Les traumatismes de guerre...

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Titeuil
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Re: Les traumatismes de guerre...

Message par Titeuil »

Bonsoir Danielle, bonsoir à tous,

Voici un extrait de l'ouvrage de Gabriel Chevallier, La peur, 1930, Paris, éditions Le dilettante, 2008, p. 242. Il y évoque la neurasthénie (profond et récurrent état de grande tristesse) et la monomanie (tendance obsessionnelle à ne penser perpétuellement qu'à une seule chose).

"Lorsque la peur devient chronique, elle fait de l’individu une sorte de monomane. Les soldats appellent cet état le cafard. En réalité, c’est une neurasthénie consécutive à un surmenage nerveux. Beaucoup d’hommes, sans le savoir, sont des malades, et leur fébrilité les pousse aussi bien au refus d’obéissance, aux abandons de poste, qu’aux témérités funestes."

Voici également un extrait du témoignage du soldat dont j'ai publié la correspondance :


Lundi, 18 juin 1917

Ma chère Marie,

(…) Hier, j’a écris une lettre à la Goutelle pour lui donner des nouvelles de Goutelle. Il a été évacué 2 jours après qu’il a été rentré de permission, il se connaissait plus quand il est arrivé sur le front, il n’a pas reconnu ses camarades, il ne faisait que chanter. C’est bien malheureux pour lui et pour sa femme mais s’il était une fois chez lui cela pourrait se passer. Ca nous fâche bien de le quitter comme ça, cela nous faisait plaisir de se rencontrer de temps en temps. C’était le type gai, et tout ce qu’on pouvait trouver de bon garçon c’est encore la guerre qui est cause de cela. On aurait bien tous la place d’y perdre la tête, autrement il faut vivre sans souci pour ne pas la perdre, mais il y a des caractères qui ne peuvent pas. (…)

Lundi, 25 juin 1917

Chère Marie,
(…) En attendant nous allons passer quelques semaines à l’arrière et nous en avons bien de besoin, car beaucoup d’entre nous, de temps en temps, nous sommes comme Goutelle, cela pourrait finir de nous tourner complètement... (…)

Dimanche, 1er juillet 1917

Chère Marie,

(…) Nous sommes partis d’où nous étions avant-hier en chemin de fer et nous sommes venus dans la Meuse, mais nous sommes à une cinquantaine de kilomètres à l’arrière du front. Voilà 13 jours que nous avons point reçu de lettre, le temps dure encore davantage quand on reste quelques temps sans recevoir de nouvelles. D’ailleurs à présent la grande partie nous sommes à moitié fous par moment, on nous laisse bien tranquille à l’arrière à présent, plus d’exercice du tout, autrement on ferait des bêtises. Malgré cela ils auront bien de la peine à nous ramener d’aplomb. (…)

Lundi, 9 juillet 1917

Ma chère Marie,

(…) Hier dimanche D. et moi nous avons passé la soirée avec C. de Coublanc et nous avons bu un petit coup ensemble croyant de nous remonter le moral car on devient fou. (…)

Bien à vous tous,

Christophe
evelyne josse
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Re: Les traumatismes de guerre...

Message par evelyne josse »

Bonjour Christophe,
J'écris un livre sur les traumatismes psychiques de la grande guerre.
J'aimerais reprendre un extrait de lettre.
Comment puis-je le citer?
Un grand merci d'avance!
Bonsoir Danielle, bonsoir à tous,

Voici un extrait de l'ouvrage de Gabriel Chevallier, La peur, 1930, Paris, éditions Le dilettante, 2008, p. 242. Il y évoque la neurasthénie (profond et récurrent état de grande tristesse) et la monomanie (tendance obsessionnelle à ne penser perpétuellement qu'à une seule chose).

"Lorsque la peur devient chronique, elle fait de l’individu une sorte de monomane. Les soldats appellent cet état le cafard. En réalité, c’est une neurasthénie consécutive à un surmenage nerveux. Beaucoup d’hommes, sans le savoir, sont des malades, et leur fébrilité les pousse aussi bien au refus d’obéissance, aux abandons de poste, qu’aux témérités funestes."

Voici également un extrait du témoignage du soldat dont j'ai publié la correspondance :


Lundi, 18 juin 1917

Ma chère Marie,

(…) Hier, j’a écris une lettre à la Goutelle pour lui donner des nouvelles de Goutelle. Il a été évacué 2 jours après qu’il a été rentré de permission, il se connaissait plus quand il est arrivé sur le front, il n’a pas reconnu ses camarades, il ne faisait que chanter. C’est bien malheureux pour lui et pour sa femme mais s’il était une fois chez lui cela pourrait se passer. Ca nous fâche bien de le quitter comme ça, cela nous faisait plaisir de se rencontrer de temps en temps. C’était le type gai, et tout ce qu’on pouvait trouver de bon garçon c’est encore la guerre qui est cause de cela. On aurait bien tous la place d’y perdre la tête, autrement il faut vivre sans souci pour ne pas la perdre, mais il y a des caractères qui ne peuvent pas. (…)

Lundi, 25 juin 1917

Chère Marie,
(…) En attendant nous allons passer quelques semaines à l’arrière et nous en avons bien de besoin, car beaucoup d’entre nous, de temps en temps, nous sommes comme Goutelle, cela pourrait finir de nous tourner complètement... (…)

Dimanche, 1er juillet 1917

Chère Marie,

(…) Nous sommes partis d’où nous étions avant-hier en chemin de fer et nous sommes venus dans la Meuse, mais nous sommes à une cinquantaine de kilomètres à l’arrière du front. Voilà 13 jours que nous avons point reçu de lettre, le temps dure encore davantage quand on reste quelques temps sans recevoir de nouvelles. D’ailleurs à présent la grande partie nous sommes à moitié fous par moment, on nous laisse bien tranquille à l’arrière à présent, plus d’exercice du tout, autrement on ferait des bêtises. Malgré cela ils auront bien de la peine à nous ramener d’aplomb. (…)

Lundi, 9 juillet 1917

Ma chère Marie,

(…) Hier dimanche D. et moi nous avons passé la soirée avec C. de Coublanc et nous avons bu un petit coup ensemble croyant de nous remonter le moral car on devient fou. (…)

Bien à vous tous,

Christophe
Evelyne Josse
zephyr joyeux
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Re: Les traumatismes de guerre...

Message par zephyr joyeux »

Bonsoir.Je crois savoir qu apres la guerre,les cas d alcoolisme etaient bien plus nombreux que les cas de depression melancolique.Cordiale
ment.
zephyr joyeux
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