Bonjour à toutes et à tous,
Les agents antiseptiques des plaies (suite).
Dans les trois dernières années de la guerre, certains désinfectants perdirent de leur intérêt en particulier au niveau des formations hospitalières de pointe.
Le sublimé, le nitrate d'argent, le violet de méthylène en solution alcoolique ou aqueuse et le permanganate de potassium furent successivement abandonnés.
On leur substitua des produits qui activaient les agents de défense de l'organisme, à savoir: les globules blancs et les anticorps du système immunitaire. Ce furent:
- les solutions de sel marin, concentrées à 7% et appliquées en pansements humides provoquaient une exsudation séreuse importante entraînant le lavage des tissus de l'intérieur vers l'extérieur, tout en débarrassant la plaie des tissus mortifiés qu'elle contenait encore;
- le chlorure de magnésium permettait d'accroître considérablement la puissance phagocitaire des globules blancs (leur action de destruction des germes). Il suffisait de recouvrir les plaies de compresses imbibées de cette solution pendant 7 à 10 jours pour que les suppurations disparaissent et que de nouveaux tissus débutent leurs bourgeonnements;
- les insufflations d'oxygène pur et d'air chaud se faisaient à l'aide d'un ballon relié à un drain placé dans la plaie. Un infirmier pressait de façon régulière le ballon. L'air chaud ou l'oxygène traversait un tube rempli de ouate imbibée d'essence de cannelle afin de garantir leur pureté. En 7 à 8 jours, de grands délabrements séchaient, prenaient un aspect bourgeonnant et ceci sans infection ni élévation de la température.
Le Professeur QUENU fut le premier chirurgien à préconiser cette stérilisation;
- le sérum polyvalent de Leclainche et Vallée provenait de sérum de chevaux infectés par différents germes aérobies et anaérobies responsables des principales suppurations. Ce sérum, riche en antigènes, était injecté dans les plaies profondes ou servait à imbiber des compresses appliquées en pansements humides. Par réaction, le système immunitaire du blessé accélérait la synthèse des anticorps spécifiques. Par la suite le sérum fut administré en injections hypodermiques ou intraveineuses. Ses indications concernaient surtout les suppurations chroniques.
(à suivre)
Cordialement,
Jean RIOTTE.
Pharmacopée 14-18
- Jean RIOTTE
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Re: Pharmacopée 14-18
Bonsoir à toutes et à tous,
Toujours tiré du livre du Dr SCHNEIDER
Le traitement médicamenteux des états de choc.
Leur traitement comprenait le réchauffement du blessé, l'élévation de sa tension artérielle souvent effondrée et principalement la régularisation de son rythme cardiaque trop souvent très rapide et irrégulier ou au contraire trop lent.
Les principales médications cardio-vasculaires:
- la digitaline. Sous son effet la fréquence des battements cardiaques diminuait et se régularisait. Elle entraînait une augmentation des maxima et des minima de la tension artérielle. Dans les cas d'urgence, au niveau des PS de bataillon, les médecins injectaient en hypodermique une dose d'un quart de milligramme.
- l'adrénaline augmentait la contractilité ainsi que la fréquence cardiaque et provoquait la vasoconstriction de certains territoires distaux de l'organisme entraînant ainsi une augmentation du débit cardiaque et de la tension artérielle.
- la caféine et le café outre leur rôle d'excitant général du système nerveux, agissaient aussi sur le système circulatoire, à la dose d'un gramme par jour. Cette action se manifestait par un renforcement des contractions cardiaques et par une élévation de la tension artérielle. Son action sur le coeur se révélait rapide, énergique mais de courte durée. Les premiers effets apparaissaient une demi-heure après l'injection hypodermique. Les collapsus cardiaques (effondrement de la tension artérielle avec pouls rapide et filant, refroidissement brutal des extémités et pâleur) étaient traités à la caféine. Le malade sortait de sa torpeur, le pouls reprenait un rythme moins rapide, les couleurs remontaient à son visage et sa respiration se faisait avec plus d'amplitude et de régularité. Les effets restant provisoires, l'injection devait être répétée toutes les trois à quatre heures. Dans les cas de collapsus alarmants, on pouvait injecter jusqu'à 2 ou 3 grammes de caféine par jour en huit injections pratiquées toutes les 3 heures. Caféine et digitaline étant complémentaires, ces remèdes furent souvent associés. Parfois, suite à un manque de caféine, il arriva que des médecins de PS de bataillon lui substitue du café froid administré en intramusculaire.
- le camphre, injecté sous forme d'huile camphrée, permettait également de soutenir un coeur défaillant.
- l'arnica, administrée en teinture à raison d'un à trois grammes pour 120 grammes d'eau, était un stimulant du système nerveux utilisé lors de collapsus.
- la spartéine permettait d'augmenter la fréquence du rythme cardiaque.
- la strychnine sous forme de granules d'un demi-milligramme de principe actif entraînait une puissante stimulation cardio-vasculaire. La dose journalière pouvait atteindre 5 milligrammes.
- le sérum physiologique et le sérum glucosé administrés en perfusion sous-cutanée ou en intra-veineuse à la dose de cinq cents grammes à un litre, jouaient un rôle de remplissage du système circulatoire en cas de déperdition sanguine importante à la suite d'une hémorragie.
(à suivre)
Cordialement.
Jean RIOTTE.
Toujours tiré du livre du Dr SCHNEIDER
Le traitement médicamenteux des états de choc.
Leur traitement comprenait le réchauffement du blessé, l'élévation de sa tension artérielle souvent effondrée et principalement la régularisation de son rythme cardiaque trop souvent très rapide et irrégulier ou au contraire trop lent.
Les principales médications cardio-vasculaires:
- la digitaline. Sous son effet la fréquence des battements cardiaques diminuait et se régularisait. Elle entraînait une augmentation des maxima et des minima de la tension artérielle. Dans les cas d'urgence, au niveau des PS de bataillon, les médecins injectaient en hypodermique une dose d'un quart de milligramme.
- l'adrénaline augmentait la contractilité ainsi que la fréquence cardiaque et provoquait la vasoconstriction de certains territoires distaux de l'organisme entraînant ainsi une augmentation du débit cardiaque et de la tension artérielle.
- la caféine et le café outre leur rôle d'excitant général du système nerveux, agissaient aussi sur le système circulatoire, à la dose d'un gramme par jour. Cette action se manifestait par un renforcement des contractions cardiaques et par une élévation de la tension artérielle. Son action sur le coeur se révélait rapide, énergique mais de courte durée. Les premiers effets apparaissaient une demi-heure après l'injection hypodermique. Les collapsus cardiaques (effondrement de la tension artérielle avec pouls rapide et filant, refroidissement brutal des extémités et pâleur) étaient traités à la caféine. Le malade sortait de sa torpeur, le pouls reprenait un rythme moins rapide, les couleurs remontaient à son visage et sa respiration se faisait avec plus d'amplitude et de régularité. Les effets restant provisoires, l'injection devait être répétée toutes les trois à quatre heures. Dans les cas de collapsus alarmants, on pouvait injecter jusqu'à 2 ou 3 grammes de caféine par jour en huit injections pratiquées toutes les 3 heures. Caféine et digitaline étant complémentaires, ces remèdes furent souvent associés. Parfois, suite à un manque de caféine, il arriva que des médecins de PS de bataillon lui substitue du café froid administré en intramusculaire.
- le camphre, injecté sous forme d'huile camphrée, permettait également de soutenir un coeur défaillant.
- l'arnica, administrée en teinture à raison d'un à trois grammes pour 120 grammes d'eau, était un stimulant du système nerveux utilisé lors de collapsus.
- la spartéine permettait d'augmenter la fréquence du rythme cardiaque.
- la strychnine sous forme de granules d'un demi-milligramme de principe actif entraînait une puissante stimulation cardio-vasculaire. La dose journalière pouvait atteindre 5 milligrammes.
- le sérum physiologique et le sérum glucosé administrés en perfusion sous-cutanée ou en intra-veineuse à la dose de cinq cents grammes à un litre, jouaient un rôle de remplissage du système circulatoire en cas de déperdition sanguine importante à la suite d'une hémorragie.
(à suivre)
Cordialement.
Jean RIOTTE.
Re: Pharmacopée 14-18
Merci Jean,
Ce feuilleton remplace avantageusement "Plus belle la vie"
Dominique
Ce feuilleton remplace avantageusement "Plus belle la vie"

Dominique
Re: Pharmacopée 14-18
Bonjour Docteurs/Doktors
Je pose la question de Achache ici :
pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-armees ... _155_1.htm
Est ce que le LKZ ne serait pas un medicament ou une médicamentation (starkwirkenden Arzneien) ?
Cdt
Armand
Je pose la question de Achache ici :
pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-armees ... _155_1.htm
Est ce que le LKZ ne serait pas un medicament ou une médicamentation (starkwirkenden Arzneien) ?
Cdt
Armand
Sur les traces du 132ème RI " Un contre Huit " et du 294ème RI (le "29-4")
Re: Pharmacopée 14-18
re
Un ami allemand me dit :
"LKZ" signifie "Lebendkeimzahl" ce qui veut dire "Unité formant colonnie, UFC" terme que l'on retrouve sur les résultats d'analyses microbiologiques pour un dénombrement de germes.
Est ce plausible durant la PGM ?
Cdt
Armand
Un ami allemand me dit :
"LKZ" signifie "Lebendkeimzahl" ce qui veut dire "Unité formant colonnie, UFC" terme que l'on retrouve sur les résultats d'analyses microbiologiques pour un dénombrement de germes.
Est ce plausible durant la PGM ?
Cdt
Armand
Sur les traces du 132ème RI " Un contre Huit " et du 294ème RI (le "29-4")
- Jean RIOTTE
- Messages : 5774
- Inscription : sam. nov. 05, 2005 1:00 am
Re: Pharmacopée 14-18
Bonsoir à toutes et à tous,
Toujours dans le cadre de la pharmacopée 1914-1918 (suite).
Les antalgiques majeurs.
Afin de combattre la douleur, différents antalgiques furent utilisés:
- la morphine se révéla le remède de prédilection lorsqu'il s'agissait de calmer rapidement une douleur intense. En injections hypodermiques, la rapidité de son action était tout à fait remarquable. La première injection était de l'ordre de un ou un demi-centigramme selon l'intensité de la douleur. La sédation survenait en un quart d'heure. Souvent les injections de quelques milligrammes devaient être répétées de demi-heure en demi-heure jusqu'à la dose de cinq centigrammes par 24 heures. Le produit était proposé sous forme de solution en ampoules de verre;
- l'héroïne, dérivée de la morphine, présentait un effet analgésique comparable. Elle était administrée en injections hypodermiques;
- la codéine, administrée sous forme de comprimés, de potions ou de sirops était réservée aux douleurs chroniques moins intenses;
- les comprimés d'opium, distribués aux blessés conscients, permettaient de combattre efficacement les algies rebelles;
- l'aspirine: en 1914 ce sont les Laboratoires allemands BAYER qui sont propriétaires du brevet sur la synthèse de " l'Aspirin ". A la déclaration de guerre ce produit ne pouvait plus être importé d'Allemagne. Ne s'embarrassant nullement de scrupules la France fit synthétiser l'Aspirin par les laboratoires pharmaceutiques français sous le nom de "Antipyrine". Dans les dommages de guerre que l'Allemagne devra verser aux vainqueurs lors de la signature du traité de Versailles, figureront les droits d'usage du mot "Aspirin" au bénéfice de l'industrie pharmacologique française.
(à suivre)
Cordialement.
Jean RIOTTE.
Toujours dans le cadre de la pharmacopée 1914-1918 (suite).
Les antalgiques majeurs.
Afin de combattre la douleur, différents antalgiques furent utilisés:
- la morphine se révéla le remède de prédilection lorsqu'il s'agissait de calmer rapidement une douleur intense. En injections hypodermiques, la rapidité de son action était tout à fait remarquable. La première injection était de l'ordre de un ou un demi-centigramme selon l'intensité de la douleur. La sédation survenait en un quart d'heure. Souvent les injections de quelques milligrammes devaient être répétées de demi-heure en demi-heure jusqu'à la dose de cinq centigrammes par 24 heures. Le produit était proposé sous forme de solution en ampoules de verre;
- l'héroïne, dérivée de la morphine, présentait un effet analgésique comparable. Elle était administrée en injections hypodermiques;
- la codéine, administrée sous forme de comprimés, de potions ou de sirops était réservée aux douleurs chroniques moins intenses;
- les comprimés d'opium, distribués aux blessés conscients, permettaient de combattre efficacement les algies rebelles;
- l'aspirine: en 1914 ce sont les Laboratoires allemands BAYER qui sont propriétaires du brevet sur la synthèse de " l'Aspirin ". A la déclaration de guerre ce produit ne pouvait plus être importé d'Allemagne. Ne s'embarrassant nullement de scrupules la France fit synthétiser l'Aspirin par les laboratoires pharmaceutiques français sous le nom de "Antipyrine". Dans les dommages de guerre que l'Allemagne devra verser aux vainqueurs lors de la signature du traité de Versailles, figureront les droits d'usage du mot "Aspirin" au bénéfice de l'industrie pharmacologique française.
(à suivre)
Cordialement.
Jean RIOTTE.
- RSanchez95
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- Inscription : ven. juil. 03, 2009 2:00 am
Re: Pharmacopée 14-18
Bonjour,
Concernant la quinine j'avais photographié il y a trois ans un extrait d'un ordre général (2eme partie) (Armé d'Orient) figurant dans un document des décisions du service aéronautique de l'Armée d'Orient pour la journée du 12 juillet 1916 :
Maintenant le paludisme n'existe plus en Grèce et Macédoine, mais à l'époque oui et assurément. Malgré les moustiquaires et le traitement préventif à la quinine de très nombreux militaires sur ce front avaient les fièvres paludéennes et il y avait aussi des évacuations vers la France.
Que faut-il penser de ce traitement préventif en 1916 ?
Ce traitement préventif (nombre de comprimés par jour), avait-il changé pendant le conflit en Orient? Avez-vous connaissance d'autres ordres concernant le traitement préventif en nombre de comprimés ?
Merci pour tout éclairage à ce sujet.
Cordialement.
Concernant la quinine j'avais photographié il y a trois ans un extrait d'un ordre général (2eme partie) (Armé d'Orient) figurant dans un document des décisions du service aéronautique de l'Armée d'Orient pour la journée du 12 juillet 1916 :
Quelle était l'efficacité de ce traitement préventif contre le paludisme à l'époque en Orient ?EXTRAIT DE L'ORDRE GENERAL (2e partie) POUR LA JOURNEE DU 12 JUILLET 1916.
II - Le traitement préventif du paludisme devra être l'objet d'une attention toute spéciale.
Au lieu de prendre 0,25 de quinine tous les jours, la dose sera dorénavant augmentée et absorbée de la façon suivante :
Un jour 0,25, le lendemain 0,50, et ainsi de suite. La dose unique de 0, 25 sera prise le soir au moment du repas, la dose 0,50 en deux fois, le matin, avec le café, un comprimé de 0,25, le soir, un autre au moment du repas. Tout embarras gastrique doit être considéré comme de nature paludéenne et traité de suite par la quinine à haute dose, de préférence au moyen d'injections intramusculaires, s'il parait tant soit peu grave, avant toute évacuation.
Les unités auxquelles les moustiquaires n'auraient pas encore été distribués adresseront leur demandes d'urgence.
(Source : "document des décisions du service aéronautique de l'Armée d'Orient du 12 juillet 1916" au S.H.D. de Vincennes.
Maintenant le paludisme n'existe plus en Grèce et Macédoine, mais à l'époque oui et assurément. Malgré les moustiquaires et le traitement préventif à la quinine de très nombreux militaires sur ce front avaient les fièvres paludéennes et il y avait aussi des évacuations vers la France.
Que faut-il penser de ce traitement préventif en 1916 ?
Ce traitement préventif (nombre de comprimés par jour), avait-il changé pendant le conflit en Orient? Avez-vous connaissance d'autres ordres concernant le traitement préventif en nombre de comprimés ?
Merci pour tout éclairage à ce sujet.
Cordialement.
- RSanchez95
- Messages : 2052
- Inscription : ven. juil. 03, 2009 2:00 am
Re: Pharmacopée 14-18
Je relis mon message et je voudrais apporter une précision. Je ne critique nullement le traitement préventif utilisé en 1916. Mes questions sont uniquement pour avoir une idée des résultats obtenus par lui à cette époque et sur le front en Orient, et en savoir plus sur le sujet.Quelle était l'efficacité de ce traitement préventif contre le paludisme à l'époque en Orient ?
Maintenant le paludisme n'existe plus en Grèce et Macédoine, mais à l'époque oui et assurément. Malgré les moustiquaires et le traitement préventif à la quinine de très nombreux militaires sur ce front avaient les fièvres paludéennes et il y avait aussi des évacuations vers la France. Que faut-il penser de ce traitement préventif en 1916 ?
Salutations.
-
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- Inscription : lun. mars 17, 2014 1:00 am
Re: Pharmacopée 14-18
Bonjour,
Vous trouverez à cette adresse l'inventaire complet des produits trouvés dans une pharmacie portative d'une compagnie sanitaire allemande abandonnée dans la vallée de Munster (Alsace) tout près du front des Vosges :
http://wintzenheim1418.free.fr/malle-sa ... itaire.htm
Est-ce que quelqu'un dispose d'une liste type du contenu d'une telle malle sanitaire allemande ?
Cordialement
Guy FRANK, Société d'Histoire de Wintzenheim
Vous trouverez à cette adresse l'inventaire complet des produits trouvés dans une pharmacie portative d'une compagnie sanitaire allemande abandonnée dans la vallée de Munster (Alsace) tout près du front des Vosges :
http://wintzenheim1418.free.fr/malle-sa ... itaire.htm
Est-ce que quelqu'un dispose d'une liste type du contenu d'une telle malle sanitaire allemande ?
Cordialement
Guy FRANK, Société d'Histoire de Wintzenheim
SHW