Aux Armées le 1er Novembre 1916
Mon Cher Oncle,
Cette bafouille pour te remercier des trois cubes de perlot frais et de la juteuse.
Cela me change un peu du gros ****
Pour la croûte t’en fais pas !
Depuis que j’ai quitté Panam après ma dernière perm pour retourner dans le pastis j’ai dégoté une marraine tout ce qu’il y a de plus pépère et qui m’a envoie des paxons maous soi-soi. Ca me sort du singe, de la barbaque et du frigo.
Comme on s’arrange toujours à la distribe pour avoir du rab de pinard et de gnole on se les cale aussi bien que les huiles, le système D, quoi.
Hier je me suis fait porter pale et le toubib m’a mis "ex deux jours.
Alors j’en ai écrasé un peu sur mon pajo en attendant d’aller reprendre mon pétoir et de recevoir sur la cloche des calendriers, des raquettes et des crapouillots sans parler des marmites, seulement le vieux n’était pas content, il m’a fait rappliquer au burlingue et m’a dit que je lui bourrait le crâne ; qu’un bigorneau comme moi qui a du cran devant les Boches avec son épingle à chapeau ça ne devait pas filocher comme je faisais au repos et que si je voulais passer premier jus fallait pas trop bousculer le moulin à rata. Tout à l’heure, le cuistot, en apportant le jus, nous a glissé un p*** en douce. Parait que …. mais mieux vaut la boucler.
A part ça, ça gaze toujours un peu dans le secteur. On est bouffé par les gaspards et les totos… mais bah ! c’est pour la France, on les aura !
On m’appelle à la cuistance. Je mets les cannes et t’envoie la bise…
Ton neveu
Labrisque
