DAHRA
Construit en 1891 aux chantiers de Sunderland sous le nom de CASOS pour l’armement Nicholson & Sons.
Racheté en 1900 par Delmas frères et rebaptisé DAHRA
Longueur 86 m Largeur 11,60 m 2127 tx JB 1353 tx JN
Quitte Tunis le 30 Octobre 1915 pour Avonmouth (Bristol) avec un chargement de 2520 t d’orge. Fait escale à Bizerte le 31 Octobre pour charbonner.
Liste d’équipage
ARCHAMBAUD Louis Capitaine
DARRIGAUD 2e capitaine
BRISOIR Lieutenant
ALBOUY Chef mécanicien
BRIAND 2e mécanicien
BOISARD 3e mécanicien
BAVEY Maître d’équipage
PEBRODO Matelot
HOUCHOUAS Matelot
LORHO Matelot
COFFERNIC Matelot
BAZIN Matelot
GUILLEVIN Matelot
BRAHIM Matelot
LORVOL Novice
MACHEFAUX Mousse
LUETDBERT Cuisinier
BAGNARD Chauffeur
OLLAVREC Chauffeur
DUPOUY Chauffeur
ROUGIER Chauffeur
SAID AHMED Chauffeur Sujet indigène anglais
AHMED ASSANY Chauffeur Sujet Indigène anglais
Rapport du capitaine
Quitté Tunis le 30 Octobre 1915 avec 2500 tonnes d’orge pour Avonmouth. Brise fraîche d’Ouest. Mer peu clapoteuse. Escale à Bizerte le 31 Octobre de 05h30 à 17h30 pour embarquer 10 tonnes de charbon de soute.
Le 4 Novembre, beau temps avec brise fraîche de NW. Horizon clair. A 20 milles au nord du cap de l’Aiguille, entendu des détonations et cru apercevoir un navire faisant des exercices de tir. Pris mes jumelles, lorsqu’un obus passe en sifflant au dessus de la passerelle. Je comprends que nous sommes attaqués par un sous-marin.
Fait déborder les embarcations, stoppé et hissé le signal « Je suis stoppé ». Deux nouveaux obus sont tirés, indiquant l’intention de l’ennemi de nous couler. Fait embarquer l’équipage dans les canots tandis que deux autres obus sont tirés. Embarqué le dernier dans la baleinière de tribord et écarté les canots du bord. Le sous-marin vient près de nous et un matelot demande au porte-voix et en anglais où est le capitaine. Je me fais connaître et le commandant du sous-marin me demande alors les papiers du bord. Je lui réponds en français qu’ils sont restés à bord. Il comprend et me demande à quel endroit. Je lui donne le renseignement et il envoie des hommes à bord de DAHRA, fait amener le pavillon français et fait prendre de vivres à bord.
A 12h 36, explosion sur le DAHRA qui reste à flots sans avaries graves. A 13h45, explosions de dix bombes. Le navire prend de la bande, mais reste à flots. A 14h45, formidable explosion et le DAHRA disparaît.
Navigué toute le nuit pour atteindre la terre. A 08h00 du matin, au cap Carbon, pris en remorque par le vapeur GEORGES HENRI qui allait d’Oran à Mostaganem. Débarqué à Arzew. L’équipage de ce vapeur a fait tout son possible pour nous réconforter.
Il a été impossible de sauver nos effets et les instruments de navigation. Les documents secrets ont été détruits. Les papiers commerciaux, placés dans une serviette, ont été oubliés à bord sur le pont lors de l’abandon. Mais j’aurais de toutes façons été obligé de les remettre au commandant du sous-marin.
Je proteste énergiquement contre cette agression d’un ennemi qui n’a donné aucun avertissement et nous a abandonnés à 20 milles de terre dans un temps incertain.
Rapport de la commission d’enquête
Cette commission d’enquête composée de l’Administrateur de l’Inscription Maritime Novella et de l’EV1 (R) Sicard s’est réunie à Oran du 6 au 8 Novembre 1915
A 20 milles au nord du cap de l’Aiguille le DAHRA est canonné par un sous-marin ennemi. Un obus tombe sur tribord, puis un coup long sur bâbord, montrant que la cible est encadrée. Le DAHRA ayant une vitesse maximum de 8 nœuds, il n’a aucune chance de s’échapper. Il stoppe quand un 3e coup de canon passe au dessus du navire. A 10h30, il hisse le signal « Je suis stoppé ». Un 4e coup de canon tombe à 50 m sur bâbord et un 5e passe au dessus de la chambre de veille.
Evacué le navire tandis que deux projectiles tombent près de la baleinière bâbord. Le capitaine quitte le navire en dernier avec le 2e capitaine. Le sous-marin vient à 10 m des embarcations et son commandant demande les papiers du bord. Le capitaine déclare qu’il les a oubliés à bord. Les Allemands sortent un canot genre Berthon par une écoutille à glissière et 3 hommes se rendent sur le DAHRA, s’approvisionnent en vivres et posent des bombes.
A 12h36, série d’explosions et le sous-marin s’éloigne. A 13h15, 2e série d’explosions qui laissent supposer que l’ennemi est revenu à bord poser d’autres bombes.
A 14h45, violente explosion au centre du navire avec colonne de fumée s’élevant à 150 m, et le DAHRA disparaît instantanément.
Le 5 Novembre, les canots sont rencontrés par le vapeur GEORGES HENRI qui les remorque jusqu’à Arzew.
Observations de la commission
Le DAHRA n’a été coulé qu’après l’abandon, mais les hommes ont été abandonnés en pleine mer, à 20 milles des côtes, avec une mer dure et des vents contraires. Le commandant du sous-marin na pas agi sous la contrainte d’un danger immédiat.
Description du sous-marin
Sous-marin neuf, d’un grand modèle. 75 m de longueur. Pris de loin pour un petit voilier. Deux canons : 90 à 100 mm sur l’avant et plus faible sur l’arrière. Toutefois, le second capitaine (ancien fusilier) l’estime à 90 mm et son témoignage mérite plus de créance que celui du capitaine. Deux tubes lance-torpilles.
Remarquables qualités d’évolution et moteur puissant.
Gris sale uniforme. Semble avoir fait un long voyage.
Les hommes sur le pont étaient en habits de travail avec des bonnets rigides portant des rubans avec une inscription non lisible. Quatre hommes sur le kiosque paraissaient être des officiers.
Voici la silhouette de ce sous-marin dessinée par le chef mécanicien :

Le sous-marin attaquant
C’était l’U 38 du KL Max Valentiner, qui quelques heures plus tard allait aussi couler le vapeur transport de troupe LE CALVADOS.
La position donnée par son KTB est 36°22’ nord et 00°25’ ouest.
Cdlt