De la dispersion

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Alain Dubois-Choulik
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Re: De la dispersion

Message par Alain Dubois-Choulik »

Si la distance ne permet pas de donner cette zone de sécurité, il y a trois possibilités:
Bonjour,
Je veux surtout pas entamer une polémique, après tout quand on envoie un détachement, on sait que tous ne reviendrons pas, et déjà, c'est terrible à penser - d'autant qu'ici, nous pensons après. Mais ma pensée va toujours à ces hommes, non protégés qui vont se trouver -hors zone de dangerosité- mais pourtant exposés. J'ai évoqué les barrages roulants car dans ce cas, en plus, il faut suivre !!

Cependant j'attends l'exposé avec impatience, pour connaitre la part prise, dans ces calculs a priori, des facteurs humains et matériels, artilleur fatigué qui commet une faute, charge et projectile qui ne sont pas tout à fait dans la norme, et autres que je n'imagine peut-être pas.
Même dans la règle industrielle bien connue des six-sigma, on sait calculer la probabilité d'être en dehors (et c'est ce qui fait alors la force décisionnelle du système), mais ce n'est pas un fantassin qui constate ........ qu'il a reçu un éclat !
Cordialement
Alain
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alain13
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Re: De la dispersion

Message par alain13 »

Bonjour,

Merci pour ces renseignements.
Le problème n'est pas simple, ni pour les artilleurs ni pour les fantassins mais les risques ne sont pas les mêmes.
On peut d'ailleurs se demander si dans l'autre camp, et dans la mesure où les artilleurs doivent avoir tendance à plutôt rallonger un peu leur tir que trop coller aux attaquants, il ne vaut pas mieux se trouver en première ligne qu'en seconde (par rapport aux tirs d'artillerie évidemment) ?

Cordialement,
alain
grandchamps
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Re: De la dispersion

Message par grandchamps »

hello
excusez mon intervention qui me parait sortir du cadre limité des écarts de dispersion ,
je reviendrai vers vous lorsque j'aurai identifié le site des photos ci-dessus et calculé les distances de tir imposées à Alexandre .
mais comme tout est dans tout, je me permets cet avis élargi:
Dans l'affaire du moulin de Souain en mars 1915, les mauvais "calculs à priori " soulignés par Alain
seraient d'abord et surtout , il me semble , à charge des cerveaux qui organisent l' opération dans sa globalité:
le Général en chef qui décide de la stratégie générale et le général du corps d'armée qui organise ses grandes unités.

Si çà foire... ce sont à la fois Les officiers généraux exécutants et les soldats de base, artilleurs et biffins,
qui ne manqueront pas, plus tard , d'être injustement jugés par l'Histoire, respectivement, comme des incompétents, des fatigués ou des lâches.

les généraux de brigades ou de division, pourraient pourtant bénéficier de circonstances atténuantes,
coincés qu'ils sont entre le marteau et l'enclume :
puisque l'opération envisagée n'est, vu sa taille, ni annulable ,ni reportable , ils ne peuvent se permettre
ni de tenir tête aux commandements divins des généralissimes,
ni d'être emportés par la conviction d'un échec par les sévères mises en garde techniquement éclairées de leurs subalternes,
"il faut y aller, ce sont les ordres..." doivent-ils penser.
"Faites pour un mieux" , doivent-ils leur dire.
Quant aux défaillances des simples soldats et des artilleurs,elles trouvent leur alibi dans le caractère plutôt exténuant des circonstances
, comme le dit Alain .
ce qui excuse leurs défaillances
Etienne
fafouille
grandchamps
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Re: De la dispersion

Message par grandchamps »

Les deux photos aériennes ci-dessus ont été prises à l'est et à un kilomètre environ d'Aubérive.
l' aviateur a photographié le secteur du Bois Carré.
l'échelle est en unité de kilomètre.
Sur la photo ,Beaucoup de détails sont visibles par rapport au croquis qui est plus succinct et plus ancien.
Je ne suis pas certain sur deux points :
Alexandre commente t'il un de ses propres résultats de tir ou les resultats d'une autre batterie ?
Quels détails de la photo commente t' il ?
de plus n'oublions pas qu'il ne commente que le négatif inversé .
une relecture du jmo s'impose.
ImageImage
fafouille
grandchamps
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Re: De la dispersion

Message par grandchamps »

le 27 octobre 1915, le groupe d'Alexandre (Mounicot) s'installe sur sa nouvelle position.
(voir jmo 1er groupe du 7è RAC de l'AD 60)
pour rappel:" à 2 kilomètres au sud d'Aubérive
et à 800 mètres à l'est de la route Mourmelon le Grand à Aubérive" .
autrement dit dans les champs à droite de cette route ,
à tiers-chemin entre la ferme de l'Espérance et l'actuel cimetière russe .
(carte Michelin 515 , Champagne-Ardenne);
les tirs de réglage sont en cours dès le 31 octobre.
Le 10 novembre, la batterie effectue une recherche des hausses sur les tranchées françaises de son secteur (non précisé)
et le 22 novembre des réglages sont effectués par avion sur les points 487, 502, 503 (non précisé)
A noter que le 25 novembre , aucun tir n'est effectué dans la journée par suite d'un temps brumeux.
Le commentaire de notre photo est-il lié à la note suivante du JMO datée du 22 novembre?:
"Par suite d'une erreur , la 23è batterie ne peut pousser à fond ses réglages sur des batteries ennemies"
En postulant que ces photos sont bien liées à la batterie d'Alexandre ( ce sont ses propres photos)
nous pourrions d'ores et déjà nous risquer à estimer approximativement la distance entre
les impacts visibles sur les photos et les 75 de notre ami :
environ 3 kilometres pour la photo en positif.
et 3,3 kilometres pour les tirs visibles sur la photo en négatif.
ainsi que les dimensions de ces surfaces d'impact.
A ces documents il faudrait , si je ne me trompe, ajouter les courbes de niveau et définir les contre-pentes, impalpables pour un aviateur,
mais à calculer par l'artilleur sur ses cartes d'EM car il doit tenir compte de l'angle de site de son objectif, le plus souvent invisible et défilé, surtout quand il s'agit dans ce cas de toucher des objectifs en seconde et troisieme ligne.
Mais Cela nous eloigne du sujet qui est la dispersion et le "friendly fire" .
ceci dit, ces photos reliées au contexte du jmo illustrent la technicité du métier d'artilleur , soumis à l'évaluation précise de nombreuses variables
avant d'oser le premier tir.

amitiés à tous
etienne
fafouille
marpie
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Re: De la dispersion

Message par marpie »

Bonsoir à tous

Effectivement, le métier d'artilleur demande de grandes connaissances techniques.
Pour illuster sur le thème de la dispersion et des zones de sécurité :(Source : Edition de 1922)

Bien amicalement
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marpie
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Re: De la dispersion

Message par marpie »

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pat67
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Re: De la dispersion

Message par pat67 »

Bonsoir à tous,

Merci à Guy François pour cette explication magistrale de la loi de la dispersion. Elle explique toute les difficultés d'atteinte du but. Pour arriver à la justesse du tir sans se satisfaire d'une débauche d'obus cela nécessite un déplacement de l'écart probable autour du point moyen donné par les tables (pour avoir le maximum de coups au but. Malheureusement cela ne suffit pas car il faut également amenener ce point moyen sur la cible que ce soit en portée, en direction et en hauteur (pour les fusants) est ici les calculs les plus parfaits laisseront toujours une erreur de pointage d'où l'importance du réglage du tir. Hors à une méconnaissance souvent imprécise de la distance exacte de l'objectif viennent se joindre les conditions atmosphériques (pression, vent) qui influent également sur la portée, tout comme sur la direction et la hauteur d'éclatement (vitesse de combustion de la fusée).
Ceci oblige à procéder à des tirs de réglage pour déterminer ce que l'on appelle la hausse du jour, la dérive du jour, la correction au débouchage.
Voyez toute la difficulté d'un observateur pour déceler ce point moyen non visible par rapport à la cible alors que le nombre de coups tiré doit rester parcimonieux pour éviter d'éveiller les soupçons de l'ennemi avant une grande offensive. Que dire de l'ALVF qui ne voit pas forcément ses impacts.

Le tir échelonné en fonctions des écarts probables vient par la superposition des groupements résoudre le problème en réalisant une répartition maximum des coups sur la cible.
Face à toutes ces contraintes, on ne peut dire que bravo à nos artilleurs (Petite pensée à l'usure des tubes).

Cordialement
Patrick
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Alain Dubois-Choulik
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Re: De la dispersion

Message par Alain Dubois-Choulik »

ses 88.090 obus devant Valenciennes sont un peu "short" par rapport au 4.000.000 d'obus (bien lire 4 millions d'obus) tirés du 12 au 20 août 1917 lors de l'attaque française dans la région de Verdun (essentiellement sur la Rive Gauche) pour un poids de 120.000 tonnes ou des quantités comparables tirées en Flandres lors de chacune des principales attaques britanniques de l'été 1917.
Bonjour
Il faut croire que je n'étais pas passé voir la réponse de Guy, pour garder les proportions, ce fut en 2 jours, et sur une superficie ne dépassant pas 50ha.
Cordialement
Alain
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