Les trophées de guerre et autres souvenirs.

[Eric Mansuy]

Bonsoir,

A force de « se servir » sur l’uniforme de l’ennemi – que cet ennemi soit mort ou vif – pour y glaner des souvenirs, certains y ont laissé la vie. Quelques tristes exemples ont été présentés de manière passionnante par Franck Beauclerc dans ses deux articles, « La guerre de tranchées : entre sauvagerie et courtoisie ou l’incroyable affaire des oreilles coupées » (in Tranchées n°3), et « De vengeance en représailles : l’incroyable affaire des oreilles coupées » (in Tranchées n°14).

Bien cordialement,
Eric Mansuy

[humanbonb]

Bonjour,
On continue avec un extrait d'une lettre d'un soldat du 157ème RI:

"Je pense que tu trouveras un moment pour décomposer l'échantillon ci-joint, mais je ne souhaiterais plus une commission de cet article car les petits Français ont vite fait de le mettre à bas."

L'échantillon dont il est question est en fait un morceau de l'entoilage d'un Zeppelin qui a littéralement été dépouillé par les soldats !




Source: http://humanbonb.free.fr/indexMarius.html


Bonne journée à tous.

[p Lamy]

Bonjour Julien, bonjour à tous.
voici le récit du grand-père de ma femme fait prisonnier par des Canadiens, le 29 septembre 1918 près de Bony, Aisne, soldat au IR 60 Markgraf Karl :

"Bien que Canadiens, ils ne comprenaient rien, j'avais beau leur expliquer que j'étais Alsacien-Lorrain...
Ayant agité mon chapelet que j'avais en main, ils se calmèrent.
Par contre, ils cherchaient auprès de ma montre en disant, je crois, "Wotch", puis ils cherchèrent des souvenirs. Ils m'ont pris ma coiffure (genre de casquette sans visière(1)), un autre me coupa deux boutons de ma vareuse. Heureusement que je n'avais plus ma montre (2).
Après un quart d'heure, ils me montrèrent un point en arrière où je devais me rendre."

(1) il s'agit de la Mütze porté par tous les toupiers allemands
(2) il avait envoyé sa montre vers l'arrière pour réparation.

On devine dans ce récit l'extrême tension durant la capture et la façon dont il s'est pris pour calmer les canadiens. Déserter n'était pas une affaire facile, et les AL risquaient la peine de mort en cas de désertion.

Je ne pense pas non plus que ce post ne concerne que les collectionneurs, les trophées ont toujours été pris aux vaincus, depuis la préhistoire.

Bien cordialement.
P. Lamy

[humanbonb]

Bonjour,
Je relance ce sujet, personne n'aurait il d'autres témoignages à nous faire partager ?

[fred S]

Bonsoir,

Pas de témoignage direct du soldat pour cette photo a été "récupérée" sur le corps d'un soldat allemand tué par un officier français du 83RI:
Il l'a conservé jusqu'à sa mort et la sortait régulièrement de sa boite pour la regarder.
Selon sa fille, personne n'avait le droit de la toucher et il y tenait particulièrement.
C'est le seul souvenir "pris à l'ennemi" que cet officier français a ramené de la guerre et, comme noté plus haut, il prenait la photo, s'asseyait et la regardait avant de la ranger. Elle devait vraiment représenter quelque chose de fort, en sachant qu'il a servit d'août 1914 à la fin du conflit et que ses états de service mentionnent bien d'autres ennemis tués de sa main. Mais on ne le saura jamais.


Les annotations:
En souvenir de la Famille Heini
Karlsruhe - Rüppurr (Rüppurr étant un quartier sud de Karlsruhe).
année de guerre/Noël de guerre 1917

[Skellbraz .]

bonsoir à toutes et tous
C'est impressionnant: tous les membres de cette famille ont le même regard, la même expression du visage.
L'annotation écrite est étonnante "en souvenir de la famille Heini..". On pourrait presque penser que cet officier français connaissait cette famille (mais, ce n'est pas lui qui a écrit l'annotation, n'est-ce pas?)
Bien à vous et merci de ce témoignage
Brigitte

[Piou-Piou]

Bonsoir à toutes et tous,

Un homme, un soldat officier qui à fait son devoir jusqu'à l'acte ultime de tuer ou être tuer, il à pris la photo qui se trouvait dans le, je suppose, portefeuille de l'homme qu'il venait d'abattre et à sa grande stupéfaction un père de six enfants.
Il à certainement été hanter le reste de sa vie par se souvenir omniprésent et surtout quand au devenir de cette famille nombreuses.

Cordialement.
Phil.

[fred S]

Avec plaisir Brigitte. Non , effectivement, ce n'est pas l'officier français qui a écrit. Cette photo de Noël 1917 fut probablement adressée au soldat allemand sur qui elle fut prise par l'officier français en 1918.

C'est possible Phil, comme vous l'aviez noté dans le sujet initial.

pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-armees ... _687_1.htm

[Elise49]

Bonjour à toutes et à tous

Merci pour ce témoignage très fort et l'émotion suscitée par cette photo conservée .

Cordialement

[p Lamy]

Bonjour,

D'accord avec Phil,
cet officier a dû être très choqué par le fait d'avoir tué un père d'une si grande famille, des enfants qui ne verront plus leur père à ce moment-là. Le remords a dû être terrible.
Outre la recherche de renseignements, faire les poches des ennemis permet aussi de ramener des souvenirs, c'est pourquoi on trouve des objets allemands au fin fond du Massif Central, par exemple.
J'ai aussi des photos où l'on voit des cadavres aux poches retournées, pratique du vainqueur depuis la nuit des temps.

Cordialement.
P. Lamy