Qui pourraient-être ces trois aviateurs?

Aéronautique, unités, avions & aviateurs
Avatar de l’utilisateur
bruno17
Messages : 1046
Inscription : dim. mars 18, 2007 1:00 am

Re: Qui pourraient-être ces trois aviateurs?

Message par bruno17 »

Bonjour,
Cet article écrit en 1917 (dont je n’ai pas la fin) dans « Le Matin », (reporter non-identifié), relate dans le style de l’époque, l’évasion de Ménard et Pinsard. L’affaire avait fait grand bruit à l’époque ; excellente propagande j’imagine, qui ne pouvait que remonter le moral des familles et des troupes !
Très peu lisible, je le retranscrits :
HORS DES GEOLES ALLEMANDES_ DEUX AVIATEURS ÉVADÉS- Comment le capitaine Ménard et le lieutenant Pinçard, prisonniers, sont rentrés en France.
Image
« Le capitaine Ménard est rentré en France. Il est arrivé dimanche dernier à Schaffhouse et lundi à Annemasse, accompagné du lieutenant Pinsard, son fidèle compagnon de route. Tous deux ont traversé la Suisse dans un singulier équipage : dépenaillés, miteux et indigents. Ils avaient fait un beau voyage, venant à pied d’Ingolstadt, la forteresse bavaroise, après avoir trompé la vigilance des Boches qui les détenaient là, l’un depuis vingt mois, l’autre depuis quatorze mois.
Le capitaine Ménard était, avant la guerre, un de nos plus populaires aviateurs militaires. Les premières de ses prouesses datent des grandes manœuvres de Picardie, où il se révéla – chose rare à l’époque- un savant pilote d’appareils à passagers. C’était alors « l’adjudant » Ménard, qui avait débuté comme aérostier au parc de Chalais-Meudon. Il fut nommé sous-lieutenant. Ce fut lui qui organisa plus tard les services aéronautiques en Tunisie, où il accomplit quelques raids mémorables. Au moment de la déclaration de guerre, l’aviateur Ménard avait été affecté à la défense de Lille. Il y fut pris d’une maladie soudaine qui lui valut une opération, et c’est là que les Allemands le capturèrent sans éclat. On l’interna dans divers camps et enfin à Ingolstadt, d’où il nous revient vindicatif et ravi.
Son compagnon, le lieutenant Pinsard, est moins célèbre, il n’en est pas moins brave. Le canon le fit choir du ciel en janvier 1915, aux environs de Péronne, après qu’il eut mis à mal, à dix reprises, les organisations ennemies- comme disent les communiqués.
Ces deux officiers étaient donc depuis des mois et des mois sur les bords du Danube bleu – qui d’ailleurs est jaune- et s’y ennuyaient éperdument. Ils n’avaient pas grands motifs de s’y distraire ; l’évasion leur apparut rationnelle. Au reste, les Allemands ne faisaient rien pour les retenir. Il faut entendre par là qu’on leur prodiguait l’office des sentinelles et les services des mouchards, mais qu’on leur ménageait la nourriture ; et la reconnaissance est bien amoindrie, du convive à qui l’on offre journellement l’immonde brouet de maïs et quelque hareng périmé.
Ils partirent donc…
Et c’est ce départ qu’il est pénible de ne pouvoir conter, et c’est le voyage…le voyage ! Trois cents kilomètres faits à pied, mille et une péripéties invraisemblables : épisodes comiques, épisodes douloureux, à mettre en échec l’imagination d’un librettiste pour le film. Cependant, il importe de ne pas publier maintenant les détails succulents, que l’on connaitra d’ailleurs, plus tard, par les soins des héros eux-mêmes.
Ce que l’on peut dire, c’est que l’aventure emplit quinze journées, qu’elle eut son épilogue à Schaffhouse, où les aviateurs passèrent la frontière suisse à plat ventre, après avoir – étranges mais utiles précautions- enduit leurs bottines et ce qui demeurait de leur semelles, du suc de gousses d’ail et répandu sur leurs pas, des pincées de poivre ! Qu’on se rassure ; ce ne sont pas là occupations de maniaques ; c’est simplement un vieux et bon « truc » de contrebandiers pour dépister certains chiens trop subtils.
Ils passèrent la frontière défaits et minables, ayant épuisé déjà depuis plusieurs heures les dernières miettes des trente kilogrammes de provisions parcimonieusement épargnées durant le trajet ; car les deux fugitifs avaient pris garde de ne pas en acquérir en route pour ne point dénoncer par quelque maladresse. À Annemasse, des camarades leur fournissent…………… ? » (Le texte s’arrête là, hélas…)
Cordialement .BB
Bruno BAVEREL - Romans: "La voiture de Vandier" - "Les aventures du lieutenant Maréchal" - "Le manuscrit de Magerøya ou le Tombeau des quatre ours" (Éditions des Indes Savantes)
Avatar de l’utilisateur
bruno17
Messages : 1046
Inscription : dim. mars 18, 2007 1:00 am

Re: Qui pourraient-être ces trois aviateurs?

Message par bruno17 »

Image


"Ce fait frappe d’étonnement et d’admiration tous ceux qui en sont les témoins. Lui, tout à sa joie de « revoler » enfin, se livre sur le Bébé-Nieuport aux acrobaties qui lui étaient coutumières sur le Parasol Morane. Avec un pilote comme lui, le stage à ….. ne peut être que de courte durée, il part donc à l’école de tir aérien de….. ; il a besoin de faire tout un apprentissage pour le tir à la mitrailleuse et les nouvelles méthodes de chasse, car de son temps, dame, on tirait simplement avec des carabines ou des mousquetons de cavalerie.
C’est à ….. qu’il apprend sa nomination au grade de lieutenant. Le 8 juillet 1916, il retourne au front, au nouveau poste qu’on vient de lui assigner, dans la Somme, à Cachy, 25 kilomètres d’Amiens, à l’escadrille N…..Il y retrouve le capitaine Ménard, reparti au front lui aussi et Feierstein, un ancien camarade. Il fait partie du groupe Brocard. Chaque jour il s’entraîne progressivement et livre de nombreux combats. Une fois il se fait descendre : une aile éventrée et son gouvernail crevé. Le 7 août, il vole à 200mètres de haut pendant une attaque pour mitrailler les troupes qui sont à terre. Sa fougue naturelle et son désir de vengeance l’animent ; c’est ainsi qu’il n’hésite pas, lui, l’ancien prisonnier à retourner voler dans les lignes boches, à la merci d’une nouvelle panne, avec toutes ses conséquences, c'est-à-dire, à nouveau l’internement et peut-être, comme évadé ayant passé deux fois en conseil de guerre, la mort sans phrase. Mais il n’y pense pas, il n’y veut pas penser. Il ne songe qu’à son devoir de soldat et de Français, c'est-à-dire à détruire des Boches, n’importe comment, et pour cela, sa vie pèse peu dans la balance. Le 10 août, alors qu’il évolue à 700 mètres, il manque de se faire descendre à coups de canon alors qu’il se trouve à 15 kilomètres dans les lignes adverses. Le 23 août, il descend son premier boche, il rentre avec 8 balles dans son fuselage, dont une tout près du cou. Un autre suit de près et le 7 septembre, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur avec cette citation : « A fait preuve dans des circonstances particulièrement difficiles, d’une énergie et d’une ténacité exceptionnelles. Affecté, sur sa demande après son évasion, à une escadrille de combat au cours desquels son appareil a été criblé de balles. Le 7 août 1916, pendant une attaque d’infanterie, a attaqué 6 fois de suite à la mitrailleuse, à 200 mètres de haut, les réserves allemandes massées pour les contre-attaques. Déjà cité 2 fois à l’ordre de l’armée ».
Le 8 novembre, il est envoyé à ….., en mission, par le colonel Barrès ; il y reste 3 semaines. C’est là qu’il apprend qu’il est nommé chef d’escadrille. Il va à ….. chercher ses pilotes, des jeunes, car c’est une escadrille nouvelle qu’il va former, la N…., puis à L….., prendre possession de son matériel. Il ramène tout son monde à V…. ; le mauvais temps l’immobilise : pendant 15 jours il ne peut partir. Enfin, le 21 décembre, l’escadrille s’en va par la voie des airs, pour s’installer à C…., à 20 kilomètres de C….
Il faut un certain temps à Pinsard pour mettre tout son personnel au point, car il veut faire de la ….. une escadrille modèle et obtenir de tous, le rendement maximum. Il a l’âme d’un chef, et tous, officiers, sous-officiers, mécaniciens, l’aiment beaucoup ; il paye largement de sa personne et se réserve toujours les missions les plus périlleuses.
Il travaille énormément : il a descendu plusieurs appareils qui ne lui ont pas été homologués et voudrait bien obtenir son cinquième officiel. Il y réussit le 7 mars 1917.
A partir de ce moment, c’est une escadrille fantastique et les Boches s’additionnent aux Boches par séries de 2 et 3. C’est ainsi qu’il passe de 5 à 8, puis de 8 à 10, à 12 et à 15. Les 13, 14, et 15èmes dans les journées du 27 et 28 mai. Le 30 au matin, il manque de se faire tuer, une balle fauche son siège et lui zèbre la peau, mais la chance le protège encore cette fois.
Le 5 juin il descend son 16ème et fait les deux aviateurs prisonniers. Il reçoit la Médaille Militaire Italienne. Il a donc actuellement la Légion d’Honneur, la Médaille Militaire, la Croix de Guerre avec 15 palmes, la Médaille Marocaine et la Médaille militaire Italienne. Il allait continuer la série de ses exploits quand un stupide accident au-dessus de son terrain faillit lui coûter la vie le 12 juin.
Une longue convalescence lui est nécessaire. Mais bientôt on reverra ce grand « As », ce noble guerrier, ce fier Gaulois, enfourcher à nouveau sa rapide monture, son Spad, pour retourner aux combats aériens, dans cet éther bleu qu’il aime tant et où sa présence provoque la terreur parmi les Boches qu’il rencontre ».

Extrait de « La Guerre Aérienne ». (Les spécialistes compléteront les noms en pointillés !)
BB
Bruno BAVEREL - Romans: "La voiture de Vandier" - "Les aventures du lieutenant Maréchal" - "Le manuscrit de Magerøya ou le Tombeau des quatre ours" (Éditions des Indes Savantes)
Avatar de l’utilisateur
bruno17
Messages : 1046
Inscription : dim. mars 18, 2007 1:00 am

Re: Qui pourraient-être ces trois aviateurs?

Message par bruno17 »

Bonjour,
Fallait croire que les soldats allemands qui gardaient nos aviateurs, avaient d'autres chats à fouetter ou ne faisaient guère preuve de perspicacité... J'ai retrouvé ce morceau d'un article de jacques Mortane paru dans l'"Excelsior", qui parle du matériel d'évasion du lieutenant Pinsard. Plutôt cocasse!!

"Il fut fait prisonnier le 8 février 1915. Dés ce moment il ne songea qu’à s’évader. Ses ruses prouvent son esprit inventif et aventureux et son désir de se remettre au service de la patrie. Grâce à sa correspondance mystérieuse avec le regretté constructeur Léon Morane, il reçut, dans un poulet froid, un browning et des cartouches, dans un jambonneau, une boussole et un poignard, dans une boîte de pruneaux secs, une ceinture de sauvetage en soie caoutchoutée, dans un pain un tube d’hydrogène pour gonfler la ceinture, entre deux bandes de cuir d’une paire de leggins, une carte de la région jusqu’à la frontière, dans un tube de pâte à dentifrice ou dans un savon de toilette, quelques marks en or, dans l’épaisseur d’une reliure, deux lames de scies à métaux. Le travail était si minutieusement réussi, les boîtes si parfaitement soudées, les étiquettes neuves si correctement collées que jamais les soldats allemands chargés d’ouvrir ces envois, ne purent croire qu’il y avait là quoi que ce fût de suspect. Grâce à ce matériel, Pinsard espérait pouvoir gagner un hangar assez proche où se trouvaient des hydravions, s’emparer de l’un d’eux et s’envoler jusqu’au Danemark. Il ne put donner suite à son évasion aérienne. Plus tard-entre autres tentatives- il se jeta d’un train en marche sans se blesser, mais fut repris à la frontière, reconnu par une fillette.
Evasion au moyen d’une échelle, mais quelle échelle !
C’est avec le lieutenant Ménard qu’il devait réussir. Tous deux s’enfuirent du fort Prinz Karl, à 8 kilomètres à l’Est d’Ingolstadt, à 2 km au nord du Danube. Ils avaient réussi –véritable tour de force- à fabriquer une échelle de 7 mètres de long et, ce qui est encore plus extraordinaire, à la dissimuler. Ménard, mécanicien de premier ordre, avait transformé en passe-partout quelques ferrures arrachées aux literies, se servant, comme forge, du poêle de la chambrée et, comme marteau, d’une autre ferrure. Ils partirent le 26 mars 1916...".
Le Browning et les cartouches dans le poulet froid, ça c'est quelque chose...!!BB
Bruno BAVEREL - Romans: "La voiture de Vandier" - "Les aventures du lieutenant Maréchal" - "Le manuscrit de Magerøya ou le Tombeau des quatre ours" (Éditions des Indes Savantes)
geraldB
Messages : 2
Inscription : mar. nov. 11, 2008 1:00 am

Re: Qui pourraient-être ces trois aviateurs?

Message par geraldB »

Bonsoir Bruno,

Ouf je me connecte enfin au blog !!!
Je suis l'arriere petit fils de victor MENARD.
Mon pere possede de nombreux documents et objets sur son grand pere, qu'il a connu à la rossignolette à la Rochelle avant sa mort.


Je passe le lien pour qu'il se joigne à vous.

Gerald BOUSSARD
Avatar de l’utilisateur
bruno17
Messages : 1046
Inscription : dim. mars 18, 2007 1:00 am

Re: Qui pourraient-être ces trois aviateurs?

Message par bruno17 »

Bonjour Gerald,
Très content de faire votre connaissance ; décidemment Victor Ménard n’en finit pas de nous livrer ses secrets… ! Je serai bien entendu enchanté de correspondre avec votre père sur le forum ; il peut également me contacter en privé sur mon adresse mail notée dans mon profil. Je pourrai également s’il le désire, comme je l’avais fait avec une autre membre du forum, le mettre en relation avec mon amie dont la grand-mère, Marie Ménard, était la sœur de Victor. Effectivement, dans une interview du colonel par Jacques Mortane dans le quotidien « Excelsior » du samedi 21 mars 1936, il dit bien, entre autre, qu’il était père de trois enfants: deux filles et un garçon !
Je passe assez souvent devant « La Rossignolette » avenue Carnot à La Rochelle, cette très belle maison où le colonel organisait de somptueuses receptions, avec cette amusante particularité dont devrait peut-être se souvenir votre père : une sorte de tour de contrôle attenante à la maison, qu’avait dû faire ériger Victor Ménard. Je me plais à imaginer le colonel à la retraite, tout en haut dans son poste d’observation, scrutant à l’aide de ses jumelles, les alentours de La Rochelle ! Une vraie maison de pilote !
Au plaisir de vous lire
Bruno Baverel
Bruno BAVEREL - Romans: "La voiture de Vandier" - "Les aventures du lieutenant Maréchal" - "Le manuscrit de Magerøya ou le Tombeau des quatre ours" (Éditions des Indes Savantes)
Avatar de l’utilisateur
CTP
Messages : 2682
Inscription : mar. févr. 28, 2006 1:00 am
Localisation : Les Abrets en Dauphiné (38)
Contact :

Re: Qui pourraient-être ces trois aviateurs?

Message par CTP »

Bonjour Gerald et bienvenue

Voici la fiche que j'ai ouverte au nom de votre grand-père sur "les as oubliés de 14-18"

Victor Menard

C'est bien volontiers que je la complèterai si vous et votre père en êtes d'accord.

Je vous envoie mon adresse privée par message du forum.

Bien cordialement
Claude
Claude Thollon-Pommerol
http://www.asoublies1418.fr accueille volontiers tout document personnel ou familial que vous souhaitez partager. Site en reconstruction. Soyez patients.
Avatar de l’utilisateur
shadoko
Messages : 380
Inscription : mer. mars 25, 2009 1:00 am

Re: Qui pourraient-être ces trois aviateurs?

Message par shadoko »

Bonsoir,

Sur Delcampe, il y a plusieurs cpa qui sont peut-être en rapport avec "votre" Ménard. Je donne seulement les n°, car les liens complets sont très longs : 57739464 56952124 56952121 56107475 52579734 53770088 (la dernière, clôturée).

Cordialement,
PM
Avatar de l’utilisateur
bruno17
Messages : 1046
Inscription : dim. mars 18, 2007 1:00 am

Re: Qui pourraient-être ces trois aviateurs?

Message par bruno17 »

Bonjour,
La tombe de Victor Ménard à Rochefort. Sur la stèle qui s'efface doucement, on peut encore lire:

Victor Ménard
8/6/81-13/4/54
Colonel de l'armée de l'Air
G.O de la Légion d'Honneur
Croix de Guerre 14-18 et 39-40
Neuf Palmes
Pionnier de l'Aviation
Atterrit le premier à Rochefort, sa ville natale en 1911.

Image
Bruno BAVEREL - Romans: "La voiture de Vandier" - "Les aventures du lieutenant Maréchal" - "Le manuscrit de Magerøya ou le Tombeau des quatre ours" (Éditions des Indes Savantes)
Jacques B
Messages : 1
Inscription : mar. août 18, 2009 2:00 am

Re: Qui pourraient-être ces trois aviateurs?

Message par Jacques B »

Bonjour Gerald et bienvenue

Voici la fiche que j'ai ouverte au nom de votre grand-père sur "les as oubliés de 14-18"

Victor Menard

C'est bien volontiers que je la complèterai si vous et votre père en êtes d'accord.

Je vous envoie mon adresse privée par message du forum.

Bien cordialement
Claude

Jacques B
Avatar de l’utilisateur
CTP
Messages : 2682
Inscription : mar. févr. 28, 2006 1:00 am
Localisation : Les Abrets en Dauphiné (38)
Contact :

Re: Qui pourraient-être ces trois aviateurs?

Message par CTP »

Bonjour Jacques B.

Je vous envoie un message par la messagerie du forum
(Petite enveloppe Messages Privés en début d'écran)

Bien cordialement
Claude
Claude Thollon-Pommerol
http://www.asoublies1418.fr accueille volontiers tout document personnel ou familial que vous souhaitez partager. Site en reconstruction. Soyez patients.
Répondre

Revenir à « AVIATION »