Bonjour à tous,
SAINT JOSEPH
Rapport du capitaine Luc de Malglaive
Quitté Corfou le 27 Août 1917 à 16h00, par les passes sud, en convoi avec VOLTAIRE II, escortés par RORQUAL et RICHELIEU. Le commandant était Monsieur R. Bruyat.
Le 28 Août, le navire est par 38°30 N et 17°35 E. Très beau temps.
Etant sur le pont, j'entends le commandant qui ordonne "Barre toute à gauche". Regardant la mer, je vois à 300 m sur tribord le sillage d'une torpille pointant droit sur nous. Quelques secondes plus tard, elle nous frappe exactement au milieu, sous les marques de franc-bord, dans les soutes latérales et la chaufferie. Le commandant donne l'ordre d'évacuer. Les canots sont amenés et la majorité de l'équipage évacue dans le plus grand calme, sous les ordres des lieutenants Albert Arman et Marcel Foucque.
Pendant ce temps, aidé par le chef mécanicien Monsieur Renguet et le matelot Le Restif, je fais une reconnaissance des cloisons étanches des cales 2 et 3 qui pourraient céder, les compartiments machine et chaufferie étant envahis. Elles résistent parfaitement et j'en rends compte au commandant qui me donne l'ordre de passer une remorque au RORQUAL.
A 12h25, aidé par le matelot Le Restif et le maître commis Ranchère, je réussis l'opération et le chef mécanicien embraye la barre manuelle.
A ce moment, le maître commis m'informe que le commandant Bruyat est mourant. Je prends le commandement et fais revenir à bord 4 matelots et 3 cannoniers pour assurer la manœuvre et l'armement de la pièce arrière.
A 12h30, je constate le décès du commandant Bruyat. J'ai aussi acquis la certitude que le chauffeur Ernest Merrer, qui était de quart dans la chaufferie au moment de l'explosion, a disparu.
Nous mettons cap à l'ouest en remorque du RORQUAL, escorté par RICHELIEU. A 13h00, nous ouvrons le feu sur le sillage du sous-marin aperçu à 1000 m sur tribord arrière.
A 14h15, je vois sur tribord le sillage d'une 2e torpille. Avec un grand sang-froid, le commandant du RORQUAL coupe instantanément la remorque et le SAINT JOSEPH s'arrête de lui-même. La torpille passe à 2 m de l'étrave. Ouvert le feu sur le point d'origine du sillage et passé une nouvelle remorque au RORQUAL.
A 16h30, aperçu le sous-marin en surface à 12000 m dans le NE. Le RICHELIEU fait route sur lui et ouvre le feu. Au premier coup, le sous-marin plonge.
29 Août
Longé la côte italienne à 1 mille. A 12h30, arrivée du remorqueur italien SICILIA qui se place en chef du RORQUAL. La vitesse monte à 4 nœuds.
A 13h00, par 38°13 N et 16°24 E, immergé le corps du commandant Bruyat.
A 20h31, E/W du cap Spartivento à 1,5 mille. A 22h30, arrivée du contre-torpilleur ARBALETE et du remorqueur MILON.
30 Août
A 02h00, la brise fraîchit. A 06h30, la remorque casse. Le MILON nous accoste et prend une nouvelle remorque. A 10h00 entrée à Messine.
Il est impossible pour le moment de mesurer l'étendue des dégâts. La machine et les chaudières ont certainement souffert.
Je signale la conduite superbe du RICHELIEU et du RORQUAL. Sans le sang froid du commandant du RORQUAL qui a coupé la remorque, le SAINT JOSEPH aurait reçu la 2e torpille.
Je signale aussi :
Monsieur Fernand Renguet, chef mécanicien, qui est resté à bord et m'a rendu les plus grands services.
Jean Le Restif, matelot, Dinan, qui m'a aidé dans la reconnaissance des cloisons étanches.
Albin Ranchère, maître commis, qui a assisté le commandant Bruyat dans ses derniers instants et tout tenté pour le ramener à la vie.
Albert Arman, lieutenant, Bordeaux et Marcel Foucque, lieutenant, Nantes, qui ont assuré l'évacuation avec le plus grand calme, sont revenus à bord, et m'ont assisté avec un dévouement au dessus de tout éloge.
Gaston Quéaux, QM canonnier, 2e dépôt, Jean-Marie Lafond, QM canonnier, Dinan, Le Cléach Joseph, Matelot canonnier, Quimper, qui ont assuré le service de la pièce arrière et beaucoup aidé pour les manœuvres.
Miguel Palance, matelot, Oran, Auguste Durand, matelot, Narbonne, D'Onofrio Jean, matelot, Bône, Le Coadou Louis, matelot Tréguier, qui sont revenus à bord et ont assuré de jour et de nuit le service de barre et de manœuvre avec un grand dévouement.
Commentaire
Tout laisse supposer que Luc de Malglaive (qui signe "Le capitaine" et parle après le décès du commandant Bruyat de "mes lieutenants" ou "mon équipage") était le second du navire. Il a bien sûr, comme c'est normal, pris le commandement après la disparition du capitaine.
Le décès de ce dernier semble très brutal et il ne paraît pas avoir été blessé lors de l'explosion de la torpille puisqu'il a continué à donner des ordres pendant un certain temps.
On peut donc supposer qu'il a été victime d'un infarctus, ou d'une autre cause naturelle.
Enfin, dans un post précédent, Oliver signale que vers 17h00, UC 73 fut canonné à nouveau par un chalutier. Ce chalutier était donc le patrouilleur RICHELIEU. Le KTB de l'UC 73 colle tout à fait avec le récit du SAINT JOSEPH.
Cdlt
SAINT-JOSEPH-II ― Navire auxiliaire (1915~1919).
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Re: SAINT-JOSEPH II ― Navire auxiliaire.
Bonjour Olivier.
Sait-on si le corps d'Ernest MERRER a été immergé comme celui du commandant ou s'il a été débarqué à Messine ?
Cordialement.
Jean-Pierre.
Sait-on si le corps d'Ernest MERRER a été immergé comme celui du commandant ou s'il a été débarqué à Messine ?
Cordialement.
Jean-Pierre.
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Re: SAINT-JOSEPH II ― Navire auxiliaire.
Bonjour Jean-Pierre, bonjour à tous,
Le commandant dit que ce chauffeur, qui était de quart dans la chaufferie au moment de l'explosion, a disparu. Je ne pense donc pas qu'il ait été immergé, ni bien sûr débarqué à Messine. Il a du couler avec le navire.
Cdlt
Le commandant dit que ce chauffeur, qui était de quart dans la chaufferie au moment de l'explosion, a disparu. Je ne pense donc pas qu'il ait été immergé, ni bien sûr débarqué à Messine. Il a du couler avec le navire.
Cdlt
olivier
Re: SAINT-JOSEPH II ― Navire auxiliaire.
Bonjour Olivier.
Merci pour cet éclairage.
Bien cordialement.
Jean-Pierre
Merci pour cet éclairage.
Bien cordialement.
Jean-Pierre
SAINT-JOSEPH-II ― Navire auxiliaire (1915~1919).
Bonsoir à tous,
□ Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 18 mai 1917 (J.O. 20 mai 1917, p. 4.019), le chef mé-canicien Fernand Charles RENGUET fut inscrit au tableau spécial de la Légion d’honneur pour le grade de chevalier dans les termes suivants :

— RENGUET Fernand Charles, né le 12 mai 1852 à Honfleur (Calvados), décédé le ... à ... (...).
Officier mécanicien de la Marine marchande, inscrit au quartier du Havre, n° 5.228. Mécanicien prin-cipal de 2e classe auxiliaire.
En 1926, était embarqué en qualité de chef mécanicien sur le paquebot De-Grasse (1924~1962), de la Compagnie générale transatlantique.
Officier mécanicien de la Marine marchande, inscrit au quartier du Havre, n° 5.228. Mécanicien prin-cipal de 2e classe auxiliaire.
En 1926, était embarqué en qualité de chef mécanicien sur le paquebot De-Grasse (1924~1962), de la Compagnie générale transatlantique.
Dernière modification par Rutilius le dim. mai 18, 2025 8:17 am, modifié 2 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
Re: SAINT-JOSEPH II ― Navire auxiliaire.
Re,
■ Le commandant du cargo Saint-Joseph II.
— BRUYAT Romuald Charles Hippolyte, né le ... à ... (...) et disparu en mer le 28 août 1917 à bord du Saint-Joseph II. Capitaine au long-cours, inscrit à Alger, n° 10. En 1912, second sur le paquebot Guadeloupe, de la Compagnie générale transatlantique ; en 1915, embarqué sur le croiseur auxiliaire La Savoie en qualité d’enseigne de vaisseau de 1re classe auxiliaire
Par arrêté du ministre de la Marine en date du 15 mars 1915 (J.O., 16 mars 1916, p. 2.083), inscrit en ces termes au tableau spécial de la Légion d’honneur pour le grade de chevalier :

Membre de « L’Olivier Écossais n° 38 » à l’Orient du Havre de la Grande Loge de France (1910 ~ 1916) [Association ponantaise d’histoire maritime (sous la direction de Jean-Marie VAN HILLE) : « Dictionnaire des marins francs-maçons. Gens de mer et professions connexes aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles. », éd. S.P.M., Paris, 2011, p. 93].
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
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Re: SAINT-JOSEPH II ― Navire auxiliaire.
Bonjour à tous,
SAINT JOSEPH
Tentative de torpillage du 22 Février 1917
Note du Vice Amiral commandant en chef de la 1ère armée navale à bord du JULES FERRY
Lors de sa traversée entre Marsa Sirocco et Argostoli, le vapeur français SAINT JOSEPH, formant avec les vapeurs BRETON et VOLTAIRE un convoi escorté par les torpilleurs CARABINIER et BALISTE a été attaqué sans succès l’après midi du 22 Février par un sous-marin quia lancé deux torpilles sur lui.
Rapport du commandant du SAINT JOSEPH
Le 22 Février 1917, mouillé à 11h20 à Marsa Sirocco. Appareillé à 12h15 et navigué en convoi avec BRETON et VOLTAIRE, escorté par les torpilleurs CARABINIER et BALISTE.
Beau temps couvert. Mer belle. Fait route au S80E à 8 nœuds.
A 16h35, par 35°22 N et 15°01 E, entendu un ronflement de moteur et aperçu le sillage d’une torpille en surface venant de 1000 m sur tribord avec un angle de 130° à partir de l’avant. Elle passe à 30 m sur l’avant du navire.
Aussitôt, aperçu un 2e sillage, parallèle au premier, mais à une immersion plus profonde. Cette 2e torpille manque aussi le navire. Aucun périscope n’a été vu, ni avant, ni après. Officier de quart, timonier, vigie et canonnier de la pièce arrière ont nettement vu les sillages.
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 64 du KL Robert MORATH. (Erreur. Voir post suivant)
Voici deux vues du SAINT JOSEPH qui sera démoli en 1934 à Dantzig.


Cdlt
SAINT JOSEPH
Tentative de torpillage du 22 Février 1917
Note du Vice Amiral commandant en chef de la 1ère armée navale à bord du JULES FERRY
Lors de sa traversée entre Marsa Sirocco et Argostoli, le vapeur français SAINT JOSEPH, formant avec les vapeurs BRETON et VOLTAIRE un convoi escorté par les torpilleurs CARABINIER et BALISTE a été attaqué sans succès l’après midi du 22 Février par un sous-marin quia lancé deux torpilles sur lui.
Rapport du commandant du SAINT JOSEPH
Le 22 Février 1917, mouillé à 11h20 à Marsa Sirocco. Appareillé à 12h15 et navigué en convoi avec BRETON et VOLTAIRE, escorté par les torpilleurs CARABINIER et BALISTE.
Beau temps couvert. Mer belle. Fait route au S80E à 8 nœuds.
A 16h35, par 35°22 N et 15°01 E, entendu un ronflement de moteur et aperçu le sillage d’une torpille en surface venant de 1000 m sur tribord avec un angle de 130° à partir de l’avant. Elle passe à 30 m sur l’avant du navire.
Aussitôt, aperçu un 2e sillage, parallèle au premier, mais à une immersion plus profonde. Cette 2e torpille manque aussi le navire. Aucun périscope n’a été vu, ni avant, ni après. Officier de quart, timonier, vigie et canonnier de la pièce arrière ont nettement vu les sillages.
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 64 du KL Robert MORATH. (Erreur. Voir post suivant)
Voici deux vues du SAINT JOSEPH qui sera démoli en 1934 à Dantzig.


Cdlt
olivier
Re: SAINT-JOSEPH II ― Navire auxiliaire.
Bonjour Olivier,
this was NOT U 64 and it was no other german or austrian submarine, it was a false alarm:
U 64 at 14:00h (a little bit to early) fired one torpedo against an armed steamer of approx. 4000 tons in the area south of Malta (no exact position given in the war diary), but this steamer was steering an 300° course, going for Malta or Bizerta, not the other way! Also, this steamer was going independently, not in convoy!
I was not able to identify this steamer as the attack by U 64 was not observed.
Cdlt
Oliver
this was NOT U 64 and it was no other german or austrian submarine, it was a false alarm:
U 64 at 14:00h (a little bit to early) fired one torpedo against an armed steamer of approx. 4000 tons in the area south of Malta (no exact position given in the war diary), but this steamer was steering an 300° course, going for Malta or Bizerta, not the other way! Also, this steamer was going independently, not in convoy!
I was not able to identify this steamer as the attack by U 64 was not observed.
Cdlt
Oliver
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Re: SAINT-JOSEPH II ― Navire auxiliaire.
Bonjour Oliver, bonjour à tous,
U 64 was given by Ar Brav in a post from 01/11/2008, and this information was coming from French Line website. That's why I put it as the attacker...
But in fact, the only submarine I had found that could have eventually been in the vicinity was U 35 of Lothar von Arnauld de la Périère. I didn't suggest that one, because she seemed to be more in the west, in Sicily Strait, not far from tunisian coast...
Regards
Olivier
U 64 was given by Ar Brav in a post from 01/11/2008, and this information was coming from French Line website. That's why I put it as the attacker...
But in fact, the only submarine I had found that could have eventually been in the vicinity was U 35 of Lothar von Arnauld de la Périère. I didn't suggest that one, because she seemed to be more in the west, in Sicily Strait, not far from tunisian coast...
Regards
Olivier
olivier
Re: SAINT-JOSEPH II ― Navire auxiliaire.
Bonjour,
Au sujet du torpillage, voir aussi les sujets Richelieu et Rorqual.
Cordialement.
Au sujet du torpillage, voir aussi les sujets Richelieu et Rorqual.
Cordialement.
Memgam