Bonjour,
On lit de tout sur internet, statistiques, citations d'ouvrages de spécialistes, mais comment ont-ils fait pour en arriver aux nombres, aux pourcentages ? C'est la question...
Je ne vois pas d'autre procédé que d'éplucher les fiches matricules mais il y avait certainement une autre méthode.
Visionner toutes les fiches matricules, cela n'a bien évidemment pas été fait alors quoi ?
Je possède à ce jour environ 2500 fiches matricules de morts 57ème R.I. Sur un total de 2750 ça laisse de quoi être un peu sérieux.
J'ai saisi sur un tableau les professions telles qu'indiquées sur les fiches matricules. En toute rigueur, il faut noter que ces professions sont celles des conscrits de 20 ans, et donc pour certains de classes d'avant 14 elles n'étaient plus la même lors du décès. Untel étudiant était alors instituteur etc. J'ai considéré aussi que des cultivateurs engagés volontaires pour 3 ou 4 ans en 1912 ne l'était plus, ils étaient militaires. mais au final cela ne change pas grand chose au résultat.
Je suis loin d'avoir terminé cette étude mais voilà:
Professions "de la terre", cultivateurs et autres: 1384
Professions "de la ville": 1164
(30 professions pas notées sur fiches et 9 "sans")
Le nombre des paysans n'est donc que légèrement supérieur aux autres.
Bien entendu il ne s'agit que d'un régiment du Sud-Ouest. Apports de soldats de divers autres départements de 1916 à 18 ce qui augmente un peu le nombre des "citadins".
Il est bien évident qu'un régiment de Mont-de-Marsan aura eu bien plus de morts "paysans" qu'un régiment de Paris.
Enfin bref... Quelle méthode ont utilisé les spécialistes, un mystère pour moi.
Cordialement,
Bernard
Répartition des morts par professions
- LABARBE Bernard
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Re: Répartition des morts par professions
Bonjour Bernard,
Je vous propose de poser la question sur ce fil :
pages1418/qui-cherche-quoi/poilus-sujet_12180_1.htm
La qualification des métiers est difficile, il n'y a pas à l'époque de répertoire des métiers et les chercheurs, comme E. Weber, sont très prudents sur les statistiques. Une étude citée par G. Duby sur l'année 1906 donne pour les secteurs :
- primaires (agriculture, forêt, pêche) : 43 %
- secondaire (manufacture et industrie) : 29 %
- tertiaire (services) : 26 %
- Chômeurs et inclassables : 2 %
Il est probable qu'une statistique des décès de guerre reflète ces chiffres.
Concernant la "terre" et la "ville", la segmentation officielle entre "rural" et "urbain" prend comme base le nombre d'habitant (> ou < à 2000 h). Tous les auteurs sont d'accord pour dire que la population rurale est un peu supérieure, selon F. Braudel l'urbain dépasse le rural vers 1930...
Quand à distinguer les professions de la terre de celles de la ville, n'est-il pas possible que certaines relèvent des 2 ?
Bien cordialement,
Régis
Je vous propose de poser la question sur ce fil :
pages1418/qui-cherche-quoi/poilus-sujet_12180_1.htm
La qualification des métiers est difficile, il n'y a pas à l'époque de répertoire des métiers et les chercheurs, comme E. Weber, sont très prudents sur les statistiques. Une étude citée par G. Duby sur l'année 1906 donne pour les secteurs :
- primaires (agriculture, forêt, pêche) : 43 %
- secondaire (manufacture et industrie) : 29 %
- tertiaire (services) : 26 %
- Chômeurs et inclassables : 2 %
Il est probable qu'une statistique des décès de guerre reflète ces chiffres.
Concernant la "terre" et la "ville", la segmentation officielle entre "rural" et "urbain" prend comme base le nombre d'habitant (> ou < à 2000 h). Tous les auteurs sont d'accord pour dire que la population rurale est un peu supérieure, selon F. Braudel l'urbain dépasse le rural vers 1930...
Quand à distinguer les professions de la terre de celles de la ville, n'est-il pas possible que certaines relèvent des 2 ?
Bien cordialement,
Régis
- LABARBE Bernard
- Messages : 3838
- Inscription : mar. juil. 12, 2005 2:00 am
- Localisation : Aix-en-Provence
Re: Répartition des morts par professions
Bonjour Régis,
Merci pour le lien.
Déplacer mon sujet peut-être mais il faudrait changer le titre "Qui sont les poilus de l'Aisne et de l'est de l'Hérault?" en quelque chose de plus généraliste comme celui de mon sujet.
Etude fouillée, mais qui commence par: Il s'agissait de reprendre la méthode de la thèse d'Etat de Jules Maurin pour les matricules des centres de recrutement de Montpellier-Lodève et ceux de l'Aisne (Saint Quentin, Laon et Soissons) pour les classes 1902-1903 et 1910 à 1915 au sondage 1/10ème (1 matricule sur 10). (Mon M1 concernait les conscrits du centre de Montpelier-Lodève pour les classes 1912 à 1915). 4768 matricules on été traités sur un tableur. 1496 de Montpellier et 3272 de l'Aisne.
Pas du tout statisticien, je me pose des questions quant à la précision des résultats. 8 classes seulement (sur 33...), et parmi elles 1 matricule sur 10 visionné. Mais je me garderais bien de critiquer Jules Maurin, je me pose des questions c'est tout. A terme, ce seront 2755 fiches matricules de MPF du 57°RI (et quelques N-MPF) dont j'aurais saisi les professions. Je ferai peut-être un test avec une sur dix, le résultat risque d'être différent.
Quand à distinguer les professions de la terre de celles de la ville, n'est-il pas possible que certaines relèvent des 2 ?
C'est une des questions, tout comme considérer ou pas qu'un cultivateur engagé volontaire avant guerre est mort militaire et non cultivateur.
Plusieurs cas:
- Horticulteurs (4): Je les ai considérés comme "autres que professions de la terre", des "urbains" travaillant en périphérie des villes certainement
- Jardiniers (18): Idem, pas de jardiniers dans les campagnes sauf dans quelques propriétés.
- Journaliers (17): Il y avait des journaliers dans des fermes, travaillant à la journée, mais aussi dans les villes...
- Scieurs, scieurs de long (8): Ruraux ou urbains ? Je pense à des urbains.
Mais au final cela ne change pas grand chose aux stat.
Pas plus que la dernière découverte: 2 fiches matricules enregistrées aujourd'hui AD-64, j'avais un seul clerc d'avoué à ce jour, les deux trouvés étaient clerc d'avoué ! Ah le hasard...
Cordialement,
Bernard
Merci pour le lien.
Déplacer mon sujet peut-être mais il faudrait changer le titre "Qui sont les poilus de l'Aisne et de l'est de l'Hérault?" en quelque chose de plus généraliste comme celui de mon sujet.
Etude fouillée, mais qui commence par: Il s'agissait de reprendre la méthode de la thèse d'Etat de Jules Maurin pour les matricules des centres de recrutement de Montpellier-Lodève et ceux de l'Aisne (Saint Quentin, Laon et Soissons) pour les classes 1902-1903 et 1910 à 1915 au sondage 1/10ème (1 matricule sur 10). (Mon M1 concernait les conscrits du centre de Montpelier-Lodève pour les classes 1912 à 1915). 4768 matricules on été traités sur un tableur. 1496 de Montpellier et 3272 de l'Aisne.
Pas du tout statisticien, je me pose des questions quant à la précision des résultats. 8 classes seulement (sur 33...), et parmi elles 1 matricule sur 10 visionné. Mais je me garderais bien de critiquer Jules Maurin, je me pose des questions c'est tout. A terme, ce seront 2755 fiches matricules de MPF du 57°RI (et quelques N-MPF) dont j'aurais saisi les professions. Je ferai peut-être un test avec une sur dix, le résultat risque d'être différent.
Quand à distinguer les professions de la terre de celles de la ville, n'est-il pas possible que certaines relèvent des 2 ?
C'est une des questions, tout comme considérer ou pas qu'un cultivateur engagé volontaire avant guerre est mort militaire et non cultivateur.
Plusieurs cas:
- Horticulteurs (4): Je les ai considérés comme "autres que professions de la terre", des "urbains" travaillant en périphérie des villes certainement
- Jardiniers (18): Idem, pas de jardiniers dans les campagnes sauf dans quelques propriétés.
- Journaliers (17): Il y avait des journaliers dans des fermes, travaillant à la journée, mais aussi dans les villes...
- Scieurs, scieurs de long (8): Ruraux ou urbains ? Je pense à des urbains.
Mais au final cela ne change pas grand chose aux stat.
Pas plus que la dernière découverte: 2 fiches matricules enregistrées aujourd'hui AD-64, j'avais un seul clerc d'avoué à ce jour, les deux trouvés étaient clerc d'avoué ! Ah le hasard...
Cordialement,
Bernard
Re: Répartition des morts par professions
Bonjour
Interessant sujet , bravo à vous pour le recensement de 2500 fiches . je comprends la difficulté de classifier les professions . je pense que la proposition : - primaires (agriculture, forêt, pêche) / - secondaire (manufacture et industrie) /- tertiaire (services) , est peut-être plus pertinente que "Ruraux ou urbains" - car la première est une répartition que l'on retrouve dans différentes études et évite le problèmes de mettre les horticulteurs et jardiniers dans les urbains . Et par exemple la présence d'une industrie ou manufacture dans un canton plutôt rural, peut faire apparaitre beaucoup d'ouvriers, donc la classification par secteur d'activités me semble pertinente .
Ensuite les engagés volontaires d'avant la guerre... seraient-ils restés militaires ou cultivateurs ou autre ??? ça comment le savoir, sans éléments biographiques plus personnels ? Peut-être en observant les grades obtenus? Je me dis que peut-être que ceux qui voulaient vraiment devenir militaires sont plus à la recherche d'avancement dans cette carrière, donc de monter en grade ?
2750 morts en 4 pour un régiment !!! Mais sont-ils tous de la même région, puisqu'il semble qu'au cours de la guerre, l'affectation dans les régiments ne dépendaient plus de la région d'origine ?
encore bravo ( je dis ça car moi au bout de 60 fiches relevées je commencais à trouver ça long !)
Cordialement
A-D
Interessant sujet , bravo à vous pour le recensement de 2500 fiches . je comprends la difficulté de classifier les professions . je pense que la proposition : - primaires (agriculture, forêt, pêche) / - secondaire (manufacture et industrie) /- tertiaire (services) , est peut-être plus pertinente que "Ruraux ou urbains" - car la première est une répartition que l'on retrouve dans différentes études et évite le problèmes de mettre les horticulteurs et jardiniers dans les urbains . Et par exemple la présence d'une industrie ou manufacture dans un canton plutôt rural, peut faire apparaitre beaucoup d'ouvriers, donc la classification par secteur d'activités me semble pertinente .
Ensuite les engagés volontaires d'avant la guerre... seraient-ils restés militaires ou cultivateurs ou autre ??? ça comment le savoir, sans éléments biographiques plus personnels ? Peut-être en observant les grades obtenus? Je me dis que peut-être que ceux qui voulaient vraiment devenir militaires sont plus à la recherche d'avancement dans cette carrière, donc de monter en grade ?
2750 morts en 4 pour un régiment !!! Mais sont-ils tous de la même région, puisqu'il semble qu'au cours de la guerre, l'affectation dans les régiments ne dépendaient plus de la région d'origine ?
encore bravo ( je dis ça car moi au bout de 60 fiches relevées je commencais à trouver ça long !)
Cordialement
A-D
Re: Répartition des morts par professions
re-bonjour Bernard,
Ne déplacez pas votre sujet ! Je suggérais seulement de poser la question à l'auteur de cette nouvelle thèse, peut-être a t-il des éléments de réponse à votre question.
Je pense également que non seulement les métiers étaient parfois peu définis, mais aussi que certains hommes peu qualifiés en changeaient plusieurs fois.
Exemple avec mon arrière grand-père (classe 1901), originaire d'un petit patelin breton, puis "monté" à Paris : je crois qu'il était journalier en Bretagne, à Paris il a travaillé à la construction d'une ligne de chemin de fer, puis il a été employé comme jardinier dans la propriété d'une riche famille de banquier. Son livret militaire indique : domestique, sa fiche matricule : manoeuvre...
La recherche que vous entreprenez est intéressante : la suite sur le site du 57e ?
Bien cordialement,
Régis
Ne déplacez pas votre sujet ! Je suggérais seulement de poser la question à l'auteur de cette nouvelle thèse, peut-être a t-il des éléments de réponse à votre question.
Je pense également que non seulement les métiers étaient parfois peu définis, mais aussi que certains hommes peu qualifiés en changeaient plusieurs fois.
Exemple avec mon arrière grand-père (classe 1901), originaire d'un petit patelin breton, puis "monté" à Paris : je crois qu'il était journalier en Bretagne, à Paris il a travaillé à la construction d'une ligne de chemin de fer, puis il a été employé comme jardinier dans la propriété d'une riche famille de banquier. Son livret militaire indique : domestique, sa fiche matricule : manoeuvre...
La recherche que vous entreprenez est intéressante : la suite sur le site du 57e ?
Bien cordialement,
Régis
- LABARBE Bernard
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- Inscription : mar. juil. 12, 2005 2:00 am
- Localisation : Aix-en-Provence
Re: Répartition des morts par professions
Bonsoir,
Régis: Ne déplacez pas votre sujet ! Je suggérais seulement de poser la question à l'auteur de cette nouvelle thèse, peut-être a t-il des éléments de réponse à votre question.
Désolé j'avais mal lu, j'y vais de ce clic.
Cordialement,
Bernard
Régis: Ne déplacez pas votre sujet ! Je suggérais seulement de poser la question à l'auteur de cette nouvelle thèse, peut-être a t-il des éléments de réponse à votre question.
Désolé j'avais mal lu, j'y vais de ce clic.
Cordialement,
Bernard
- Arnaud Carobbi
- Messages : 5753
- Inscription : mer. avr. 19, 2006 2:00 am
- Localisation : Maine-et-Loire
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Re: Répartition des morts par professions
Bonjour Bernard,
Bonjour à tous,
La question des statistiques concernant les professions est intéressante. Ma pause de ce midi y est passée ainsi que mon trajet en train !
L'administration française, y compris celle de l'armée, avait une expérience de la statistique bien avant la guerre. Pour l'armée, j'en veux pour preuve les statistiques annuelles très précises qui étaient publiées par le ministère, « Compte rendu sur le recrutement de l'armée pendant pendant l'année... ». Gallica ne donne, hélas, qu'un seul exemple de cette publication.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k133101d
Ces statistiques étaient réalisées à l'aide des données remontées par chaque conseil de révision et par les bureaux de recrutement.
D'autres statistiques existaient, fournies par les très nombreux états tenus au niveau du corps.
Après la guerre, la structure est la même. Si le Ministère était capable de fournir des données précises avant-guerre, pourquoi n'était-il pas capable de le faire pour les professions des MPF ?
J'y vois au moins deux raisons :
- Les nombreux changements de corps et le travail parfois peu rigoureux des secrétaires ont considérablement compliqué les choses, ainsi que la masse de cas à traiter.
Cette situation est dénoncée par un sergent affecté au bureau des effectifs du dépôt du 117e RI en 1919.
Ce ne sont pas moins de 60 000 soldats qui ont été gérés par ce dépôt au cours du conflit ! Or, si je ne m'abuse, ces informations étaient ensuite transmises aux bureaux de recrutement pour mettre à jour les positions successives.
- Ces erreurs étaient compliquées par la perte de nombreux documents comme les fameux livrets matricules et la difficulté de mettre à jour les états des pertes.
- Les informations sur la profession étaient-elles mises à jour ? Si oui, à quelles occasions : périodes d'exercices ? On a mention de professions à une ou plusieurs dates dans certains registres matricules de certains bureaux de recrutement.
Tout cela pour arriver à quoi au niveau des professions ?
les sources statistiques potentiellement fournies par l'armée ne sont pas complètes et sont-elles seulement fiables ?
Les informations concernant la profession des soldats étaient-elles complètes en dehors des hommes ayant justifié des métiers permettant de prétendre à certaines fonctions ?
D'où viennent alors les statistiques existantes ?
À mon avis, elles proviennent d'une enquête nationale lancée par le ministère de l'Intérieur en 1919 suite à une demande du Gouvernement. Elle visait à établir une liste communale des morts pour la France et des disparus.
Si les maires étaient des interlocuteurs privilégiés pour ce type d'enquête (comme celle demandée par le Comité départemental des mutilés et réformés de guerre), on peut tout de même s'interroger une fois encore sur la fiabilité du résultat. En effet, si dans les petites communes, tout le monde se connaissait, cette France rurale n'est pas toute la France de 1919. Quid des villes et des grandes villes ? De même, ne risque-t-on pas d'avoir des doublons, comme ce fut le cas ensuite dans le cadre des listes réalisées pour les monuments aux morts ?
Ce qui est certain, c'est qu'en novembre 1919 une seconde circulaire ministérielle invita les commissariats centraux à aider à la réalisation desdites listes et rappela aux Préfets d'aider les communes qui avaient des difficultés à établir le document demandé.
En voici en tout cas le résultat pour la Sarthe :
Amicalement,
Arnaud
Bonjour à tous,
La question des statistiques concernant les professions est intéressante. Ma pause de ce midi y est passée ainsi que mon trajet en train !
L'administration française, y compris celle de l'armée, avait une expérience de la statistique bien avant la guerre. Pour l'armée, j'en veux pour preuve les statistiques annuelles très précises qui étaient publiées par le ministère, « Compte rendu sur le recrutement de l'armée pendant pendant l'année... ». Gallica ne donne, hélas, qu'un seul exemple de cette publication.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k133101d
Ces statistiques étaient réalisées à l'aide des données remontées par chaque conseil de révision et par les bureaux de recrutement.
D'autres statistiques existaient, fournies par les très nombreux états tenus au niveau du corps.

J'y vois au moins deux raisons :
- Les nombreux changements de corps et le travail parfois peu rigoureux des secrétaires ont considérablement compliqué les choses, ainsi que la masse de cas à traiter.
Cette situation est dénoncée par un sergent affecté au bureau des effectifs du dépôt du 117e RI en 1919.
Extrait de André Bouton, Mémoire d'un Manceau, soldat dans pendant la Grande Guerre, Le Mans, Editions de la Société Littéraire du Maine, 2014, pages 327-328.« Pour suppléer aux archives de mobilisation, aux contrats nominatifs où il était impossible de s'y retrouver, on faisait passer, par le bureau des effectifs, toutes les pièces, reçues de l'intérieur ou des armées, modifiant la situation des militaires. Il était dressé des fiches individuelles sur lesquelles étaient inscrits les mouvements. Ces fiches étaient classées par catégories, et subdivisées telle que : à l'intérieur, aux armées, prisonniers, tués, décédés, à l'hôpital… Une fiche répertoriée était classée alphabétiquement ; il y en avait 60 000 lors de l'armistice. Cela permettait de savoir immédiatement la situation de n'importe quel militaire, ou bien, en comptant les fichiers de chaque groupe, de dresser les états réclamés par le ministère qu'on aurait été bien embarrassés d'établir sur d'autres bases !
(…) En pratique, c'était un inévitable casse-tête, et cela devenait un mal invraisemblable. Quand on comptait les fichiers, il y avait des différences avec les mouvements journaliers. Les petits bouts de carton avaient été mal classés ou égarés ; et il fallait entreprendre des recherches fantastiques pour les retrouver, parmi les milliers d'autres cartons identiques.
Plus souvent encore, c'étaient des pièces informes qui parvenaient, aux indications erronées. On nous signalait des gens que nous n'avions pas, parce que le scribe distrait s'était trompé de numéro de régiment. Ou c'étaient des pièces qui ne nous parvenaient pas !
(…)Après l'armistice, les militaires en prirent à leur aise, et les états parvenaient plus incomplets que jamais. Les mouvements de troupe s'intensifièrent : démobilisés, prisonniers rentrants. Le bureau des effectifs fut très embarrassé, mais, en fin de compte, cela marcha quand même ! »
Ce ne sont pas moins de 60 000 soldats qui ont été gérés par ce dépôt au cours du conflit ! Or, si je ne m'abuse, ces informations étaient ensuite transmises aux bureaux de recrutement pour mettre à jour les positions successives.
- Ces erreurs étaient compliquées par la perte de nombreux documents comme les fameux livrets matricules et la difficulté de mettre à jour les états des pertes.
- Les informations sur la profession étaient-elles mises à jour ? Si oui, à quelles occasions : périodes d'exercices ? On a mention de professions à une ou plusieurs dates dans certains registres matricules de certains bureaux de recrutement.
Tout cela pour arriver à quoi au niveau des professions ?
les sources statistiques potentiellement fournies par l'armée ne sont pas complètes et sont-elles seulement fiables ?
Les informations concernant la profession des soldats étaient-elles complètes en dehors des hommes ayant justifié des métiers permettant de prétendre à certaines fonctions ?
D'où viennent alors les statistiques existantes ?
À mon avis, elles proviennent d'une enquête nationale lancée par le ministère de l'Intérieur en 1919 suite à une demande du Gouvernement. Elle visait à établir une liste communale des morts pour la France et des disparus.

Ce qui est certain, c'est qu'en novembre 1919 une seconde circulaire ministérielle invita les commissariats centraux à aider à la réalisation desdites listes et rappela aux Préfets d'aider les communes qui avaient des difficultés à établir le document demandé.
En voici en tout cas le résultat pour la Sarthe :
Au final, ces statistiques sont aussi fiables que celles proposées par le député Marin. Elles ont le mérite d'exister, on pourra se satisfaire de l'ordre de grandeur proposé par ces statistiques. En gardant malgré tout la plus grande prudence, comme toujours, avec une tel travail. Plus encore avec leurs réutilisations postérieures les prenant pour argent comptant. Si c'est bien cette enquête qui sert de base aux travaux cités dans le premier message.Afficheur 1
Agents d'affaires 2
Agents d'assurances 4
Agents voyer 2
Ajusteurs 22
Aides de culture 2001
Aide pharmacien 1
Armuriers 3
Avocat 1
Bijoutiers 8
Bimboletiers 2
Blanchisseurs 1
Bouchers 105
Boulangers 296
Bourreliers 54
Bouilleurs 2
Briquetiers 6
Brossier 1
Brocanteurs 10
Bûcherons 5
Cafetiers 69
Camelot 1
Cantonniers 67
Caissiers 5
Carriers 14
Carrossiers 2
Cerclier 1
Chaisiers 1
Charbonniers 2
Charcutiers 36
Chaudronniers 6
Chauffeurs 33
Charretiers 56
Charpentiers 119
Chapelier 4
Ciriers 2
Cimentiers 9
Clercs d'huissiers 21
Clercs de notaires 39
Confiseur 1
Cochers 20
Conducteurs Tramways 8
Contremaîtres 2
Conseiller de préfecture 1
Comptables 48
Commis contributions indirectes 14
Commis de perceptions 3
Coiffeurs 88
Cordiers 3
Corroyeurs 1
Cordonniers 77
Coquetiers 2
Couvreurs 27
Coupeur en chaussure 1
Cultivateurs 5878
Cuisiniers 39
Couteliers 2
Charrons 123
Chaufourniers 7
Dactylographes 2
Débardeurs 3
Dessinateurs 15
Dentistes 3
Directeurs d'assurances 8
Directeur d'usine 1
Distillateur 1
Domestiques 36
Doreurs sur métaux 2
Ébénistes 4
Éclusiers 2
Ecclésiastiques 24
Élève Architecte 1
Ecclésiastique 1
Electriciens 14
Employer de Banques 31
Employer de Bureaux 80
Employer de chemins de fer 121
Employer Octrois 7
Employer de commerce 221
Employer Régie 1
Employer de Postes 21
Enfant de troupe 1
Entrepreneurs 9
Epiciers 100
Escoupsteur 1
Etameur 1
Etudiants 73
Experts 3
Fabriquants 6
Facteurs 29
Fariniers 2
Fleuristes 11
Ferblantiers 49
Forgerons 16
Fossoyeur 1
Filateur 1
Fruitiers 2
Fumistes 8
Galochiers 23
Garçons de cafés 47
Garçon d'écurie 1
Garçons de Laboratoires 2
Garçons de Particuliers 18
Gardes chasse 12
Gardiens de la Paix 5
Gaziers 9
Graveurs 1
Grainetiers 15
Greffiers de Paix 2
Gendarmes 1
Haugreurs 28
Horlogers 6
Huilliers 6
Huissiers 4
Industriels 3
Infirmiers 3
Ingénieurs 8
Imprimeurs 15
Instituteurs 70
Jardiniers 128
Journaliers 662
Lamineur 1
Laitiers 2
Livreurs 2
Maçons 209
Machinistes de théâtre 2
Mandataire au halle 1
Manœuvres 14
Marbriers 14
Marchands de Bestiaux 7
Marchands Forains 17
Marchands revendeurs 23
Marchand tabac 1
Maréchaux 92
Maîtres d'hôtels 21
Marins 4
Marinier 1
Matelassier 1
Mécaniciens 104
Merciers 5
Médecin 1
Meuniers 41
Menuisiers 147
Messagers 11
Meulier 1
Mineurs 13
Miroitiers 2
Métallurgistes 3
Monteur en chaussure 1
Mouleurs 11
Meneur de viande 1
Négociants 22
Notaires 7
Officiers de Carrière 168
Ouvriers manufacture de tabac 9
Ouvriers manutentionnaires 1
Ouvriers d'usines 65
Ouatiers 3
Palefrenier 1
Papetiers 31
Parqueteur 1
Peigneurs de chanvre 4
Peintres 84
Percepteur 1
Pépiniériste 1
Pharmaciens 4
Photographes 1
Piqueur 1
Plâtriers 8
Plombiers 18
Plumassier 1
Polisseurs 3
Potiers 8
Professeurs 7
Propriétaires 7
Puisatier 1
Pâtissiers 28
Quincaillers 12
Receveurs d'enregistrement 2
Receveurs Buralistes 2
Régisseur 1
Relieurs 2
Représentants de commerce 26
Résiniers 1
Rouliers 1
Sabotiers 98
Sans Profession 288
Scieurs 1
Sculpteurs 5
Selliers-Garnisseurs 2
Serruriers 38
Sertisseurs 1
Sous-officiers de carrière 98
Substitut Procureur République 1
Surveillant 1
Tailleur d'habits 39
Tailleur de limes 1
Tailleur de pierres 21
Tanneurs 30
Tapissiers 17
Toupier 1
Téléphoniste 1
Ceinturiers 5
Terrassiers 8
Tisserands 18
Tôliers 3
Tonneliers 21
Tourneurs 16
Treillageurs 1
Tuiliers 12
Typographes 31
Valets de chambre 39
Vanniers 2
Vendeurs de journaux 3
Verriers 11
Vidangeurs 1
Vignerons 3
Voiturier 1
Zingueurs 2
Professions inconnues 229
13674
13674
TOTAL 13674
« Dressé par nous, Préfet de la Sarthe, au vu des renseignements fournis par les maires du département,
Le Mans, le 5 juin 1920 ».
Amicalement,
Arnaud
Le site du Parcours du combattant de 14-18 : Trésor d’archives n°68 – En avant la musique ! Auxerre, 1908 : présentation et écoute d'une séance de musique militaire. 21/06/2025
Re: Répartition des morts par professions
Bonjour Arnaud,
Voici une source très intéressante !
Selon Wikipédia, ce secteur représente aujourd'hui moins de 4% pour ce département...
Bien cordialement,
Régis
Voici une source très intéressante !
- 0,02% sans profession
- tertiaire (services) : 10%
Selon Wikipédia, ce secteur représente aujourd'hui moins de 4% pour ce département...
Bien cordialement,
Régis
Re: Répartition des morts par professions
Bonjour
toujours très intéressant ces contributions que l'on trouve sur ce forum .
J'ai une question concernant les professions sur les fiches matricules ( j'ai posé cette question dans "l'espace Marine " mais pas de réponses "
En ce moment je regarde les registres militaires du canton d'Hennebont rattaché au Bureau recruteur de Lorient en Bretagne - ceci afin de voir un peu les professions des soldats qui partent en 1914 et particulièrement si la présence des Forges d'Hennebont avaient entrainé beaucoup où non d' "évacuations du front , pour mise à disposition des Forges (en restant rattaché à leur RI) -
Une chose m'étonne , j'ai remarqué qu'un certain nombre de fiche portait la mention " inscrit maritime " . Or le parcours militaire de ces hommes là ne sont pas complétés sur ces les fiches .
Alors est-ce que ça veut dire qu'il dépendent de la marine militaire ?
Sont-ils marine marchande , marin-pêcheur ? sont-ils exempté de service militaire et de servir à la guerre ?
Merci
cordialement
A_D
P.S pour ce qui est de la mise à disposition des Forges , je n'ai pas encore terminé .
toujours très intéressant ces contributions que l'on trouve sur ce forum .
J'ai une question concernant les professions sur les fiches matricules ( j'ai posé cette question dans "l'espace Marine " mais pas de réponses "
En ce moment je regarde les registres militaires du canton d'Hennebont rattaché au Bureau recruteur de Lorient en Bretagne - ceci afin de voir un peu les professions des soldats qui partent en 1914 et particulièrement si la présence des Forges d'Hennebont avaient entrainé beaucoup où non d' "évacuations du front , pour mise à disposition des Forges (en restant rattaché à leur RI) -
Une chose m'étonne , j'ai remarqué qu'un certain nombre de fiche portait la mention " inscrit maritime " . Or le parcours militaire de ces hommes là ne sont pas complétés sur ces les fiches .
Alors est-ce que ça veut dire qu'il dépendent de la marine militaire ?
Sont-ils marine marchande , marin-pêcheur ? sont-ils exempté de service militaire et de servir à la guerre ?
Merci
cordialement
A_D
P.S pour ce qui est de la mise à disposition des Forges , je n'ai pas encore terminé .
- LABARBE Bernard
- Messages : 3838
- Inscription : mar. juil. 12, 2005 2:00 am
- Localisation : Aix-en-Provence
Re: Répartition des morts par professions
Bonjour,
Arnaud merci pour cette réponse très documentée, je dirais comme d'habitude...
Voilà donc une découverte, une enquête du ministère auprès des communes via les préfets. Cela diffère des sondages avec des fiches matricules visionnées pour quelques classes seulement et à coup de une sur dix.
Mais le problème pour moi c'est le classement de ces professions. Voilà quelques jours que je travaille le sujet et je suis dans une impasse.
Parti d'un tableau sur lequel j'ai noté les professions au fur et à mesure du visionnage des fiches matricules, à raison d'une par cellule pour le comptage, il faut maintenant simplifier et classer.
Simplifier comme sur cette liste de la Sarthe, aucun agriculteur mais 5878 cultivateurs. Je suis en train de regrouper les plus faciles, ce que répondait à la question le conscrit. Profession ? Agriculteur, cultivateur, cultivateur-vigneron, vigneron, vigneron-greffeur, laboureur-vigneron, etc, j’ai même un seul métayer alors qu’ils l’étaient presque tous.
J’abandonne l’idée d’un classement villes-campagne ou urbains ruraux tant cela me semble compliqué, et de plus il me faudrait reprendre une à une les professions et noter où était domicilié le soldat. Régis : la segmentation officielle entre "rural" et "urbain" prend comme base le nombre d'habitant (> ou < à 2000 h). D’où recherches dans la base Casssini pour le nombre d’habitants à l’époque pour chaque commune, autant dire travail de titan.
Je passe sur toutes les autres raisons de cet abandon, je vais opter tout simplement pour une liste type « Sarthe » avec aussi un tableau bien avancé que je ne voudrais pas avoir fait pour rien, des colonnes qui sont pour l’instant les suivantes :
- Professions de la terre et dérivées ( Agriculture – Viticulture – Autres tels que tonneliers etc.)
- Employés divers ( Commis, comptables, domestiques etc.)
- Industrie (métallurgie mais aussi forgeron, charron, fabricants divers)
- Artisanat et divers (Horloger, coiffeur, etc.)
- Alimentation restauration (épicier, boucher, boulanger etc.)
- Bâtiment – Bois (Maçon, charpentier…)
- Justice, notariat
- Clergé
- Militaires
- Enseignement – Autres (étudiant, instit et prof, écrivain…)
- Marin, marinier, batelier...
- Non indiquée sur fiche
- Sans profession
CD9362, voir sur le net inscrits maritimes. Concernant les marins marine nationale ou marchande, ils servaient sur des bateaux en mer. Reste des "marins d'eau douce" (sans que cela soit péjoratif), mariniers, bateliers, matelots, et même ostréiculteurs, au total j'en ai 8. Pour ces derniers Inscrit maritime n'est pas indiqué sur fiches matricules.
Cordialement,
Bernard
Arnaud merci pour cette réponse très documentée, je dirais comme d'habitude...


Voilà donc une découverte, une enquête du ministère auprès des communes via les préfets. Cela diffère des sondages avec des fiches matricules visionnées pour quelques classes seulement et à coup de une sur dix.
Mais le problème pour moi c'est le classement de ces professions. Voilà quelques jours que je travaille le sujet et je suis dans une impasse.
Parti d'un tableau sur lequel j'ai noté les professions au fur et à mesure du visionnage des fiches matricules, à raison d'une par cellule pour le comptage, il faut maintenant simplifier et classer.
Simplifier comme sur cette liste de la Sarthe, aucun agriculteur mais 5878 cultivateurs. Je suis en train de regrouper les plus faciles, ce que répondait à la question le conscrit. Profession ? Agriculteur, cultivateur, cultivateur-vigneron, vigneron, vigneron-greffeur, laboureur-vigneron, etc, j’ai même un seul métayer alors qu’ils l’étaient presque tous.
J’abandonne l’idée d’un classement villes-campagne ou urbains ruraux tant cela me semble compliqué, et de plus il me faudrait reprendre une à une les professions et noter où était domicilié le soldat. Régis : la segmentation officielle entre "rural" et "urbain" prend comme base le nombre d'habitant (> ou < à 2000 h). D’où recherches dans la base Casssini pour le nombre d’habitants à l’époque pour chaque commune, autant dire travail de titan.
Je passe sur toutes les autres raisons de cet abandon, je vais opter tout simplement pour une liste type « Sarthe » avec aussi un tableau bien avancé que je ne voudrais pas avoir fait pour rien, des colonnes qui sont pour l’instant les suivantes :
- Professions de la terre et dérivées ( Agriculture – Viticulture – Autres tels que tonneliers etc.)
- Employés divers ( Commis, comptables, domestiques etc.)
- Industrie (métallurgie mais aussi forgeron, charron, fabricants divers)
- Artisanat et divers (Horloger, coiffeur, etc.)
- Alimentation restauration (épicier, boucher, boulanger etc.)
- Bâtiment – Bois (Maçon, charpentier…)
- Justice, notariat
- Clergé
- Militaires
- Enseignement – Autres (étudiant, instit et prof, écrivain…)
- Marin, marinier, batelier...
- Non indiquée sur fiche
- Sans profession
CD9362, voir sur le net inscrits maritimes. Concernant les marins marine nationale ou marchande, ils servaient sur des bateaux en mer. Reste des "marins d'eau douce" (sans que cela soit péjoratif), mariniers, bateliers, matelots, et même ostréiculteurs, au total j'en ai 8. Pour ces derniers Inscrit maritime n'est pas indiqué sur fiches matricules.
Cordialement,
Bernard