JUBARTE - CHALUTIER

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Terraillon Marc
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Re: JUBARTE - CHALUTIER

Message par Terraillon Marc »

Bonjour,

Voici une vue du chalutier JUBARTE :


Image


A bientot :hello:
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
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Ar Brav
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Re: JUBARTE - CHALUTIER

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

JUBARTE Dragueur auxiliaire (1914-1919)

Chantier :

J. Duthie Sons & C°, Aberdeen, Ecosse.
Commencé : N. C.
Mis à flot : 13.01.1903
Terminé : 01.1903
En service : 06.08.1914 (MN)
Retiré : 24.03.1919 (MN)
Caractéristiques : 199-187 tjb ; 47 tjn ; 115,9 x 21,6 x 11,8 pieds ; TE 12,6 pieds ; 68 NHP ; 1 machine alternative.
Armement : N. C.

Observations :

Chalutier à vapeur à coque en acier de Boulogne construit sous pavillon britannique en Ecosse en 1903 sous le nom de Loch Torridon, chantier n° 244
Renommé Jubarte, date inconnue
06.08.1914 : réquisitionné à Boulogne sur Mer sous le nom de Jubarte
10.1918 : figure à l’effectif des forces navales de la Zone des Armées du Nord (ZAN). Division des flottilles de la Mer du Nord, CV Bréart de Boisanger, chef de la division.
La division est composée de :
Escadrille de contre-torpilleurs, CF de Parseval, chef d’escadrille
Flottille des torpilleurs de Dunkerque, CF Martin, commandant la flottille
2ème escadrille de patrouille, CF Chevassus, commandant l’escadrille
6ème escadrille de patrouille, CF de Lartigue
Front de mer de Nieuport, CC Renaux, commandant le front de mer
Aviation maritime de Dunkerque, LV Tenot, commandant l’aviation

Le Jubarte est affecté à la 6ème escadrille de patrouille (dragueurs), CF de Lartigue, commandant l’escadrille composée de :
La 1ère section :
Saint-Joachim (CF de Lartigue)
Jeannot
Suzanne et Marie
Lorientais

La 2ème section :
Laïta (LV Sagnier)
Jubarte
Goëland II
Semper

La 3ème section :
Trouville (LV de Lanlay)
Guêpe
Jersey
Augustin Normand
Grillon
Seine

La 4ème section :
Nord (LV Bonerandi)
Pas de Calais (LV Houette)
24.03.1919 : déréquisitionné à Boulogne
1930-1935 : est inscrit au Lloyd’s Register, armement Wattez frères de Boulogne comme chalutier ex-Loch Torridon
1935 : racheté par LM & PJ Bourgain de Boulogne, renommé Saint Joseph
1935-1945 : est inscrit au Lloyd’s Register, armement Joseph Bourgain de Boulogne comme chalutier ex-Loch Torridon, ex-Jubarte, sous le nom de Saint Joseph
Sort final inconnu.

Cordialement,
Franck
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
kgvm
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Re: JUBARTE - CHALUTIER

Message par kgvm »

Thanks for the picture, Marc, and the fiche, Franck.
"Loch Torridon" was owned by White Star Steam Fishing Co. of Aberdeen Ltd., Mgr.: H. A. Holmes, Aberdeen.
Date of Francisation is given as 19.09.06 or 19.09.07, Pecheries du Golfe de Gascogne, Mgr.: J. Duvergier, Arcachon. 1910/13 sold to Gabriel Trousselle, Boulogne s. Mer.
The name from 1935 onwards was "Sainct Joseph" (not "Saint Joseph"), owned - according to Annuaire de la Marine Marchande - by Louis et Pierre Bourgain-Bourgain, Boulogne s. Mer. 1937 sold to Louis-Marie Bourgain-Bourgain, Boulogne s. Mer.
The ship was lost in January 1946, no cause given (source: Robert Gruss, Flotte marchande Francaise 1947-48)
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Ar Brav
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Re: JUBARTE - CHALUTIER

Message par Ar Brav »

Thanks for the picture, Marc, and the fiche, Franck.
"Loch Torridon" was owned by White Star Steam Fishing Co. of Aberdeen Ltd., Mgr.: H. A. Holmes, Aberdeen.
Date of Francisation is given as 19.09.06 or 19.09.07, Pecheries du Golfe de Gascogne, Mgr.: J. Duvergier, Arcachon. 1910/13 sold to Gabriel Trousselle, Boulogne s. Mer.
The name from 1935 onwards was "Sainct Joseph" (not "Saint Joseph"), owned - according to Annuaire de la Marine Marchande - by Louis et Pierre Bourgain-Bourgain, Boulogne s. Mer. 1937 sold to Louis-Marie Bourgain-Bourgain, Boulogne s. Mer.
The ship was lost in January 1946, no cause given (source: Robert Gruss, Flotte marchande Francaise 1947-48)
Bonjour Klaus,

Un grand merci pour ces précisions, j'avais quelques "trous" dans ma fiche que je ne parvenais pas à combler, tout est plus clair à présent

Cordialement,
Franck
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Ar Brav
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Re: JUBARTE - CHALUTIER

Message par Ar Brav »

Re,

Après la mise à jour :

JUBARTE Dragueur auxiliaire (1914-1919)

Chantier :

J. Duthie Sons & C°, Aberdeen, Ecosse.
Commencé : N. C.
Mis à flot : 13.01.1903
Terminé : 01.1903
En service : 06.08.1914 (MN)
Retiré : 24.03.1919 (MN)
Caractéristiques : 199-187 tjb ; 47 tjn ; 115,9 x 21,6 x 11,8 pieds ; TE 12,6 pieds ; 68 NHP ; 1 machine alternative.
Armement : N. C.

Observations :

Chalutier à vapeur à coque en acier de Boulogne construit sous pavillon britannique en Ecosse en 1903 sous le nom de Loch Torridon, chantier numéro 244, pour le compte de White Star Steam Fishing Co. of Aberdeen Ltd., Mgr.: H. A. Holmes, Aberdeen
19.06.1906 ou 19.09.1907 : délivrance de l’Acte de Francisation au nom des Pêcheries du Golfe de Gascogne, Mgr.: J. Duvergier, Arcachon.
Rebaptisé Jubarte, date inconnue
1910-1913 : vendu et propriété de l’armement Gabriel Trousselle, de Boulogne sur Mer
06.08.1914 : réquisitionné à Boulogne sur Mer sous le nom de Jubarte
10.1918 : figure à l’effectif des forces navales de la Zone des Armées du Nord (ZAN). Division des flottilles de la Mer du Nord, CV Bréart de Boisanger, chef de la division.
La division est composée de :
Escadrille de contre-torpilleurs, CF de Parseval, chef d’escadrille
Flottille des torpilleurs de Dunkerque, CF Martin, commandant la flottille
2ème escadrille de patrouille, CF Chevassus, commandant l’escadrille
6ème escadrille de patrouille, CF de Lartigue
Front de mer de Nieuport, CC Renaux, commandant le front de mer
Aviation maritime de Dunkerque, LV Tenot, commandant l’aviation

Le Jubarte est affecté à la 6ème escadrille de patrouille (dragueurs), CF de Lartigue, commandant l’escadrille composée de :
La 1ère section :
Saint-Joachim (CF de Lartigue)
Jeannot
Suzanne et Marie
Lorientais

La 2ème section :
Laïta (LV Sagnier)
Jubarte
Goëland II
Semper

La 3ème section :
Trouville (LV de Lanlay)
Guêpe
Jersey
Augustin Normand
Grillon
Seine

La 4ème section :
Nord (LV Bonerandi)
Pas de Calais (LV Houette)
24.03.1919 : déréquisitionné à Boulogne
1930-1935 : est inscrit au Lloyd’s Register, armement Wattez Frères de Boulogne comme chalutier ex-Loch Torridon
1935 : racheté par Louis & Pierre Bourgain Bourgain, de Boulogne sur Mer, renommé Sainct Joseph
1935 : est inscrit au Lloyd’s Register, armement Bourgain de Boulogne comme chalutier ex-Loch Torridon, ex-Jubarte, sous le nom de Sainct Joseph
1937 : vendu à Louis-Marie Bourgain-Bourgain, de Boulogne sur Mer, conserve son nom
1937-1945 : toujours inscrit au Lloyd’s Register
01.1946 : perdu, cause inconnue.

Cordialement,
Franck
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Terraillon Marc
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Re: JUBARTE - CHALUTIER

Message par Terraillon Marc »

Merci Klaus, merci Franck !
Cordialement
Marc TERRAILLON

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Rutilius
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Re: JUBARTE - CHALUTIER

Message par Rutilius »

Bonjour Franck,
Bonjour à tous,

10.1918 : Figure à l’effectif des forces navales de la Zone des Armées du Nord (ZAN). Division des flottilles de la Mer du Nord.

Le Jubarte est affecté à la 6ème escadrille de patrouille (dragueurs), CF de Lartigue, commandant l’escadrille composée de :

La 2ème section :

Laïta (LV Sagnier) ;
Jubarte ;

Goéland II ;
Semper .

Si j'en crois la fiche M.D.H. de ce marin, en janvier 1918, le Goëland II appartenait à la Division des patrouilleurs de Bretagne. Et en octobre de la même année, il gisait par le fond depuis près de dix mois...

- JACQ Yves, Marie, né le 26 avril 1890 à Hanvec (Finistère) et y domicilié, " disparu, en mer lors de la perte du Goéland II ", le 11 janvier 1918, Matelot de 1re classe fusilier auxiliaire, matricule n° 93.736-2, Division des patrouilles de Bretagne (Jug. Trib. Brest, 12 juin 1918, transcrit à Hanvec, le 8 juin 1916).

Bien à vous,
Daniel.
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Ar Brav
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Re: JUBARTE - CHALUTIER

Message par Ar Brav »

Bonjour Franck,
Bonjour à tous,

10.1918 : Figure à l’effectif des forces navales de la Zone des Armées du Nord (ZAN). Division des flottilles de la Mer du Nord.

Le Jubarte est affecté à la 6ème escadrille de patrouille (dragueurs), CF de Lartigue, commandant l’escadrille composée de :

La 2ème section :

Laïta (LV Sagnier) ;
Jubarte ;

Goëland II ;
Semper .

Si j'en crois la fiche M.D.H. de ce marin, en janvier 1918, le Goëland II appartenait à la Division des patrouilleurs de Bretagne. Et en octobre de la même année, il gisait par le fond depuis près de dix mois...

- JACQ Yves, Marie, né le 26 avril 1890 à Hanvec (Finistère) et y domicilié, " disparu, en mer lors de la perte du Goëland II ", le 11 janvier 1918, Matelot de 1re classe fusilier auxiliaire, matricule n° 93.736-2, Division des patrouilles de Bretagne (Jug. Trib. Brest, 12 juin 1918, transcrit à Hanvec, le 8 juin 1916).

Bien à vous,
Daniel.
Bonjour Daniel,

JACQ Yves Marie était probablement embarqué sur le Goéland I commandé par le PM Jean Corre dragueur auxiliaire ex-chalutier coulé au canon après un combat énergique, alors qu'il remorquait un voilier, avec le sous-marin U-93 (KL Helmut Gerlach) dans le Sud de l'ile Vierge le 4 ou le 5 janvier 1918. Le sous-marin a été avarié et porté disparu en janvier 1918, sans précision de date.
Voilà une info qui, sans nul doute, va intéresser notre ami Yves sur le sort du U-93.

Quant au Goéland II, dragueur auxiliaire également, il a terminé la guerre apparemment sans dommage et participé à la seconde. Saisi par les Allemands, sabordé en 1944 (sous le nom de V 216), il sera renfloué puis finalement démoli en 1945.

Nous savons que MDH comporte des erreurs, tout comme mes sources, du reste, sans compter celles que je fais moi-même...
Mais bon, rien que dans la période qui nous concerne, il y a eu 5 bateaux portant le nom de Goéland ;)

Bon week-end,
Bien cordialement,
Franck
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Rutilius
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Re: JUBARTE - CHALUTIER

Message par Rutilius »


Bonjour Franck,

Nous savons que MDH comporte des erreurs, tout comme mes sources, du reste, sans compter celles que je fais moi-même... Mais bon, rien que dans la période qui nous concerne, il y a eu 5 bateaux portant le nom de Goéland .

J'ai effectivement été induit en erreur par le libellé de cette fiche qui, vérification faite, se réfère bien au Goéland II . Encore une bévue d'un scribouillard en manchettes de lustrine appointé au Ministère de la Marine !

Et pour cinq bateaux dénommés Goéland, combien d'Albatros !

Bien à vous,
Daniel.

P.S. : Fiche M.D.H. découverte fortuitement, en recherchant l'état civil précis des victimes militaires - il y en a - du naufrage du cargo Maine.
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Terraillon Marc
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Re: JUBARTE - CHALUTIER

Message par Terraillon Marc »

Bonjour à tous
Rapport de l'Enseigne de vaisseau de 1ère classe auxiliaire LEFEBVRE, commandant de l'arraisonneur ESTAFETTE (patrouilleur garde-pêche) suite au naufrage du 21 avril 1916 :
"Veuillez trouver ci-dessous le rapport détaillé des événements qui ont marqué le naufrage de l’arraisonneur ESTAFETTE que je commandais.

Appareillé le 20 avril 1916 à 9 heures du matin pour prendre le service de l’arraisonnement dans la passe ouest. Relevé la France à 10h30 et, le temps permettant, croisé suivant les instructions.
Vers 5h45 le 21 avril, le LAITA passait près de nous. J’échangeais quelques mots avec le Commandant de ce navire, quand tout à coup j’aperçus dans le sillage de dragueurs voisins une mine allemande très émergée et me paraissant être dans leur drague.

J’attirai aussitôt l’attention du LAITA. Je m’approchai suffisamment de la mine pour en repérer soigneusement la position et m’assurer qu’elle était bien fixée au fond. L’intuition qu’un champ de mines avait été mouillé me vint aussitôt, sans que j’en puisse toutefois déterminer l’endroit, n’étant pas fixé sur le point où cette mine avait été ramassée. Je décidai donc d’exercer une surveillance sévère des parages et je restai sur les lieux pour écarter les navires et les nombreux pêcheurs qui se rapprochaient de la zone dangereuse. Je consignai aussitôt la passe en arborant le pavillon Q puis, par mesure extrême de prudence, j’ordonnai le branle-bas, tout le monde sur le pont et je doublai la veille à l’avant.

La mine en vue fut coulée vers 6h30. Ne voyant plus rien d’anormal, je me dirigeai vers un vapeur belge sorti de Dunkerque au jour et mouillé dans la passe, je lui donnai l’ordre formel de ne pas appareiller sans mes ordres, puis je signalai à bras au poste des Salines que je consignais tous mouvement dans la passe afin qu’il fut averti et pour obtenir votre approbation.

Le signal transmis, je mettais en route toute pour arrêter un vapeur norvégien arrivant près du Dyck : c’était le LINDBORD. Le danger que courait ce navire ne m’échappait pas. Je lui hissai le signal d’urgence « stoppez immédiatement » en sifflant sans discontinuer. Le navire conservait de l’erre, je le semonçai à blanc. Le navire obéit alors à mon ordre ; je m’en approchai en m’assignant le maximum de précautions, c'est-à-dire en naviguant le plus possible dans ses eaux et lui passant très près, je lui donnai l’ordre formel de venir à droite toute et mouiller dans la fosse de Mardyck.

Le LAITA arrivait alors à son tour dans la zone dont, instinctivement, je défendais l’accès. Je sifflai à plusieurs reprises pour l’arrêter et je tournai sur la gauche dans le plus petit champ possible pour mettre le cap sur lui. Je continuai à siffler en arborant toujours en outre du pavillon Q, les pavillons M N : « Stoppez immédiatement ». Le LAITA, voyant ma manœuvre, comprit et s’arrêta. Je continuai donc à venir sur la gauche pour sortir de la passe. C’est à ce moment que mes 2 hommes de vigie me signalèrent : « Une mine devant ». Je commandai aussitôt « arrière toute » mais, bien que cet ordre fut rapidement exécuté et la vitesse réduite, il était trop tard et l’explosion se produisit, d’autant plus effroyable à voir que la mine, qui était en surface, pulvérisa littéralement l’avant du navire.

La rapidité de l’immersion empêcha tout commandement relatif à l’évacuation du navire, qui me glissa sous les pieds sans que j’eusse quitté la passerelle. Une épave, qui passa à proximité et à laquelle je me cramponnai, me permit d’attendre l’arrivée de secours dans un temps que je ne puis déterminer, ayant été ramassé blessé et presque inanimé. Je revins complètement à moi aussitôt embarqué dans le canot du LINDBORD, et les soins que j’ai reçus à bord de ce vapeur me permirent de me faire porter sur la passerelle pour conduire ce navire du Dyck, où le courant l’avait conduit, jusqu’à la fosse de Mardyck, où je l’ai mouillé en sécurité et vous ai envoyé de mes nouvelles. Le LINDBORG en effet, apercevant plusieurs mines autour de lui au moment de l’explosion de l’ESTAFETTE, n’avait pu exécuter mon ordre d’aller dans la fosse de Mardyck et avait trouvé prudent de se laisser dériver au jussant sans toucher à la machine.

Il me faut ici, Commandant, rendre hommage à la rapidité avec laquelle le vapeur norvégien nous porta secours. Les bons soins qui nous furent prodigués à bord de ce navire, où tous les vêtements nécessaires nous furent prêtés, témoignent de l’humanité de ce Capitaine et de son équipage. Je leur en suis profondément reconnaissant.

Je crois aussi devoir signaler la belle conduite, digne des plus grands éloges, du Commandant et de l’équipage du dragueur LAITA. J’ai pu me rendre compte des courageux efforts donnés par ce navire pour sauver une partie de mes hommes dans des circonstances aussi périlleuses. La spontanéité de mon camarade BRUNET, commandant ce navire, à arborer tous les signaux de l’arraisonneur pour prendre la place de l’ESTAFETTE disparu, a certainement empêché d’autres catastrophes de se produire, et alors que je me trouvais sur la passerelle du norvégien, j’ai été ému aux larmes de voir dans mon camarade et ami BRUNET, une compréhension si nette de son devoir militaire.

Je savais le dragueur JUBARTE dans les parages ; j’ai su depuis que ce navire avait également sauvé de mes hommes. En de pareilles circonstances, je ne puis assez attirer votre attention sur le patron de ce navire et son équipage.

J’ai appris ultérieurement la mort d’une partie de mes hommes. C’étaient des serviteurs humbles et dévoués que je regrette profondément. Ils ont fait jusqu’au bout tout leur devoir. Je suis heureux, en cette triste circonstance, de vous signaler la brillante conduite de tous. Je vous citerai notamment mon second, le maître pilote LE BUAN qui, dès le début, était venu spontanément se placer à mes côtés et qui fut toujours pour moi un collaborateur précieux.

Le second-maître mécanicien LE DIDU est resté jusqu’au dernier moment dans la machine aussi calme que s’il n’y eut aucun danger à courir.

Le second-maître de manœuvre temporaire GONTIER qui, bien que très faible, m’accompagna sur la passerelle du Norvégien et montra en toutes circonstances un grand sang-froid.

Les deux T.S.F. : LE BLEVEC et BODO restèrent jusqu’au dernier moment à leur poste. BODO, qui était monté dans les haubans du grand mât quand le navire coulait, redescendit sur le pont pour assister un de ses camarades qui était engagé dans les aussières.

Quand je fus ramassé par le canot du LINDBORG, j’étais le septième naufragé, ce qui portait à onze le nombre d’hommes, chargement plus que suffisant pour cette embarcation déjà à moitié remplie d’eau et menaçant de chavirer à chaque instant. Nous y avons encore embarqué trois hommes qui étaient dans les parages et, ne voyant plus rien, nous avons regagné le bord. En cette circonstance, les matelots LE DON et BECART ont fait preuve d’un entrain, d’une vaillance et d’une présence d’esprit qui ont largement contribué à ranimer les courages et assurer le sauvetage de mes hommes.

Le chauffeur LEMAIRE, qui était dans la chaufferie, activait les feux au moment de l’explosion. Ayant réussi à remonter sur le pont, il se jette à l’eau, soutient tant qu’il le peut un de ses camarades et, voyant à ses côtés son chef mécanicien épuisé, il lui passe l’épave sur laquelle il se tenait.

Le matelot mécanicien HUBERT a exécuté avec beaucoup de calme les dernières manœuvres dans la machine.

Le matelot gabier VANHILLE Lucien soutient, jusqu’à épuisement complet, un de ses camarades. Il est ramassé lui-même complètement inanimé.

L’état de fatigue dans lequel je me suis trouvé en débarquant et l’immobilité à laquelle je suis tenu par ma blessure au pied, ne m’ont pas permis de vous adresser ce rapport aussitôt que je l’aurais voulu. Par ailleurs, les matelots de l’ESTAFETTE sont presque tous actuellement en permission et je crains d’avoir omis de vous en citer dont la conduite mériterait des éloges. Je compte plus tard, s’il y a lieu, vous adresser à ce sujet un rapport supplémentaire.

Je vous serais obligé, Commandant, de vouloir bien proposer les hommes que je vous ai signalés comme s’étant bien conduits, pour la récompense dont vous les jugerez dignes.
Signé : LEFEBVRE "

Cordialement
Source : Livre d'Or de la Marine - Guerre 14/18
Cordialement
Marc TERRAILLON

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