Merci beaucoup Robert encore pour cette trouvaille.En effet, la famille a pu faire transférer le corps de Marcel dans le caveau familial.
Par contre son frère Gustave n'a pas été retrouvé. Un brancardier qui le connaissait l'a vu , touché à une jambe et lui a dit qu'il reviendrait tout de suite après s'être occupé d'un autre blessé. Quand il est revenu, un autre obus était tombé !
Je viens de trouver pour mon grand-père un courrier destiné au Maire de Saint Aubin l'avisant de son entrée à l'hôpital :
Le 23 Décembre 1916.
J'ai l'honneur de vous faire connaitre que le Conducteur Gillot Paul Marius, classe 1908. N° recrut 175 Recrut. Beauvais m'a été signalé comme étant entré à l'Hôpital temporaire N°10 à Amiens pour maladie le 13 Décembre 1916.................
Cordialement
Stéphane
Correspondance de 3 frères à la guerre de 14
- Stephane51
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Re: Correspondance de 3 frères à la guerre de 14
Bonsoir Stéphane,
Pour votre Grand-Père sa fiche matricule a été numérisée sous le nom PILLOT au lieu de GILLOT, et son prénom est Pierre Marius au lieu de Paul Marius, voilà pourquoi elle était si difficile à trouver.
En cherchant son numéro de matricule parmi les 2914 fiches, j'ai pu retrouver la fiche matricule n°175 Beauvais.



La partie basse est en 2 copies, afin de voir la partie cachée derrière les supports complémentaires ajoutés à la fiche.
Je pense que vous allez maintenant pouvoir mieux connaitre ou refaire le parcours de votre Grand-Père.
Cordailement
Robert
Pour votre Grand-Père sa fiche matricule a été numérisée sous le nom PILLOT au lieu de GILLOT, et son prénom est Pierre Marius au lieu de Paul Marius, voilà pourquoi elle était si difficile à trouver.
En cherchant son numéro de matricule parmi les 2914 fiches, j'ai pu retrouver la fiche matricule n°175 Beauvais.



La partie basse est en 2 copies, afin de voir la partie cachée derrière les supports complémentaires ajoutés à la fiche.
Je pense que vous allez maintenant pouvoir mieux connaitre ou refaire le parcours de votre Grand-Père.
Cordailement
Robert
Robert B.
- Arnaud Carobbi
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Re: Correspondance de 3 frères à la guerre de 14
Bonjour,
Stéphane, merci pour votre réponse et Robert, très belle recherche [:a caro] .
Bien cordialement,
Arnaud
Stéphane, merci pour votre réponse et Robert, très belle recherche [:a caro] .
Bien cordialement,
Arnaud
Le site du Parcours du combattant de 14-18 : Trésor d’archives n°68 – En avant la musique ! Auxerre, 1908 : présentation et écoute d'une séance de musique militaire. 21/06/2025
- Stephane51
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Re: Correspondance de 3 frères à la guerre de 14
Hé bien encore bravo Robert, vous avez surmonté 2 grosses erreurs, et réussi à les contourner ! En effet, je connais à présent son parcours. Merci à vous.
J'avais interrogé les archives de l'Oise, mais sans succès quand à moi.
Cordialement
Stéphane
J'avais interrogé les archives de l'Oise, mais sans succès quand à moi.
Cordialement
Stéphane
- Stephane51
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Re: Correspondance de 3 frères à la guerre de 14
Bonjour à tous
Je reprends la transcription des lettres des 3 frères Gillot, la correspondance de 1915.
Voici la lettre de Marcel en 1ère ligne le 11 février 1915.

Je reprends la transcription des lettres des 3 frères Gillot, la correspondance de 1915.
Voici la lettre de Marcel en 1ère ligne le 11 février 1915.

- Stephane51
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Re: Correspondance de 3 frères à la guerre de 14

Et voici la transcription :
mercredi 11 février 1915
Mes Parents chéris
Je ne sais pas si vous avez reçu ma 1ère lettre des tranchées. J'espère que vous êtes tous en bonne santé. Nous avons passé 3 jours dans l'eau jusqu'aux genoux. Oui chers Parents je vous assure que c'est bien bien pénible, pendant 4 jours et 4 nuits dans l'eau, dont 48 heures au poste d'écoute à 80 m des boches; vous pouvez croire que malgré la fatigue on ne peut pas fermer l'oeil. Le moindre bruit et le doigt est rivé sur la détente du fusil. lundi soir il a plu pendant quelques heures; j'étais justement sentinelle dans un fossé devant les réseaux de fil de fer en avant de nos tranchées, vous voyez à quelle distance des boches,( ........?) j'ai reçu toute la flotte sur les endosses, mais vous pouvez croire que ce n'était pas la flotte qui m'occupait, la moindre minute d'inattention peut nous couter la vie et celle des camarades qui sont derrière dans la tranchée, surtout lorsqu'il fait nuit noir comme il faisait.
Ce matin on nous a relevé à 3 heures, de cette manière. le jour n'étant pas encore levé, il est permis avec un peu de précautions de sortir par la plaine au lieu d'avoir besoin du boyau qui a 1 k. de long et de l'eau jusqu'aux genoux, quelquefois jusqu'au milieu des cuisses. Vous voyez le travail, la guerre moderne ça peut durer ainsi une éternité. Nous habitons pendant 3 jours les caves du petit village à 1 k. des lignes françaises, un village en ruines. les boches le bombardent toujours . Ce matin il y a eu 1 mort et 4 blessés dans la même rue en face de notre cave dans une (habitation?). quelle désolation, que de ruines, dans la maison dont nous avons la cave. Les meurtrières qui sont percées dans le mur arrière, les larges tâches de sang sur le pavé, indiquent qu'il s'y est passé une lutte acharnée. Dans les pièces, plus rien du tout qui tienne encore, partout les ruines, dans l'une une bicyclette du régiment en miettes, dans l'autre le linge, les portraits, les tableaux chers à tous ceux qui se sont aimé sous cet abri, traînent à terre, les meubles sont en miettes. Que de tristesse.
Combien je pense à vous, mes Parents chéris, comme je sens que je vous aime, devant toutes ces misères. Dans la cour plusieurs (trous?) d'obus. Dans le village plus personne. 1 ou 2 soldats qui passent vivement en longeant les murs encore miraculeusement debouts. Comme animaux, seuls quelques chats miaulent lugubrement, pleurent comme de vrais enfants.
Après demain matin à 3 heures nous retournons aux tranchées, je ne sais pour combien de jours. Je vous récrirai d'ici 2 jours.
j'ai reçu aujourd'hui une lettre d'Emilie du 4 de ce mois. Je lui réponds aujourd'hui même.
Mes boites de pâtés, mes sardines et le chocolat me servent beaucoup. Bons Bécots à Maman chérie.
Embrassez bien tout le monde de ma part.
Recevez chers Parents tous mes meilleurs baisers.
Votre fils qui vous aime et dont le coeur est avec vous.
Marcel
- Stephane51
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Re: Correspondance de 3 frères à la guerre de 14
Voici l'adresse du blog : Correspondance 1915:
http://robertmillet.photographe1911-191 ... 1610ea4a51
Cordialement
Stéphane
http://robertmillet.photographe1911-191 ... 1610ea4a51
Cordialement
Stéphane
- Stephane51
- Messages : 69
- Inscription : lun. mai 13, 2013 2:00 am
Re: Correspondance de 3 frères à la guerre de 14
Il faut Cliquer sur "Accueil" pour accéder à la correspondance 1914, puis 1915
Cordialement
Josiane
Cordialement
Josiane
- Stephane51
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Re: Correspondance de 3 frères à la guerre de 14

Bonjour à tous
La transcription des lettres de 1915 étant terminée, je joins les 2 dernières. Le moral est au plus bas. Les tranchées sont éboulées à cause des pluies incessantes. Les permissions tant attendues pour Noel sont supprimées. Le temps passé dans les tranchées est de 12 jours d'affilé alors qu'en début d'année il était de 4 jours.
Bonne lecture.
Stéphane
Souchez 28-12-15
............................................sauf quelques douleurs, la santé n'est pas mauvaise.
Je vous renouvelle mes meilleurs souhaits dont vous avez dû recevoir une carte. je compte toujours aller en permission bientôt surtout que nous n'allons pas rester ici, nous devons repartir à Notre Dame de Lorette ces jours-ci et les permissions vont recommencer.
Nous ne sommes pas dans les tranchées, elles n'existent plus tout est éboulé et plein d'eau, nous sommes dans une position peu enviable, de la bouillasse à 40 cm d'épaisseur c'est tout à fait beau. Jugez de la belle vie que nous traversons, on en ferait pas autant à des animaux; quand je pense que par pité et humanité on graciait les criminels avant la guerre, pour les honnêtes gens, la pitié et l'humanité ne doivent pas exister sans doute !! C'est donc cela la civilisation !!!
plutot la mort le plus vite possible; la pitié et l'humanité pour moi et pour beaucoup qui sont de mon avis, serait un obus ou une balle qui viendrait me libérer de cette misère, le voila le vrai bonheur pour le moment.
Je ne la vois pas tout de suite la fin de cette guerre d'usure, il doit y avoir quelque chose la dessous qui n'est pas clair.
J'arrête car sans le vouloir je vois que ma lettre n'est pas bien gaie et je crois de vous ennuyer avec mes histoires; on parle du Moral des troupes, on peut en causer il est beau du moment.- On les entends crier de temps en temps ( les vaches de civils, ils nous laisseront donc tous crever jusqu'au dernier) le voila le moral des poilus.
Je parle des civils, vous le comprenez comme je vous le dis, pour chacun sa famille est à part, car personne n'ose avouer sa vraie misère à sa famille.-
Vu pour M. Delaherche.-
Si Marcel pouvait tomber à être en permission en même temps que moi, je serai heureux de pouvoir le voir.
Entendu et j'y pensais bien, si je passe par La Chapelle je vous ferai prévenir.
Nous avons de l'eau tous les jours c'est terrible.-
Avec l'espoir de vous voir bientôt ................................................. Gustave
Le 30-12-15
Chers Parents
......................................Je vous assure que nous en passons des dures du moment; nous sommes dans les tranchées qui se trouvent dans la plaine de Souchez, tout près de la fameuse sucrerie de Souchez dont il ne reste absolument rien que 3 ou 4 chaudières et ferraille quelconque, en fait de bâtiments absolument rien, ainsi que du Pays lui-même, tout est fauché ; derrière nous avons Ablain Saint Nazaire qui est dans un triste état mais il reste encore des morceaux de maisons. A droite ce sont les dunes que nous occupons jusqu'au fait.
En face, c'est Liévin qui est à peu près à 7 ou 800 mètres, là, il n'y a rien d'abîmé . C'est occupé par les boches.c'est tout drôle de voir ce beau petit pays intact, toutes maisons en briques, et couvertes de (panirco?),
les tranchées boches de 1ère ligne sont entre Liévin et nous. Un peu sur la gauche se trouve Angre ou Ambre qui n'est pas abîmé non plus. les boches y sont également.
Si vous voyiez où nous sommes, ce que le terrain est retourné, les trous d'obus se touchent, quelle boucherie ça a dû être dans cette plaine là; que de cadavres, des boches et des nôtres gisent la dedans, ce matin il y en a qui ont trouvé des cartes et lettres dans les poches des boches; c'est plein de boyaux et tranchées, il y a des endroits où les cadavres se touchent tous aux sorties des tranchées; c'est quand il y a des attaques, on voit qu'à mesure qu'ils sortaient des tranchées pour attaquer ils tombaient tous, voilà 3 mois qu'ils sont là et ça cocotte dur.
A part cela presque tous nous avons les pieds enflés par l'eau; d'aucuns ont même les pieds gelés quoiqu'il ne gèle pas, il est même défendu de se déchausser on ne peut plus entrer les pieds dans les chaussures, nous sommes frais.
Nous devons être relevés dans la nuit du 4 au 5 janvier. je vais peut-être aller en permission après, je l'espère du moins.
Je vais me remettre à travailler, car il y a de l'ouvrage, nous allons par corvées de 6 pendant 2 heures pour réparer les tranchées qui s'éboulent par l'eau ou par les marmites de ces crapules qui bombardent dur. Depuis que nous sommes là nous avons très peu de victimes il parait, autour de moi il n'y en a pas eu toujours.
Je termine et vous envoie .............................................et à bientôt je l'espère, il n'y a plus que cinq jours la dedans, mais c'est si vite fait qu'il faut espérer et c'est tout.
.................................................. Gustave
- Stephane51
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Re: Correspondance de 3 frères à la guerre de 14
Bonjour à tous
Je continue à transcrire la correspondance des 3 frères Gillot . Et je viens d'arriver aux dernières lettres envoyées par Gustave Gillot avant qu'il ne disparaisse le 23 juin 1916 à Fleury devant Douaumont.
Voici ses 3 dernières lettres envoyées de cet enfer.
* V.
F. de D. Jeudi 15 juin 1916
Mon cher Marcel
Je t'espère toujours en parfaite santé; pour moi c'est tout juste. Je suis dans une bien triste position et dans un endroit bien dangereux *. je me demande si même j'en sortirai, je suis ici depuis samedi soir, nous devons être relevés demain soir, j'ai fait comprendre à Papa où j'allais.
Il est impossible de se faire une idée de ce que c'est.
Je crois que le régiment sera bien minime quand il en sera sorti. je souhaite de pouvoir m'en tirer et te conterai cela plus tard, car je te souhaite de ne jamais connaître cette fournaise; c'est au-dessus de tout ce qu'on peut s'imaginer, Neuville, Souchez, Carency, etc. sont de la risée à côté; c'est à y perdre la tête.
Reverrai-je mes pauvres petits Dédé, René et le petit Robert; la pauvre Esther ne peut se douter de ce qui l'attend d'un instant à l'autre. enfin espérons !
Pour arriver en 1ère ligne, nous avons déjà laissé le quart de la compagnie. Comme tranchées il n'y a rien, il n'y a pas un seul endroit qui ne soit labouré, si petit soit-il. voila le 5è jour que nous sommes là, dans des trous d'obus, dans l'eau ( car il ,pleut tous les jours) et presque sans manger et condamnés à boire l'eau dans laquelle nous sommes couchés, cette fois c'est la vraie misère. A quand la fin. malheureusement je n'y compte pas encore cette année.
Ne crois pas mon cher Marcel par ma lettre que je suis démoralisé, non je ne m'en fais pas pour cela, voyant tous les copains tomber, j'attends mon tour avec le plus grand calme. mieux vaut tout de suite que de souffrir plus longtemps dans cette position, dans cet enfer.
Les cochons nous ont encore attaqués cette nuit, mais sans pouvoir nous déloger. Voilà le repos que l'on nous avait promis, je crois que c'est le repos éternel.
Comme nous sommes coupés de tout, si j'en sors cette lettre te parviendra aussitôt sorti de danger. Je te mettrai un petit mot dans le bas et la cacheterai, à moins que je puisse la faire parvenir par les brancardiers qui ramassent les blessés toutes les nuits. ( il n'en sort pas moins d'un millier par jour sans compter les morts ) il y a de quoi en rester vert.
Ton frère qui espère te revoir et ne t'oublie pas.
Sincère amitié et je t'embrasse bien fort.
Gustave
Lundi 19 juin 1916
Chers Parents
Je viens de recevoir la lettre de Papa qui m'a fait plaisir de savoir toute la famille en bonne santé tant aux Fontainettes qu'à Gournay.
Hier j'ai appris par Esther que Gaston et Emilie devraient venir à la Pentecôte.
Les nouvelles arrivent très difficilement ici, nous avons même du mal à être ravitaillés. Nous avons fait 5 jours en 1ère ligne en avant de la côte 320 avec presque rien à manger : une boule de pain de 900 grammes par compagnie et par jour, une boite de boeuf en conserve de 300 grammes pour 2 hommes et 1 litre de café par 16 hommes; comme vous le voyez, c'est la crevaison à petit feu sous le plus terrible des feux; nous sommes dans un ravin sous des abris blindés par ....... nos toiles de tente pour nous reposer 4 jours et demain soir nous retournons à la boucherie; je vous marque notre emplacement sur la petite carte par une croix.
Comme toi Papa je n'ai pas confiance en Mr. Desmarquest. Tu réussiras peut-être mieux auprès de (Hucleux ? Hudeux ?) s'il veut s'en occuper.
Il sera peut-être trop tard, enfin espérons car il descend quelque chose comme poilus tous les jours.
Ici il fait très froid aussi surtout la nuit.
Alors le jardinage marche. Esther aura eu du mal pour s'occuper de tout cela et de la boutique. Et dire que cette maudite guerre ne veut pas finir, et qu'elle n'en prend pas la tournure.
J'ai écris à Marcel il y a 2 jours, j'espère qu'il recevra ma lettre.
Gaston et Emilie ont profité du lundi de la Pentecôte pour venir faire un tour à la campagne, il ne connait pas son bonheur ce vieux Gaston.
Bons baisers à mes soeurs et frères.
Plus rien pour aujourd'hui, que je suis souffrant, d'être resté ces quelques jours sans manger; je ne prends que très peu de pain, et j'en ai pour 2 heures à souffrir de douleurs d'estomac. C'est un des résultats des canailles qui ont cherché la guerre.
Votre fils qui vous aime et vous embrasse bien fort.
P. Gustave
Le 20 Juin 1916
Chers Parents
Reçu à l'instant la lettre de Papa, heureux de vous savoir tous en bonne santé, il n'en est pas de même pour moi, je ne peux pas manger sans souffrir énormément de douleurs à l'estomac, c'est d'avoir été 5 jours en 1ère ligne sans presque rien prendre; il y en a beaucoup comme moi. Je suis allé voir le major ce matin à la redoute; j'espère que d'ici quelques jours cela ira mieux, et il le faut du reste, car il y a eu dimanche soir huit jours que je n'ai presque rien pris, et c'est si dangereux d'aller et venir sous ce bombardement intense qui nous rend fou et qui ne cesse pas; nous retournons ce soir pour 4 jours en ligne et après ma foi, je crois que nous serons relevés, il parait que les divisions ne font jamais plus ici, cela nous fera 13 jours et 13 jours de souffrance je vous l'assure.
Marcel doit avoir reçu une lettre de moi ces jours-ci, dans laquelle je lui annonce ma villégiature; il n'y a pas à dire, les bonnes places me sont choisies.
Voici pour les renseignements nécessaires à fournir à Mr Hucleux :
N° matricule 258 bis
N° au répertoire du corps 7189
N° contrôle spécial 1064
Profession : Employé de bureau
Voici le N° matricule de ma plaque en cas de disparition ( 314- Rouen-Nord) cette plaque m'est personnelle et ne peut intéresser Hucleux, c'est pour vous....
Je me doute bien que c'est de plus en plus difficile mais cette circulaire concernant la territoriale est toute récente, et après la lettre du Député du Nord, Mr Léon Pasqual;
Je ne doute pas un instant, je sais que Papa fera tout son possible pour réussir, non seulement pour moi, mais pour mes petits mioches, qui auront encore besoin de moi, et espérons qu'Esther aura plus de chance si il y met de la bonne volonté.
Je vois que c'est général en fait de nourriture , vraiment on la crève.
Je vois que tu es forcé de faire l'allée et venue du Pont-qui-Penche quand il fait beau ; c'est une promenade. Mr Parcheminey est-il toujours en Serbie ?
Plus rien pour le moment en attendant la relève le plus vite possible pour être sorti de ce massacre - pour 4 jours qu'il reste, j'espère être des heureux !!! -
Embrassez bien pour moi mes soeurs, et recevez de votre fils qui vous aime et pense à vous les meilleurs baisers et au revoir je l'espère.
Gustave* V.
Je continue à transcrire la correspondance des 3 frères Gillot . Et je viens d'arriver aux dernières lettres envoyées par Gustave Gillot avant qu'il ne disparaisse le 23 juin 1916 à Fleury devant Douaumont.
Voici ses 3 dernières lettres envoyées de cet enfer.
* V.
F. de D. Jeudi 15 juin 1916
Mon cher Marcel
Je t'espère toujours en parfaite santé; pour moi c'est tout juste. Je suis dans une bien triste position et dans un endroit bien dangereux *. je me demande si même j'en sortirai, je suis ici depuis samedi soir, nous devons être relevés demain soir, j'ai fait comprendre à Papa où j'allais.
Il est impossible de se faire une idée de ce que c'est.
Je crois que le régiment sera bien minime quand il en sera sorti. je souhaite de pouvoir m'en tirer et te conterai cela plus tard, car je te souhaite de ne jamais connaître cette fournaise; c'est au-dessus de tout ce qu'on peut s'imaginer, Neuville, Souchez, Carency, etc. sont de la risée à côté; c'est à y perdre la tête.
Reverrai-je mes pauvres petits Dédé, René et le petit Robert; la pauvre Esther ne peut se douter de ce qui l'attend d'un instant à l'autre. enfin espérons !
Pour arriver en 1ère ligne, nous avons déjà laissé le quart de la compagnie. Comme tranchées il n'y a rien, il n'y a pas un seul endroit qui ne soit labouré, si petit soit-il. voila le 5è jour que nous sommes là, dans des trous d'obus, dans l'eau ( car il ,pleut tous les jours) et presque sans manger et condamnés à boire l'eau dans laquelle nous sommes couchés, cette fois c'est la vraie misère. A quand la fin. malheureusement je n'y compte pas encore cette année.
Ne crois pas mon cher Marcel par ma lettre que je suis démoralisé, non je ne m'en fais pas pour cela, voyant tous les copains tomber, j'attends mon tour avec le plus grand calme. mieux vaut tout de suite que de souffrir plus longtemps dans cette position, dans cet enfer.
Les cochons nous ont encore attaqués cette nuit, mais sans pouvoir nous déloger. Voilà le repos que l'on nous avait promis, je crois que c'est le repos éternel.
Comme nous sommes coupés de tout, si j'en sors cette lettre te parviendra aussitôt sorti de danger. Je te mettrai un petit mot dans le bas et la cacheterai, à moins que je puisse la faire parvenir par les brancardiers qui ramassent les blessés toutes les nuits. ( il n'en sort pas moins d'un millier par jour sans compter les morts ) il y a de quoi en rester vert.
Ton frère qui espère te revoir et ne t'oublie pas.
Sincère amitié et je t'embrasse bien fort.
Gustave
Lundi 19 juin 1916
Chers Parents
Je viens de recevoir la lettre de Papa qui m'a fait plaisir de savoir toute la famille en bonne santé tant aux Fontainettes qu'à Gournay.
Hier j'ai appris par Esther que Gaston et Emilie devraient venir à la Pentecôte.
Les nouvelles arrivent très difficilement ici, nous avons même du mal à être ravitaillés. Nous avons fait 5 jours en 1ère ligne en avant de la côte 320 avec presque rien à manger : une boule de pain de 900 grammes par compagnie et par jour, une boite de boeuf en conserve de 300 grammes pour 2 hommes et 1 litre de café par 16 hommes; comme vous le voyez, c'est la crevaison à petit feu sous le plus terrible des feux; nous sommes dans un ravin sous des abris blindés par ....... nos toiles de tente pour nous reposer 4 jours et demain soir nous retournons à la boucherie; je vous marque notre emplacement sur la petite carte par une croix.
Comme toi Papa je n'ai pas confiance en Mr. Desmarquest. Tu réussiras peut-être mieux auprès de (Hucleux ? Hudeux ?) s'il veut s'en occuper.
Il sera peut-être trop tard, enfin espérons car il descend quelque chose comme poilus tous les jours.
Ici il fait très froid aussi surtout la nuit.
Alors le jardinage marche. Esther aura eu du mal pour s'occuper de tout cela et de la boutique. Et dire que cette maudite guerre ne veut pas finir, et qu'elle n'en prend pas la tournure.
J'ai écris à Marcel il y a 2 jours, j'espère qu'il recevra ma lettre.
Gaston et Emilie ont profité du lundi de la Pentecôte pour venir faire un tour à la campagne, il ne connait pas son bonheur ce vieux Gaston.
Bons baisers à mes soeurs et frères.
Plus rien pour aujourd'hui, que je suis souffrant, d'être resté ces quelques jours sans manger; je ne prends que très peu de pain, et j'en ai pour 2 heures à souffrir de douleurs d'estomac. C'est un des résultats des canailles qui ont cherché la guerre.
Votre fils qui vous aime et vous embrasse bien fort.
P. Gustave
Le 20 Juin 1916
Chers Parents
Reçu à l'instant la lettre de Papa, heureux de vous savoir tous en bonne santé, il n'en est pas de même pour moi, je ne peux pas manger sans souffrir énormément de douleurs à l'estomac, c'est d'avoir été 5 jours en 1ère ligne sans presque rien prendre; il y en a beaucoup comme moi. Je suis allé voir le major ce matin à la redoute; j'espère que d'ici quelques jours cela ira mieux, et il le faut du reste, car il y a eu dimanche soir huit jours que je n'ai presque rien pris, et c'est si dangereux d'aller et venir sous ce bombardement intense qui nous rend fou et qui ne cesse pas; nous retournons ce soir pour 4 jours en ligne et après ma foi, je crois que nous serons relevés, il parait que les divisions ne font jamais plus ici, cela nous fera 13 jours et 13 jours de souffrance je vous l'assure.
Marcel doit avoir reçu une lettre de moi ces jours-ci, dans laquelle je lui annonce ma villégiature; il n'y a pas à dire, les bonnes places me sont choisies.
Voici pour les renseignements nécessaires à fournir à Mr Hucleux :
N° matricule 258 bis
N° au répertoire du corps 7189
N° contrôle spécial 1064
Profession : Employé de bureau
Voici le N° matricule de ma plaque en cas de disparition ( 314- Rouen-Nord) cette plaque m'est personnelle et ne peut intéresser Hucleux, c'est pour vous....
Je me doute bien que c'est de plus en plus difficile mais cette circulaire concernant la territoriale est toute récente, et après la lettre du Député du Nord, Mr Léon Pasqual;
Je ne doute pas un instant, je sais que Papa fera tout son possible pour réussir, non seulement pour moi, mais pour mes petits mioches, qui auront encore besoin de moi, et espérons qu'Esther aura plus de chance si il y met de la bonne volonté.
Je vois que c'est général en fait de nourriture , vraiment on la crève.
Je vois que tu es forcé de faire l'allée et venue du Pont-qui-Penche quand il fait beau ; c'est une promenade. Mr Parcheminey est-il toujours en Serbie ?
Plus rien pour le moment en attendant la relève le plus vite possible pour être sorti de ce massacre - pour 4 jours qu'il reste, j'espère être des heureux !!! -
Embrassez bien pour moi mes soeurs, et recevez de votre fils qui vous aime et pense à vous les meilleurs baisers et au revoir je l'espère.
Gustave* V.