Bonjour,
Eh bien je crois bien avoir lu ça quelque part Ferns!
En 1913, Maurice Chevalier part faire son service militaire. En 1914 l’amant de Mistinguett a juste le temps de tourner dans le film "La valse renversante", avant d’être envoyé au combat. "Moi j’me balade…" Renversant ! Blessé lors de l'attaque de Cutry et capturé, "Ma Pomme" se retrouve prisonnier en Allemagne, au camp d'Alten Grabow, d’où il sera libéré deux ans plus tard, en 1916, grâce à l’intervention de Mistinguett qui a su faire jouer ses relations. "Ah, si vous connaissiez ma poule !" chantait-il aux Allemands ! Mais comme "dans la vie faut pas s’en faire", il revient magistralement sur le devant de la scène et tourne en 1917 dans le film "Une soirée foudroyante". Foudroyant ! Le couple va au front soutenir le morale des troupes. Maurice Chevalier devient la vedette du Casino de Paris et se produit devant des soldats anglais et américains, ce qui lui donne l’occasion de découvrir la culture anglo-saxonne."Oui au whisky!". S’intéressant au jazz et au ragtime, il enrichit son répertoire et commence à penser à l’international, ( "Brodway!" )d’autant que son emprisonnement lui a donné l’occasion d’apprendre l’anglais. Désirant apparaître comme autre chose que le "protégé de Mistinguett", il finit par rompre avec sa protectrice pour voler de ses propres ailes.
La deuxième guerre, l'occupation, son apparente sympathie pour le gouvernement de Vichy lui vaudront quelques ennuis en 1945, mais en chantant une des grandes chansons de la libération, "Fleur de Paris", tout fini par être oublié et le voilà reparti pour vingt ans où il donnera des tours de chant dans le monde entier, tournera dans d'innombrables films, écrira ses mémoires, posera avec les grands de ce monde et deviendra un monument national. "Prosper, youp’là boum… !!!"
Cordialement
L'ami Maurice dans son bel uniforme du 31ème RI!
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N’empêche, même si j’aimais bien Maurice, tant qu’à m’intéresser à un Chevallier, je préfère celui-là : Gabriel Chevallier, auteur de « La peur », écrit en 1930. Retentissant !
http://www.ledilettante.com/fiche-livre.asp?Clef=1051
Cordialement
BB
Voici un extrait du témoignage de Joë Bridge, ami de jeunesse et camarade de captivité de Maurice Chevalier:
« Pâques 1914 : Maurice, soldat comme tout le monde, après un an passé dans les neiges des Vosges au 36ème d’infanterie, à Belfort, termine son temps à la rude « Division de fer », et n’attend plus que l’heure prochaine de sa démobilisation, comme soutien de famille. Il vient même d’être muté au 31ème, à Melun… à deux pas de la miss et de son cher Paris retrouvés. La « Classe » militaire et la Classe artistique, pour un temps se confondent…
4 août 1914 : c’est la guerre ! Le soldat Maurice-Auguste Chevalier, tireur d’élite, est envoyé au « Badaboum » ! Il arrive au Front en pleine bagarre et en première ligne… Blessé grièvement dès les premiers engagements, ( le 22 août, il reçoit un éclat d’obus dans le poumon droit), on apprend seulement qu’il a été ramassé sur le champ de bataille par l’ennemi et emmené Dieu sait où ! Paris s’inquiète en vain… puis un angoissant silence se fait autour de lui…
Pour ma part, un mois plus tard, je subis un sort identique et dans les mêmes inconfortables conditions. Blessé à mon tour, des postes de secours en infirmeries où l’on m’a transporté, puis à l’hôpital de Magdebourg où j’échoue, assez mal recousu et replâtré, je suis dirigé finalement vers le camp d’Alten-Grabow, en Prusse orientale…
A la porte barbelée de cette sinistre prison où j’arrive, flanqué d’un vieux schupo, baïonnette au canon, je crois apercevoir un grand escogriffe mal rasé, qui de loin, me fait des signes désespérés ! Je m’approche plus près… C’est Maurice ! et non son fantôme ! et vivant quoique pas mal amaigri ! Quel fameux « suspense » ! C’est miraculeux, impensable, inouï ! On se tombe dans les bras l’un de l’autre et l’on pleure comme des enfants…
…Je revois Maurice, encore mal remis de sa blessure, montant sur une table de baraque, et chantant et blaguant quand même devant les malheureux copains parfois bien déprimés, mais que son bagout consolait ! Maurice, vedette internationale, vraiment bien inattendue sur les planches de notre « Boîte à Grabow »….
…Mais je le revois aussi, et avec quelle émotion, me rejoignant, en novembre 1915 au Lazarett II du camp, pour m’aider à soigner les infortunés camarades touchés par cette épouvantable épidémie de typhus qui vit tomber comme des mouches, pendant deux mois, des dizaines et dizaines de soldats alliés, dépourvus de tout médicament efficace. Humblement, Maurice se mêlait à notre existence dangereuse et remplissait de son mieux les fonctions dont on le chargeait. Il faisait des piqûres, des prises de sang avec l’infirmier allemand, prenait les températures ou allait indifféremment à la grande infirmerie du camp, la musette en bandoulière et nous rapportait les rares médicaments que le « Generaloberartz » voulait bien nous accorder.
Mais l’invraisemblable et pourtant véridique mission qu’il avait imaginée, en plus de « s’accorder », c’était d’aller à leur chevet assister et consoler les plus mal en point parmi ses malades. Il faisait alors l’impossible pour que les malheureux ne se voient pas partir, tous seuls, si loin de la France et des leurs. Le moribond souriait, entrevoyait son retour, la fin heureuse de son cauchemar et s’éteignait en plein rêve.
« Ce sera le plus beau rôle que j’aurai joué de ma carrière », me disait Maurice. Et c’était tellement vrai !

(Texte et photos extraits de "Maurice Chevalier par François Vals- éditions Didier carpentier")