Canons belges à Kwidzyn (Pologne)

[krzymen]

Bonsoir à toutes et à tous,

En retournant des vacances j’ai visité le château des chevaliers teutoniques à Kwidzyn (voïvodie de Cujavie-Poméranie - en polonais województwo kujawsko-pomorskie). Dans la cour du château, il y a deux canons et ce ne sont pas des bombardes, qui ont été utilisés pendant la guerre Treize Ans (1454-1466)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Treize_Ans

Le château était assiegé et capturé par l'armée polonaise.
Sur les sites polonais, on trouve les informations que ce sont des canons français de 155 mm capturés par les Prussiens pendant la guerre de 1870-1871. Est-ce que l'armée française était aussi equipée des canons belges?
Il me semble que ces canons ont été capturés en 1914. A Kwidzyn, qui jusqu'à 1945 portait le nom de Marienwerder stationnait le Feldartillerie-Regiment Nr. 72 Hochmeister.
Les canons sont semblables à ceux qui sont décrits dans le sujet - Vieux canons entre les batteries Aachen et Antwerpen (Belgique)
Sur les tubes se trouvent des inscriptions suivantes:
Liège 1861 –No 105 – 24 – 3104 kil. (Poids Total)
Liège 1863 –No 345 – 24 – 3117 kil. (Poids Total)

Que signiefie le chiffre "24" ? Poids de l’obus en livres ou calibre en centimètres ?
Le poids total – c’est le poids du canon complet (tube + affût) ?
Est-ce que ces canons pouvaient être utilisés par l’armée belge en 1914 ?
Dernière question – est-ce que les Belges et les Français (après le 11 novembre 1918) n’ont pas exigé la réstitution de leurs pièces d’artillerie capturés par les Allemands pendant la guerre ?

Bien cordialement
Krzysztof

[Bernard Plumier]

Bonjour Krzymen

Je pense que la réponse à votre question se trouve assez incroyablement dans ce post du forum, que je vous invite à lire pages1418/Pages-d-Histoire-Artillerie/A ... 2583_1.htm

J'en tire la conclusion que ces canons ont probablement servi de leurre aux Allemands sur la défense du littoral Belge, mais qu'il est bien vraisemblable qu'ils aient été alignés dans les forts Belges en 1914.

M'autoriseriez-vous à intégrer ces survivants et leurs photos dans la base de données des canons survivants de la Grande Guerre (www.passioncompassion1418.com et http://canonspgmww1guns.canalblog.com/ ?)

Merci

[krzymen]

Bonsoir Bernard,

Je vous remercie de votre réponse. L'un de ces canon ne peut pas être du modèle 1862 parce qu'il a été fabriqué en 1861.
Sur plusieurs sites polonais on informe que ce sont des - Francuskie armaty 155mm wojny francusko-pruskiej 1870/71 - canons français de 155mm de la guerre franco-prussienne 1870-1871
https://pl.wikipedia.org/wiki/Kwidzyn
Ceci est bien sûr une erreur!
Connaissez-vous la réponse à cette question:
Est-ce que les Belges et les Français (après le 11 novembre 1918) n’ont pas exigé la réstitution de leurs pièces d’artillerie capturés par les Allemands pendant la guerre ?

M'autoriseriez-vous à intégrer ces survivants et leurs photos dans la base de données des canons survivants de la Grande Guerre (www.passioncompassion1418.com et http://canonspgmww1guns.canalblog.com/?)

Oui, bien sûr vous êtes libre de réutiliser ces photos comme bon vous semble.

Bien cordialement
Krzysztof

[ALVF]

Bonsoir,

Ces canons sont des pièces belges de 24 munies du système à piston Wahrendorf. Ces pièces de siège et de forteresse sont au calibre de 15 cm. Compte-tenu des dates de fonte (1861 et 1863), il est probable que la plus ancienne soit une pièce à chargement bouche transformée, peut-être du modèle 1852, la plus récente peut aussi être du modèle ancien transformé ou de fabrication récente au modèle 1862. Toutefois, les pièces de 15 cm modèle 1862 sont appelées réglementairement "canon de 15 cm modèle 1862" sans expression de la formule ancienne "canon de 24". Toutefois, cette expression du calibre en centimètres a peut-être été rendue réglementaire plus tard. Je ne connais pas suffisamment l'artillerie belge pour être affirmatif.

Le Traité de Versailles prévoit à son article 169 que les allemands livreront aux alliés:
-les pièces allemandes en excédent des quantités autorisées pour destruction (il y a eu des exceptions, certains pays alliés ont pu garder les pièces allemandes livrées pour des raisons diverses et après décision de la conférence des ambassadeurs).
-les munitions et matériels de guerre provenant de l'étranger en quelque état qu'ils se trouvent, les gouvernements alliés décideront de la destination à leur donner. Ce doux euphémisme vise bien entendu les matériels capturés par l'armée allemande au cours de la guerre.
Les allemands ont rendu les matériels les plus visibles dès la signature du Traité de Versailles (par exemple les pièces françaises d'ALVF capturées le 27 mai 1918 ou les pièces britanniques prises en mars-avril 1918). Pour les autres, les visites des commissions interalliées de contrôle qui n'entrent en Allemagne qu'à partir de janvier 1920, font le tri: pièces à détruire notamment les pièces allemandes en surnombre, les pièces interdites (pièces lourdes de calibre supérieur à 28 cm, y compris pour les navires, etc...), les pièces appartenant aux alliés (pièces de prise) qui sont rendues au pays propriétaire, pièces russes soit détruites, soit données aux pays nouvellement indépendants de l'Est de l'Europe.
Ce tri a concerné plusieurs milliers de canons, il ne faut pas s'étonner que certaines antiquités aient échappé aux commissions interalliées de contrôle d'autant plus que les allemands ont manifesté la plus extrême mauvaise volonté pour aider dans leur travail les dites commissions.
A noter que la France n'a pas récupéré alors les canons français de prise de 1870-71 de l'arsenal de Berlin. Pour les Drapeaux de Metz, de jeunes fanatiques les ont brûlés pour ne pas les restituer. La France est restée passive...Il faudra attendre que les russes libèrent Berlin en 1945 pour revoir en France plusieurs pièces d'artillerie prises en 1870, notamment le canon de 24 cm de marine pris au Mont-Valérien en 1871 qui a longtemps trôné dans la cour des Invalides avant de retourner au Mont-Valérien il y a quelques années seulement.
Les allemands n'ont pas eu les mêmes scrupules en 1940, ils ont repris en juin 1940 aux Invalides les Drapeaux pris en 1914 et entièrement pillé l’extraordinaire Musée de l'Artillerie de l’École de Fontainebleau dont il n'est rien revenu.
Cordialement,
Guy François.

[krzymen]

Bonsoir à toutes et à tous,
Bonsoir Guy François, je vous remercie pour votre message et les informations

Je viens juste de trouver une notice de presse de 1921.
Żołnierz Polski, 14 maj 1921, Nr. 28. (Żołnierz Polski / Le soldat polonais – un journal pour les soldats de l’armée polonaise.)
Niemcy oddają zdobyczne armaty Francji.
Traduction libre :

Les Allemands restituent à la France les canons capturés.
Depuis l'époque de Louis XIV, quand dans l'armée française se sont répandu les canons, la fortune variable de la guerre dans des batailles contre les Allemands, livraient souvent aux pattes avides allemandes les précieuses piéces d'artillerie.
Bien avant la guerre actuelle dans de nombreuses villes allemandes, sur des places et dans des musées provinciaux on pouvait voir des canons français capturés.
L'année 1814, puis 1815, des campagnes malheureuses pour la France de Napoléon le Grand, quand les troupes françaises ont perdu un grand nombre de canons et de matériel d'artillerie au profit de la Russie et la Prusse, ont surtout enrichis les musées et les villes allemandes.
Mais se n’est qu’à l'époque de Sedan, de la reddition de la forteresse de Metz et généralement de la défaite de 1870-1 que les Allemands ont capturé en France des milliers de canons. Puis des trains entiers chargés de canons français sont allés en Allemagne.
Mais le jour du paiement est enfin arrivé. Dans le cadre du Traité de Versailles, après la guerre victorieuse des années 1914-1918, les Allemands sont obligés de livrer à la France tous les butins de guerre des années passées. En premier lieu, ils ont rendu les drapeaux célèbres, pris aux régiments français lors de la reddition Metz et sur les des champs de Sedan.
Maintenant vient le tour des canons et de l'équipement de l'artillerie.
De la gare allemande de Bischofsheim, depuis la mi-avril, une fois par semaine va à Paris un train de marchandises, rempli entièrement de canons français.
Ils retournent dans leur patrie victorieuse, les vieux canon de l'époque des (rois) Louis, de la période des grandes guerres de Napoléon et finalement ceux capturés en 1870 et en 1914-1918.
Ainsi, l'histoire de la guerre a ses lois immuables et rend toujours la justice meritée.
Nous, les soldats polonais, nous devons nous rappeler que la plupart des anciens canons polonais et des canons de la période 1815 à 1830 se trouvent encore dans les pattes des Russes, Autrichiens et Allemands.
Notre gouvernement va probablement faire des efforts convenables, pour que, avec les drapeaux de régiments célèbres du soulèvement de 1830-1, Moscou, Vienne et Berlin livrent les canons polonais.

Bien sûr les Allemands n’ont pas rendu tous les canons capturés ! Le Musée de l’armée à Varsovie possede deux tubes en bronze capturés en France en 1870. Elles ont été offertes par l’empereur Wilhelm I au Generalfeldmarschall Helmuth von Moltke.

Bien cordialement
Krzysztof