Bonjour à tous,
BIARRITZ
Liste d’équipage
Le canonnier breveté s’appelle Louis PERRIN.
Dans son rapport il déclare que le canon de l’arrière était un canon de 95 mm dont le chef de pièce était LOSQ.
Rapport du capitaine et rapport d’enquête
Quitté Bizerte le 23Mai 1917 avec un chargement de 4500 tonnes de charbon pour Salonique, en convoi avec le MONT CERVIN, escortés par les chalutiers SUZE MARIE (EV1 G. x.... – nom illisible-) et WALKYRIE (Maître timonier Eugène HERVRON).
Le MONT CERVIN, capitaine Germain SAGOLE, de Port Vendres, est équipé de deux canons de 90 mm, modèle 77 et 81.
Le 24 Mai, les deux navires sont en ligne de front avec un intervalle de 500 m. WALKYRIE est à 2 milles sur l’avant. SUZE MARIE à 200 m derrière.
Vitesse 8 nœuds. Beau temps avec faible brise d’WNW. Mer houleuse. Ciel couvert. Bonne visibilité.
17h50
Position 35°12 N 15°15 W. BIARRITZ est frappé à tribord, par le travers de la cale 2, par une torpille, à une profondeur inconnue. Cloison et pont du roof central défoncés sur 15 m. La cale 2 se remplit aussitôt tandis que la cale 1 reste franche. Le navire prend une légère gite sans s’enfoncer sensiblement et vient en grand sur bâbord.
MONT CERVIN, qui a vu l’explosion, met le cap à 90° de la route pour s’éloigner du sous-marin.
SUZE MARIE vient sur tribord et met le cap sur la position supposée du sous-marin, ouvre aussitôt le feu et lance plusieurs grenades.
WALKYRIE vire de bord et rallie à toute vitesse SUZE MARIE, et ouvre le feu. Il recueille, au cours de cette manoeuvre, des hommes qui se trouvent dans une embarcation du BIARRITZ.
Tout en mettant le cap sur Malte, BIARRITZ règle son tir sur le point de chute des projectiles des chalutiers, mais sans voir le sous-marin. Deux coups sont tirés avec le canon arrière et 5 avec le canon avant avec une hausse de 1400 m.
Un signal de 4 pavillons est hissé par WALKYRIE mais ne peut être interprété par BIARRITZ.
Au moment du torpillage, les documents secrets (clés et instructions pour les capitaines des bâtiments de commerce) étaient dans un sac plombé dans la cabine du capitaine. Celui-ci a donné l’ordre au lieutenant d’aller les chercher et de les lui monter à la passerelle. Pour une raison qu’il n’explique pas, le lieutenant les a fait porter par le mousse dans la baleinière n° 1. Le capitaine a réclamé les documents au lieutenant qui lui a répondu : “Ils sont dans a baleinière”. Il lui a aussitôt rétorqué : “Allez les chercher”, ce à quoi le lieutenant a répondu :”La baleinière est partie”.
Le capitaine déclare que cinq hommes sont partis avec cette baleinière et qu’il n’en a aucune nouvelle.
La chaudière tribord peut être maintenue en pression.
20h00
SUZE MARIE prend BIARRITZ en remorque
20h30
La remorque en filin casse. BIARRITZ envoie un fil d’acier. A peine raidi, celui-ci arrache la bitte d’amarrage bâbord du chalutier. Le câble est tourné à tribord et le convoi remet en route.
Minuit
Le fil d’acier casse
01h00 le 25 Mai
Elongé une grosse aussière , fort grelin de coco de 430 mm de diamètre qui résiste bien.
02h00
Remis en route à 5 nœuds BIARRITZ ayant réussi à remettre en fonction son servo-moteur de barre et pouvant s’aider de sa machine pour soulager la tension.
05h00
Le navire s’alourdit et le chef mécanicien avise le commandant que l’eau gagne rapidement dans la chaufferie.
07h00
L’eau est si haute que la machine doit être stoppée.
07h15
Le bâtiment est évacué en bon ordre. Le capitaine quitte le navire en dernier. Il va s’enfoncer dans la mer à 08h00.
SUZE MARIE, qui a recueilli tout l’équipage va le débarquer à Malte. Les marins seront rapatriés à Marseille par le LIAMONE le 28 Mai.
Le capitaine ARNEAU a maintenu son navire à flot douze heures de suite et s’est rapproché de Malte de 30 milles. Avec un temps plus favorable, il aurait sans doute pu le sauver.
Il a été admirablement secondé par le 2e capitaine, le chef mécanicien, le matelot COSIMO, le second maître MORIN, les quartiers-maîtres ELIES et LOSQ et les matelots MAYARD, EMERY, ROBERT et MALGORN. Mention spéciale pour l’initiative et le dévouement dont a fait preuve le QM TSF GOUNOD, réparant en quelques minutes son poste ravagé par l’explosion de la torpille.
Toutefois, le second maître MORIN a commis une erreur grave en déposant par inadvertance le sac lesté des documents secrets dans la baleinière, au lieu d’exécuter l’ordre du capitaine. Le sort de cette embarcation n’est pas connu et on peut craindre que le sac ne soit tombé aux mains de l’ennemi avec l’embarcation et les cinq hommes nommés ci-dessous.
On ne peut stigmatiser trop sévèrement la défaillance coupable du Sd maître GUILLEMET, du QM MOREL et des matelots LEGER, BEN GRANDI et TILLENON qui se sont emparés sans ordres de la baleinière 1 et ont lâchement abandonné leur poste de combat et leur bâtiment. Il est possible qu’ils soient morts, victimes de leur défaillance coupable, ou soient tombés aux mains de l’ennemi avec le sac lesté des documents decrets.
S’ils viennent à reparaître, ils tomberont sous le coup des sanctions prévues par le code de Justice Maritime.
Les cinq marins de la baleinière 1
Il semblerait que, dans un premier temps, les transmissions n’aient pas bien fonctionné et que la Commission d’enquête, et même le capitaine, aient longtemps ignoré ce qu’étaient devenus ces hommes. En fait, ils avaient été presque aussitôt récupérés par WALKYRIE qui, continuant à escorter le MONT CERVIN, les déposa à Milo et ne s’en préoccupa plus. Ils se réfugièrent dans cette île, cherchant sans doute à se faire oublier.
Mais la Division des patrouilles de Méditerranée orientale continua son enquête et le 5 Septembre 1917 fut lancé l’ordre suivant
“Le lieutenant de vaisseau ALIJEZ, commandant l’HELENE, procèdera en tant qu’officier de police judiciaire à l’enquête concernant
GUILLEMET Albert, Sd maître mécanicien
MOREL Charles, QM mécanicien
LEGER Auguste, matelot maître d’hôtel
BEN GRANDI Mohamed, Matelot
TILLENON Laurent, aide canonnier
1) ont sans ordre abandonné leur bâtiment, s’emparant de la principale embarcation de sauvetage
2) avaient entre les mains les documents confidentiels du navire
alors que le capitaine et le reste de l’équipage du BIARRITZ ont encore assuré pendant douze heures le remorquage du navire. Ces 5 hommes auraient été recueillis par WALKYRIE. Avis est transmis aux autorités pour effectuer recherches. Paris, Provence, Bizerte prévenus.
Les cinq hommes seront finalement retrouvés et leurs interrogatoires, longs et détaillés figurent aux archives , ainsi que celui de commandant de WALKYRIE.
En résumé, chacun déclare qu’après l’explosion il y a eu un peu de panique et quelqu’un a crié “Aux embarcations”! Le navire prenant de la gite, ils ont préféré aller aux postes d’évacuation plutôt qu’aux postes de combat. Ils pensaient que le navire allait couler. L'embarcation n° 1 avait été arrachée de son bossoir et était dans l’eau, trainée par la bosse avant. Bien qu’elle ne fut pas, pour certain d’entre eux, leur canot de sauvetage, les cinq hommes y ont embarqué. C’est alors que le mousse est venu donner les papiers du bord, mais il n’est pas monté dans le canot. L’embarcation se remplissait d’eau et la bosse a fini par casser. Ils sont partis à la dérive sur l’arrière du BIARRITZ. Ils disent que si la bosse n’avait pas cassé, peut-être d’autres hommes auraient aussi embarqué. Le second maître Guillemet a pris le commandement du canot et a fait écoper. Puis le WALKYRIE les a recueillis.
Les cinq hommes, voyant que le navire continuait sa route, ont demandé au commandant de WALKYRIE de les ramener à bord, mais celui-ci avait d’autres ordres et il a refusé.
Ils ont été déposés dans l’île de Milo.
Les archives ne comportent aucun renseignement sur la suite donnée à l’affaire.
Récompenses et punitions
Citation à l’Ordre de l’Armée
ARNEAU Marcel Commandant. Capitaine au Long Cours inscrit à Nantes
Attitude remarquable lors du torpillage de son bâtiment par un sous-marin ennemi. Avec autant de sang froid que d’énergie a maintenu son bâtiment à flot pendant douze heures et l’a fait remorquer vers un port qu’il eût probablement atteint avec un temps plus favorable.
Citation à l’Ordre de la Division
CHAILLOU Stanislas 2e capitaine Capitaine au Long Cours inscrit à Cancale
Attitude personnelle remarquable lors du torpillage de son bâtiment par un sous-marin ennemi. A secondé son commandant avec autant de sang froid que d’énergie dans la tentative de sauvetage du bâtiment
Citation à l’Ordre de la Brigade
GONTHIER Alain Chef mécanicien Officier mécanicien de 1ère classe inscrit à Bordeaux
Excellente attitude personnelle lors du torpillage de son bâtiment par un sous-marin ennemi. A admirablement secondé son commandant dans la tentative de sauvetage de son bâtiment.
GOUNOT Léon QM TSF 2e dépôt
Attitude personnelle remarquable lors du torpillage de son bâtiment par un sous-marin ennemi. A fait preuve d’autant d’intelligence que de décision en effectuant en quelques minutes les réparations qui ont permis d’utiliser le poste de TSF.
COSIMO François Matelot inscrit à Bastia
Attitude personnelle excellente lors du torpillage de son bâtiment par un sous-marin ennemi. A secondé son commandant avec un dévouement digne des plus grands éloges dans la tentative de sauvetage du bâtiment.
Témoignage officiel de satisfaction du Ministre
ELIES Pierre QM Fusilier
LOSQ Thomas QM Canonnier
MAYARD Jules Matelot
EMERY Joseph Matelot
ROBERT René Matelot
MALGORN Paul Soutier
Très bonne attitude lors du torpillage de leur bâtiment par un sous-marin ennemi. Se sont fait remarquer parleur dévouement.
Blâme du Ministre + 8 jours de prison
GAUBERT François
TERTIAN Marius
Manque de sang froid lors du torpillage de leur navire. Abandon complet de bonne volonté et de dévouement lors de la tentative de sauvetage du bâtiment.
Le sous-marin attaquant
C’était L’ U 32 du KL Kurt HARTWIG.
Kurt Hartwig est décédé le 16 Octobre 1972.
Cdlt