En reprenant le premier carnet de navigation de mon grand-père : mesimages/20051/mini/AlexandreRAVIS1.png François-Alexandre RAVIS, je vois qu'après avoir embarqué le 24 janvier 1915 à Sète (dénommée "Cette" en 1914) sur l'EUGÉNIE de l'armement Louis CASTEL viewtopic.php?p=550601 comme novice de passerelle sous le commandement du Capitaine au long-cours HARSANT (un vieux cargo anglais de 1895 ex-CONDOR II de la de la Dampfschifffahrtsgesellschaft Argo A.G. (Argo Line) de Brême (Allemagne) renommé ASSIMILA BAÏKA après 1920 et coulé-bombardé en 1941) il embarqua au Havre à 17 ans sur la HAVRAISE, affecté comme novice ou comme chauffeur aux rues de chauffe (peut-être affecté comme soutier, mais il semble qu'il fut écrit "Ch" de chauffeur ou "N." de Novice dans la case "Fonctions"). Décédé soixante-dix ans plus tard en 1985, il était alors probablement, en raison de son jeune âge en 1915, un des derniers survivants des marins de la Grande Guerre sur ce navire.
La date de son embarquement comme membre d'équipage de la HAVRAISE est imprécise car le tampon a mal marqué le mois et l'année mais le tampon semble donner le 20 Février 1915 bien que ça cargo fut arraisonné comme croiseur auxiliaire au transport d'armes et de troupes trois mois plus tard à Marseille. Il me faudra mieux décrypter celle-ci à la loupe sur ce 1er carnet de navigation de François Alexandre que son fils Georges conserve précieusement à Morsiglia au Cap-Corse, mais la date semble bien être antérieure à l'arraisonnement de la HAVRAISE à Marseille.
Il n'œuvra que quelques mois sur la HAVRAISE réquisitionnée car le 27 Novembre 1915, François-Alexandre embarqua comme chauffeur sur le cargo JACQUES FRAISSINET pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... 2069_1.htm avant de rejoindre comme soutier "clandestin" ou suppléant l'équipage du cargo LANGUEDOC le 18 mai 1916 (non déclaré au livre d'équipage car non-autorisé en raison de son jeune âge bien qu'engagé volontaire dès 1913 à Alger) juste à la veille de sa course poursuite et courageuse vaine résistance durant sept heures puis arraisonnement et dynamitage par l'U-boat U34 allemand du Commandant RÜCKER pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... 1751_1.htm avant de rembarquer une semaine plus tard, dès le 29 mai 1916, comme soutier sur le cargo-mixte MOSSOUL viewtopic.php?t=43117 arraisonné pour les livraisons du courrier d'Algérie-Tunisie où il œuvra à nouveau comme soutier-chauffeur (fonction annotée chauffeur sur son carnet mais soutier incorrectement dénommé "RASIS" au livre d'équipage) dans l'équipe de chauffe de son futur beau-père, le 1er chauffeur bastiais-marseillais Toussaint GIORDANI (incorrectement annoté "GIOVANI" au livre d'équipage). François-Alexandre y fut blessé au crâne d'un éclat de métal reçu dans la soute ou rue de chauffe où il travaillait quand le MOSSOUL fut torpillé par tribord avant près de Pantelleria à 14 milles au NE du Cap Bon. Ayant frôlé la mort de près, il n'hésita pas à sauter à la grosse mer quand son cargo fut abandonné en perdition par le Capitaine PLANCHEUR privilégiant de sauver ses hommes son navire condamné. François Alexandre ne savait pas nager mais fut secouru par un chauffeur bienveillant (probablement par le valeureux et dévoué chauffeur grec Simōnidēs SAVAS) qui lui indiqua comment il devrait nager, et il parvint à rejoindre avant 18 heures ses camarades sur le canot ou doris du chalutier d’escorte COURLIS peu avant que le MOSSOUL ne dérive par gros temps puis ne brûle en s'échouant sur l'île de Pantelleria.
François Alexandre poursuivit toute sa carrière aux machines dans la marine marchande aux Messageries Maritimes puis à la Transat après 1932 quand il devint 1er chauffeur-graisseur mécanicien sur le Gouverneur Général CHANZY jusqu'en 1959. Sur la page du cargo LANGUEDOC je conte l'histoire de sa vie de marin rescapé de 14-18 qui avait débutée tragiquement et s'est heureusement achevée bien plus paisiblement. Il le méritait bien.
Je joins ci-dessous la page de son 1er fascicule maritime 1913-1918 où apparaissent ses six embarquements durant la Grande Guerre dont le dernier reste, hélas, indéchiffrable sous la tâche d'encre :
