Voici une vue du chalutier JUBARTE :

A bientot

Bonjour Klaus,Thanks for the picture, Marc, and the fiche, Franck.
"Loch Torridon" was owned by White Star Steam Fishing Co. of Aberdeen Ltd., Mgr.: H. A. Holmes, Aberdeen.
Date of Francisation is given as 19.09.06 or 19.09.07, Pecheries du Golfe de Gascogne, Mgr.: J. Duvergier, Arcachon. 1910/13 sold to Gabriel Trousselle, Boulogne s. Mer.
The name from 1935 onwards was "Sainct Joseph" (not "Saint Joseph"), owned - according to Annuaire de la Marine Marchande - by Louis et Pierre Bourgain-Bourgain, Boulogne s. Mer. 1937 sold to Louis-Marie Bourgain-Bourgain, Boulogne s. Mer.
The ship was lost in January 1946, no cause given (source: Robert Gruss, Flotte marchande Francaise 1947-48)
Bonjour Daniel,Bonjour Franck,
Bonjour à tous,
10.1918 : Figure à l’effectif des forces navales de la Zone des Armées du Nord (ZAN). Division des flottilles de la Mer du Nord.
Le Jubarte est affecté à la 6ème escadrille de patrouille (dragueurs), CF de Lartigue, commandant l’escadrille composée de :
La 2ème section :
Laïta (LV Sagnier) ;
Jubarte ;
Goëland II ;
Semper .
Si j'en crois la fiche M.D.H. de ce marin, en janvier 1918, le Goëland II appartenait à la Division des patrouilleurs de Bretagne. Et en octobre de la même année, il gisait par le fond depuis près de dix mois...
- JACQ Yves, Marie, né le 26 avril 1890 à Hanvec (Finistère) et y domicilié, " disparu, en mer lors de la perte du Goëland II ", le 11 janvier 1918, Matelot de 1re classe fusilier auxiliaire, matricule n° 93.736-2, Division des patrouilles de Bretagne (Jug. Trib. Brest, 12 juin 1918, transcrit à Hanvec, le 8 juin 1916).
Bien à vous,
Daniel.
Bonjour à tous
Rapport de l'Enseigne de vaisseau de 1ère classe auxiliaire LEFEBVRE, commandant de l'arraisonneur ESTAFETTE (patrouilleur garde-pêche) suite au naufrage du 21 avril 1916 :
"Veuillez trouver ci-dessous le rapport détaillé des événements qui ont marqué le naufrage de l’arraisonneur ESTAFETTE que je commandais.
Appareillé le 20 avril 1916 à 9 heures du matin pour prendre le service de l’arraisonnement dans la passe ouest. Relevé la France à 10h30 et, le temps permettant, croisé suivant les instructions.
Vers 5h45 le 21 avril, le LAITA passait près de nous. J’échangeais quelques mots avec le Commandant de ce navire, quand tout à coup j’aperçus dans le sillage de dragueurs voisins une mine allemande très émergée et me paraissant être dans leur drague.
J’attirai aussitôt l’attention du LAITA. Je m’approchai suffisamment de la mine pour en repérer soigneusement la position et m’assurer qu’elle était bien fixée au fond. L’intuition qu’un champ de mines avait été mouillé me vint aussitôt, sans que j’en puisse toutefois déterminer l’endroit, n’étant pas fixé sur le point où cette mine avait été ramassée. Je décidai donc d’exercer une surveillance sévère des parages et je restai sur les lieux pour écarter les navires et les nombreux pêcheurs qui se rapprochaient de la zone dangereuse. Je consignai aussitôt la passe en arborant le pavillon Q puis, par mesure extrême de prudence, j’ordonnai le branle-bas, tout le monde sur le pont et je doublai la veille à l’avant.
La mine en vue fut coulée vers 6h30. Ne voyant plus rien d’anormal, je me dirigeai vers un vapeur belge sorti de Dunkerque au jour et mouillé dans la passe, je lui donnai l’ordre formel de ne pas appareiller sans mes ordres, puis je signalai à bras au poste des Salines que je consignais tous mouvement dans la passe afin qu’il fut averti et pour obtenir votre approbation.
Le signal transmis, je mettais en route toute pour arrêter un vapeur norvégien arrivant près du Dyck : c’était le LINDBORD. Le danger que courait ce navire ne m’échappait pas. Je lui hissai le signal d’urgence « stoppez immédiatement » en sifflant sans discontinuer. Le navire conservait de l’erre, je le semonçai à blanc. Le navire obéit alors à mon ordre ; je m’en approchai en m’assignant le maximum de précautions, c'est-à-dire en naviguant le plus possible dans ses eaux et lui passant très près, je lui donnai l’ordre formel de venir à droite toute et mouiller dans la fosse de Mardyck.
Le LAITA arrivait alors à son tour dans la zone dont, instinctivement, je défendais l’accès. Je sifflai à plusieurs reprises pour l’arrêter et je tournai sur la gauche dans le plus petit champ possible pour mettre le cap sur lui. Je continuai à siffler en arborant toujours en outre du pavillon Q, les pavillons M N : « Stoppez immédiatement ». Le LAITA, voyant ma manœuvre, comprit et s’arrêta. Je continuai donc à venir sur la gauche pour sortir de la passe. C’est à ce moment que mes 2 hommes de vigie me signalèrent : « Une mine devant ». Je commandai aussitôt « arrière toute » mais, bien que cet ordre fut rapidement exécuté et la vitesse réduite, il était trop tard et l’explosion se produisit, d’autant plus effroyable à voir que la mine, qui était en surface, pulvérisa littéralement l’avant du navire.
La rapidité de l’immersion empêcha tout commandement relatif à l’évacuation du navire, qui me glissa sous les pieds sans que j’eusse quitté la passerelle. Une épave, qui passa à proximité et à laquelle je me cramponnai, me permit d’attendre l’arrivée de secours dans un temps que je ne puis déterminer, ayant été ramassé blessé et presque inanimé. Je revins complètement à moi aussitôt embarqué dans le canot du LINDBORD, et les soins que j’ai reçus à bord de ce vapeur me permirent de me faire porter sur la passerelle pour conduire ce navire du Dyck, où le courant l’avait conduit, jusqu’à la fosse de Mardyck, où je l’ai mouillé en sécurité et vous ai envoyé de mes nouvelles. Le LINDBORG en effet, apercevant plusieurs mines autour de lui au moment de l’explosion de l’ESTAFETTE, n’avait pu exécuter mon ordre d’aller dans la fosse de Mardyck et avait trouvé prudent de se laisser dériver au jussant sans toucher à la machine.
Il me faut ici, Commandant, rendre hommage à la rapidité avec laquelle le vapeur norvégien nous porta secours. Les bons soins qui nous furent prodigués à bord de ce navire, où tous les vêtements nécessaires nous furent prêtés, témoignent de l’humanité de ce Capitaine et de son équipage. Je leur en suis profondément reconnaissant.
Je crois aussi devoir signaler la belle conduite, digne des plus grands éloges, du Commandant et de l’équipage du dragueur LAITA. J’ai pu me rendre compte des courageux efforts donnés par ce navire pour sauver une partie de mes hommes dans des circonstances aussi périlleuses. La spontanéité de mon camarade BRUNET, commandant ce navire, à arborer tous les signaux de l’arraisonneur pour prendre la place de l’ESTAFETTE disparu, a certainement empêché d’autres catastrophes de se produire, et alors que je me trouvais sur la passerelle du norvégien, j’ai été ému aux larmes de voir dans mon camarade et ami BRUNET, une compréhension si nette de son devoir militaire.
Je savais le dragueur JUBARTE dans les parages ; j’ai su depuis que ce navire avait également sauvé de mes hommes. En de pareilles circonstances, je ne puis assez attirer votre attention sur le patron de ce navire et son équipage.
J’ai appris ultérieurement la mort d’une partie de mes hommes. C’étaient des serviteurs humbles et dévoués que je regrette profondément. Ils ont fait jusqu’au bout tout leur devoir. Je suis heureux, en cette triste circonstance, de vous signaler la brillante conduite de tous. Je vous citerai notamment mon second, le maître pilote LE BUAN qui, dès le début, était venu spontanément se placer à mes côtés et qui fut toujours pour moi un collaborateur précieux.
Le second-maître mécanicien LE DIDU est resté jusqu’au dernier moment dans la machine aussi calme que s’il n’y eut aucun danger à courir.
Le second-maître de manœuvre temporaire GONTIER qui, bien que très faible, m’accompagna sur la passerelle du Norvégien et montra en toutes circonstances un grand sang-froid.
Les deux T.S.F. : LE BLEVEC et BODO restèrent jusqu’au dernier moment à leur poste. BODO, qui était monté dans les haubans du grand mât quand le navire coulait, redescendit sur le pont pour assister un de ses camarades qui était engagé dans les aussières.
Quand je fus ramassé par le canot du LINDBORG, j’étais le septième naufragé, ce qui portait à onze le nombre d’hommes, chargement plus que suffisant pour cette embarcation déjà à moitié remplie d’eau et menaçant de chavirer à chaque instant. Nous y avons encore embarqué trois hommes qui étaient dans les parages et, ne voyant plus rien, nous avons regagné le bord. En cette circonstance, les matelots LE DON et BECART ont fait preuve d’un entrain, d’une vaillance et d’une présence d’esprit qui ont largement contribué à ranimer les courages et assurer le sauvetage de mes hommes.
Le chauffeur LEMAIRE, qui était dans la chaufferie, activait les feux au moment de l’explosion. Ayant réussi à remonter sur le pont, il se jette à l’eau, soutient tant qu’il le peut un de ses camarades et, voyant à ses côtés son chef mécanicien épuisé, il lui passe l’épave sur laquelle il se tenait.
Le matelot mécanicien HUBERT a exécuté avec beaucoup de calme les dernières manœuvres dans la machine.
Le matelot gabier VANHILLE Lucien soutient, jusqu’à épuisement complet, un de ses camarades. Il est ramassé lui-même complètement inanimé.
L’état de fatigue dans lequel je me suis trouvé en débarquant et l’immobilité à laquelle je suis tenu par ma blessure au pied, ne m’ont pas permis de vous adresser ce rapport aussitôt que je l’aurais voulu. Par ailleurs, les matelots de l’ESTAFETTE sont presque tous actuellement en permission et je crains d’avoir omis de vous en citer dont la conduite mériterait des éloges. Je compte plus tard, s’il y a lieu, vous adresser à ce sujet un rapport supplémentaire.
Je vous serais obligé, Commandant, de vouloir bien proposer les hommes que je vous ai signalés comme s’étant bien conduits, pour la récompense dont vous les jugerez dignes.
Signé : LEFEBVRE "
Cordialement
Source : Livre d'Or de la Marine - Guerre 14/18