des deux à la fois ? À l’instar de nombreux soldats de cette époque parfois décédés quelques mois ou quelques années après le conflit et qui se retrouvèrent portés dans le fichier des "non-morts pour la France", il est toujours bon de le rappeler…
Pour en revenir au monument de Curepipe, l’image est plutôt belle puisqu’on y voit, au sommet, un poilu français aux côtés d’un tommy anglais brandissant ensemble les lauriers de la victoire. Comme se plait à le souligner Philippe, peut-être serait-il bon que les "froggies" et les "rosbifs" oublient leurs stupides querelles et se souviennent un peu plus souvent en voyant ce genre de monument que les français et les anglais ont souvent courageusement combattu côte à côte…?
Il faut se souvenir que cette île fut occupée par les Français en 1715 qui la nommèrent Isle de France. Le Royaume-Uni en prit le contrôle en 1810 au cours des guerres napoléoniennes avant qu’elle ne devienne indépendante le 12 mars 1968. Le monument fait état de "glorieux mauriciens" en fait des doubles nationaux français-mauriciens qui ont été mobilisé en tant que citoyens français. S’y ajoutent les noms de quelques colons britanniques mobilisés dans l’armée britannique. Soixante-dix pour cent de la population mauricienne étant d’origine asiatique (indienne ou chinoise), il n’y a pourtant pas un seul nom asiatique ; peut-on en déduire que les citoyens mauriciens n’ont pas été mobilisés ?
La quasi totalité des noms sur le monument sont à consonance française et nombreux de ces noms sont portés par des blancs mauriciens. On remarque aussi les noms britanniques, probablement des colons britanniques mobilisés dans l’armée britannique. On ne peut pas exclure que quelques citoyens mauriciens (blanc ou métis) se soient portés volontaires pour servir dans l’armée britannique ou française. Peut-être ce Chevreau détenteur de la military cross ?
Parmi les noms inscrits sur le monument, quelques-uns retrouvés dans les fiches MdH :
-Cadet Emmanuel, soldat au 144 RI, tué en juin 1918 à Missy-aux-Bois dans l’Aisne.
-Daniel Joseph, soldat au 57 RI, tué en juin 1918 à Compiègne dans l’Oise.
-Ducler Des Rauches Léon, adjudant au 418 RI, tué en 1917 à Cerny dans l’Aisne.
-Gallet Joseph, sergent au 74 RI, tué en 1918 à Souain dans la Marne.
-Lauret Louis, soldat au 114 RI, tué en 1918 à Essigny-le-Grand dans l’Aisne.
-Maillard Lixis, soldat au 114 RI, tué en 1915 à Perthes-lès-Hurlus.
-Malet Louis, marsouin au 23 RIC, disparu au combat dans la Somme en 1916.
-Malet Sylvio (son frère ?) soldat au 363 RI, tué en 1917 au bois du Seigneur dans la Marne.
-Marion de Procé Clément, caporal au 16 RI, tué en 1917 au bois d’Avocourt, Meuse.
-Rigondaud Henri, soldat au 276 RI, tué en 1916 à Thiaumont.
Photo prise très certainement un 11 novembre, quelques années après la guerre de 14/18. Les soldats sur la photo ne semblent pas être mauriciens ; probablement des troupes coloniales d’origine africaine ?
Cdlt
BB
