― 17 décembre 1917 : Par violente tempête de Nord-Est et mer démontée, fait naufrage à Belle-Île, près de la digue Nord de la rade du Palais, à la suite d’une voie d’eau. S’étant porté au secours de l’équipage, le canot de sauvetage Vauvert-de-Méan, de la station du Palais, chavire à un mille du port sous le coup d’un paquet de mer, entraînant à l’eau les 11 hommes le montant ; deux d’entre eux, le patron, Armand DUBARRE, inscrit à Belle-Île, n° 601, et le sous-patron, Jean CORVIC, inscrit à Belle-Île, n° 219, périssent.
Les 12 hommes de l’équipage du dundee seront finalement sauvés dans la journée par un va-et-vient établi par le personnel des Douanes au moyen d’un canon porte-amarre.
• Journal officiel du 2 mars 1918, p. 2.041.
[...]
■ Récompenses accordées aux membres de l’équipage canot de sauvetage Vauvert-de-Méan [Prix Henri Durand (de Blois)].
• Journal officiel du 9 mai 1918, p. 4.040.
« Par décision du 18 mars 1918, prise sur l’avis de la section permanente du Conseil supérieur de la Marine, le Ministre de la Marine a accordé des prix Henri Durand (de Blois) aux sauveteurs ci-après désignés :
"Ce matin du 17 décembre, par un fort coup de vent de nord-est, le dundee voilier armé patrouilleur Jeanne d'Arc, mouillât avec des avaries de voilure à 500 mètres de la jetée. Chassant sur son ancre et drossé par la mer très forte, il risquait de se démolir sur la jetée, il réclamait du secours."
Le canot Vauvert de Mean, un 10,10 m à redressement, lancé en 1882, prend la mer avec le patron Dubarre, le sous-patron Corvic et un équipage composé par moitié de canotiers réglementaires et de volontaires. La mer déferle sur les jetées et dans la passe très étroite, le vent est juste debout. Le canot qui a hissé sa misaine et son taille-vent, manque de chavirer en sortant des jetées. il tire un premier bord assez long sans accident mais, dans une mer furieuse de travers, il ne peut que passer sous le vent du dundee. Risquant lui-même de tomber sur la jetée, il doit virer de bord avec les avirons et recommencer un nouveau bord. Soudain, une lame de fond emplit les voiles et fait chavirer le canot. Il se relève prsque aussitôt, après avoir fait un tour complet sur lui-même. Aidés les uns par les autres, les hommes qui ont tous leur ceinture de liège, peuvent embarquer. Seuls le patron Dubarre et le sous-patron Corvic manquent, ils nagent à 200 mètres environ, l'un à tribord, l'autre à bâbord. Dans le chavirement, l'ancre toute préparée est tombée au fond ; le canot se trouvait ainsi mouillé automatiquement. Cela permet à l'équipage de s'organiser en quelques minutes. On coupe ensuite le câble de l'ancre, le temps manquant pour la lever. Le canotier Sablé prend la barre. Il s'agit de porter secours aux deux camarades en danger. Malheureusement, l'un flotte sous le vent, l'autre au vent assez loin, et le canot dérive sur les brisants proches à toucher. Essayer de sauve l'un ou l'autre entraînerait presque à coup sûr, la perte des survivants du canot sans aucune chance de succès. Aussi les survivants sont-ils contraints de renoncer au sauvetage et parviennent à ramener le canot au port.
"Le corps du patron s'échoua sur la grève de Ramonette vers dix heures ; celui du sous-patron, une demi-heure après. Tous les soins prodigués par un médecin furent inutiles."
Quant au patrouilleur, le vapeur postal se porte aussitôt à son secours, mais ne peut arriver à le prendre en remorque. Il tente un appareillage sous voiles, qui le fait s'échouer à plus de 100 mètres hors des jetées, sur le sable. Sur les douze hommes à bord, trois gagnent la terre avec un youyou plein d'eau. Les neuf autres sont sauvés grâce à un va-et-vient difficilement établi avec le canon porte-amarres, manoeuvré par le brigadier des Douanes Lebret ; Il a fallu hisser, roues démontées, le canon sur la plate-forme du phare de la jetée ouest !
Le canot Vauvert de Méan n° 35 des chantiers Augustin-Normand, longueur 10,10 m, largeur 2,27 m, creux 0,975 m, continuera son service jusqu'en 1922. De cette série, le n° 67 (1897) Commandant Philippe de Kerhallet, est conservé au Musée de Port-Louis, le n° 72 (1900) Papa Poydenot, a été restauré en 1992.
Sources : Jean Pillet, Le sauvetage au temps des avirons et de la voile, éditions le chasse-marée, 1986,
Michel Giard, Naufrages et sauvetages en Bretagne, Charles Corlet éditions, 1992.
• Société centrale de sauvetage des naufragés ~ Annales du sauvetage maritime, 3e et 4e trim. 1917, en rubrique « Sortie des canots de sauvetage », p. 162 à 166.