Bonjour à tous,
Rapport de l'enseigne de vaisseau HUE, commandant de l'OCEAN
Le 19 Octobre 1917, la nuit était très noire. Lors du précédent convoi du 14 Octobre, les navires étaient arrivés de Wolf Rock au rendez-vous à 04h00 du matin. RENARD croisait au nord de la Helle (nota : entrée nord du passage du Fromveur) et OCEAN à 8 milles au nord d'Ouessant.
A 09h00, le convoi ne s'étant pas présenté, j'ai fait route sur Brest. Le chenal du Four était consigné à cause des mines. J'avais perdu de vue le RENARD à 23h00.
A 07h15, j'ai reçu un télégramme chiffré du RENARD qui, suite à un incident de réception, n'a pas été compris. J'ai demandé la répétition. Au moment où nous remettions sur réception, nous avons entendu le RENARD qui finissait de transmettre quelque chose.
A 10h30, j'ai appris par le torpilleur 260 que le RENARD avait sauté.
Rapport de la commission d'enquête
C'est à 09h10, à 3 milles au N60E de Men Tensel (nota : récif portant le feu de Kéréon, dans le passage du Fromveur) qu'une violente explosion s'est produite à l'arrière du RENARD qui s'est enfoncé immédiatement. Vapeur et flammes sortaient par le panneau de la chaufferie. Le navire s'est mâté et a coulé en une minute.
Le commandant, un quartier maître et un timonier se trouvaient sur la passerelle, 2 veilleurs aux canons avant et arrière et 1 veilleur dans la mâture. Il faisait calme plat, mais personne n'a rien vu.
Parmi les rescapés, 7 hommes étaient dans leurs couchettes dans le poste équipage, et les autres à la passerelle ou sur le roof. Le personnel de quart avait ses brassières et 2 hommes qui ne savaient pas nager ont ainsi été sauvés. RENARD possédait 32 brassières pour 26 hommes d'équipage (nota : en réalité 30) Le personnel qui était sur l'arrière, dont le Sd maître mécanicien, a été tué par l'explosion. Le maître pilote Le Blay s'est jeté à la mer muni d'une bouée couronne, mais a été entraîné par le remous et personne ne l'a revu.
Il y avait 4 radeaux sur le RENARD, qui ont pu être libérés à temps par le matelot Pichavant. Mais, pris dans les bras du mât de charge avant, ils ont coulés avec le navire. Quand celui-ci s'est couché sur le fond, 3 sont remontés à la surface, plusieurs minutes plus tard. Mais il y avait du courant, et ils se sont trouvés à une centaine de mètres des naufragés. Six ou sept hommes se sont noyés pour n'avoir pu les atteindre. Un était démoli et n'a pu supporter que deux hommes.
Les hommes ont été recueillis par le torpilleur 260 qui se trouvait à 3 milles au nord des Platresses et avait entendu l'explosion.
problème hack image, modération technique
Récompenses
LE BLAY Pierre Augustin Maître pilote Commandant Binic n° 4544
Officier marinier aux plus belles qualités militaires, infatigable et plein d'entrain. S'est brillamment comporté lors de plusieurs rencontres avec des sous-marins ennemis.
Déjà cité à
l'Ordre de la Brigade pour le motif suivant :
A fait preuve les 27 Octobre, 23 Novembre et 30 Novembre 1916 de qualités de décision et de sang froid au cours d'attaques contre des sous-marins ennemis. A atteint, à 200 m, un sous-marin auquel il a certainement infligé des avaries importantes.
Mort pour la France sur son bâtiment coulé par mine le 19 Octobre 1917.
Médaille d'Honneur
COUPARD Nicolas (Appelé COMPA sur le document officiel) Matelot sans spé. Quimper n° 5733
A fait preuve d'énergie, calme et sang froid lors du naufrage de son bâtiment. A gagné un radeau, s'y est accroché et, aidé de 5 hommes, a eu la présence d'esprit d'aller chercher à la nage une gaffe et d'y attacher sont tricot pour attirer l'attention.
PICHAVANT Guillaume Matelot sans spé. Quimper n° 7934
De quart à la barre, s'est précipité pour libérer les radeaux. Les cabillots étant coincés, a réussi à couper les amarres.
Cdlt