En cette année de centenaire, j'ai pris mon courage à 2 mains et j'ai tapé les lettres de mon grand père et de ses deux frères qui sont tous deux morts pour la France.Ces lettres étaient pour la plupart destinées à leurs parents.
Pour l'instant, j'ai retranscrit presque tout 1914.
En voici une et je vous joins le lien :
http://robertmillet.photographe1911-191 ... mille.html
Ham………23 juillet 14
Mes Parents chéris
Je viens de recevoir la lettre de Papa du 18 et celle du 20. Il y avait 3 jours ce soir que nous n'en avions pas eus. Je ne sais pas pourquoi.
Je ne doutais pas, mon cher Père, des idées que tu pouvais avoir en ce moment sur la terrible guerre et sur les conséquences qu'elle pourrait entraîner. La volonté de vaincre doit surmonter tous les obstacles. Malheureusement il y en a trop qui ne payent rien et qui voudraient tout avoir en un instant.
Je te dirai mon Père des choses qui t'étonneront certainement, cependant ma volonté à ce sujet est inébranlable et rien ne pourra m'en détourner. Tu sais qu'ici nous avons toujours été privilégiés; alors que les pauvres fantassins tombaient en repoussant les Boches de quelques unes de leurs tranchées. Nous autres cavaliers, nous avons toujours été considérés comme impropres à attaquer. Gustave, je crois ne sera pas long à partir. Il peut être appelé à attaquer, et malheureusement il peut ne pas en revenir. Il y a longtemps que j'ai pensé à cela. Je serais honteux si je revenais seul, d'entrer chez nous en pensant que lui est resté là-bas, laissant des enfants, une femme, est resté en faisant une chose sacrée. Que moi à 21 ans et n'ayant personne à élever, on m'aura évité pour me protéger. Jamais je n'admettrai cela. Que Papa ne me dise rien, aucune remontrance. Il serait d'ailleurs trop tard, j'ai fait la demande au Bureau pour être transféré dans un Régiment d'Infanterie d'active. Elle sera certainement acceptée. Et puis, si je suis pour revenir, je reviendrai aussi bien de là que du groupe d'embusqués où nous sommes. Et d'ailleurs, mes Parents Chéris, j'espère bien que si j'y restais, votre chagrin s'atténuerait en pensant à la manière dont j'aurais ( cessé ) de vivre. Mais vous savez, ces idées de mort ne me ( bottent) pas, j'ai toujours une étoile.
Embrassez bien tout le monde pour moi, et recevez mes Parents chéris tous les meilleurs baisers de votre fils qui vous aime et pense à vous, mais qui n'appartient pas à vous seuls en ce moment. Peut-être vous rapportera-t-il la croix de guerre; il y essayera soyez en sûrs.
Marcel
Peut-être aurai-je ma permission avant de changer.
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Marcel debout à droite
