Fraternisations hors contexte de Noël

[ALVF]

Bonjour,

Je pense, Alain, que votre Grand-Père n'est pas passé à Nomény ou Gerbéviller en 1914 car il aurait certainement modifié son opinion sur les bavarois! Les descriptions des atrocités bavaroises en Lorraine sont nombreuses sur ce Forum et aussi dans les rapports et procés-verbaux établis concernant "Les violations des Lois de la Guerre par l'Allemagne" qu'il faut bien lire de temps en temps pour ne pas oublier ces pages sombres de l'histoire de l'Armée allemande de 1914 dont les comportements collectifs préfigurent ceux des années 1939-1945, tant sur le front occidental que sur le front oriental.
Cordialement,
Guy François.

[Charraud Jerome]

Bonsoir

Avant Noel 1914, au sein du 90e RI, dans le secteur d'Ypres:
Tranchées-Palace, le 14 décembre 1914
Chers parents,
Il se passe des faits à la guerre que vous ne croiriez pas ; moi-même, je ne l’aurais pas cru si je ne l’avais pas vu ; la guerre semble autre chose, eh bien, elle est sabotée. Avant-hier – et cela a duré deux jours dans les tranchées que le 90e occupe en ce moment – Français et Allemands se sont serrés la main ; incroyable, je vous dis ! Pas moi, j’en aurais eu regret.
Voilà comment cela est arrivé : le 12 au matin, les Boches arborent un drapeau blanc et gueulent : « Kamarades, Kamarades, rendez-vous. »
Ils nous demandent de nous rendre « pour la frime ». Nous de notre côté, on leur en dit autant ; personne n’accepte.
Ils sortent alors de leurs tranchées, sans armes, rien du tout, officier en tête ; nous en faisons autant et cela a été une visite d’une tranchée à l’autre, échanges de cigares, cigarettes, et à cent mètres d’autres se tiraient dessus ; je vous assure, si nous ne sommes pas propres, eux sont rudement sales, dégoûtants ils sont, et je crois qu’ils en ont marre eux aussi.
Mais depuis, cela a changé ; on ne communique plus ; je vous relate ce petit fait, mais n’en dites rien à personne, nous ne devons même pas en parler à d’autres soldats.
Je vous embrasse bien fort tout les trois.
Votre fils Gervais.

Un témoignage au 90e RI daté du 18 janvier 1916, le régiment est alors en Artois, du côté d'Aix-Noulette:
"Le parapet fourmille de poilus. Les Allemands ne tirent pas. Devant nous, c'est un régiment saxon puni de soixante jours de premières "loges".
ils ne sont pas méchants. Malgré les ordres formels on bavarde avec eux. Philippon et Choppinet vont même jusque dans leur tranchée.
Aubert [nota JC: le Ltn Aubert de la 10e] tempête mais on ne lui obéit pas.
Quelques Allemands viennent chez nous et on s'arrange pour que nos officiers ne les fassent pas prisonniers.
On nous fait passer des consignes très sévères. On nous menace des pires sanctions. Tout cela ne sert à rien, la fraternisation continue.
Coursin va jusqu'à la tranchée allemande pour porter une lettre car sa mère habite là-bas à moins de 700 mètres de vant nous. La réponse lui parvient à 4 heures de l'après-midi. Sa mère va très bien.
Coursin et l'Allemand dégustent un litre dans un trou d'obus entre les deux tranchées.
Vers 8h30 du soir, départ pour une corvée car il faut porter des claies, des caillebotis, des madriers dans les premières lignes qui s'effondrent.
Heureusement quand nous rentrons il y a des lettres et surtout de la "gnole".

L'auteur du journal signale que Coursin retourne voir le camp d'en face le 19. le 1er février, les soldats sont sur le parapet, pas de discussions directes.

De tout cela, bien évidemment, rien sur le JMO

Cordialement
Jérôme Charraud

[Titeuil]

Bonjour à tous,

Merci de vos contributions et des précieuses indications qu'elles contiennent. Ce que je peux dire simplement, pour l'avoir eu entre les mains pendant quelques instants seulement, c'est que ce courrier faisant état d'échanges de cirgarette, de vin, et un forme d'accord tacite pour un cessez-le-feu dans une période qui n'était pas celle de Noël.
je vais tâcher de retrouver ce courrier, de le retranscrire, en cherchant à le contextualiser. Ce soldat était sous-lieutenant (du moins il l'était à la fin de la guerre).

Bien à vous tous,

Christophe

[joss de douvaine]

Bonsoir.Voila des récits a faire lires dans toutes les écoles de France et de Navarre.

[marcel clement]

Bonjour,

Je pense, Alain, que votre Grand-Père n'est pas passé à Nomény ou Gerbéviller en 1914 car il aurait certainement modifié son opinion sur les bavarois! Les descriptions des atrocités bavaroises en Lorraine sont nombreuses sur ce Forum et aussi dans les rapports et procés-verbaux établis concernant "Les violations des Lois de la Guerre par l'Allemagne" qu'il faut bien lire de temps en temps pour ne pas oublier ces pages sombres de l'histoire de l'Armée allemande de 1914 dont les comportements collectifs préfigurent ceux des années 1939-1945, tant sur le front occidental que sur le front oriental.
Cordialement,
Guy François.

Bonsoir,

Vous avez certainement raison, mon GP ne parlait que de ce qu'il avait vécu, sans plus.
Quand à moi je reconnais bien volontiers mon ignorance sur ce sujet.
Et c'est vrai aussi que mon Pépé avait pour moi parole d'évangile.
Donc les Bavarois

Amicalement,

Alain

[machault]

Bonjour à tous,

Un ouvrage entier a été consacré aux fraternisations et à ce qui y ressemble.
Il s'agit de "Frères de tranchées" de Marc Ferro, Malcolm Brown, Rémy Cazals et Olaf Mueller (Perrin Tempus; 2006; ISBN 978-2-262-02599-1; 8,5 euros; 324 pages).
Pour la partie concernant les troupes françaises, entre autres sources, les archives du contrôle postal de quelques divisions (années 16, 17, 18) ont été exploitées.

Cordialement.

JL Arnould

[Gim11]

Bonsoir à tous
Un extrait du JMO du 100ème RI des 26-27 novembre 1914:

"26-27 novembre .Un fait nouveau s’est produit. Une conversation a été engagée de tranchée à tranchée entre Français et Allemands. Kamerad ! Kamerad ! Quelques audacieux sortent sans arme de part et d’autre. On veut enterrer les morts qui se trouvent entre les deux lignes ; de notre côté, tout le monde est sur le qui vive, les armes dans les créneaux, le doigt sur la détente; mais un obus de 75 vient de la façon la plus inopportune mettre fin à ce petit incident. Herr Major qui loge en face honore le colonel d’une lettre en allemand qui est transmise aussitôt au commandant de la brigade.
Le colonel met fin immédiatement à ces palabres intempestifs et l’attitude d’hostilité qui convient est reprise des deux côtés…"

Cordialement

[RSanchez95]

Bonjour Christophe,

De quoi en découvrir dans ce PDF, pages 10 à 32 :
http://regards.grandeguerre.free.fr/pag ... ations.pdf

Bonne lecture !
Eric

Bonsoir,
Un lien très intéressant et que vous donnez également sur d'autres sujets du forum. Merci.

EDITION :
Suppression du reste de mon message pour ouvrir un sujet à la partie aviation.

Cordialement.

[gil alcaix]

Bonjour

Pas de fraternisation à proprement parler, mais quelques éléments sur des échanges - difficiles car en pleine période d'escarmouches - de journaux autour de Vailly-sur-Aisne entre le 287e RI français et le 8e (??) régiment allemand dans le JMO de la 137e Brigade en février/mars 1915.
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html

Je me permets de renvoyer à mon blog pour les détails:
http://dictionnaireduchemindesdames.blo ... rnaux.html

Cordialement
Gil Alcaix

[JM-Ch]

Bonjour
le JMO du 60ème RI , à la date du 19 novembre 1914 raconte "... un incident très bizarre...'"

JM Ch