Bonjour,
Cessons, si vous le voulez bien, les affirmations qui tendraient à prouver que "nous" n'aurions rien "entrevu" alors que l'ennemi "génial" aurait tout inventé!
Tout d'abord, un peu d'histoire de l'appellation "marmite":
- les "bombes en marmites" utilisées dans les gos mortiers sont décrites dès la 1ère édition des "Mémoires d'Artillerie" de Surirey de Saint-Remy parus en ...1697.
- l'appellation redevient courante après l'adoption des "boîtes à balles" et "boîtes à mitraille" du XIXe siècle qui comportent des poignées rabattables ou fixes qui évoquent irrésistiblement l'ustensile de cuisine, telle cette boîte à mitraille de 24 cm:

Boîte à mitraille de 24 cm à grosses balles dite "marmite".
Concernant l'invention du "Minenwerfer", notons que le colonel de Bange a proposé en 1880 un
mortier rayé de 90 mm à chargement par la culasse d'un poids de 155 kg, tirant l'obus explosif de 90 et portant à 1800 mètres avec précision. Ce mortier était prévu pour la guerre de siège et pour l'attaque de la fortification passagère. Le colonel de Bange, comme les officiers de sa génération, avait connu l'abominable guerre de tranchée qui a caractérisé l'interminable siège de Sébastopol pendant la Guerre de Crimée et en avait donc tiré toutes les leçons. Les éléments du mortier de 90 mm pouvaient être transportés dans des tranchées ou boyaux par deux hommes au moyen d'un brancard.Ce "Minenwerfer" à la Française n'a pas été adopté par les autorités responsables malgré des essais très satisfaisants. Voilà à quoi ressemblait le mortier de 90 mm de Bange
en 1880:

Mortier de 90 mm de Bange.
On peut continuer l'exposé en précisant qu'
en 1907, le général Herment, commandant l'artillerie du 1er Corps d'Armée propose,
après avoir étudié les opérations du gigantesque siège de Port-Arthur lors de la guerre russo-japonaise, de reprendre l'étude d'un "mortier de tranchée" moderne en se basant sur les études et réalisations précitées du colonel de Bange. Ce projet, très élaboré, comme d'autres que la place manque pour développer, démontre que certains officiers avaient parfaitement tiré les leçons de la guerre russo-japonaise. Les refus ministériels et de l'état-major de construire de tels engins se paieront, comme beaucoup d'autres, au prix du sang de nos soldats quelques années plus tard.
Le terme de marmite était donc connu bien avant la Grande Guerre, les "poilus" de l'infanterie appelleront indistinctement "marmites" tous les gros calibres allemands depuis les "gros noirs" de 15 cm jusqu'aux monstrueux mortiers lourds, sans oublier les minenwerfer qui se déchaînent à partir de l'automne 1914 lorsqu'une monstrueuse forme de la guerre de siège s'impose sur le front occidental.
Cordialement,
Guy François.