MADELEINE II Trois-mâts carré
Construit en 1902 aux chantiers de Rouen pour la Société de Navigation du Sud Ouest. Il fut acheté sur cale par la compagnie Bordes et baptisé MADELEINE II (2e du nom), prénom de l’épouse de Mr. Alexandre Bordes.
Il portait le même nom que MADELEINE (1) quatre-mâts lancé à Nantes en 1896 . Ce dernier s’était perdu au cours d’un ouragan survenu le 23 Juin 1911 à 23h00 sur rade d’Iquique. Il avait abordé l’UNION (voir fiche de ce navire) avant de chavirer, devenant perte totale.
Voici une vue du MADELEINE (1) chaviré à Iquique.

Caractéristiques du MADELEINE II[/#0000ff]
D’abord gréé en quatre-mâts carré, il fut finalement regréé en trois-mâts carré. Ce n’était pas un navire de grande marche, mais son port en lourd était avantageux par rapport à sa jauge.
3220 tpl 2709 tx JB 2340 tx JN
Longueur environ 88 m Largeur supérieure à 12 m
Voici un tableau représentant le MADELEINE II

La perte du MADELEINE II
Capitaine Alexandre LEVEQUE né le 28/04/1884 à Pléneuf Inscrit à Saint Brieuc
Le 6 Juillet 1917, le MADELEINE II quitte Le Verdon pour Sydney sur lest, en convoi, escorté par trois patrouilleurs. Parmi les voiliers du convoi figurent également ALEXANDRE et MARTHE qui partent vers le Chili, REINE BLANCHE pour Adélaïde, tous de la compagnie Bordes, VERSAILLES et VILLE DE MULHOUSE, affrétés par le gouvernement français pour rapporter des céréales d’Australie et qui ont Melbourne comme port de destination.
La traversée se déroule sans encombre jusqu’à la latitude de Madère.
Rapport du capitaine Lévèque :
« Le Mardi 31 Juillet à 07H00 du matin, par 33°55 N et 22°50 W, j’ai été attaqué par un sous-marin ennemi venant du NE et signalé quelques instants avant par l’homme de vigie comme se dirigeant vers nous. Fait prendre aussitôt les dispositions de combat, mis en marche le moteur pour les émissions des appareils TSF, lancé, aussitôt l’attaque, le signal de détresse SOS suivi de notre position.
Le trois-mâts est handicapé par le calme qui rend ses manœuvres lentes. Je noterai au passage le calme de mon équipage et le sang-froid des canonniers, en particulier du quartier-maitre Dinand, chef plein d’énergie de la pièce de bâbord qui parvint à encadrer l’ennemi, à le garder à distance et tira jusqu’au dernier obus restant sur le pont.
Au bout d’une heure et demie de lutte, après avoir tiré environ 200 obus, un projectile, atteignant la partie arrière de la chambre de veille et tombe sur les armoires à munitions. L’explosion tue et blesse tous les hommes assurant l’alimentation des deux pièces dont le feu diminue progressivement d’intensité, étant dans l’impossibilité de les pourvoir.
Plusieurs autres obus tombent sur le pont, dans la mâture et le long du bord, blessant d’autres hommes. Un autre frappe l’avant bâbord, faisant une brèche à la flottaison.
Ayant plus de la moitié de mon équipage hors de combat, étant moi-même sérieusement blessé à la cuisse gauche et étant couvert de brûlures, le feu de mes pièces étant de plus en plus éteint, décidé, après avis des principaux survivants, d’abandonner le navire dont l’arrière brûlait et que l’eau commençait à envahir. Il était 08h45 du matin. Mis à l’eau la baleinière de bâbord, celle de tribord étant indisponible, trouée par des éclats. Descendu les blessés en premier et quitté le navire avec vingt hommes. Les papiers du bord ont disparu dans l’incendie. Nous nous sommes écartés du bord. Le feu de l’ennemi, resté à distance respectable, cessa vers 10h00, quand le navire eût sombré.
Le sous-marin s’approcha alors, mais changea brusquement sa route pour se diriger vers un vapeur dont on apercevait la fumée à l’horizon. »
Ce navire était le vapeur anglais SNOWDONIAN, 3870 tx. Il fut bientôt attaqué, car son appel de détresse fut reçu par le vapeur américain SANTA CECILIA, capitaine Forward, de la compagnie Nafra Line, de New York, qui faisait route vers Gênes. Un peu plus tard, il fut coulé à la position 33°44 N 22°22 W.
A 13h00, le SANTA CECILIA recueillit les rescapés du MADELEINE II, et les premiers soins, sommaires car le vapeur n’avait pas de médecin, furent donnés aux blessés. Le 4 Août, ils furent transférés sur le chalutier MARACHI qui les débarqua le 7 Août à Casablanca.
Le 30 Septembre 1917, le capitaine Lévèque et ses hommes furent cités à l’ordre du jour de l’armée.
Le 14 Octobre 1917, un témoignage officiel de satisfaction fut accordé au navire et à son équipage.
Voici la liste des onze marins tués au cours du combat
CARFANTON Lieutenant
DELEPINE Emile Second maitre
CHAUTEL Michel Charpentier
GERMAIN Joseph Mécanicien
BRIOT Jean Matelot
DARON Louis Matelot
FRELAUT Georges Matelot
MEHOUAS Joseph Matelot
MORVAN Yves Matelot
GUERIN Armand Mousse
ERRECALDE Victor Télégraphiste
Le sous-marin attaquant
C’était le grand sous-marin U 155 du Kapitänleutnant Karl MEUSEL.
Le lendemain, 1er Août, il allait couler l'ALEXANDRE (voir fiche de ce navire)
Cet officier, né le 4 Août 1881, survécut à la guerre. Il est décédé le 7 Décembre 1941 (jour de l’attaque de Pearl Harbour par les Japonais) à Wesermünde.
Cdlt
Olivier