Bonsoir,
la guerre terminée, le retour des hommes est prévu : ils trouveront un emploi.
Le retour des femmes à leur ancienne condition se fera brutalement.
Pas sûr qu'il y ait eu grand chose de prévu, la fin de la guerre était plutôt attendue pour 1919... Le renvoi des femmes à leur foyer est annoncé dans cette lettre de Louis Loucheur, ministre de l'Armement : pas de remerciements, un rappel à l'ordre ancien dont beaucoup s'illusionnent, et à noter un bel emploi du "toutefois" :
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AUX OUVRIERES DES USINES ET ETABLISSEMENTS DE L'ETAT TRAVAILLANT AUX FABRICATIONS DE GUERRE
A l'appel du Gouvernement de la République, vous avez abandonné vos occupations habituelles pour travailler à la fabrication des munitions de guerre.
Aujourd'hui la victoire à laquelle vous avez contribué par votre travail est acquise ; il n'y a plus lieu de fabriquer des explosifs qui seraient complètement inutiles et dont l"accumulation constituerait un grave danger. Mais le gouvernement entend ne pas se désintéresser de votre sort et son premier souci est d'éviter avant tout le chômage.
Il a déjà pris un certain nombre de mesures et va en prendre d'autres pour assurer votre emploi.
Toutefois, il ne faut pas oublier que nous avons aujourd'hui les uns et les autres, d'autres devoirs : celui de contribuer à la reprise de l'activité nationale qui mettra fin au régime de restriction st diminuera la cherté de la vie dont souffre la Nation. En retournant à vos anciennes occupations ou en vous employant à d'autres travaux du temps de paix, vous serez utiles à votre pays comme vous l'avez été en vous consacrant depuis quatre ans aux oeuvres de guerre.
Sans doute le passage d'un régime à l'autre ne peut se faire simultanément et instantanément pour vous toutes, comme je vous le disait plus haut, des mesures sont prises pour ménager la transition, mais pour celles d'entre vous qui désireraient reprendre leur rôle d'avant-guerre, nous avons arrêté les dispositions suivantes :
Il sera versé, à titre d'indemnité de départ, le montant de trente jours de salaire à toute ouvrière qui exprimera le désir de quitter l'établissement avant le 5 décembre.
Pour l'ouvrière qui ne voudrait pas profiter de cette faculté d'un départ immédiat il sera diminué sur les trente jours de salaire alloué ci-dessus, autant de jours que l'ouvrière en aura passés à l'établissement après le 5 décembre 1918.
A ces indemnités de départ viendront s'ajouter celles qui sont normalement accordées en cas de cessation de travail, c'est-à-dire une journée de salaire par 4 mois de présence à l'établissement.
Enfin, le voyage sera gratuit pour les ouvrières et les enfants vivant avec elles, jusqu'à la localité où elles se rendront.
Paris, le 13 novembre 1918
Signé : Loucheur"
La lettre annonce des mesures déjà prisent (lesquelles ?) et d'autres à venir : on connait celle du 22 novembre suivant, ordonnant de céder la place à tout mobilisé réclamant son ancien poste.
Les compétences acquises par ces centaines de milliers de femmes ne semblent pas être prisent en considération à l'heure de la reconstruction. C'est vrai que la démographie a pris beaucoup de retard, et la contraception même va devenir répréhensible...
Bien cordialement,
Régis
PS : les messages se croisent : très bien cette photo d'un crapouillot. La bombe engagée est encore un autre modèle, toujours de 16 kg, mais qui ne fait pas appel à la soudure puisqu'elle est en fonte moulée.