Bonjour,
Dans le cliché, présenté ci-dessus par Olivier 12, d'un tableau de Brenn avec le capitaine Henry en médaillon, il est indiqué "date inconnue".
Ce cliché est paru dans le livre du comité du patrimoine de Saint-Briac. Cet ouvrage signale qu'il s'agit du capitaine Olivier Jean Henry du quartier de Paimpol, ce qui semble inexact, car ce dernier a été capitaine chez Bordes du Quillota et de Jeanne d'Arc, tandis qu'Armand Auguste Marcellin Henry de l'île d'Yeu a été capitaine de Brenn et de Jeanne d'Arc, de la Compagnie Navale de l'Océanie, les deux navires étant des frères en construction.
Les dates d'escale de Brenn en Australie, (Hobart en octobre 1908, venant de Dublin, repartant pour San Francisco via Newcastle ; Newcastle en mai 1909, venant de San Francisco et y repartant) situent ce commandement aux années 1908-1909 au moins, Brenn faisant ensuite des voyages de Nickel en Nouvelle-Calédonie.
Le capitaine Armand Henry , né le 6 janvier 1879, avait d'abord commandé Cambronne de la Société Anonyme des Voiliers Nantais, à 250 francs par mois, une commission de 1 % sur le fret et de 1 % sur la prime de navigation. Il l'avait quitté en mai 1906 et s'était marié le mardi 19 juin 1906 à l'île d'Yeu avec Alice Renaud. Resté à terre près d'un an, embarquant à la pêche pour maintenir ses Invalides, il eut un fils, Armand, né le 5 avril 1907, qu'il vit quelques jours avant son départ comme commandant de Brenn, le 13 avril 1907, pour un voyage de quatorze mois qui se termina à Dublin le 13 juin 1908 où Madame Henry rejoignit son mari pour l'accompagner lors du prochain voyage. Cependant, elle le quitte à Sydney, embarquant sur le paquebot Salazie des Messageries Maritimes, le 12 juin 1909 pour rentrer en Europe où elle accouche de Marcelle, le 21 novembre 1909, à l'île d'Yeu. Le capitaine Henry fit seul un autre voyage, en Nouvelle-Calédonie, et quitta Brenn à son retour en Europe le 4 mai 1911. Il reprit la mer en décembre 1911, comme capitaine de Jeanne d'Arc, avec sa femme, sans savoir que l'on avait enterré le 21 décembre, leur fille Marcelle. C'était un voyage tour du monde pour le nickel, les parents n'apprenant la mort de leur fille qu'à Nouméa, qui se termina le 3 novembre 1912, au Havre. Madame Henry n'a pas gardé de bons souvenirs des équipages : " Les matelots avaient mauvais esprit. Moins on les voyait, mieux cela valait. Il y a toujours eu des fortes têtes, qui cherchaient des histoires à ton grand-père..On avait des anarchistes...Ils vous auraient tués absolument comme un requin." Nommé capitaine du port de Nouméa, le capitaine Henry y officiera pendant la Grande Guerre, quittant l'île le 20 janvier 1919. Nommé à Diego-Suarez, il y décédera le 14 novembre 1921, des suites de ses blessures, ayant été écrasé entre sa chaloupe et un navire à piloter, de nuit, en rade de Diego-Suarez. Son corps sera rapatrié en France.
Le prédecesseur, depuis plusieurs années, à bord de Brenn, du capitaine Henry était le capitaine Berthet, celui-là même qui a déséchoué, avec les moyens du bord, en trois jours, son navire devant Port Adélaïde en septembre 1903. Louis Lacroix signale que le capitaine Berthet est mort à bord, par accident, sans autres précisions. A bord de Jeanne d'Arc, il a succédé au capitaine Boutrot, en poste de 1901 à 1911.
Sources : Comité Patrimoine de Saint-Briac, Le Cap Horn, une épopée briacine, Cristel éditions, 2011, photo page 147 du rôle.
Patrick Ahern, French sailing ships at Australian ports, arrivals and departures 189-1925, Patrick Ahern, 2010.
Patrick Ahern, Full sail beyond the three capes the french bounty ships in Australia, 1898-1925, Patrick Ahern, 2008.
Louis Lacroix, Les derniers grands voiliers, Peyronnet, 1937.
Jean-François Henry, La dame du grand-mât, une cap-hornière en 1900, Yves Salmon éditeur, 1984, photo page 112.
Etienne Bernet, Les cap-hornières, femmes de capitaines à bord des voiliers,long-courriers, MDV, 2008.
