attaque à la baïonnette nocturne (von Hausen)

lieutenant z
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Re: attaque à la baïonnette nocturne (von Hausen)

Message par lieutenant z »

Bonjour,

Les assauts à la baïonnette en août-septembre 14 sont une réalité que personne ne nie, même s'ils ne sont que des épiphénomènes. La grande découverte de cette période, c'est que "le feu tue" ; ce que certains peuvent prendre pour un truisme mais qui dans les faits prenait à contre pied l'enseignement de l'École de guerre (Foch notamment) qui voyait dans "l'élan moral" de l'assaut à la baïonnette la source de toutes les vertus guerrières.

Déjà à cette période, cette tactique avait montré son inefficacité. Une fois les positions fixées, à partir d'octobre 15, les assauts à la baïo ont été totalement abandonnés. On trouvera certes tjrs qq cas isolés d'utilisation ... et on fera tjrs mettre la baïo au canon pour l'assaut car elle gardait une valeur symbolique (elle est encore en dotation dans l'armée française...).
Il est de même exact que certains corps francs ont utilisé des armes blanches (et même des machettes, paraît-il). La encore ce sont des épiphénomènes.

La réalité des faits sera que le primat sera donné à l'artillerie et aux mines pour traiter le terrain avant de lancer des vagues d'assaut en ligne et en masse. Cette tactique s'avèrera, elle aussi, inefficace. Il faudra d'autres schémas tactiques, avec d'autres armes et des troupes spécialement préparées, de mars à juillet 18, pour que la guerre de mouvement reprenne.

C'est, me semble t-il, ce que Norton-Cru veut dire dans le texte cité plus haut.

Cdt
Ph
ALVF
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Re: attaque à la baïonnette nocturne (von Hausen)

Message par ALVF »

Bonsoir,

Les interventions précédentes montrent qu'en août 1914, les attaques à la baïonnette n'ont pas été le seul fait de l'armée française et que les militaires allemands attendaient beaucoup de ces attaques surprise.
Tous les assauts sont menés "baïonnette au canon" par tous les belligérants jusqu'à la fin de la guerre, ce n'est pas tant l'efficacité de l'arme qui rentre en ligne de compte que l'agressivité des assaillants.Certes les combats ont vu de plus en plus l'emploi d'armes nouvelles ou redécouvertes (grenades, armes courtes, pistolet mitrailleur à la fin de la guerre du côté allemand, etc...).
Je ne comprends pas la phrase concernant la baionnette "elle est encore en dotation dans l'armée française...", TOUTES LES ARMEES du monde conservent cet instrument, pas seulement pour avoir le plaisir de surcharger le fantassin, toujours lourdement encombré par un matériel important.

Il est intéressant de lire l'ordre du jour du Général américain Ridgway en février 1952, le commandant en chef des troupes de l'ONU dans la guerre de Corée l'a rédigé après avoir lu les rapports français et américains consécutifs à la prise du Piton "Crévecoeur" après un assaut à l'arme blanche du Bataillon français de Corée qui chassa les chinois de ce piton stratégique où le 23° R.I américain s'était "cassé les dents" quelques semaines plus tôt:

"La baïonnette n'est peut-être pas la dernière arme secrète de l'Armée des Nations-Unies, mais elle a un pouvoir agressif indiscutable.J'ai entendu parler deux fois de la baïonnette dans la guerre de Corée, une fois par les Turcs, une autre fois par les Français.
Il sera rappelé à toutes les unités que cet instrument n'a pas été inventé uniquement pour ouvrir les boîtes de conserves".

A la suite de cet ordre du jour, l'entrainement des troupes de l'ONU et surtout des troupes américaines revint en détail sur l'utilisation de la baïonnette!
Cette phrase et cet hommage à l'agressivité du Bataillon de Corée résument bien tout la problématique de l'assaut à la baïonnette!
Mais qui connait encore en France les exploits du Bataillon Français de Corée?
Il est certain que toute la formation humaniste et religieuse de Monsieur Norton-Cru, dont j'admire par ailleurs les analyses, ne le prédisposait pas à cette vision de l'aspect des choses.
L'emploi du lance-flammes, des grenades incendiaires lancées dans les abris ont certes montré plus d'efficacité que l'usage de la baïonnette dans les phases ultimes des assauts, mais le but est toujours le même: inspirer la terreur à l'ennemi par l'emploi de moyens agressifs immédiatement visibles.
La même troupe qui a supporté sans broncher les pires préparations d'artillerie peut, quelques minutes plus tard, flancher à la vue de l'emploi des moyens précités.
Cordialement, Guy.
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joel guyonneau
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Re: attaque à la baïonnette nocturne (von Hausen)

Message par joel guyonneau »

bonsoir
300m ou plus...
les differents historiques saxons et prussiens confirment la volonté de surprendre et submerger l'infanterie ennemie (francaise) et d'atteindre les canons!!! le 75 faisait un carnage dans les vagues d'assaut et il fallait le neutraliser.
La 1ere division de la GARDE à droite de l'axe Normee-Fere Champenoise (1 à 4 regts de la garde à pied), la 2e division de la GARDE regts Augusta, Frantz etc... à gauche du meme axe, Les Saxons à gauche de la 2e division de la GARDE direction Oeuvy...
Dans leurs historiques ils parlent d'une victoire (source = MARNE DRAMA), en fait c'est un bide! tout ça pour gagner quelques kilometres et ne plus avoir de "jus" pour exploiter le "succès". Comme le dit Le Goffic, le 8 c'etait dejà trop tard. Il aurait fallu plusieurs corps d'armee supplementaires pour transformer l'essai!
cdlt
JJAM
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Re: attaque à la baïonnette nocturne (von Hausen)

Message par JJAM »

[quotemsg=60081,4,885]Bonsoir
En ce qui concerne la confrontation des témoignages de Rommel er Genevoix
ceux qui ont lu (et ont la chance de posséder) "L'infanterie attaque" livre remarquable de Philippe Lunard , ont le témoignage de cette attaque de nuit pendant laquelle Genevoix dût son salut à sa connaissance de la langue allemande qui lui permit de répéter le mot de passe après avoir fauché un casque à pointe sur un cadavre.
Je ne dis pas que c'est une preuve de véracité!
Un beau jour on trouvera bien un témoignage allemand qui corroborera les descriptions de Durrasié dans ses jumelles comme Péricard (dont il ne faut pas tout jeter par dogmatisme) les décrivait le 25 février 1916.
Bonne soirée
JLK
Il n'y a pas de livre remarquable de Philippe Lunard sur le sujet de "Infanterie greift an : Erfahrungen un Erlebnisse" ! La présentation de cet excellent rapport d'Erwin Römmel qu'en fait Lunard est faussée dès le départ : "L'infanterie attaque
Le renard du désert dans la forêt d'Argonne".
Dès ce titre faussé, tout germanophile est sur ses gardes, et, il y a de quoi !
La traduction émanante d'un prof de langue allemande est pour le moins surprenante !
Bien sûr un passioné comprendra un peu de ce qu'il en retourne, surtout après qu'il ait lu Genevoix et d'autres, mais, pour quiconque un tant soi peu francophile cette traduction textuelle est peu compréhensible.
Mieux vaut acquérir la version en langue allemande !
Jean Norton-Cru traite tous ces sujets très bien, son ouvrage demeure livre de chevet pour tous les pélerins sérieux.
Les élans furieux de l'armée allemande de début septembre 1914 n'enlèvent rien aux conclusions de JNC, au contraire ils n'en font que confirmer la justesse du constat. "L'offensive" à tous prix de l'Etat-Major Français fait de même !
Pour ce qui concerne Péricard et son "Debout les morts !'associé à la mystique de Barrès, sa fin militaro-politico- collaborationnistes ses écrits romancés n'ont d'importance que quand il cite d'autres combattant-témoins ! JNC l'a bien analysé (p.378 à 383 de "Témoins", dernière édition aux Presses Universitaires de Nancy)
JJAM
JJAM
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