Bonjour à tous,
Étant tout nouvellement inscrit sur ce forum, j'en parcours de temps à autre les différents sujets. Je profite de celui-ci pour rendre hommage à mon AGP, le caporal Henri Genre (en compagnie de mon AGM sur la photo) qui servit dans l'infanterie et que j'ai eu la chance de connaître.

Je possède de lui quelques poèmes dont certains évoquent la grande guerre. Celui-ci a a priori été écrit après la guerre :
LA ROULANTE
Quand Brillat Savarin énonçait les principes
Qui devaient présider à l'art de bien manger,
Il ne se doutait pas que bien des pauvres types
Pratiqueraient un jour son art pour l'outrager.
Nous avons tous connu, plus ou moins, les roulantes,
Et les plats savoureux que des cuistots velus
Paraient avec amour, à larges mains gluantes,
Du temps que nous étions les immortels poilus.
Nous avons tous connu le rata et la soupe,
Et les haricots secs résistant aux cuissons;
Le singe mordoré que, sur du pain de troupe,
De nos doigts délicats, nous répartissions.
Mais parmi tous les mets qu'ainsi nous avalâmes,
Il en est un pourtant auquel les plus ingrats,
Ont gardé une place au fin fond de leurs âmes,
Un pieux souvenir et c'est le riz au gras.
Qu'il était onctueux et rempli de déclices !
Que nous aimions sentir sur nos palais gloutons
Ses grains agglutinés qui passaient comme glissent
Des écharpes de lin sur un lit de chardons.
Il était de couleur presque indéfinissable :
Il avait des tons bruns parmi des reflets roux,
Et finement marbré de façon agréable,
Il était pour nos yeux, un tableau tendre et doux.
Nous l'avalions figés d'admiration muette,
Nous ne soufflions mot pour le mieux savourer
Et son contact étroit avec notre luette
Nous donnait des frissons à faire délirer.
Mon ami de cuistot m'a donné sa recette,
Mais je l'ai oubliée et j'en reste pantois
Car, vous qui savez comment le riz se traite
Vous ne pourrez jamais comprendre nos émois.
Henri Genre
Je sais, ça ne parle ni de fromage, ni de vin, mais je doute que tout ça n'ait pas été accompagné par un verre ou deux

...
Il m’intéresserait assez, au passage, de savoir ce que désigne cette "roulante" (la carriole du cuistot ?) et surtout le "singe mordoré".
Pierre.