UB 49
Sous-marin allemand
Le 9 Septembre 1917, le sous-marin UB 49 du Kapitänleutnant Hans Von Mellenthin, victime d’une avarie, entre dans le port de Cadix où les Espagnols décident de l’interner.
Voici quelques informations recueillies par les services de renseignements français sur la façon dont le sous-marin finit par s’échapper le 6 Octobre.
1er témoin
L’officier de service Carlo Francisco Ibanez ………(suite du nom illisible) sort CAROLINE avec le bateau des pilotes et se dirige vers la grue des travaux du port qui mettait en place des blocs de ciment. Le sous-marin ayant disparu, il demande aux ouvriers s’ils l’ont vu. Ceux-ci répondent que non.
Aussitôt après, il aperçoit le sous-marin près des hauts fonds appelés Cabezuelas, faisant route sur le FREMANTLE (cargo allemand de 5872 t appartenant à la Deutsch-Australischer Dampfs Ges.) Le bateau pilote gouverne sur lui et l’officier dit au commandant de virer de bord, mais celui-ci se cache tout en portant la main sur un instrument. Ne pouvant lutter de vitesse avec le sous-marin, le bateau-pilote revient à 08h30 et l’officier téléphone à la vigie. Le torpilleur n° 11 est envoyé à sa poursuite mais revient à 10h30 sans avoir rien vu.
2e témoin
Mille litres d’huile et quatre barrils d’eau minérale avaient été livrés au sous-marin par des voitures appartenant à Rey, ainsi que par le caudray de Sharffhausen. (Cette information a été donnée par trois personnes différentes).
3e témoin
Le torpilleur n° 11 était de service auprès du sous-marin quand celui-ci a appareillé. (Il ne semble pas avoir alors réagi).
4e témoin
Centeno, associé de Sharffhausen, m’a dit qu’il avait parlé au commandant du sous-marin une heure avant l’appareillage.
Le commandant avait tout d’abord demandé à plusieurs reprises 300 litres de gasoline pour « entretenir ses réservoirs et empêcher la rouille ». Ils ont été à chaque fois livrés.
Puis, il a demandé 10000 litres de gasoline pour « faire des essais ». Le commandant voulait faire des petits essais à quai. Ils ont été livrés.
Les essais ont été faits avec le sous-marin « libre » (dégagé de ses amarres). C’est au 3e ou 4e essai qu’il a opéré sa fuite.
5e témoin
Dans un débit de vin appelé « Antonio » (au coin de l’Alambra et de la rue General Kemacho), Monsieur Salvador Bahigan fils est venu demander l’adresse du commandant allemand qui lui a été donnée. Plus tard, Monsieur Salvador Bahigan père, général gérant l’arsenal de Carraez, ainsi que le consul d’Allemagne, se sont enfermés dans une pièce de l’établissement Telescopia, voisin du débit de vin Antonio. Ils auraient examiné des papiers.
L’arsenal de La Carraez a dépensé 2300 pesetas pour l’achat de matériel destiné aux officiers du sous-marin (mobilier nous a-t-on dit…) Mais ce mobilier est resté sur le quai et n’a jamais été utilisé.
Commentaires
Ces notes des services de renseignements sont fort intéressantes car elles montrent que la neutralité espagnole se relâchait quelque peu en certaines circonstances.
A l’évidence, les autorités espagnoles ont fermé les yeux sur la préparation de la fuite et ont préféré voir ce sous-marin prendre le large au plus vite.
Des centaines de litres de gasoline juste pour éviter la rouille des réservoirs ! Du mobilier pour les officiers ! Des essais amarres larguées ! Il fallait quand même être naïf pour ne pas comprendre…
Le commandant Von MELLENTHIN
Hans Von Mellenthin (25/03/1887 – 12/06/1971) avait pris une part active à la bataille des Dardanelles, en 1915, sur un torpilleur turc.
Il commandera successivement les sous-marins UB 43, UB 49 et U 120 et coulera 56 navires dont les français MOINA, UTRECHT, LE GARD et MECANICIEN DONZEL. Il obtiendra la croix « Pour le Mérite » le 25 Février 1918.
Après la guerre, il servira dans les corps francs (brigade Von Lowenfeldt) avant de devenir homme d’affaires en Amérique du Sud.
Voici sa photo (source uboat.net)

Cdlt