Pouyer-Quertier ― Navire-câblier (1879-1931) ― Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York, apportée, le 1er janvier 1895, à la Société française des câbles télégraphiques, cette dernière prenant alors la dénomination de Compagnie française des câbles télégraphiques.
■ Historique.
― 1869 : Commande à la société londonienne The Telegraph Construction and Maintenance Company Ltd (Telcon) du premier câble sous-marin français reliant Brest au Cap Cod, via Saint-Pierre-et-Miquelon, par la Société du câble transatlantique français, société nouvellement constituée avec l’appui de capitaux britanniques par Julius Reuter, fondateur de l’agence du même nom, et le Baron Émile d'Erlanger.
― 21 juin au 13 juillet 1869 : Pose du tronçon reliant Brest à Saint-Pierre-et-Miquelon par le navire-câblier Great-Eastern (Capitaine Robert Charles Halpin), assisté du Scanderia, du Chiltern, du Hawk et du William-Cory.
― 1873 : Après divers conflits entre actionnaires, absorption de la Société du câble transatlantique français par l’Anglo-American Telegraph Company, ce qui a pour conséquence immédiate de placer la France sous la dépendance exclusive d’un opérateur étranger pour la transmission de ses télégrammes à destination des Etats-Unis.
― 1879 : Pour contrecarrer ce monopole, constitution, par Augustin Thomas Pouyer-Quertier, ancien Ministre des finances dans le cabinet d’Adolphe Thiers (25 févr. 1871 - 5 mars 1872) et ardent défenseur des idées protectionnistes, de la Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York, dont le siège social fut établi à Paris, au 53 bis, rue de Chateaudun (9e Arr.), société plus familièrement dénommée « P.Q. », selon les initiales de son président-fondateur.
― Juin-Novembre 1879 : Pose par le Faraday, câblier lancé en 1874 par le chantier Charles Mitchell & Co Ltd de Newcastle on Tyne (Royaume-Uni), et appartenant à la société britannique Siemens Bros & C° (3, Great George Street, Westminster, Royaume-Uni), avec laquelle avait contracté la Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York, d’un câble principal d’une longueur de 2.242 milles reliant Brest à Saint-Pierre-et-Miquelon, complété par une première extension, d’une longueur de 827 milles, allant de Saint-Pierre-et-Miquelon au Cap Cod, et d’une seconde extension, d’une longueur de 188 milles, allant de Saint-Pierre-et-Miquelon à Louisbourg (Île du Cap Breton, Nouvelle-Écosse). La première extension atteint le Cap Cod le 17 novembre 1879.
― 4 août 1879 : Lancement par le chantier Charles Mitchell & Co Ltd de Newcastle on Tyne (Royaume-Uni)(The Marine Engineer, Sept. 1, 1879), pour le compte de la Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York nouvellement constituée, d’un navire destiné à l’entretien et à la réparation des câbles sous-marins, de même type que le Faraday, mais plus maniable et de dimensions plus restreintes, le Pouyer-Quertier, du nom du président en exercice de ladite compagnie.
Les caractéristiques de ce bâtiment étaient les suivantes : n° de chantier, 388 ; longueur, 85 m ; largeur, 12 m ; port en lourd, 1.800 tonnes ; deux hélices ; vitesse, 10 nœuds ; deux cuves principales. Il avait initialement pour port d’attache Le Havre.
― 20 septembre 1879 : Premiers essais à la mer du Pouyer-Quertier (The Marine Engineer, Nov. 1, 1879).
― 1880 : Pose par le Faraday, pour le compte de la Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York, d’un câble d’une longueur de 151 milles, allant de Brest à Porthcurno (Cornouaille, Royaume-Uni), et destiné à assurer les communications avec Londres. Par la suite, conclusion plus ou moins contrainte avec l’Anglo-American Telegraph Company d’un accord établissant des règles de partage des redevances d’utilisation des réseaux.
― 2 avril 1891 : Décès à Rouen (Seine-Maritime) d’Augustin Pouyer-Quertier.
― 1er janvier 1895 : Apport de la Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York à la Société française des câbles télégraphiques, cette dernière prenant alors la dénomination de Compagnie française des câbles télégraphiques (Paris-Capital, n° 1, Mercredi 9 janv. 1895, p. 3 – Compte-rendu de l’Assemblée générale extraordinaire des actionnaires, réunie le 12 déc. 1894, sous la présidence du vice-amiral Jules Caubet), mais demeurant néanmoins connue sous son nom de fantaisie « P.Q. ».
A compter de la même date, la compagnie prend la possession effective des câbles et de l’actif industriel ― et donc du navire-câblier Pouyer-Quertier ―, objet de l’apport de la Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York. Le capital est alors porté à 24 millions de francs. Différentes modifications, résultant tant du changement de dénomination que de l’augmentation de capital, sont alors apportées aux statuts initiaux, adoptés en 1888 par l’assemblée générale constitutive (Paris-Capital, n° 1, Mercredi 9 janv. 1895, p. 3). En revanche, le siège social demeure établi à Paris, au 38, avenue de l’Opéra (IIe Arr.).
― 1896 : Transfert du Pouyer-Quertier du Havre aux Antilles, où il demeurera attaché jusqu’à sa démolition, qui interviendra en 1931.
― 1897-1898 : Pour le compte de la Société française des câbles télégraphiques, fabrication dans les ateliers de Calais de la Société industrielle des téléphones et pose en quatre campagnes par son navire câblier, le François-Arago, d’un nouveau câble entre Brest et le Cap Cod, câble dit « Direct », d’une longueur de 3.173 milles.
― 1898 : Abandon par la Société française des câbles télégraphiques du premier câble reliant Brest au Cap Cod, via Saint-Pierre-et-Miquelon, liaison qui atterrissait à Duxbury (Massachussetts, U.S.A.).
― 1899 : Pose d’une extension du câble dit « Direct » entre le Cap Cod et Coney Island (État de New-York, U.S.A.).
― 8 au 12 mai 1902 : A la Martinique, après l’éruption de la Montagne Pelée, recueille, avec le croiseur danois Valkyrien et le Suchet (Commandant Le Bris), croiseur de la défense fixe de Fort-de-France, un grand nombre de rescapés de la catastrophe entre le village de Grande-Rivière et celui du Pêcheur et les conduit en plusieurs voyages à Fort-de-France (Jean HESS : « La catastrophe de la Martinique. Notes d’un reporter », Paris, Eugène Fasquelle, éd., 1902, p. 186 et s. : « Les observations du Pouyer-Quertier. La suite exacte des phénomènes. »).
Le Pouyer-Quertier était alors commandé par M.Thirion, qui avait pour second M. Hamon (Ibid., p. 192).
― 1929 : Abandon par la Société française des câbles télégraphiques du deuxième câble dit « Direct » reliant Brest au Cap Cod, à la suite de son endommagement par un tremblement de terre survenu au Sud de Terre-Neuve. Après avoir été réparé par le navire-câblier Pierre-Picard – ex-Edouard-Jéramec – lors du premier semestre 1949, il sera toutefois remis en service en 1952.
― 1931 : Démolition du Pouyer-Quertier.
■ Historique.
― 1869 : Commande à la société londonienne The Telegraph Construction and Maintenance Company Ltd (Telcon) du premier câble sous-marin français reliant Brest au Cap Cod, via Saint-Pierre-et-Miquelon, par la Société du câble transatlantique français, société nouvellement constituée avec l’appui de capitaux britanniques par Julius Reuter, fondateur de l’agence du même nom, et le Baron Émile d'Erlanger.
― 21 juin au 13 juillet 1869 : Pose du tronçon reliant Brest à Saint-Pierre-et-Miquelon par le navire-câblier Great-Eastern (Capitaine Robert Charles Halpin), assisté du Scanderia, du Chiltern, du Hawk et du William-Cory.
― 1873 : Après divers conflits entre actionnaires, absorption de la Société du câble transatlantique français par l’Anglo-American Telegraph Company, ce qui a pour conséquence immédiate de placer la France sous la dépendance exclusive d’un opérateur étranger pour la transmission de ses télégrammes à destination des Etats-Unis.
― 1879 : Pour contrecarrer ce monopole, constitution, par Augustin Thomas Pouyer-Quertier, ancien Ministre des finances dans le cabinet d’Adolphe Thiers (25 févr. 1871 - 5 mars 1872) et ardent défenseur des idées protectionnistes, de la Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York, dont le siège social fut établi à Paris, au 53 bis, rue de Chateaudun (9e Arr.), société plus familièrement dénommée « P.Q. », selon les initiales de son président-fondateur.
― Juin-Novembre 1879 : Pose par le Faraday, câblier lancé en 1874 par le chantier Charles Mitchell & Co Ltd de Newcastle on Tyne (Royaume-Uni), et appartenant à la société britannique Siemens Bros & C° (3, Great George Street, Westminster, Royaume-Uni), avec laquelle avait contracté la Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York, d’un câble principal d’une longueur de 2.242 milles reliant Brest à Saint-Pierre-et-Miquelon, complété par une première extension, d’une longueur de 827 milles, allant de Saint-Pierre-et-Miquelon au Cap Cod, et d’une seconde extension, d’une longueur de 188 milles, allant de Saint-Pierre-et-Miquelon à Louisbourg (Île du Cap Breton, Nouvelle-Écosse). La première extension atteint le Cap Cod le 17 novembre 1879.
― 4 août 1879 : Lancement par le chantier Charles Mitchell & Co Ltd de Newcastle on Tyne (Royaume-Uni)(The Marine Engineer, Sept. 1, 1879), pour le compte de la Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York nouvellement constituée, d’un navire destiné à l’entretien et à la réparation des câbles sous-marins, de même type que le Faraday, mais plus maniable et de dimensions plus restreintes, le Pouyer-Quertier, du nom du président en exercice de ladite compagnie.
Les caractéristiques de ce bâtiment étaient les suivantes : n° de chantier, 388 ; longueur, 85 m ; largeur, 12 m ; port en lourd, 1.800 tonnes ; deux hélices ; vitesse, 10 nœuds ; deux cuves principales. Il avait initialement pour port d’attache Le Havre.
― 20 septembre 1879 : Premiers essais à la mer du Pouyer-Quertier (The Marine Engineer, Nov. 1, 1879).
― 1880 : Pose par le Faraday, pour le compte de la Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York, d’un câble d’une longueur de 151 milles, allant de Brest à Porthcurno (Cornouaille, Royaume-Uni), et destiné à assurer les communications avec Londres. Par la suite, conclusion plus ou moins contrainte avec l’Anglo-American Telegraph Company d’un accord établissant des règles de partage des redevances d’utilisation des réseaux.
― 2 avril 1891 : Décès à Rouen (Seine-Maritime) d’Augustin Pouyer-Quertier.
― 1er janvier 1895 : Apport de la Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York à la Société française des câbles télégraphiques, cette dernière prenant alors la dénomination de Compagnie française des câbles télégraphiques (Paris-Capital, n° 1, Mercredi 9 janv. 1895, p. 3 – Compte-rendu de l’Assemblée générale extraordinaire des actionnaires, réunie le 12 déc. 1894, sous la présidence du vice-amiral Jules Caubet), mais demeurant néanmoins connue sous son nom de fantaisie « P.Q. ».
A compter de la même date, la compagnie prend la possession effective des câbles et de l’actif industriel ― et donc du navire-câblier Pouyer-Quertier ―, objet de l’apport de la Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York. Le capital est alors porté à 24 millions de francs. Différentes modifications, résultant tant du changement de dénomination que de l’augmentation de capital, sont alors apportées aux statuts initiaux, adoptés en 1888 par l’assemblée générale constitutive (Paris-Capital, n° 1, Mercredi 9 janv. 1895, p. 3). En revanche, le siège social demeure établi à Paris, au 38, avenue de l’Opéra (IIe Arr.).
― 1896 : Transfert du Pouyer-Quertier du Havre aux Antilles, où il demeurera attaché jusqu’à sa démolition, qui interviendra en 1931.
― 1897-1898 : Pour le compte de la Société française des câbles télégraphiques, fabrication dans les ateliers de Calais de la Société industrielle des téléphones et pose en quatre campagnes par son navire câblier, le François-Arago, d’un nouveau câble entre Brest et le Cap Cod, câble dit « Direct », d’une longueur de 3.173 milles.
― 1898 : Abandon par la Société française des câbles télégraphiques du premier câble reliant Brest au Cap Cod, via Saint-Pierre-et-Miquelon, liaison qui atterrissait à Duxbury (Massachussetts, U.S.A.).
― 1899 : Pose d’une extension du câble dit « Direct » entre le Cap Cod et Coney Island (État de New-York, U.S.A.).
― 8 au 12 mai 1902 : A la Martinique, après l’éruption de la Montagne Pelée, recueille, avec le croiseur danois Valkyrien et le Suchet (Commandant Le Bris), croiseur de la défense fixe de Fort-de-France, un grand nombre de rescapés de la catastrophe entre le village de Grande-Rivière et celui du Pêcheur et les conduit en plusieurs voyages à Fort-de-France (Jean HESS : « La catastrophe de la Martinique. Notes d’un reporter », Paris, Eugène Fasquelle, éd., 1902, p. 186 et s. : « Les observations du Pouyer-Quertier. La suite exacte des phénomènes. »).
Le Pouyer-Quertier était alors commandé par M.Thirion, qui avait pour second M. Hamon (Ibid., p. 192).
― 1929 : Abandon par la Société française des câbles télégraphiques du deuxième câble dit « Direct » reliant Brest au Cap Cod, à la suite de son endommagement par un tremblement de terre survenu au Sud de Terre-Neuve. Après avoir été réparé par le navire-câblier Pierre-Picard – ex-Edouard-Jéramec – lors du premier semestre 1949, il sera toutefois remis en service en 1952.
― 1931 : Démolition du Pouyer-Quertier.
___________________________________________________________________________________________
Sources
― Gallica (Périodiques, revues et livres).
― Groupe de recherche en archéologie navale (G.R.A.N.) : « Les câbles sous-marins dans l’avant-goulet de Brest. »(www.archeonavale.org /pdf/cordeliere/cables.pdf).
― Bill GLOVER : « History of the Atlantic Cable & Undersea Communications from the first submarine cable of 1850 to the worldwide network. » (atlantic-cable.com ― Remarquable site).
― Groupe de recherche en archéologie navale (G.R.A.N.) : « Les câbles sous-marins dans l’avant-goulet de Brest. »(www.archeonavale.org /pdf/cordeliere/cables.pdf).
― Bill GLOVER : « History of the Atlantic Cable & Undersea Communications from the first submarine cable of 1850 to the worldwide network. » (atlantic-cable.com ― Remarquable site).
____________________________________________________________________________________________
L’origine du nom du navire-câblier
Le navire-câblier tenait son nom d’Augustin Thomas Pouyer-Quertier, né le 2 septembre 1820 à Étoutteville-en-Caux (Seine-Maritime), fils d’Augustin (1795-1873), cultivateur et tisserand, et de Félicité Quertier (1801-1871), et décédé à Rouen (Seine-Maritime), le 2 avril 1891.
Ancien élève de l’École polytechnique, il fut Ministre des Finances dans le cabinet d’Adolphe Thiers (25 févr. 1871 - 5 mars 1872) et, à ce titre, plénipotentiaire chargé, après la défaite de 1870 et en compagnie du colonel Laussedat, de négocier avec Otton de Bismarck Shoenhausen les frontières nouvelles de la France. On a pu écrire à ce propos : « Les plus puissantes qualités œnophiles et gastronomiques de Pouyer-Quertier lui ont plus souvent servi contre M. de Bismarck que les plus vastes théories de l’économie politique. » (A. Callet : « La cuisine française », La Nouvelle Revue, T. XXXI, 1er sept. 1917, p. 87).
Ancien élève de l’École polytechnique, il fut Ministre des Finances dans le cabinet d’Adolphe Thiers (25 févr. 1871 - 5 mars 1872) et, à ce titre, plénipotentiaire chargé, après la défaite de 1870 et en compagnie du colonel Laussedat, de négocier avec Otton de Bismarck Shoenhausen les frontières nouvelles de la France. On a pu écrire à ce propos : « Les plus puissantes qualités œnophiles et gastronomiques de Pouyer-Quertier lui ont plus souvent servi contre M. de Bismarck que les plus vastes théories de l’économie politique. » (A. Callet : « La cuisine française », La Nouvelle Revue, T. XXXI, 1er sept. 1917, p. 87).
Carrière professionnelle
— Président-fondateur de la Société des filatures et tissages Pouyer-Quertier, dont le siège social était établi au Petit-Quevilly (Seine-Maritime), au lieu-dit La Foudre.
— Président-fondateur de la Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York.
— Président de la Chambre de commerce de Rouen.
— Administrateur de la succursale rouennaise de la Banque de France.
— Administrateur de la Banque parisienne.
— Président-fondateur de la Compagnie française du télégraphe de Paris à New-York.
— Président de la Chambre de commerce de Rouen.
— Administrateur de la succursale rouennaise de la Banque de France.
— Administrateur de la Banque parisienne.
Mandats électifs
— 1852 : Conseiller général du canton de Fleury-sur-Andelle (Eure).
— 1854 à 1891 : Maire de Fleury-sur-Andelle (Eure).
— 1857 à 1876 : Député de la Seine-Inférieure de 1857 à 1876.
— 1876 à 1891 : Sénateur de la Seine-Inférieure.
___________________________________________________________________________________________
• « Dictionnaire des Parlementaires français, comprenant tous les membres des Assemblées françaises et tous les Ministre français. Depuis le 1er mai 1789 jusqu’au 1er mai 1889, avec les noms, état-civil, états de service, actes politiques, votes parlementaires, etc., publié sous la direction de MM. Adolphe ROBERT, Edgard BOURLOTON et Gaston COUGNY », Paris, Bourloton Éditeur, Paris, 1891, Tome V., p. 37 et 38 :
« POUYER-QUERTIER (AUGUSTIN-THOMAS), député de 1857 à 1869, représentant en 1871, ministre, membre du Sénat, né à Ettouteville-en-Caux (Seine-Inférieure) le 2 septembre 1820, eut des commencements difficiles, mais, à force de travail, devint un des principaux manufacturiers de la Seine-Inférieure. Maire de Fleury-sur-Andelle en 1854, membre du conseil général de la Seine-Inférieure, de la chambre de commerce de Rouen, administrateur de la succursale de la Banque de France établie à Rouen, président du comité de secours pour les ouvriers cantonniers, il acquit dans la région une haute situation commerciale et industrielle qui le désigna, le 22 juin 1857, aux suffrages des électeurs de la 1re circonscription de la Seine-Inférieure ; élu, avec l'appui du gouvernement impérial, député au Corps législatif, par 9.083 voix (16.746 votants, 31.386 inscrits), contre 5.144 à M. Achille Lemasson, et 2.357 à M. Levavasseur, il prit place dans les rangs de la droite dynastique, dont il partagea les opinions en matière politique. D'autre part, il se fit, à l'encontre des orateurs du gouvernement, le champion des idées protectionnistes : le traité de commerce conclu avec l'Angleterre n'eut pas d'adversaire plus déterminé que lui. M. Pouyer-Quertier se fit à cet égard l'interprète des vives réclamations des départements du Nord, et intervint dans toutes les grandes discussions économiques, pour combattre les privilèges des grandes compagnies de chemins de fer, et pour réclamer l'abaissement des tarifs dans l'intérêt du commerce national. Réélu, le 1er juin 1863, par 1.907 voix (20.845 votants, 27.960 inscrits), contre 8.114 à M. Desseaux et 1.766 à M. Levavasseur, il poursuivit, dans la nouvelle législature, la campagne qu'il avait précédemment entreprise, porta plusieurs fois la parole au nom du commerce français, et se déclara partisan d'une réorganisation de la navigation intérieure, dont les monopoles entravaient l'exercice. Il attaqua avec persistance l'administration du chemin de fer du Midi et les entreprises des frères Péreire, adressa de vifs reproches à l'institution du Crédit foncier (mars 1869), et fut aussi opposé au régime économique établi par l'Empire qu'il s'était toujours montré fidèle à la politique du même gouvernement. Aussi le bénéfice de la candidature officielle lui fut-il retiré, aux élections du 24 mai 1869: il échoua alors avec 11.450 voix contre 11.936 à l'élu de l'opposition, M. Desseaux ; puis il se porta candidat dans la 3e circonscription de Paris, au scrutin complémentaire de novembre suivant; il eut 9.699 voix contre 20.781 à M. Crémieux, de l'opposition démocratique. Il ne perdit pas courage, multiplia les réunions, les meetings, dans l'intérêt des doctrines économiques qu'il représentait, et dut des succès oratoires assez vits à l'animation familière qui colorait ses discours. Les défenseurs du protectionnisme au Corps législatif, en janvier 1870, à propos des traités de commerce, s'inspirèrent de ses idées et se réclamèrent de son autorité : la même année, un banquet lui fut offert par ses amis. Le 8 février 1871, M. Pouyer-Quertier fut élu représentant de la Seine-Inférieure à l'Assemblée nationale, le 4e sur 16, par 80.287 voix (120.899 votants, 203.718 inscrits). Le 25 du même mois, Thiers lui confia le portefeuille des Finances. C'est en cette qualité qu'il concourut, avec Jules Favre, aux négociations du traité de paix définitif avec l'Allemagne : il se rendit à Francfort, puis à Berlin, et passa pour avoir facilité l'issue des négociations par la bonne humeur inaltérable dont il fit preuve dans ses relations avec l'empereur Guillaume et avec M. de Bismarck. De retour en France, il prépara l'émission de l'emprunt de deux milliards cinq cents millions, dont le succès fut tel, que l'ensemble des souscriptions dépassa huit milliards. Il présenta à l'Assemblée une série d'impôts, concernant les allumettes, le sucre, les tabacs, les postes, le papier timbré, l'enregistrement, les alcools, les licences des débits de boissons, les cartes à jouer, les billards, le thé, le café et les matières premières. De ces diverses mesures, celle qui visait les matières premières fut l'objet de la lutte la plus vive : Thiers y prit une grande part personnelle et n'obtint pas gain de cause, car, sur la proposition de M. Feray, l'Assemblée, le 19 janvier 1872, déclara qu'elle ne reviendrait à l'impôt réclamé par le ministre qu'après avoir épuisé toutes les autres matières imposables. Un autre incident devait, à peu de jours de là, entraîner la démission du ministre : cité comme témoin dans le procès de l'ancien préfet de l'Eure, M. Janvier de la Motte, que le gouvernement avait traduit aux assises de la Seine-Inférieure, M. Pouyer-Quertier chercha à justifier le système des virements et des mandats fictifs ; l'opinion publique et l'Assemblée s'émurent, et MM. Dufaure et Casimir Périer, ministres, mirent le chef du pouvoir exécutif en demeure de se séparer de M. Pouyer-Quertier, qui se retira en effet le 5 mars 1872, non sans avoir fait entendre à l'Assemblée sa propre apologie. Il fut alors nommé vice-président du conseil supérieur de l'agriculture, du commerce et de l'industrie, M. Pouyer-Quertier, qui avait voté pour la paix, pour les prières publiques, pour l'abrogation des lois d’exil, pour le pouvoir constituant de l'Assemblée, prit place au centre droit, s'associa à la coalition qui devait renverser Thiers le 24 mai 1873, combattit le projet déposé en juillet 1872 par M. Casimir Périer, d'un impôt sur les bénéfices nets de la Banque du commerce et de l'industrie, et ne perdit aucune occasion d'affirmer ses idées économiques. Il soutint le ministère de Broglie, et opina pour le septennat, pour la loi des maires, pour l'état de siège, contre l'amendement Wallon, contre l'ensemble des lois constitutionnelles. Elu sénateur de la Seine-Inférieure, le 30 janvier 1876, par 621 voix (867 votants), il s'assit au centre droit, refusant, malgré les avances qui lui furent faites, de s'inscrire au groupe de l'Appel au peuple, présida (décembre) la commission du budget, et après l'acte du 16 mai 1877, se prononça pour la dissolution de la Chambre des députés. Toutefois il ne fut pas de ceux qui partagèrent les espérances et les responsabilités de l'entreprise tentée au nom du maréchal de Mac-Mahon par les chefs de la droite, il n'accepta aucun portefeuille, et resta en dehors de la politique militante, se bornant à traiter, toujours dans le sens protectionniste, les questions purement économiques. Infatigable adversaire du libre-échange, il attaqua vivement la modification de l'impôt sur les chèques, et en obtint le rejet par le Sénat, (19 septembre 1878). A l'occasion de la discussion qui s'ouvrit ensuite sur le tarif général des douanes, M. Pouyer-Quertier, rapporteur de la commission, commença par provoquer dans les principales villes manufacturières de grands meetings protectionnistes, puis il engagea, avec sa verve accoutumée, la lutte devant la Chambre haute (janvier 1881). Il se prononça contre l'article 7 de la loi sur l'enseignement supérieur, opina avec la droite contre les divers ministères républicains qui se succédèrent au pouvoir, fut réélu sénateur, le 8 janvier 1882, par 527 voix (869 votants), soutint les nouveaux traités de commerce protectionnistes (mars 1882), critiqua (novembre 1883) les nouvelles conventions sur les chemins de fer, et vota contre la réforme judiciaire, contre le rétablissement du divorce, contre les crédits de l'expédition du Tonkin, contre l'expulsion des princes, contre la nouvelle loi militaire, et, en dernier lieu, pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (13 février 1889), contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse, contre la procédure de la Haute Cour contre le général Boulanger. Aux élections législatives de 1885, il s'était porté candidat à la Chambre des députés en tête de la liste monarchiste de la Seine-Inférieure ; mais il ne réunit que 62.983 voix (149.546 votants). Conseiller général de la Seine-Inférieure pour le canton de Fleury-sur-Andelle, grand officier de la Légion d'honneur (19 octobre 1871). On a de lui : Meetings agricoles, industriels et maritimes. »
____________________________________________________________________________________________« POUYER-QUERTIER (AUGUSTIN-THOMAS), député de 1857 à 1869, représentant en 1871, ministre, membre du Sénat, né à Ettouteville-en-Caux (Seine-Inférieure) le 2 septembre 1820, eut des commencements difficiles, mais, à force de travail, devint un des principaux manufacturiers de la Seine-Inférieure. Maire de Fleury-sur-Andelle en 1854, membre du conseil général de la Seine-Inférieure, de la chambre de commerce de Rouen, administrateur de la succursale de la Banque de France établie à Rouen, président du comité de secours pour les ouvriers cantonniers, il acquit dans la région une haute situation commerciale et industrielle qui le désigna, le 22 juin 1857, aux suffrages des électeurs de la 1re circonscription de la Seine-Inférieure ; élu, avec l'appui du gouvernement impérial, député au Corps législatif, par 9.083 voix (16.746 votants, 31.386 inscrits), contre 5.144 à M. Achille Lemasson, et 2.357 à M. Levavasseur, il prit place dans les rangs de la droite dynastique, dont il partagea les opinions en matière politique. D'autre part, il se fit, à l'encontre des orateurs du gouvernement, le champion des idées protectionnistes : le traité de commerce conclu avec l'Angleterre n'eut pas d'adversaire plus déterminé que lui. M. Pouyer-Quertier se fit à cet égard l'interprète des vives réclamations des départements du Nord, et intervint dans toutes les grandes discussions économiques, pour combattre les privilèges des grandes compagnies de chemins de fer, et pour réclamer l'abaissement des tarifs dans l'intérêt du commerce national. Réélu, le 1er juin 1863, par 1.907 voix (20.845 votants, 27.960 inscrits), contre 8.114 à M. Desseaux et 1.766 à M. Levavasseur, il poursuivit, dans la nouvelle législature, la campagne qu'il avait précédemment entreprise, porta plusieurs fois la parole au nom du commerce français, et se déclara partisan d'une réorganisation de la navigation intérieure, dont les monopoles entravaient l'exercice. Il attaqua avec persistance l'administration du chemin de fer du Midi et les entreprises des frères Péreire, adressa de vifs reproches à l'institution du Crédit foncier (mars 1869), et fut aussi opposé au régime économique établi par l'Empire qu'il s'était toujours montré fidèle à la politique du même gouvernement. Aussi le bénéfice de la candidature officielle lui fut-il retiré, aux élections du 24 mai 1869: il échoua alors avec 11.450 voix contre 11.936 à l'élu de l'opposition, M. Desseaux ; puis il se porta candidat dans la 3e circonscription de Paris, au scrutin complémentaire de novembre suivant; il eut 9.699 voix contre 20.781 à M. Crémieux, de l'opposition démocratique. Il ne perdit pas courage, multiplia les réunions, les meetings, dans l'intérêt des doctrines économiques qu'il représentait, et dut des succès oratoires assez vits à l'animation familière qui colorait ses discours. Les défenseurs du protectionnisme au Corps législatif, en janvier 1870, à propos des traités de commerce, s'inspirèrent de ses idées et se réclamèrent de son autorité : la même année, un banquet lui fut offert par ses amis. Le 8 février 1871, M. Pouyer-Quertier fut élu représentant de la Seine-Inférieure à l'Assemblée nationale, le 4e sur 16, par 80.287 voix (120.899 votants, 203.718 inscrits). Le 25 du même mois, Thiers lui confia le portefeuille des Finances. C'est en cette qualité qu'il concourut, avec Jules Favre, aux négociations du traité de paix définitif avec l'Allemagne : il se rendit à Francfort, puis à Berlin, et passa pour avoir facilité l'issue des négociations par la bonne humeur inaltérable dont il fit preuve dans ses relations avec l'empereur Guillaume et avec M. de Bismarck. De retour en France, il prépara l'émission de l'emprunt de deux milliards cinq cents millions, dont le succès fut tel, que l'ensemble des souscriptions dépassa huit milliards. Il présenta à l'Assemblée une série d'impôts, concernant les allumettes, le sucre, les tabacs, les postes, le papier timbré, l'enregistrement, les alcools, les licences des débits de boissons, les cartes à jouer, les billards, le thé, le café et les matières premières. De ces diverses mesures, celle qui visait les matières premières fut l'objet de la lutte la plus vive : Thiers y prit une grande part personnelle et n'obtint pas gain de cause, car, sur la proposition de M. Feray, l'Assemblée, le 19 janvier 1872, déclara qu'elle ne reviendrait à l'impôt réclamé par le ministre qu'après avoir épuisé toutes les autres matières imposables. Un autre incident devait, à peu de jours de là, entraîner la démission du ministre : cité comme témoin dans le procès de l'ancien préfet de l'Eure, M. Janvier de la Motte, que le gouvernement avait traduit aux assises de la Seine-Inférieure, M. Pouyer-Quertier chercha à justifier le système des virements et des mandats fictifs ; l'opinion publique et l'Assemblée s'émurent, et MM. Dufaure et Casimir Périer, ministres, mirent le chef du pouvoir exécutif en demeure de se séparer de M. Pouyer-Quertier, qui se retira en effet le 5 mars 1872, non sans avoir fait entendre à l'Assemblée sa propre apologie. Il fut alors nommé vice-président du conseil supérieur de l'agriculture, du commerce et de l'industrie, M. Pouyer-Quertier, qui avait voté pour la paix, pour les prières publiques, pour l'abrogation des lois d’exil, pour le pouvoir constituant de l'Assemblée, prit place au centre droit, s'associa à la coalition qui devait renverser Thiers le 24 mai 1873, combattit le projet déposé en juillet 1872 par M. Casimir Périer, d'un impôt sur les bénéfices nets de la Banque du commerce et de l'industrie, et ne perdit aucune occasion d'affirmer ses idées économiques. Il soutint le ministère de Broglie, et opina pour le septennat, pour la loi des maires, pour l'état de siège, contre l'amendement Wallon, contre l'ensemble des lois constitutionnelles. Elu sénateur de la Seine-Inférieure, le 30 janvier 1876, par 621 voix (867 votants), il s'assit au centre droit, refusant, malgré les avances qui lui furent faites, de s'inscrire au groupe de l'Appel au peuple, présida (décembre) la commission du budget, et après l'acte du 16 mai 1877, se prononça pour la dissolution de la Chambre des députés. Toutefois il ne fut pas de ceux qui partagèrent les espérances et les responsabilités de l'entreprise tentée au nom du maréchal de Mac-Mahon par les chefs de la droite, il n'accepta aucun portefeuille, et resta en dehors de la politique militante, se bornant à traiter, toujours dans le sens protectionniste, les questions purement économiques. Infatigable adversaire du libre-échange, il attaqua vivement la modification de l'impôt sur les chèques, et en obtint le rejet par le Sénat, (19 septembre 1878). A l'occasion de la discussion qui s'ouvrit ensuite sur le tarif général des douanes, M. Pouyer-Quertier, rapporteur de la commission, commença par provoquer dans les principales villes manufacturières de grands meetings protectionnistes, puis il engagea, avec sa verve accoutumée, la lutte devant la Chambre haute (janvier 1881). Il se prononça contre l'article 7 de la loi sur l'enseignement supérieur, opina avec la droite contre les divers ministères républicains qui se succédèrent au pouvoir, fut réélu sénateur, le 8 janvier 1882, par 527 voix (869 votants), soutint les nouveaux traités de commerce protectionnistes (mars 1882), critiqua (novembre 1883) les nouvelles conventions sur les chemins de fer, et vota contre la réforme judiciaire, contre le rétablissement du divorce, contre les crédits de l'expédition du Tonkin, contre l'expulsion des princes, contre la nouvelle loi militaire, et, en dernier lieu, pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (13 février 1889), contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse, contre la procédure de la Haute Cour contre le général Boulanger. Aux élections législatives de 1885, il s'était porté candidat à la Chambre des députés en tête de la liste monarchiste de la Seine-Inférieure ; mais il ne réunit que 62.983 voix (149.546 votants). Conseiller général de la Seine-Inférieure pour le canton de Fleury-sur-Andelle, grand officier de la Légion d'honneur (19 octobre 1871). On a de lui : Meetings agricoles, industriels et maritimes. »