ALVF a écrit : ↑mar. août 30, 2022 4:15 pm
Bonsoir,
Concernant la question de Mireille relative au triste sort des batteries d'artillerie de tranchée d'Armée, je réponds brièvement:
-le 20 avril 1916, le député du Maine-et-Loire Gaston Dumesnil rédige un rapport accablant relatif aux batteries de tranchée d'Armée, "abandonnées, errantes", sans service technique ni service médical, placées sans suivi sérieux en secteur et devant tout demander au bon vouloir des unités qui les emploient.
Si certaines Divisions, notamment celles des chefs au caractère "offensif", suivent de près ces unités, les autres s'en désintéressent car le tir de l'artillerie de tranchée amène la riposte des
Minenwerfer. Dans ces conditions, ces unités, déjà sous-encadrées, sont peu suivies et "on" a tendance à les oublier...
Les maux principaux de l'artillerie de tranchée tiennent surtout au désintérêt manifesté par beaucoup d'artilleurs à haut potentiel qui méprisent cette artillerie du pauvre. Dans ces conditions, les batteries sont souvent commandées par des sous-lieutenants et lieutenants de réserve qui choisissent cette arme pour assurer des responsabilités car les polytechniciens de l'active se réservent les bons postes en Artillerie de Campagne ou Lourde.
Le rapport Dumesnil aura des suites, 22 puis 40 Groupes d'artillerie de Tranchée d'Armée sont enfin créés avec services annexes (technique, santé) ce qui améliore grandement la situation, en attendant la création tardive de Régiments d'Artillerie de Tranchée le 1er avril 1918. Mais l'encadrement reste faible, le capitaine de la Chapelle commandera en 1918 un Groupement d'Artillerie de Tranchée de près de 4000 hommes avec le simple grade de capitaine de réserve!
-le député Dumesnil fait partie des parlementaires qui ont œuvré véritablement pour l'amélioration du matériel de l'Armée et la condition des combattants sans tomber dans la pitoyable démagogie de certains de ses collègues.
-il suffit de rappeler que le Député Dumesnil a été tué par un obus sur le front de l'Aisne en septembre 1918 en compagnie de son célèbre collègue des Vosges Abel Ferry dont les "Carnets" méritent d'être lus de même que ses rapports parlementaires.
Cordialement,
Guy François.