ELISABETH
Trois-mâts barque à coffre lancé le 10 Mai 1899 aux chantiers de Quevilly (ex-chantiers Laporte) pour le compte de l’armement Thibergien et fils, de Tourcoing.
Voilier du type CANROBERT des voiliers Nantais
Longueur 80 m Largeur 12,20 m
2061 tx JB 3000 tpl
Pris au neuvage par le capitaine Ancelin.
Quitta Rouen le 13 Septembre 1899 pour son premier voyage et passa sous le pont transbordeur, ne laissant que 1,60m entre la pomme de son grand mât haut de 52 m et le tablier du pont. Sans doute un beau spectacle !
Le navire fit essentiellement ses premiers voyages sur l’Australie et fut pris en gérance en 1903 par l’armement Prentout.
En 1905 il était commandé par le capitaine Martin, jeune officier de 27 ans qui venait de faire la connaissance, au Danemark, de celle qui allait devenir son épouse. Ils se marièrent à Christiana et Madame Martin embarqua pour le voyage jusqu’à Melbourne avec retour sur Falmouth via le Horn.
Leur premier enfant, un petit garçon, naquit en mer, juste après le passage du cap Horn, dans les environs des îles Malouines, ce qui demeure un évènement assez exceptionnel dans l’histoire des grands voiliers cap-horniers. Plus tard, le garçon devint lui aussi capitaine au long cours.
La perte de l’ELISABETH
Le 3 Juin 1917 ELISABETH fait route à l’est à environ 3 nœuds, à 27 milles dans le SW de Lizard.
Il est armé par Tiberghien et Fils, de Tourcoing, et arrive de Pisagua, au Chili, avec 2680 tonnes de nitrate.
Il est placé sous le commandement du capitaine Joseph PRIGENT, CLC, inscrit à Morlaix. Le capitaine Prigent a sous ses ordres 22 hommes d’équipage, ainsi que deux passagers (inscrits maritimes rapatriés après hospitalisation à Iquique).
Faible brise de sud et longue houle de SW.
A 17h00, un sous-marin est aperçu à 2,5 milles dans le nord. En moins de deux minutes, il tire trois coups de canon. Le premier obus tombe à 50 m à tribord arrière, le 2e à bâbord et le 3e à tribord avant. Le voilier est bien encadré.
Le capitaine fait alors amener les perroquets volants et mettre la barre toute à gauche pour empanner.
Le navire étant vent arrière, les baleinières sont mises à l’eau. Celle de tribord prend 14 hommes sous les ordres du capitaine et celle de bâbord, plus petite, 10 hommes sous les ordres du second. Le capitaine quitte le voilier en dernier avec les papiers du bord.
Puis les canots restent à environ 50 m du voilier, le capitaine espérant pouvoir reprendre possession de son navire si le sous-marin s’éloignait.
Les embarcations restèrent sur place, sans rien voir, jusqu’à 17h50. Personne ne vit le sous-marin qui avait du plonger et émerger de l’autre côté du voilier. Mais à 17h50, ils perçurent trois explosions assez fortes, distinctes, et faisant à chaque fois monter une colonne de fumée noire. ELISABETH prit immédiatement de la gite sur tribord, puis coula en dix minutes.
Les canots se mirent en route, passant sur les lieux où flottaient quelques épaves. C’est alors que le sous-marin fit surface près des embarcations. Le capitaine Prigent fut alors interrogé par un individu (sic) portant manteau et casquette et parlant très correctement anglais (nota : on peut supposer que cet individu est le commandant du sous-marin !)
Il demanda nom du navire, cargaison, provenance et destination, mais pas les papiers.
Le sous-marin mesurait environ 40 m et portait un canon d’environ 100 mm sur l’avant ainsi que deux armes de très petit calibre sur le kiosque, une de chaque côté.Il y avait un périscope, une filière pare-mines double de chaque bord. La peinture, grise, était propre. Le sous-marin a disparu, en demi plongée, route vers l’ouest.
Les embarcations mirent alors à la voile et arrivèrent le 4 Juin à 04h00 à 8 milles dans l’ouest de Lizard où elles furent recueillies par un patrouilleur anglais qui déposa les naufragés à Falmouth.
Voici la silhouette du sous-marin dessinée suivant les indication du capitaine Prigent, ainsi que la conclusion de la commission d’enquête.
On notera que, malgré les trois obus qui l’avaient encadré, la commission estime que le capitaine Prigent aurait pu prendre son temps avant d’évacuer son navire (non armé).

Le sous-marin attaquant
C’était l’UC 29 de l’OL Ernst Rosenow. La position donnée est 49°54 N 05°05 W
D’après la dbase d’Yves, Ernst Rosenow trouvera la mort 4 jours plus tard en mer d’Irlande après avoir endommagé le navire anglais PARGUST. Mais son sous-marin lui aurait survécu puisqu’on le retrouve en Août 17 sous les ordres de l’OL Erich Wiesenbach ?
Cdlt