Cet article écrit en 1917 (dont je n’ai pas la fin) dans « Le Matin », (reporter non-identifié), relate dans le style de l’époque, l’évasion de Ménard et Pinsard. L’affaire avait fait grand bruit à l’époque ; excellente propagande j’imagine, qui ne pouvait que remonter le moral des familles et des troupes !
Très peu lisible, je le retranscrits :
HORS DES GEOLES ALLEMANDES_ DEUX AVIATEURS ÉVADÉS- Comment le capitaine Ménard et le lieutenant Pinçard, prisonniers, sont rentrés en France.

« Le capitaine Ménard est rentré en France. Il est arrivé dimanche dernier à Schaffhouse et lundi à Annemasse, accompagné du lieutenant Pinsard, son fidèle compagnon de route. Tous deux ont traversé la Suisse dans un singulier équipage : dépenaillés, miteux et indigents. Ils avaient fait un beau voyage, venant à pied d’Ingolstadt, la forteresse bavaroise, après avoir trompé la vigilance des Boches qui les détenaient là, l’un depuis vingt mois, l’autre depuis quatorze mois.
Le capitaine Ménard était, avant la guerre, un de nos plus populaires aviateurs militaires. Les premières de ses prouesses datent des grandes manœuvres de Picardie, où il se révéla – chose rare à l’époque- un savant pilote d’appareils à passagers. C’était alors « l’adjudant » Ménard, qui avait débuté comme aérostier au parc de Chalais-Meudon. Il fut nommé sous-lieutenant. Ce fut lui qui organisa plus tard les services aéronautiques en Tunisie, où il accomplit quelques raids mémorables. Au moment de la déclaration de guerre, l’aviateur Ménard avait été affecté à la défense de Lille. Il y fut pris d’une maladie soudaine qui lui valut une opération, et c’est là que les Allemands le capturèrent sans éclat. On l’interna dans divers camps et enfin à Ingolstadt, d’où il nous revient vindicatif et ravi.
Son compagnon, le lieutenant Pinsard, est moins célèbre, il n’en est pas moins brave. Le canon le fit choir du ciel en janvier 1915, aux environs de Péronne, après qu’il eut mis à mal, à dix reprises, les organisations ennemies- comme disent les communiqués.
Ces deux officiers étaient donc depuis des mois et des mois sur les bords du Danube bleu – qui d’ailleurs est jaune- et s’y ennuyaient éperdument. Ils n’avaient pas grands motifs de s’y distraire ; l’évasion leur apparut rationnelle. Au reste, les Allemands ne faisaient rien pour les retenir. Il faut entendre par là qu’on leur prodiguait l’office des sentinelles et les services des mouchards, mais qu’on leur ménageait la nourriture ; et la reconnaissance est bien amoindrie, du convive à qui l’on offre journellement l’immonde brouet de maïs et quelque hareng périmé.
Ils partirent donc…
Et c’est ce départ qu’il est pénible de ne pouvoir conter, et c’est le voyage…le voyage ! Trois cents kilomètres faits à pied, mille et une péripéties invraisemblables : épisodes comiques, épisodes douloureux, à mettre en échec l’imagination d’un librettiste pour le film. Cependant, il importe de ne pas publier maintenant les détails succulents, que l’on connaitra d’ailleurs, plus tard, par les soins des héros eux-mêmes.
Ce que l’on peut dire, c’est que l’aventure emplit quinze journées, qu’elle eut son épilogue à Schaffhouse, où les aviateurs passèrent la frontière suisse à plat ventre, après avoir – étranges mais utiles précautions- enduit leurs bottines et ce qui demeurait de leur semelles, du suc de gousses d’ail et répandu sur leurs pas, des pincées de poivre ! Qu’on se rassure ; ce ne sont pas là occupations de maniaques ; c’est simplement un vieux et bon « truc » de contrebandiers pour dépister certains chiens trop subtils.
Ils passèrent la frontière défaits et minables, ayant épuisé déjà depuis plusieurs heures les dernières miettes des trente kilogrammes de provisions parcimonieusement épargnées durant le trajet ; car les deux fugitifs avaient pris garde de ne pas en acquérir en route pour ne point dénoncer par quelque maladresse. À Annemasse, des camarades leur fournissent…………… ? » (Le texte s’arrête là, hélas…)
Cordialement .BB