Une étrange permission

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Sybille
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Re: Une étrange permission

Message par Sybille »

Bonjour à tous

En feuilletant d'anciens numéros de la revue Histor** (ne sachant si je peux la nommer, je mets des **), je relis avec amusement l'histoire du soldat nommé Pierre Calès.

Ce soldat était prisonnier au camp de Galgenberg en Allemagne et en 1916, il avait demandé une permission afin de rejoindre sa famille habitant le Périgord et où sa présence était indispensable.

Sa demande fut acceptée et une permission lui fut accordée par...le Kaiser !

Il obtint 10 jours afin de se rendre chez lui, régler ses affaires et revenir, cela va de soi !

Mais, arrivé en France, les autorités françaises ne lui ont accordé que trois jours de permission et l'ont obligé à retourner le plus vite possible...vers l'Allemagne...

Ce que Calès fit ! Sans discussion puisque tels étaient les ordres !

Pour plus de détails sur cette histoire rapportée à l'époque par Septime Gorceix dans la revue Histor** , je peux donner suite...

:hello:
Sybille
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lorrain54
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Re: Une étrange permission

Message par lorrain54 »

Bonsoir a tous,
Nous avons parlés de cas identiques sur un fil que je ne trouve plus il y a environ deux semaines,avec copie d'un courrier des autorités Française pour interdire l'entrée en France de ces ( permissionnaires ) oui plus de détails seraient apprécies, je viens de retrouver le fil pages1418/forum-pages-histoire/Generali ... 8388_1.htm belle soirée, Jean-Louis.
Dites le a tous, " Il ne fait pas bon mourir".
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Sybille
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Re: Une étrange permission

Message par Sybille »


plus de détails seraient apprécies
Bonsoir Jean-Louis
Bonsoir à tous

Alors, voilà quelques détails supplémentaires à cette histoire mais tout d'abord, une présentation :

Pierre André Calès est né en 1882 près de Belvès en Dordogne, il est cultivateur quand il est mobilisé le dixième jour au 9e RI à Agen.
Du dépôt, il part le 5 septembre pour le front. Le 11 septembre, il est blessé à Somme-Tourbe et est évacué à Toulouse. Il retourne ensuite au dépôt d'Agen et, le 19 novembre, il rejoint le 309e RI. Le 12 février, il se trouve à la Cote 203 à Suippes où il est blessé au bras gauche par une balle.
Fait prisonnier, il est interné au camp de Galgenberg dans la banlieue de Würzburg en Bavière le 19 avril 1915.

Sa femme lui écrit en janvier 1916. Dans sa lettre, elle explique que son père est très malade et que sa présence est indispensable pour arranger les affaires de famille. Et puis, il avait toujours été un bon soldat et s'il était en France, on lui donnerait sa permission qu'il n'avait qu'à demander "à ces messieurs" (!).

C'est ce qu'il fit le lendemain en montrant la lettre au sergent-chef de la Kommandantur !

Le 23 février, il est averti par le sergent-chef qu'une permission impériale lui est accordée. Elle est signée du Kaiser et a été transmise de Berlin au général commandant le camp. Il doit être acheminé vers la frontière sans délai, avec un titre de permision de dix jours en tenue convenable, type 1914 (ce qu'on eut du mal à lui trouver !).

Contre le titre de permission portant la signature du Kaiser (qu'il a voulu garder), le général commandant le camp a fait remettre à Calès une feuille de permissionnaire par grâce impériale, écrite d'un côté en allemand, traduite en français de l'autre.

Et le 24 février, il se présente devant le général qui inspecte sa tenue et il est conduit au train express Berlin-Constance, accompagné jusqu'à la frontière suisse, à Constance, par un territorial.

A la gare frontière française, un gradé lui dit qu'on l'attendra à la gare de Lyon-Brotteaux.

Le 26 février, il est sur le point d'arriver mais décide de descendre à Lyon-Perrache afin d'aller saluer, comme promis, l'épouse d'un compagnon de camp.
Puis, il se décide comme convenu, à rejoindre les bureaux de la place mais à peine le portail franchi, il est appréhndé et conduit au bureau du commandant qui l'attendait depuis des heures....à Lyon-Brotteaux ! Il lui fait ôter son pantalon...pour qu'il ne file plus!

Le 27 février, il comparaît à nouveau devant le même commandant qui lui dit que les ordres viennent de Paris et qu'il passera trois jours chez lui et non dix puis, qu'il retournera en Allemagne. Calès explique que le Kaiser lui a donné 10 jours (hors voyage). Mais rien à faire !
Le jour-même, accompagné d'un sous-officier, il part vers Limoges où ils arrivent pendant la nuit. Ils se rendent aux bureaux de la place où le sous-officier est remplacé par un autre. Mais ils discuttent tant et si bien qu'ils ratent le train Limoges-Périgueux ! Le lieutenant sur place décide de les envoyer en auto à Périgueux afin de rejoindre la ligne Périgueux-Agen et pouvoir de ce fait arriver à destination, Belvès.

La population locale avait été avertie de son imminente arrivée par l'épouse de l'ami prisonnier...

Durant les trois jours qu'il passera en permission, il devra se présenter à l'appel du 96e territorial en garnison à Belvès.

Et puis, ils repartent pour Limoges, Lyon, le poste frontière de la Plaine où le sous-officier français abandonne Calès qui continue seul à travers la Suisse jusqu'au poste frontière allemand où il est pris en charge par un territorial qui le ramène au camp de prisonniers.......


:hello:
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jef52
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Re: Une étrange permission

Message par jef52 »

Bonjour à toutes et tous,
J' avoue que je suis complètement abasourdi de cette histoire !!! les allemands le laissent partir (quelle confiance moi y m' auraient jamais revu :D ), et en plus , le pauvre est mal accueilli et remis dehors au bout de 3 jours au lieu de 10. La va falloir m' expliquer ce qui s' est passé, mon pov' petit cerveau simplement humain me dit qu' à la place de ces petits chefaillons j' aurais été bien heureux de récupérer un prisonnier et je l' aurais gardé au chaud chez lui, et au lieu de ça on le renvoie à sa jolie colonie de vacances, là je suis largué dans le raisonnement :pt1cable: :pt1cable: :pt1cable:
amicalement,
Jef
"Désormais je sais enfin que tous ces morts, ces Français et ces Allemands, étaient des frères, que je suis leur frère" Ernst Toller
Le blog du 232e RI http://232emeri.canalblog.com/
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le begue
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Re: Une étrange permission

Message par le begue »

Bonjour à tous,
Bonjour Jef,
On se doit de ne point confondre les mots "permission" et "évasion".
Pour le premier, on se doit de respecter la parole donnée,
Pour le second, on ne fait que son devoir.
Amicalement,
Louis.
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jef52
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Re: Une étrange permission

Message par jef52 »

Salut Louis,
Bon, je veux bien admettre que le sens de l' honneur de ce Monsieur l' amène à y retourner sur parole et là je dis " chapeau et respect" :jap: , en ce qui me concerne, dans ce cas de figure particulier (rien à voir avec ma vie de tous les jours) et " les promesses n' engageant que ceux qui les écoutent" ( c' est pas d' moi mais d' un certain J.C.), z' auraient toujours pu m' attendre les teutons :lol: :lol: !!
Par contre le comportement des autorités françaises, ça reste le noir complet dans mon esprit, je sais bien que la c....rie administrative est sans limite mais la quand même!! :pfff: :pfff:
amicalement,
Jef
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lorrain54
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Re: Une étrange permission

Message par lorrain54 »

Bonsoir a tous,
Merci beaucoup Sybille pour le complément de renseignements, la parole en 14-18 était autre chose que maintenant et il a probablement pensé a ses camarades susceptibles d'avoir plus tard une telle perm, mais que dire des autorités Française !
belle soirée, Jean-Louis.
Dites le a tous, " Il ne fait pas bon mourir".
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