MADELEINE II Trois-mâts

olivier 12
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Re: MADELEINE II Trois-mâts

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

MADELEINE II Trois-mâts carré

Construit en 1902 aux chantiers de Rouen pour la Société de Navigation du Sud Ouest. Il fut acheté sur cale par la compagnie Bordes et baptisé MADELEINE II (2e du nom), prénom de l’épouse de Mr. Alexandre Bordes.

Il portait le même nom que MADELEINE (1) quatre-mâts lancé à Nantes en 1896 . Ce dernier s’était perdu au cours d’un ouragan survenu le 23 Juin 1911 à 23h00 sur rade d’Iquique. Il avait abordé l’UNION (voir fiche de ce navire) avant de chavirer, devenant perte totale.
Voici une vue du MADELEINE (1) chaviré à Iquique.

Image

Caractéristiques du MADELEINE II[/#0000ff]

D’abord gréé en quatre-mâts carré, il fut finalement regréé en trois-mâts carré. Ce n’était pas un navire de grande marche, mais son port en lourd était avantageux par rapport à sa jauge.

3220 tpl 2709 tx JB 2340 tx JN
Longueur environ 88 m Largeur supérieure à 12 m

Voici un tableau représentant le MADELEINE II

Image

La perte du MADELEINE II

Capitaine Alexandre LEVEQUE né le 28/04/1884 à Pléneuf Inscrit à Saint Brieuc

Le 6 Juillet 1917, le MADELEINE II quitte Le Verdon pour Sydney sur lest, en convoi, escorté par trois patrouilleurs. Parmi les voiliers du convoi figurent également ALEXANDRE et MARTHE qui partent vers le Chili, REINE BLANCHE pour Adélaïde, tous de la compagnie Bordes, VERSAILLES et VILLE DE MULHOUSE, affrétés par le gouvernement français pour rapporter des céréales d’Australie et qui ont Melbourne comme port de destination.
La traversée se déroule sans encombre jusqu’à la latitude de Madère.

Rapport du capitaine Lévèque :

« Le Mardi 31 Juillet à 07H00 du matin, par 33°55 N et 22°50 W, j’ai été attaqué par un sous-marin ennemi venant du NE et signalé quelques instants avant par l’homme de vigie comme se dirigeant vers nous. Fait prendre aussitôt les dispositions de combat, mis en marche le moteur pour les émissions des appareils TSF, lancé, aussitôt l’attaque, le signal de détresse SOS suivi de notre position.
Le trois-mâts est handicapé par le calme qui rend ses manœuvres lentes. Je noterai au passage le calme de mon équipage et le sang-froid des canonniers, en particulier du quartier-maitre Dinand, chef plein d’énergie de la pièce de bâbord qui parvint à encadrer l’ennemi, à le garder à distance et tira jusqu’au dernier obus restant sur le pont.
Au bout d’une heure et demie de lutte, après avoir tiré environ 200 obus, un projectile, atteignant la partie arrière de la chambre de veille et tombe sur les armoires à munitions. L’explosion tue et blesse tous les hommes assurant l’alimentation des deux pièces dont le feu diminue progressivement d’intensité, étant dans l’impossibilité de les pourvoir.
Plusieurs autres obus tombent sur le pont, dans la mâture et le long du bord, blessant d’autres hommes. Un autre frappe l’avant bâbord, faisant une brèche à la flottaison.
Ayant plus de la moitié de mon équipage hors de combat, étant moi-même sérieusement blessé à la cuisse gauche et étant couvert de brûlures, le feu de mes pièces étant de plus en plus éteint, décidé, après avis des principaux survivants, d’abandonner le navire dont l’arrière brûlait et que l’eau commençait à envahir. Il était 08h45 du matin. Mis à l’eau la baleinière de bâbord, celle de tribord étant indisponible, trouée par des éclats. Descendu les blessés en premier et quitté le navire avec vingt hommes. Les papiers du bord ont disparu dans l’incendie. Nous nous sommes écartés du bord. Le feu de l’ennemi, resté à distance respectable, cessa vers 10h00, quand le navire eût sombré.
Le sous-marin s’approcha alors, mais changea brusquement sa route pour se diriger vers un vapeur dont on apercevait la fumée à l’horizon. »

Ce navire était le vapeur anglais SNOWDONIAN, 3870 tx. Il fut bientôt attaqué, car son appel de détresse fut reçu par le vapeur américain SANTA CECILIA, capitaine Forward, de la compagnie Nafra Line, de New York, qui faisait route vers Gênes. Un peu plus tard, il fut coulé à la position 33°44 N 22°22 W.
A 13h00, le SANTA CECILIA recueillit les rescapés du MADELEINE II, et les premiers soins, sommaires car le vapeur n’avait pas de médecin, furent donnés aux blessés. Le 4 Août, ils furent transférés sur le chalutier MARACHI qui les débarqua le 7 Août à Casablanca.

Le 30 Septembre 1917, le capitaine Lévèque et ses hommes furent cités à l’ordre du jour de l’armée.
Le 14 Octobre 1917, un témoignage officiel de satisfaction fut accordé au navire et à son équipage.

Voici la liste des onze marins tués au cours du combat

CARFANTON Lieutenant
DELEPINE Emile Second maitre
CHAUTEL Michel Charpentier
GERMAIN Joseph Mécanicien
BRIOT Jean Matelot
DARON Louis Matelot
FRELAUT Georges Matelot
MEHOUAS Joseph Matelot
MORVAN Yves Matelot
GUERIN Armand Mousse
ERRECALDE Victor Télégraphiste

Le sous-marin attaquant

C’était le grand sous-marin U 155 du Kapitänleutnant Karl MEUSEL.
Le lendemain, 1er Août, il allait couler l'ALEXANDRE (voir fiche de ce navire)
Cet officier, né le 4 Août 1881, survécut à la guerre. Il est décédé le 7 Décembre 1941 (jour de l’attaque de Pearl Harbour par les Japonais) à Wesermünde.

Cdlt

Olivier
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Ar Brav
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Re: MADELEINE II Trois-mâts

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Bonjour à tous,

La fiche du Madeleine II :

MADELEINE II Voilier trois-mâts carré (1902-1917)

Chantier :

Société anonyme des Chantiers et Ateliers de Saint-Nazaire (Penhoët), Chantiers de Normandie.
Commencé : 19.01.1902
Mis à flot : 20.09.1902
Terminé : 12.01.1903
En service : 01.1903 (MM)
Retiré : 31.07.1917 (MM)
Caractéristiques : voilier trois mâts carré de 4 725 t ; 2 852 tjb ; 2 264 tjn ; 3 250 tpl ; 1 475 t à lège ; 79,45 (pp) x 13,35 x 7,29 m ; TE 6,32 m ; coque en acier rivetée.
Armement : II de 90 mm.

Observations :

Voilier vraquier destiné au transport du bois construit en 1902 pour le compte de la Société de Navigation du Sud-Ouest, de Bordeaux. Il fait partie d’une série de huit navires de type trois-mâts carré : LEON BLUM, AMIRAL CECILLE, ERNEST REYER, RANCAGUA, QUILLOTA, BERENGERE, MADELEINE, ANDRE THEODORE. Toute la série LEON BLUM (proche du type D de Penhoët, à baignoire), représente des voiliers très larges et assez peu rapides. Les marins disaient d'eux "grosses joues, larges fesses". Ils se caractérisent par une longue dunette et très long roof.
Commandé par la Société de Navigation du Sud-Ouest, MADELEINE est acheté sur cale par l'armement Bordes et prend alors le nom de MADELEINE II, car la Société possède déjà un quatre-mâts carré de ce nom (d'où la confusion du Capitaine historien Lacroix). Le voilier effectue une belle traversée en 1913, en ralliant la Tyne, Angleterre, à Iquique, Chili, en 94 jours. Pendant la guerre, bien que parti avec un convoi de neuf voiliers et escorté de trois patrouilleurs, le MADELEINE, retenu par des vents calmes, est attaqué par un sous-marin, le 31 juillet 1917. Le Capitaine Lévêque ordonne la riposte et pendant trois heures le voilier se défend, tirant plus de 200 obus. Un projectile du sous-marin, qui combat en surface, finit toutefois par atteindre la soute aux munitions du voilier, provoquant son explosion. Le bateau est alors évacué. Il coule en emportant 20 morts. Beaucoup de survivants, blessés, sont récupérés par le steamer américain SANTA-CECILIA. Les membres de l'équipage furent cités à l'ordre du jour des armées. Le même sous-marin allemand (U-155) est fatal trois jours plus tard au quatre-mâts MARTHE, également construit aux Chantiers de Normandie.

Sources :
La fin des Cap-Horniers, par Henri Picard, Editions Edita, 1976
http://www.culture.gouv.fr/culture [...] chanthnor/
Remerciements :
M. Christian Labellie, qui a la gentillesse de me transmettre ces documents
M. Michel Grimaud, chercheur et passionné d'histoire régionale à Pléneuf


Cordialement,
Franck
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Ar Brav
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Re: MADELEINE II Trois-mâts

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Bonjour à tous,

En complément :

MADELEINE
3-mâts carré en acier, 2.709 t.j.b., 2.264 t.j.n. Lancé le 20 septembre 1902 par les Chan¬tiers de Saint-Nazaire, à Rouen, pour la Société de Navigation du Sud-Ouest, de Bordeaux.

Acheté par MM. Bordes en octobre 1904, le navire fut appelé MADELEINE II parce qu'il y avait déjà un quatre-mâts de ce nom dans leur flotte.
La meilleure traversée de MADELEINE II eut probablement lieu en 1913: 94 jours de la Tyne à Iquique.
Le 6 juillet 1917, le trois-mâts, commandé par le capitaine Alexandre Lévêque, appareilla sur lest, de la rade du Verdon, en compagnie de neuf autres voiliers et de trois patrouilleurs. Deux jours plus tard, les escorteurs rentrèrent à leur base et le convoi se dispersa, chaque navire se dirigeant vers sa destination ; celle de MADELEINE II était Sydney.
Le voilier se trouvait à environ 190 milles à l'ouest de Madère, le 31 juillet, quand, vers 7 heures du matin, un sous-marin allemand l'attaqua au canon. Le capitaine Lévêque se défendit pendant près de deux heures et fit tirer plus de deux cents obus par ses deux pièces de 90 mm ; mais la supériorité des canons allemands était telle qu'il dut abandonner le combat. L'équipage comptait dix-sept tués ou blessés et, parmi ces derniers, M. Lévêque avait eu la cuisse traversée par un éclat d'obus. LA MADELEINE II commençait à couler lorsque son évacuation s'acheva. Les rescapés furent recueillis quelques heures plus tard par un vapeur américain et transbordés par la suite sur le chalutier français MARAKCHI qui les débarqua à Casablanca le 7 août.
Le capitaine Lévêque et son équipage furent cités à l'ordre de l'Armée navale le 30 septembre 1917.
Le sous-marin allemand était l'U-155, commandé par le lieutenant de vaisseau Karl Meusel ; il devait couler, dans le même secteur, deux autres beaux voiliers de la maison Bordes : le quatre-mâts ALEXANDRE, le 1er août, et le quatre-mâts MARTHE, le 2 août 1917.*

*L'U-155 avait eu son heure de célébrité comme sous-marin commercial sous le nom de DEUTSCHLAND en 1916. Il fit deux voyages aux Etats-Unis très remarqués ; mais, au début de 1917, il fut transformé en sous-marin de guerre et armé de deux pièces de 155 mm et de six tubes lance-torpilles.

Sources :
La fin des Cap-Horniers, par Henri Picard, Editions Edita, 1976

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Ar Brav
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Re: MADELEINE II Trois-mâts

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Bonjour à tous,

Rapport de mer du Capitaine au long-cours Lévêque, Commandant le trois-mâts Madeleine :

Je soussigné Lévêque Alexandre, capitaine au long-cours, lieutenant de vaisseau auxiliaire, commandant le trois-mâts français "Madeleine" de Bordeaux, jaugeant brut 2.700 tonnes, appartenant à MM. A. D. Bordes & Fils de Paris, déclare avoir quitté la rade du Verdon, le vendredi 6 juillet 1917 à 6 heures du soir à destination de Sydney (Australie) ayant à bord 1.800 tonnes de lest, l'équipage se composant de trente et un hommes en tout et le navire en parfait état de navigabilité. Des petits vents de la partie Est qui durèrent deux jours me permirent de faire route à l'Ouest et de suivre le convoi composé de neuf voiliers escortés de trois patrouilleurs et dont faisait partie mon navire. De jolies brises variables de l'W.S.W. au W.N.W. étant venues m'obligèrent de louvoyer pendant deux jours et désagrégèrent le convoi que les escorteurs avaient quitté le dimanche 8 juillet à 7 heures du soir. Après quelques jours de calmes intermittents, de petits vents dominants de l'Est me permirent de faire route par beau temps. Le dimanche 29 juillet échangé des signaux avec le 4/mâts "Alexandre" allant comme nous.
Le mardi 31 juillet à sept heures du matin, me trouvant par latitude 33° 45' longitude 22° 50' W (de Greenwich) et faisant route au S.W. avec très faible brise d'E.N.E., j'ai été attaqué par un sous-marin ennemi venant du N.E. et signalé quelques instants avant par l'homme de vigie comme se dirigeant vers nous. Fait prendre aussitôt les dispositions de combat, mis en marche le moteur pour les appareils d'émission de T.S.F. et lancé aussitôt l'attaque, le signal de détresse S.O.S. suivi de notre position.
L'adversaire du type le plus grand, portant deux pavillons indistincts, ouvre le feu à 7 H.15 avec sa pièce de chasse dont j'estimai par la suite le calibre à 150 m/m à tir rapide et aussitôt la lutte d'artillerie s'engage à environ 8.000 mètres de distance, chacun à bord étant à son à son poste de combat et les chaines de munitions préalablement constituées au début de l'alerte. Au bout de vingt minutes de combat sans résultat, l'ennemi après s'être rapproché de nous d'environ mille mètres, présente son travers en venant sur bâbord et fait donner ses deux pièces simultanément. Il faisait à ce moment presque calme et, vu la faible vitesse de mon navire et la difficulté de changer rapidement ma route, l'adversaire réussit bientôt à nous encadrer et à rectifier son tir ; néanmoins nous répondions coup pour coup avec toute l'accélération qui nous est possible. Je noterai en passant le courage de mon équipage et le sang-froid des canonniers, en particulier du quartier-maitre Dinand, chef plein d'énergie de la pièce de bâbord qui parvint à encadrer l'ennemi, à le garder à distance et tira jusqu'au dernier et seul un moment, les obus restant sur le pont.
Au bout d'une heure et demie de lutte, après avoir tiré environ deux cents obus, un projectile atteignant la partie AR de la chambre de veille, vient tomber sur les armoires à munitions, en détermine l'explosion, tue et blesse tous les hommes assurant l'alimentation des deux pièces dont le feu diminue progressivement d'intensité, étant dans l'impossibilité de les pourvoir.
Plusieurs autres obus tombant sur le pont, dans la mature et le long du bord, blessent quelques hommes ; un autre frappant l'avant à bâbord, fait une brèche à la flottaison.
Ayant plus de la moitié de mon équipage hors de combat, étant moi-même sérieusement blessé à la cuisse gauche et couvert de brulures, le feu de mes pièces étant de plus éteint, décidé après avis des principaux survivants d'abandonner le navire dont l'arrière brulait et que l'eau commençait à envahir ; il était à ce moment 8 H.45 du matin. Mis le radeau à l'eau et la baleinière de bâbord, celle de tribord étant indisponible, trouée par des éclats, descendu les blessés les premiers et quitté mon navire avec 20 hommes sans avoir pu emporter les papiers de bord détruits dans la chambre de veille (celle-ci ne formait plus qu'un amas de décombres).
Le tir de l'ennemi conservant la même intensité, nous réussissons à franchir la zone de chute sans autre avaries et à nous éloigner du bord. Cependant le sous-marin espace de plus en plus ses coups tout en se maintenant à distance respectable. Mon navire troué fortement en différents endroits incline peu à peu l'avant, prend une forte bande sur tribord et s'enfonce doucement, à 10 heures environ, il disparait définitivement les mâts encore debouts. L'ennemi qui a tiré jusqu'au dernier moment et dont j'estime le nombre de coups à 300, cesse aussitôt le feu et bientôt je l'aperçois se dirigeant vers nous, il portait deux mâts assez élevés et de loin ressemblait parfaitement à un petit vapeur. Etant à 1/2 mille de nous il change brusquement de route, prend ses dispositions de plongée et disparait bientôt. Un vapeur dont on voyait la fumée était sans doute la cause de cette manœuvre, car quelques instants après, nous entendions les coups sourds du canon et apercevions dans la direction du vapeur de fortes colonnes de fumée blanche s'échappant à intervalles très rapprochés. Le signal de détresse de ce navire fut d'ailleurs reçu par le steamer qui quelques instants plus tard devait nous recueillir et dont nous apercevions nettement la fumée à ce moment dans l'Est.
A 1 heures 1/2 du soir,ce vapeur nous ayant aperçus stoppait et nous prenait à son bord. C'était le "Santa-Cécilia", navire américain de la Cie Hafra-Line de New-York, capitaine Forward, faisant route à destination de Gènes. Nous reçûmes à son bord le plus chaleureux accueil et les blessés reçurent les premiers soins avec dévouement. N'ayant pas de docteur à bord, on ne put leur faire que des pansements sommaires. Après 5 jours d'hospitalisation le "Santa-Cecilia" nous déposait à bord du chalutier "Marrakchi" le 4 août 1917 à...heures.

Tel est mon rapport que je déclare sincère et véritable.

Fait à bord du "SANTA CECILIA" le 4 août 1917.
Le Capitaine : Signé, Lévéque.


P. C. C.
Casablanca, le 7 août 1917. P.O. Le lieutenant de Vaisseau Adjudant de Division.

Remerciements :
M. Christian Labellie, de Pléneuf, pour la transmission de ces documents
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Ar Brav
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Re: MADELEINE II Trois-mâts

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Bonjour à tous,

Journal Officiel de la République, du 14 octobre 1917.


MINISTERE DE LA MARINE

Citations à l'ordre de l'armée

Sont cités à l'ordre de l'armée :

Stephan Paul, maitre d'équipage, Le Conquet 4623 : a donné les plus belles preuves de bravoure et brillamment dirigé son personnel, malgré ses blessures, au cours d'un violent combat contre un sous-marin, donnant à tous l'exemple du devoir et du dévouement.
Dujardin Léon, cambusier, Saint Malo 331 : grièvement blessé au cours d'un violent combat contre un sous-marin, a fait preuve de la plus grande bravoure, et, malgré ses souffrances, d'un très beau moral.
Briot Jean : matelot, Dinan 389.
Morvan Yves : matelot, Cancale 6097.
Mehouas Joseph : matelot, Saint Brieuc 34158.
Daron Louis : matelot, Vannes 203.
Guérin Armand : mousse, Bordeaux 10334.
Chautel Michel : charpentier, Fort-de-France 622.
Frelant Georges : matelot, Saint Brieuc 44201.
Germain Joseph : mécanicien, Auray 6276.
Delepine Emile : second-maitre d'équipage, Cancale 1156.
Carfantan Victor : lieutenant, Saint Brieuc 151.

Morts glorieusement pour la France à leurs postes, au cours d'un violent combat contre un sous-marin.

Errecalde Victor : matelot T.S.F. 629155, mort glorieusement pour la France des suites des blessures reçues au cours d'un violent combat contre un sous-marin. A fait preuve malgré ses souffrances d'un moral admirable.

Toque Arsène : second capitaine, Dinan 1882 : au cours d'un violent combat contre un sous-marin, a fait preuve du plus grand sang-froid et d'un mépris complet du danger en concourant à la direction et défense de son bâtiment.
Dinant Edmond : quartier-maitre fusilier 13175-4, a fait preuve du plus beau sang-froid lors d'un violent combat contre un sous-marin. Resté seul à sa pièce, a continué le feu jusqu'à complet épuisement de ses munitions.
Sellin Yves : cuisinier, Concarneau 4264.
Prutot Emile : canonnier 109667-2.
Le Pape Joseph : matelot, Paimpol 1420.
Pottier Pierre : matelot, Saint Nazaire 320.

Blessés à leurs postes au cours d'un violent combat contre un sous -marin, ont montré les plus belles qualités de courage et d'endurance en continuant leur action.

Le trois-mâts goélette Madeleine II (A. D. Bordes et Fils) : pour la conduite héroïque de tout son équipage qui, au cours d'un violent combat contre un sous-marin, n'a cessé de faire preuve du plus beau sang-froid et d'un complet mépris du danger.

Par arrêté ministériel en date du 11 octobre 1917, a été inscrit au tableau spécial de la Légion d'honneur, pour prendre rang du 30 septembre 1917.

Pour le grade de chevalier :

Lévêque Alexandre, lieutenant de vaisseau auxiliaire, Saint Brieuc 427 : pour l'admirable énergie dont il a fait preuve en acceptant et soutenant avec son voilier, dans des conditions très défavorables, un combat particulièrement violent avec un sous-marin puissamment armé. Grièvement blessé, n'a cessé de donner à son équipage le plus bel exemple de qualités morales. N'a quitté son navire, coulant bas et incendié, qu'après avoir épuisé toutes ses munitions. (Croix de guerre).

Remerciements :
M. Christian Labellie, de Pléneuf, pour la transmission de ces documents
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Re: MADELEINE II Trois-mâts

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Bonjour à tous,

ANT. DOM. BORDES & FILS.
Armateurs
11, Boulevard Malesherbes

Paris, le 1 septembre 1917

Monsieur A. Lévêque
Capitaine au Long-Cours Hôpital Militaire
Casablanca.

Monsieur,

Nous avons bien reçu votre lettre du 10 août, ainsi que la copie de votre rapport de mer, qui nous confirme la malheureuse nouvelle transmise par le Gouverneur Maritime de Casablanca.
Malgré le chagrin que nous cause la perte du beau navire que vous commandiez et la mort des braves gens qui vous secondaient, nous tenons à vous exprimer l'admiration que nous ressentons pour votre conduite héroïque dans un combat inégal.
Vous avez fait tout votre devoir dans des circonstances particulièrement pénibles et difficiles : nous vous en félicitons sincèrement. Nous espérons, d'après le contenu de votre lettre, que vous serez bientôt guéri de vos blessures et en état de rentrer en France. De toute façon, nous vous prions de nous faire télégraphier, au reçu de la présente, pour nous donner de vos nouvelles et nous faire connaitre en même temps l'état des autres blessés de la "Madeleine" encore à l'hôpital.
Si vous avez besoin de quelque argent, en dehors des débours de l' Administration, priez l'Agence de la Cie Transatlantique de vouloir bien vous en faire l'avance, dont elle se remboursera, soit par une traite sur nous, soit par un versement que nous ferons à sa Direction de Paris, aussitôt avisés.

Recevez, Monsieur, nos bien sincères salutations.

Ant. Dom. Bordes et fils.

Remerciements :
M. Christian Labellie, de Pléneuf, pour la transmission de ces documents
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Cordialement,
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Re: MADELEINE II Trois-mâts

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Bonjour à tous,

Comité Central des Armateurs de France.

Paris, le 21 février 1919

Monsieur Alexandre Lévêque
Lieutenant de Vaisseau Auxiliaire Commandant le trois-mâts "Madeleine" à MM. Ant. Dom. Bordes & Fils.

Monsieur,

Médailles attribuées aux états-majors et équipages des navires de commerce.
Dans sa séance du 7 juillet 1916, le Conseil de Direction du Comité Central des Armateurs de France a décidé d'honorer les actes de vaillance accomplis par les marins, à tous les degrés de la hiérarchie, à bord des navires de commerce attaqués ou coulés par l'ennemi. Chaque marin du commerce, à la solde d'un armateur, et désigné par l'Etat-major Général de la Marine comme ayant été l'objet d'une citation (à l'ordre de l'Armée, de la Division, de la Brigade, du Régiment, etc...) ou d'une inscription à la Légion d'Honneur ou à la Croix de Guerre, recevra un exemplaire grand module de la médaille frappé sous Louis XIV pour glorifier la renaissance de notre marine et qui porte, à avers, cet exergue : "Splendor rei navalis". Cette médaille est encastrée dans une plaquette au bas de laquelle sont gravés, le nom du marin, son grade, le nom du navire sur lequel il naviguait au moment de l'acte qui lui a valu sa citation, le nom de l'armateur, la date de la citation, etc.. Pour commémorer la belle conduite que vous avez eue à bord du navire "Madeleine", le Comité Central des Armateurs de France est heureux de vous offrir une médaille qui vous parviendra par l'entreprise de : MM. Ant. Dom. Bordes & Fils, pour le compte desquels vous naviguiez. Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de nos sentiments distingués.


Pour le Comité
Le Président
(Signé illisible)

Remerciements :
M. Christian Labellie, de Pléneuf, pour la transmission de ces documents
M. Michel Grimaud, chercheur et passionné d'histoire régionale à Pléneuf


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Re: MADELEINE II Trois-mâts

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Bonsoir à tous,

Quelques renseignements sur le Capitaine Lévêque :

Image

Alexandre Lévêque (1884-1964)

Enfant de Pléneuf, est né le 28 avril 1884 dans la petite ferme de "La Rue", si typiquement bretonne, pour son époque, avec son toit de chaume, et son courtil au midi. Elle a été transformée, modernisée et est devenue une maison bourgeoise du bourg, propriété actuelle du docteur Coutant, 31 rue de la Mer.
Pour beaucoup de jeunes du pays, il y a une centaine d'années, les études primaires terminées, c'est vers le métier de marin que les parents de condition modeste orientaient leurs enfants. Ce fut le cas pour le jeune Alexandre Lévêque qui, dès l'âge de 14 ans (1898) embarqua comme mousse sur le voilier le Petit René puis sur le Saint Michel.
En 1900, il est novice, successivement sur les navires Islandais Saint Michel, la Mouette, le Petit René, Bretagne, bateaux armés à Dahouët, et commandés par des capitaines de bon renom : les Le Pluart.
En 1902, on le trouve matelot sur le Pierre Antonine, commandé par son oncle, Alexandre Lévêque (même prénon et patronyme), capitaine au long-cours. Cet embarquement lui fait connaitre l'Australie. Il mettra sac à terre pour accomplir son service militaire (1904- 1905), comme matelot de 3eme classe, au dépôt de Brest, puis au sémaphore d'Erquy. A son retour à la vie civile, ayant délibérément choisi de faire une carrière de marin, il prépare l'entrée à l'école d'hydrographie de Saint Brieuc (elle n'était pas encore implantée à Paimpol). Grâce aux cours éclairés que dispensait M. Herbert dans ses classes spéciales du soir à l'Ecole publique de Pléneuf, à l'intention des adultes, il réussit à l'examen d'élève officier de la Marine Marchande. De 1907 à 1908, il embarque avec le grade de deuxième lieutenant sur le quatre-mâts Perséverance de la compagnie A. D. Bordes. C'est alors qu'il fait connaissance avec les terribles tempêtes du sinistre Cap-Horn pour toucher le nord du Chili et mouiller à Iquique pour faire un chargement de nitrate. En 1909, à la suite de sa réussite à différents examens de navigation, il reçoit les galons de capitaine au long cours : belle réussite d'un jeune travailleur désireux d'arriver au commandement de grands voiliers du commerce !
Il fera partie du personnel navigant de la compagnie Bordes jusqu'en 1920, ensuite il entrera à la compagnie Delmas-Vieljeux jusqu'à sa mise à la retraite, en 1934. Et la côte d'Afrique, qu'il fréquenta longtemps n'avait plus de secrets pour lui. Entre temps, la guerre de 1914-1918 ne fut pas pour lui comme pour tant d'autres une sinécure, et deux faits de guerre où il s'illustra, méritent d'être rapportés :
Le 1er janvier 1917, commandant l'Aconcagua, trois mâts barque, il fait route de Mejillones vers Rochefort avec son plein de nitrate de soude. A neuf heures du soir, à 300 milles au large des Pertuis, par mer houleuse et bonne brise, un sous-marin ennemi émerge à 200 mètres du voilier, braque son projecteur sur le navire et donne l'ordre à l'équipage de l'abandonner. Toute résistance est impossible, le navire n'étant pas armé, l'évacuation se fait dans les deux baleinières du bord, l'une commandée par le second capitaine, l'autre par le commandant A. Lévêque. Et ils assistent, impuissants, à la destruction du bateau qui coule sous une grêle d'obus tirés du sous-marin U-70. Le sous marin abandonne les naufragés pour poursuivre sa chasse.
De nombreux vapeurs les aperçurent, mais tous s'écartèrent craignant un piège tendu par le corsaire. Enfin, après de longues heures d'isolement, balloté par les vagues, souffrant du froid, l'équipage fut recueilli par un vapeur anglais, le Highland-Prince de la Nelson Line, qui les débarqua à Brixham, sans autres incidents.
Le 6 juillet 1917, Alexandre Lévêque prend le commandement du Madeleine II, trois mâts carré. Il quitte le Verdon sur lest, en convoi, avec neuf autres voiliers, escortés de trois patrouilleurs qui regagnent leur base le 8 juillet, estimant la surveillance superflue.
Au matin du 31 juillet, à sept heures, le Madeleine II est attaqué au canon par un sous-marin, à environ 8.000 m de distance. Le voilier, handicapé par le calme qui rend ses manœuvres lentes, répond, coup pour coup, en tirant plus de 200 obus pour maintenir l'ennemi à distance. Hélas, vers huit heures trente, un projectile tombe sur la soute à munitions qui éclate, tuant ou blessant les canonniers. Bientôt le sous-marin loge encore plusieurs obus sur le pont et dans la mâture et, vers huit heures quarante cinq, aucune résistance n'est plus possible : le tiers de l'équipage est tué, plusieurs des vingts survivants sont blessés dont le commandant couvert de brulures et atteint à la cuisse gauche par un éclat d'obus.
L'arrière du navire est en feu, il commence à couler, l'évacuation est urgente. Les blessés furent descendus les premiers sur un radeau et dans la baleinière restée intacte, toujours sous le feu de l'ennemi. Le sous-marin se rapprocha alors pour assister à l'agonie du trois mâts puis, abandonnant les naufragés, se dirigea vers un vapeur dont on voyait la fumée à l'horizon et qu'il attaqua bientôt. De nombreuses heures plus tard, le steamer américain Santa-Cécilia recueillit les rescapés. Ils furent transférés sur le chalutier Marrachi*, le 4 août, trois jours plus tard, il put les débarquer à Casablanca. La Madeleine II et son équipage furent cités à l'ordre de l'armée (Journal Officiel de la République, du 14 octobre 1917).

* ou Marrakchi

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Sources et remerciements :
M. Christian Labellie, de Pléneuf, pour la transmission de ces documents
M. Michel Grimaud, chercheur et passionné d'histoire régionale à Pléneuf


Cordialement,
Franck


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Re: MADELEINE II Trois-mâts

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

La position estimée du Madeleine II le 31 juillet 1917, au moment de l'attaque, par latitude 33° 45'N et longitude 022° 50' W :

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Re: MADELEINE II Trois-mâts

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

LA SOUSCRIPTION NATIONALE DU " JOURNAL " : 601 900 francs ont été répartis entre les héros de la mer.

Le comité de répartition des fonds de la souscription nationale ouverte pour encourager les équipages des navires marchands français à se défendre contre les sous-marins ennemis et récompenser ceux d' entre eux qui se distinguent dans cette lutte vient de se réunir, au Journal, sous la présidence de M. le vice-amiral Fournier.
Il a voté, tout d'abord, un supplément de primes de 1 600 francs, à attribuer au vapeur Amiral-Ponty, de la Société des Chargeurs Réunis, dont l'effectif de l'équipage est supérieur à celui qui avait été originairement indiqué et d'après lequel les primes avaient été calculées. Le comité, ensuite, a pris connaissance des rapports établis d'après les enquêtes faites par l'état-major général de la Marine, sur les rencontres de navires marchands et de sous-marins ennemis, et il a voté des primes en faveur d'officier et hommes d'équipage embarqués sur les navires suivants :

Vapeur Flandre : 1 500 francs
Vapeur Guéthary : 1 900 francs
Vapeur Suzanne-et-Marie : 400 francs
Pétrolier Radioléine : 11 100 francs
Chalutier Saint Mathieu : 4 600 francs
Vapeur Thérèse-et-Marie : 200 francs
Vapeur Dives : 3 400 francs
Vapeur Sahara : 500 francs
Trois-mâts-goélette Kléber : 23 000 francs
Vapeur Léopold-Dor : 400 francs
Vapeur Circé : 1 800 francs
Quatre-mâts Marthe : 13 600 francs
Trois-mâts Madeleine II : 32 000 francs

Sous-total : 96 400 francs

Vapeur Amiral Ponty (supplém.) : 1 600 francs

Total : 98 000 francs.

Le vapeur Flandre, de la Société Générale de Transports Maritimes à Vapeur, rencontrant, le 3 juillet 1917, un sous-marin qui le canonna à grande distance, riposta avec succès.
Le vapeur Guéthary, de la Société des Chargeurs Français, attaqué par un sous-marin, le 5 août, le contraignit à plonger et à abandonner la poursuite.
Le vapeur Suzanne-et-Marie, à MM. Worms et Cie, le 6 août, parvint, grâce à son artillerie, à empêcher un sous-marin d'émerger.
Le pétrolier Radioléine, de la Société Pétrole-Transports, fut, le 23 juillet, torpillé à la tombée de la nuit. L’inclinaison augmentant très vite, le capitaine fit procéder à l'évacuation et maintint ses embarcations autour de l'épave dérivante. Au jour, constatant que son navire flottait encore, il fit remonter son équipage à bord et parvint à rallier Queenstown.
Le chalutier Saint Mathieu, à MM. Caillé et Cie. Armé d'un seul canon de 47 mm, se rendant sur les lieux de pêche, le 12 juillet, entendit le bruit du canon et fit route dans sa direction. Il aperçut un grand cargo ayant le feu à l'arrière et que son équipage était en train d'abandonner. A ce moment, le chalutier vit apparaître le sous-marin, l’attaqua et le mit en fuite.
Le vapeur Thérèse-et-Marie, à MM. Worms et Cie., le 26 juillet, naviguant en tête d'un convoi, aperçut un sous-marin et le força à plonger. Le vapeur Dives, de la Compagnie Générale Transatlantique, attaqué à grande distance, le 1er août, par un sous-marin, riposta énergiquement et parvint à se faire abandonner.
Le vapeur Sahara, de la Société des Affréteurs Réunis, attaqué, le 17 juin 1917, par un sous-marin maquillé en chalutier, contraignit l'ennemi à s'immerger.
Le trois-mâts-goélette Kléber, à M. Chevalier, attaqué, le 7 septembre, par un sous-marin à 8 000 mètres, eut son capitaine et son second tués au début de l'action, mais celle-ci, conçue par le second, se déroula sous le commandement du maitre d'équipage. Quatre hommes simulent l'abandon du navire, de façon que l'ennemi s'en rapproche ; alors, le Kléber attaque hardiment. Le sous-marin plonge si rapidement qu'il abandonne un de ses canonniers avec les quatre hommes du Kléber qu'il avait embarqués sur son pont. Ceux-ci rallient leur embarcation et sauvent le marin allemand. Pendant ce temps, le voilier avait fait route avec ses héroïques défenseurs et gagné Groix. Lorsque le sous-marin émergea dans la nuit, il accosta l'embarcation, reprit son canonnier et s'éloigna.
Le vapeur Léopold-Dor, de la Société des Affréteurs Réunis, réussit, le 6 août, à se faire abandonner par un sous-marin qui le poursuivait.
Le vapeur Circé, à MM. Gaston Lamy et Cie., se défendit habilement contre un sous-marin, le 13 juillet.
Le quatre-mâts Marthe, à MM. Ant. Dom. Bordes et Fils, le 2 août, était attaqué par un sous-marin ; il riposta et le combat dura près d'une heure. Le voilier, atteint une trentaine de fois dans sa coque et son gréement, dut être évacué.
Le trois-mâts Madeleine II, à MM. Ant. Dom. Bordes et Fils, fut attaqué au canon, le 31 juillet, par un sous-marin. Le combat commença à 8 000 mètres et 200 obus furent tirés par le voilier, qui, pris par le calme étant sous voiles, offrait une cible facile à l'ennemi, qui tira plus de 300 obus, dont l'un, après une heure et demie de lutte, détermina explosion des armoires à munitions, tuant et blessant plusieurs hommes. L'évacuation se fit à l'aide d'un radeau et de la seconde baleinière.
Les primes sont payées aux ayants droit par MM. les administrateurs de l'Inscription Maritime, dans le port d'armement de chaque navire.
A ce jour, le montant des primes allouées aux héros de la mer s'élève à 601 900 francs.
Le total de la souscription, y compris les sommes reçues depuis la dernière publication, s’élève à 1 175 927 fr.75
Le montant des primes allouées étant de 601 900 fr 00
Il reste disponible à ce jour 574 027 fr 75.

Remerciements :
M. Christian Labellie, de Pléneuf, pour la transmission de ces documents
M. Michel Grimaud, chercheur et passionné d'histoire régionale à Pléneuf, pour la rédaction et la mise à disposition de ses recherches.


Cordialement,
Franck
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Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
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