Les chasseurs forestiers

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pouldhu
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Re: Les chasseurs forestiers

Message par pouldhu »

Bonsoir, merci Richard, ce serait super d'avoir une photo d'un de ces hommes, je croise les doigts.
Cordialement,
Gilles.
Frisco09
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Re: Les chasseurs forestiers

Message par Frisco09 »

Bonjour M.Mansuy,
Compte tenu de ce que je viens de lire vous êtes un spécialiste des chasseurs forestiers. Ma question ne concerne pas spécifiquement la guerre 14-18 mais la période antérieure, guerre de 1870 en tout cas avant l'adoption du révolver mle 1873. J'ai eu il y a peu de temps, un revolver à broche à cadre ouvert de bonne facture, dont la plaquette en noyer gauche portait en haut une empreinte de cor de chasse et un n° assez élevé 274. Personne n'a pu me renseigner sur la dotation de cette pièce : les eaux et fôrets ou la poste. Est-ce que cela n'aurait pas été une arme de chasseurs forestiers pour la guerre de 1870.
Merci de votre réponse.
Frisco09
Bonjour à tous,
Vous trouverez ci-dessous une synthèse sur les chasseurs forestiers, provenant du centre de documentation de l'ENGREF de Nancy (Ecole Nationale du Génie Rural et des Eaux et Forêts).
Tout complément d'informations sera le bienvenu ! ;)
Bien cordialement,
Eric Mansuy

Les chasseurs forestiers (1875) :

Les leçons de la guerre de 1870 ne tardèrent pas à porter leurs fruits. Il semble d’ailleurs que ce soit les forestiers eux-mêmes qui aient poussé à leur incorporation dans l’armée.

En effet, ayant fait la guerre de 1870 dans les compagnies de guides-forestiers pour une partie d’entre eux, et souffert de l’inorganisation, voire de la pagaille qui les avaient profondément marqués, ils souhaitaient éviter le renouvellement de pareilles situations et garantir l’utilité des sacrifices dont ils n’étaient pas avares mais qu’ils répugnaient à consentir à nouveau en pure perte. Ils firent donc pression pour obtenir un véritable « statut militaire ».

Le décret du 2 avril 1875 incorpora le personnel forestier dans la composition des forces militaires du pays en créant les « compagnies, sections et détachements de chasseurs forestiers ». L’instruction militaire fit ainsi son entrée à l’école forestière de Nancy d’où les élèves sortaient avec le grade de sous-lieutenant, directement affectés dans une unité de chasseurs forestiers.

Mais de ce fait, mis à part les « agents » qui avaient combattu en 1870, aucun officier de ces unités n’avait l’expérience d’un commandement réel dans l’armée !

On imagine facilement l’efficacité réduite des unités ainsi encadrées. Très rapidement les insuffisances du nouveau système apparurent aux yeux des forestiers « réalistes ». C’est ainsi qu’une excellente analyse en fut faite en 1878 par le vosgien Félix Grandidier (24ème promotion de 1848) alors qu’il était inspecteur à Poligny. Elle parut dans le numéro de juin de la Revue des Eaux et Forêts.
Il y dénonce notamment l’absence totale de « doctrine d’emploi » des chasseurs forestiers : « Il ne suffit pas de décider de la formation d’une troupe... il faut encore nettement définir son rôle, il faut que tous se préparent en temps de paix à le remplir en temps de guerre. »
Il fit des propositions judicieuses pour optimiser l’emploi des forestiers dans la défense nationale. Avec hélas peu de succès !...

Le décret de 1875 fut modifié et complété en 1882, en 1883 et surtout par celui du 18 novembre 1890.
Celui-ci est très bien analysé dans l’article de L. Breton (63ème promotion de 1889) alors garde général à St-Marcellin (Isère). Cet article est paru dans la Revue des Eaux et Forêts d’octobre 1894 sous le titre « organisation militaire des chasseurs forestiers ».

Lui aussi souligne le manque de doctrine d’emploi du corps qui conduit à « risquer de ne pas demander aux chasseurs forestiers tout ce qu’ils sont capables de donner, ou bien, au contraire de trop présumer de leurs forces et de leur demander plus qu’ils ne peuvent donner ».
Il souligne aussi l’insuffisance de l’instruction militaire des préposés forestiers qui constituent la troupe, faute de séances d’instruction assez fréquentes et de participation active aux manœuvres de l’armée. Problèmes de crédits, déjà !...

En application du décret de 1890 le corps des chasseurs forestiers comprenait 6500 hommes (6000 en métropole et 500 en Algérie) et 280 officiers (260 en métropole et 20 en Algérie).
L’armement était identique à celui de l’Infanterie. Il était fourni par l’armée ainsi que les équipements (sacs, cartouchières, guêtres, chaussures) et les matériels de campement. L’uniforme était celui de l’Administration Forestière. Les chasseurs forestiers étant classés parmi les « troupes d’élite » en portaient les signes distinctifs.
Ils se répartissaient en France en 48 compagnies (dont 2 de forteresse), 36 sections (dont 18 de forteresse) et 15 détachements. En Algérie étaient organisés trois escadrons d’infanterie montée à raison d’un par conservation.

Mais cette organisation présentait, elle aussi, bien des défauts que le commandement réalisa tardivement.
Le ministre de la guerre la modifia par lettre du 23 mai 1914 qui précisait qu’à la mobilisation seuls sont appelés à former les unités de chasseurs forestiers actives les préposés de moins de 48 ans. Ces unités sont alors affectées à de grandes unités de 1ère ligne de l’armée. »
Les autres préposés sont maintenus à leur poste du temps de paix pour permettre la continuité du service forestier, éviter le pillage des forêts et remplir les missions d’information et de guide que l’autorité militaire leur confierait localement.

Un projet de doctrine d’emploi des chasseurs forestiers cohérent est enfin défini. Il est exposé dans le cours d’instruction militaire de l’Ecole forestière paru en juin 1914. C’était bien tard et la tourmente d’août 1914 empêcha sa mise en application. D’autre part, à partir de 1890, les élèves de l’Ecole forestière durent signer un engagement de trois ans en entrant à l’Ecole : deux ans d’école durant lesquels leur était donnée une instruction militaire de base et une troisième année comme sous-lieutenant dans une unité d’infanterie.

Cette mesure permettait d’augmenter la capacité opérationnelle des futurs cadres des unités de chasseurs forestiers et de préparer des officiers de réserve pour l’infanterie où étaient affectés, pour la mobilisation, ceux qui ne trouvaient pas place dans les chasseurs forestiers (50 % environ).
Seuls les gardes généraux et les inspecteurs adjoints encadraient les chasseurs forestiers. Les inspecteurs et conservateurs étaient affectés dans les états-majors. Ceci explique bien les pertes très importantes que subirent les officiers forestiers subalternes pendant la Grande guerre durant laquelle ils combattirent en première ligne dans l’infanterie.
On relève en effet sur le monument aux morts de l’Ecole les noms de 96 anciens élèves de l’Ecole forestière de Nancy qui furent tués de 1914 à 1918.

Il faut aussi ne pas oublier les nombreux blessés et invalides dont l’efficacité ultérieure pour le service forestier fut plus ou moins réduite, voire nulle pour certains grands invalides.

Le corps forestier mettra longtemps à se remettre de cette « saignée » qui concerna essentiellement les jeunes classes d’âge qui reçurent en première ligne le choc des combats très meurtriers du début de la guerre.
Les responsables réalisèrent les effets immédiats et futurs de cette hécatombe et en 1916 retirèrent des premières lignes les forestiers (ainsi que beaucoup d’ingénieurs et spécialistes indispensables à la poursuite de l’effort de guerre industriel).

Cela évita « l’éradication totale » de la classe d’âge 25/40 ans, mais les vides creusés ne purent être comblés après la guerre que vers 1930.
La gestion forestière souffrit pendant 15 ans (et même au-delà) de cette pénurie, accentuée par les besoins accrus en ingénieurs que réclamait la reprise en main de la gestion en Alsace-Lorraine et son intensification en Algérie et dans les colonies ainsi que la reconstitution des forêts dévastées par la guerre sur la ligne de front.

Retirés des tranchées (où restèrent leurs camarades, affectés à des unités d’infanterie ordinaires), les chasseurs forestiers furent affectés à l’approvisionnement en bois des armées dans les zones de front (service forestier des armées) ou à la garde d’états-majors comme celui du général Joffre. Ceci permit de mettre fin aux coupes anarchiques effectuées pendant les deux premières années par les militaires dans les zones de front et de sauver la vie de bien des forestiers.

Si au cours de cette guerre un grand nombre de forestiers furent tués ou blessés, un nombre aussi très important fut décoré (ce fut d’ailleurs très souvent les mêmes). L’Ecole forestière de Nancy qui les avait formés reçut la Légion d’honneur et la Croix de guerre.

Un drapeau avait été remis aux chasseurs forestiers le 14 juillet 1880. Il défila sur les Champs-Elysées le 14 juillet 1919 pour le défilé de la victoire et fut remis à la garde de l’Ecole forestière de Nancy le 3 juin 1939 (les chasseurs forestiers ayant cessé d’exister).
Le privilège est remarquable car ce drapeau aurait dû être déposé aux Invalides avec tous ceux des unités dissoutes.
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Eric Mansuy
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Re: Les chasseurs forestiers

Message par Eric Mansuy »

Bonjour,

Merci pour votre flatteuse introduction, mais je suis très loin d'être un spécialiste. Qui plus est, je ne vous serai d'aucun secours en ce qui concerne votre interrogation. En revanche, je ne doute pas que l'ENGREF pourrait détenir la réponse : http://www.agroparistech.fr/-Centre-de-Nancy-.html

Lorsque j'ai exploré à Nancy la bibliothèque de l'école, je me souviens avoir trouvé des éléments concernant l'uniforme et l'équipement des chasseurs forestiers. Cela étant, cela remonte à plusieurs années, et je ne saurais vous diriger vers une source en particulier (la Revue Forestière, peut-être ?).

En vous souhaitant bon courage dans vos recherches, désolé de ne pouvoir vous en dire plus,
Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
steinbach frederic
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Re: Les chasseurs forestiers

Message par steinbach frederic »

Bonsoir à toutes et tous,
Par rapport à votre question Frisco 09 sur l'arme de poing des chasseurs forestiers durant la guerre de 1870, les diverses armes de ce type en dotation à cette période étaient :
- Lefaucheux mdle 1858 et 1867
- Perrin mdle 1859.
Après, il est toujours possible qu'un officier se soit doté d'une arme qu'il s'est fait personnaliser.
Dans l'espoir que ces éléments de réponse vous permettront d'avancer dans votre recherche.
Bien cordialement.
Frédéric Steinbach
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laurent provost
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Re: Les chasseurs forestiers

Message par laurent provost »

Bonjour,
Lors d'une visite à l'arboretum des Barres près de Nogent sur Vernisson, pas loin de mon nouveau lieu de résidence, j'ai découvert deux plaques apposées sur les murs de l'ancienne école des eaux et Foret dépendant de Nancy à l'époque.
Image
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Ma question
Que signifie pour vous les terminaisons N et B, je n'ai pu allé sur le site MDF du fait de l'absence des Prénoms,
Cela correspond t il à régiment et à bataillon, ?
et que dire de la mention indo-chine
merci par avance
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Eric Mansuy
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Re: Les chasseurs forestiers

Message par Eric Mansuy »

Bonjour à tous,
Bonjour Laurent,

"Que signifie pour vous les terminaisons N et B" : je suppose qu'il s'agit de l'école de Nancy ou de l'école des Barres.
"Cela correspond t il à régiment et à bataillon" : je pense que ta question concerne les chiffres qui précèdent la mention "N" ou "B". Il s'agit de la promotion de chacun de ces hommes.

Le Livre d'Or de l'Administration des Eaux et Forêts n'est pas très "causant", hélas : il donne les noms des "agents des Eaux et Forêts" tués (34), des élèves de Nancy tués (15), d'un seul élève des Barres tué (Doisneau), d'un membre de l'administration centrale tué (Marsili), des "préposés des Eaux et Forêts" tués (55), et d'un membre subalterne des Ecoles Forestières tué (Janel).

Amicalement, et te remerciant pour ces deux photos,
Eric
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laurent provost
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Re: Les chasseurs forestiers

Message par laurent provost »

Merci Eric.
En effet je pense que ta réponse est la bonne.
Cela voudrait donc dire que ces hommes furent des officiers ou aspirant dans des unités "non forestières" et donc tués aux combats.
N'ayant que des nom cela risque d'être coton pour retrouver leur trace dans MDF.
Merci
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Eric Mansuy
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Re: Les chasseurs forestiers

Message par Eric Mansuy »

"N'ayant que des nom cela risque d'être coton pour retrouver leur trace dans MDF" : certes non, puisque le Livre d'Or indique l'unité de chacun de ces hommes. Si j'ai le temps d'en établir la liste, je la mettrai en ligne si cela t'intéresse.

Amicalement,
Eric
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laurent provost
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Re: Les chasseurs forestiers

Message par laurent provost »

Un essai sur mdf avec un nom peu courant
D'AUBER DE PEYRELONGUE deux fiches !
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Eric Mansuy
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Re: Les chasseurs forestiers

Message par Eric Mansuy »

Bonsoir Laurent,

J'ai une liste de 52 noms à compléter, j'ai effectué les 3/4 des recoupements. Je devrais pouvoir mettre tout cela en ligne demain lundi avec un peu de chance - et de temps...

Amicalement,
Eric
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