"Prisme 14-18" : un groupe de recherche sur les fusillés voit le jour
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Re: "Prisme 14-18" : un groupe de recherche sur les fusillés voit le jour
Bonjour monsieur,parce que si un jour quelqu un s avise de tout ecrire,il y en aura encore un autre derriere pour rechercher peut etre les noms des membres des pelotons d execution......et on ne s en sortira jamais.Tres cordialement.
zephyr joyeux
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Re: "Prisme 14-18" : un groupe de recherche sur les fusillés voit le jour
bonjour,
Ben, oui vous avez raison, mieux vaut ne pas étudier trop l'histoire.
La longueur des baïonnettes oui ....les "trous" qu'on fait avec non!
A propos, je croyais, mais je peux me tromper, que les noms des soldats ayant participé à un peloton d'exécution n'étaient jamais connus par écrit et que les fusils étaient tirés au sort.
A bientôt.
CC
Ben, oui vous avez raison, mieux vaut ne pas étudier trop l'histoire.
La longueur des baïonnettes oui ....les "trous" qu'on fait avec non!
A propos, je croyais, mais je peux me tromper, que les noms des soldats ayant participé à un peloton d'exécution n'étaient jamais connus par écrit et que les fusils étaient tirés au sort.
A bientôt.
CC
- Eric Mansuy
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- Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am
Re: "Prisme 14-18" : un groupe de recherche sur les fusillés voit le jour
Bonjour à tous,
Bonjour Claude,
"je croyais, mais je peux me tromper, que les noms des soldats ayant participé à un peloton d'exécution n'étaient jamais connus par écrit et que les fusils étaient tirés au sort." : c'est non dans les deux cas.
Deux exemples ci-dessous, l'un pour illustrer le fait que les membres du peloton étaient désignés nommément, l'autre (pour une double exécution) concernant les armes fournies.
Bien sincèrement,
Eric Mansuy
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...ème régiment d’infanterie
NOTE DE SERVICE
EXECUTION CAPITALE
Le … décembre 1915, à 15 h 30, il sera procédé à l’exécution capitale du soldat …, de la 10e Cie du …ème Rgt d’Inf. condamné à la peine de mort par le Conseil de Guerre spécial (prescrit conformément au décret du 6 septembre 1914, par le général commandant la …ème DI), dans sa séance du … décembre 1915, pour : « Violence à main armée sur une sentinelle » (article 220, 1er alinéa du Code de J.M.).
L’exécution aura lieu dans les conditions fixées par l’art. 52 du Décret du 7 octobre 1909 portant règlement sur le service de Place.
a) Commandant des troupes : commandant P.
b) Troupe devant assister à l’exécution :
3ème bataillon constitué par 4 Cies de 100 hommes. Chaque compagnie commandée par son Cdt de Cie formée à 3 sections de 32 hommes (sections commandées par un officier, deux par un sous-officier)
Les tambours et clairons des 1er et 3ème bataillons seront présents à l’exécution sous les ordres du Tambour Major.
c) Peloton d’exécution :
1 adjudant : adjudant V.
4 sergents : sergent C., sergent G., sergent D., sergent O.
4 caporaux : caporal M., caporal B., caporal N., caporal A.
4 soldats : soldat C., soldat D., soldat P., soldat B.
d) Un sergent (sergent S.) pour donner le coup de grâce (armé d’un revolver chargé). Un soldat (C.) pour bander les yeux et faire mettre à genoux (détenteur d’un bandeau et d’une grande corde de tente).
e) Un peloton de 50 hommes fourni par les 3ème et 4ème Cies et commandé par le sous-lieutenant P. sera rendu au poste de police de … pour 15 heures pour escorter le condamné jusqu’au lieu d’exécution.
f) Le commandant P., commandant les troupes, donnera les ordres nécessaires pour que le 3ème bataillon, le peloton d’exécution, les tambours et clairons, soient en place au lieu d’exécution pour 15 h 15.
g) Tenue de campagne (sans sac pour la troupe).
h) Le médecin chef de service du …ème fournira une voiture d’ambulance pour conduire le condamné du poste de police au lieu d’exécution et transporter le corps.
Le médecin du 3ème bataillon assistera à l’exécution avec deux brancardiers porteurs d’une couverture et d’un brancard.
L’inhumation aura lieu au cimetière de … après entente avec le maire ; la fosse devra être creusée pour 15 h 30.
i) Le caporal sapeur fera placer le poteau à l’endroit voulu après entente avec le commandant P.
Le commandant P. fera procéder réglementairement à la remise du condamné au peloton d’escorte.
Il donnera les ordres nécessaires pour que les membres du Conseil de Guerre qui doivent assister à l’exécution s’y trouvent en temps voulu.
Le procès verbal d’exécution à mort modèle sera établi par les soins du commandant P.
En campagne, le … décembre 1915
Le Lt-colonel C., commandant le …ème Rgt d’Inf.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
...e DIVISION D’INFANTERIE
Etat-Major
1er Bureau
Au Q.G., le ... janvier 1917
NOTE DE SERVICE
Le général commandant la ...e Division d’Infanterie rappelle à M. le capitaine M..., cdt provt le 2e Btn du ...e R.I., chargé de l’exécution des nommés ... et ..., soldats de 2e classe du ...e régiment d’infanterie, condamnés par le Conseil de guerre de la ...e Division d’Infanterie dans sa séance du ... novembre 1916 à la peine de mort, les termes de l’article 52 du règlement du 7 octobre 1909 sur le Service des Places.
Il prescrit que toutes mesures seront minutieusement prises pour assurer une exécution immédiate.
A cet effet, le général rappelle que les troupes désignées pour assister à l’exécution doivent être rendues sur les emplacements avant l’heure fixée et que les piquets ainsi que tous ceux qui doivent participer à l’exécution devront occuper leur poste avant l’arrivée des condamnés.
Les hommes seront en tenue de campagne avec sac allégé.
Les deux piquets d’exécution devront être fournis par les soins du 2e Btn du ...e R.I. et comprendront chacun 4 sous-officiers, 4 caporaux, 4 soldats, et seront commandés par un adjudant. Cet adjudant commandera le feu aux deux piquets qui tireront simultanément.
Deux sous-officiers seront, en outre, désignés pour donner le coup de grâce à chacun des condamnés.
Toutes les armes (dont le parfait fonctionnement aura été vérifié) devront être chargées avant l’arrivée des condamnés.
Deux poteaux seront solidement plantés au lieu fixé pour l’exécution par les soins du commandant du 2e Btn, chargé des détails de l’exécution.
Un homme porteur d’un bandeau sera désigné pour bander les yeux de chaque condamné et deux autres, porteurs de liens pour les attacher aux poteaux.
Ces six hommes se tiendront à proximité des piquets.
Les bandeaux et les liens seront fournis par les soins du ...e R.I.
Après l’exécution, les corps seront transportés par les voitures sanitaires qui auront amené les condamnés sur le lieu d’exécution au cimetière de ... où aura lieu l’inhumation par les soins des brancardiers du ...e.
Les condamnés seront amenés sur le terrain par un détachement de cinquante hommes commandés par un officier pris dans le 2e Btn du ...e R.I., lequel prendra livraison des condamnés à la descente des voitures à proximité du lieu d’exécution.
Les deux voitures sanitaires qui doivent servir au transport des condamnés seront rendues à la prison de la prévôté de la D.I. (caserne ... à ...) le ... à 7 h 10.
Le général cdt la ...e Division d’Infanterie attire d’une manière toute particulière l’attention du commandant des troupes sur les mesures de sécurité à prendre.
Le chef d’Etat-Major.
Le général cdt p.i. la ...e Div. d’Inf.
Bonjour Claude,
"je croyais, mais je peux me tromper, que les noms des soldats ayant participé à un peloton d'exécution n'étaient jamais connus par écrit et que les fusils étaient tirés au sort." : c'est non dans les deux cas.
Deux exemples ci-dessous, l'un pour illustrer le fait que les membres du peloton étaient désignés nommément, l'autre (pour une double exécution) concernant les armes fournies.
Bien sincèrement,
Eric Mansuy
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...ème régiment d’infanterie
NOTE DE SERVICE
EXECUTION CAPITALE
Le … décembre 1915, à 15 h 30, il sera procédé à l’exécution capitale du soldat …, de la 10e Cie du …ème Rgt d’Inf. condamné à la peine de mort par le Conseil de Guerre spécial (prescrit conformément au décret du 6 septembre 1914, par le général commandant la …ème DI), dans sa séance du … décembre 1915, pour : « Violence à main armée sur une sentinelle » (article 220, 1er alinéa du Code de J.M.).
L’exécution aura lieu dans les conditions fixées par l’art. 52 du Décret du 7 octobre 1909 portant règlement sur le service de Place.
a) Commandant des troupes : commandant P.
b) Troupe devant assister à l’exécution :
3ème bataillon constitué par 4 Cies de 100 hommes. Chaque compagnie commandée par son Cdt de Cie formée à 3 sections de 32 hommes (sections commandées par un officier, deux par un sous-officier)
Les tambours et clairons des 1er et 3ème bataillons seront présents à l’exécution sous les ordres du Tambour Major.
c) Peloton d’exécution :
1 adjudant : adjudant V.
4 sergents : sergent C., sergent G., sergent D., sergent O.
4 caporaux : caporal M., caporal B., caporal N., caporal A.
4 soldats : soldat C., soldat D., soldat P., soldat B.
d) Un sergent (sergent S.) pour donner le coup de grâce (armé d’un revolver chargé). Un soldat (C.) pour bander les yeux et faire mettre à genoux (détenteur d’un bandeau et d’une grande corde de tente).
e) Un peloton de 50 hommes fourni par les 3ème et 4ème Cies et commandé par le sous-lieutenant P. sera rendu au poste de police de … pour 15 heures pour escorter le condamné jusqu’au lieu d’exécution.
f) Le commandant P., commandant les troupes, donnera les ordres nécessaires pour que le 3ème bataillon, le peloton d’exécution, les tambours et clairons, soient en place au lieu d’exécution pour 15 h 15.
g) Tenue de campagne (sans sac pour la troupe).
h) Le médecin chef de service du …ème fournira une voiture d’ambulance pour conduire le condamné du poste de police au lieu d’exécution et transporter le corps.
Le médecin du 3ème bataillon assistera à l’exécution avec deux brancardiers porteurs d’une couverture et d’un brancard.
L’inhumation aura lieu au cimetière de … après entente avec le maire ; la fosse devra être creusée pour 15 h 30.
i) Le caporal sapeur fera placer le poteau à l’endroit voulu après entente avec le commandant P.
Le commandant P. fera procéder réglementairement à la remise du condamné au peloton d’escorte.
Il donnera les ordres nécessaires pour que les membres du Conseil de Guerre qui doivent assister à l’exécution s’y trouvent en temps voulu.
Le procès verbal d’exécution à mort modèle sera établi par les soins du commandant P.
En campagne, le … décembre 1915
Le Lt-colonel C., commandant le …ème Rgt d’Inf.
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...e DIVISION D’INFANTERIE
Etat-Major
1er Bureau
Au Q.G., le ... janvier 1917
NOTE DE SERVICE
Le général commandant la ...e Division d’Infanterie rappelle à M. le capitaine M..., cdt provt le 2e Btn du ...e R.I., chargé de l’exécution des nommés ... et ..., soldats de 2e classe du ...e régiment d’infanterie, condamnés par le Conseil de guerre de la ...e Division d’Infanterie dans sa séance du ... novembre 1916 à la peine de mort, les termes de l’article 52 du règlement du 7 octobre 1909 sur le Service des Places.
Il prescrit que toutes mesures seront minutieusement prises pour assurer une exécution immédiate.
A cet effet, le général rappelle que les troupes désignées pour assister à l’exécution doivent être rendues sur les emplacements avant l’heure fixée et que les piquets ainsi que tous ceux qui doivent participer à l’exécution devront occuper leur poste avant l’arrivée des condamnés.
Les hommes seront en tenue de campagne avec sac allégé.
Les deux piquets d’exécution devront être fournis par les soins du 2e Btn du ...e R.I. et comprendront chacun 4 sous-officiers, 4 caporaux, 4 soldats, et seront commandés par un adjudant. Cet adjudant commandera le feu aux deux piquets qui tireront simultanément.
Deux sous-officiers seront, en outre, désignés pour donner le coup de grâce à chacun des condamnés.
Toutes les armes (dont le parfait fonctionnement aura été vérifié) devront être chargées avant l’arrivée des condamnés.
Deux poteaux seront solidement plantés au lieu fixé pour l’exécution par les soins du commandant du 2e Btn, chargé des détails de l’exécution.
Un homme porteur d’un bandeau sera désigné pour bander les yeux de chaque condamné et deux autres, porteurs de liens pour les attacher aux poteaux.
Ces six hommes se tiendront à proximité des piquets.
Les bandeaux et les liens seront fournis par les soins du ...e R.I.
Après l’exécution, les corps seront transportés par les voitures sanitaires qui auront amené les condamnés sur le lieu d’exécution au cimetière de ... où aura lieu l’inhumation par les soins des brancardiers du ...e.
Les condamnés seront amenés sur le terrain par un détachement de cinquante hommes commandés par un officier pris dans le 2e Btn du ...e R.I., lequel prendra livraison des condamnés à la descente des voitures à proximité du lieu d’exécution.
Les deux voitures sanitaires qui doivent servir au transport des condamnés seront rendues à la prison de la prévôté de la D.I. (caserne ... à ...) le ... à 7 h 10.
Le général cdt la ...e Division d’Infanterie attire d’une manière toute particulière l’attention du commandant des troupes sur les mesures de sécurité à prendre.
Le chef d’Etat-Major.
Le général cdt p.i. la ...e Div. d’Inf.
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
- IM Louis Jean
- Messages : 2741
- Inscription : dim. mars 22, 2009 1:00 am
Re: "Prisme 14-18" : un groupe de recherche sur les fusillés voit le jour
Bonjour à toutes et à tous,
L'article 52 du décret du 7 octobre 1909, portant règlement sur le service de place (à jour au 1er novembre 1914) sur Gallica :



Cordialement
Étienne
L'article 52 du décret du 7 octobre 1909, portant règlement sur le service de place (à jour au 1er novembre 1914) sur Gallica :
Cordialement
Étienne
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
-
- Messages : 1547
- Inscription : mer. nov. 10, 2004 1:00 am
Re: "Prisme 14-18" : un groupe de recherche sur les fusillés voit le jour
bonsoir,
On apprend tous les jours..
Je me trompais.....et c'est encore pire que je ne le croyais.
Quelle abomination cette minutieuse et maniaque mise en scène! Je comprends que les militaires n'aiment pas beaucoup que l'on reconstitue au cinéma ce genre de spectacle, ni qu'on en parle avec autant de précision! Il est bon que chacun sache ce qui a été fait en notre nom.
Je suppose qu'un jour on fera la liste des officiers ayant siégé dans les tribunaux militaires dont les "victimes" ont été réhabilitées.
Quid de la balle à blanc?
Donc pour un condamné la famille peut rechercher les "fusilleurs" et ........
Le général cdt la ...e Division d’Infanterie attire d’une manière toute particulière l’attention du commandant des troupes sur les mesures de sécurité à prendre.
Quelles mesures....??
A bientôt.
CC
On apprend tous les jours..
Je me trompais.....et c'est encore pire que je ne le croyais.
Quelle abomination cette minutieuse et maniaque mise en scène! Je comprends que les militaires n'aiment pas beaucoup que l'on reconstitue au cinéma ce genre de spectacle, ni qu'on en parle avec autant de précision! Il est bon que chacun sache ce qui a été fait en notre nom.
Je suppose qu'un jour on fera la liste des officiers ayant siégé dans les tribunaux militaires dont les "victimes" ont été réhabilitées.
Quid de la balle à blanc?
Donc pour un condamné la famille peut rechercher les "fusilleurs" et ........
Le général cdt la ...e Division d’Infanterie attire d’une manière toute particulière l’attention du commandant des troupes sur les mesures de sécurité à prendre.
Quelles mesures....??
A bientôt.
CC
- Eric Mansuy
- Messages : 4290
- Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am
Re: "Prisme 14-18" : un groupe de recherche sur les fusillés voit le jour
Re,
"Quid de la balle à blanc?" : cette pratique américaine, plus tardive, a été évoquée ici pages1418/forum-pages-histoire/autre/ex ... 2587_1.htm
Bien sincèrement,
Eric Mansuy
"Quid de la balle à blanc?" : cette pratique américaine, plus tardive, a été évoquée ici pages1418/forum-pages-histoire/autre/ex ... 2587_1.htm
Bien sincèrement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
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- Inscription : jeu. avr. 24, 2014 2:00 am
Re: "Prisme 14-18" : un groupe de recherche sur les fusillés voit le jour
Bonjour messieurs,sans vouloir jouer l autruche de service, je crois franchement qu il serait extrêmement dangereux de vouloir pousser dans cette direction, car si l investigation historique permet beaucoup de choses- et en permet encore plus avec la numerisation,qui met beaucoup d elements a la disposition de n importe qui-elle peut parfois heurter la susceptibilite des personnes.Quelle serait notre reaction-nous qui aimons les vieux papiers-si on nous rappelait qu un des notres ayant un nom connu, du style a rallonge, a commande tel ou tel peloton? Cela filerait tout droit au Tribunal de Grande Instance....Tres cordialement.
zephyr joyeux
- IM Louis Jean
- Messages : 2741
- Inscription : dim. mars 22, 2009 1:00 am
Re: "Prisme 14-18" : un groupe de recherche sur les fusillés voit le jour
Bonjour à toutes et à tous,
Cette parade d'exécution était tout à fait dans l'air du temps et politiquement correcte il y a un siècle :

Cordialement
Étienne
Cette parade d'exécution était tout à fait dans l'air du temps et politiquement correcte il y a un siècle :
Cordialement
Étienne
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
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- Inscription : mer. nov. 10, 2004 1:00 am
Re: "Prisme 14-18" : un groupe de recherche sur les fusillés voit le jour
Bonjour,
Dois-je comprendre que, la balle à blanc étant un mythe, le carré blanc aussi, on contraignait, effectivement, le "coupable" à entendre la sentence à genoux avant de le lier à un poteau et de lui bander les yeux?
Cette mise à genoux signifie-t-elle, dans l'esprit des rédacteurs du règlement, que le condamné était en fait condamné, aussi, à demander publiquement le pardon de sa faute? (le mettre à genoux devant les troupes rassemblées n'est pas dénué de sens, c'est une humiliation supplémentaire.... voire la demande d'un pardon à Dieu). Sait-on si cet aspect du règlement a été appliqué aux quelques officiers exécutés. A Wolf par exemple, ou Millan ou Harduin?
Zéphyr Joyeux, vous écrivez:
je crois franchement qu il serait extrêmement dangereux de vouloir pousser dans cette direction, car si l investigation historique permet beaucoup de choses- et en permet encore plus avec la numérisation,qui met beaucoup d éléments à la disposition de n importe qui-elle peut parfois heurter la susceptibilité des personnes. Quelle serait notre réaction-nous qui aimons les vieux papiers -si on nous rappelait qu un des notres ayant un nom connu, du style a rallonge, a commande tel ou tel peloton? Cela filerait tout droit au Tribunal de Grande Instance...
mais si la justice a valeur d'exemple ( c'est bien de cela que l'on parle) ceux qui appliquent les sentences doivent être connus, de même que les noms des juges...
Hors, nous savons que les sentences de mort appliquées bien après les faits perdent cette valeur d'exemple ( si l'on fusille, à Verdun, parfois deux mois après les "crimes militaires" jugés, et loin géographiquement, et pas devant des troupes des unités concernées les exécutions ne servent, à mon sens, à rien d'autre qu'à punir, qu'à "se venger" )
Il n'y a pas si longtemps on guillotinait des femmes en place publique, c'était politiquement correct et je ne sais pas si le bourreau et ses assistants portaient une cagoule.
Le 11 octobre 1914, Chapelant a été fusillé dans la cour du château des Loges, attaché à son brancard dressé contre un pommier
Je ne suis pas certain que cette violence exercée publiquement ait été exemplaire.
La réhabilitation de soldats exécutés s'est faite au coup par coup, dès les années de l'après guerre, comme pour les sous-lieutenants Harduin et Millan en 1926. Une cinquantaine de soldats fusillés ont été au total réhabilités, une trentaine en 1934 par la Cour suprême de justice militaire.
Dans l'un de ses jugements, cette juridiction a écrit : "Attendu que si les nécessités impérieuses de la discipline commandent en temps de guerre le sacrifice de la vie, ce sacrifice ne peut être imposé lorsqu'il dépasse les limites des forces humaines".
Bien entendu, tous les auteurs de crimes de sang ou de viols ou de vols sur les cadavres ou de trahison bien établies n'ont, en aucune façon à être mis sur le même plan que les autres, coupables de "crimes militaires". Je n'ai pas dit que dans ces cas je considérais comme "normale" la peine de mort.
A bientôt
CC
Dois-je comprendre que, la balle à blanc étant un mythe, le carré blanc aussi, on contraignait, effectivement, le "coupable" à entendre la sentence à genoux avant de le lier à un poteau et de lui bander les yeux?
Cette mise à genoux signifie-t-elle, dans l'esprit des rédacteurs du règlement, que le condamné était en fait condamné, aussi, à demander publiquement le pardon de sa faute? (le mettre à genoux devant les troupes rassemblées n'est pas dénué de sens, c'est une humiliation supplémentaire.... voire la demande d'un pardon à Dieu). Sait-on si cet aspect du règlement a été appliqué aux quelques officiers exécutés. A Wolf par exemple, ou Millan ou Harduin?
Zéphyr Joyeux, vous écrivez:
je crois franchement qu il serait extrêmement dangereux de vouloir pousser dans cette direction, car si l investigation historique permet beaucoup de choses- et en permet encore plus avec la numérisation,qui met beaucoup d éléments à la disposition de n importe qui-elle peut parfois heurter la susceptibilité des personnes. Quelle serait notre réaction-nous qui aimons les vieux papiers -si on nous rappelait qu un des notres ayant un nom connu, du style a rallonge, a commande tel ou tel peloton? Cela filerait tout droit au Tribunal de Grande Instance...
mais si la justice a valeur d'exemple ( c'est bien de cela que l'on parle) ceux qui appliquent les sentences doivent être connus, de même que les noms des juges...
Hors, nous savons que les sentences de mort appliquées bien après les faits perdent cette valeur d'exemple ( si l'on fusille, à Verdun, parfois deux mois après les "crimes militaires" jugés, et loin géographiquement, et pas devant des troupes des unités concernées les exécutions ne servent, à mon sens, à rien d'autre qu'à punir, qu'à "se venger" )
Il n'y a pas si longtemps on guillotinait des femmes en place publique, c'était politiquement correct et je ne sais pas si le bourreau et ses assistants portaient une cagoule.
Le 11 octobre 1914, Chapelant a été fusillé dans la cour du château des Loges, attaché à son brancard dressé contre un pommier
Je ne suis pas certain que cette violence exercée publiquement ait été exemplaire.
La réhabilitation de soldats exécutés s'est faite au coup par coup, dès les années de l'après guerre, comme pour les sous-lieutenants Harduin et Millan en 1926. Une cinquantaine de soldats fusillés ont été au total réhabilités, une trentaine en 1934 par la Cour suprême de justice militaire.
Dans l'un de ses jugements, cette juridiction a écrit : "Attendu que si les nécessités impérieuses de la discipline commandent en temps de guerre le sacrifice de la vie, ce sacrifice ne peut être imposé lorsqu'il dépasse les limites des forces humaines".
Bien entendu, tous les auteurs de crimes de sang ou de viols ou de vols sur les cadavres ou de trahison bien établies n'ont, en aucune façon à être mis sur le même plan que les autres, coupables de "crimes militaires". Je n'ai pas dit que dans ces cas je considérais comme "normale" la peine de mort.
A bientôt
CC
- Eric Mansuy
- Messages : 4290
- Inscription : mer. oct. 27, 2004 2:00 am
Re: "Prisme 14-18" : un groupe de recherche sur les fusillés voit le jour
Bonjour à tous,
Bonjour Claude,
Quelques remarques.
"Dois-je comprendre que, la balle à blanc étant un mythe, le carré blanc aussi, on contraignait, effectivement, le "coupable" à entendre la sentence à genoux avant de le lier à un poteau et de lui bander les yeux?" : ce carré blanc (mouchoir ? enveloppe ?), je ne l'ai, pour ma part, jamais vu sur des photos d'exécutions françaises. Cela étant, malgré ce qui figure dans le Service de place, les espions fusillés à Vincennes étaient exécutés debout. La vérité du terrain semble donc avoir pu différer du contenu des directives.
"Sait-on si cet aspect du règlement a été appliqué aux quelques officiers exécutés. A Wolf par exemple, ou Millan ou Harduin?" : je doute que la situation ait été différente en ce qui concerne les officiers.
En revanche, le cas d'Herduin et Millant est particulier à plus d'un titre, puisque ces deux officiers n'ont pas bénéficié d'un jugement. La procédure n'ayant pas été respectée "en amont", qu'en a-t-il été lors de l'exécution ? Ce qui s'est produit avec Herduin est bien connu, voici ce qu'en a écrit Joseph Jolinon (in Les Revenants dans la boutique) : "Et le sous-lieutenant Herduin [...], condamné à mort à titre d'exemple, à Verdun, pour rien. Quand l'ordre arriva, comme aucun officier ne voulait s'en charger, il commanda lui-même le peloton d'exécution, courageusement il cria : feu ! Il était tombé cassé, la bouche ouverte, comme un épouvantail de linge retenu debout par une ficelle, quand on lâche la ficelle."
"Hors, nous savons que les sentences de mort appliquées bien après les faits perdent cette valeur d'exemple" : certes, c'est même tout l'intérêt qu'il y a à tenter de faire comprendre que la justice militaire de 1914 et celle de 1916 sont deux choses relativement différentes.
Il en va de même du traitement des affaires par des conseils de guerre spéciaux et par d'autres instances. Nous y travaillons.
"Je ne suis pas certain que cette violence exercée publiquement ait été exemplaire." : vaste sujet. On peut également s'interroger quant à ce qu'ont pu éprouver des civils qui assistaient à des conseils de guerre, puis à des exécutions...
"Une cinquantaine de soldats fusillés ont été au total réhabilités, une trentaine en 1934 par la Cour suprême de justice militaire." : si je puis me permettre, il serait temps qu'un travail de fond soit consacré à la Cour Spéciale de Justice Militaire. De 1932 à 1934, elle n'a finalement acquitté que 31% de l'ensemble des condamnés. On a d'ailleurs trop souvent tendance à oublier que tous les cas sur lesquels cette juridiction a statué, n'étaient pas des condamnés à mort : l'on y trouve des hommes condamnés pour abus de confiance, vol, escroquerie, meurtre...
De quoi travailler.
Bien sincèrement,
Eric Mansuy
Bonjour Claude,
Quelques remarques.
"Dois-je comprendre que, la balle à blanc étant un mythe, le carré blanc aussi, on contraignait, effectivement, le "coupable" à entendre la sentence à genoux avant de le lier à un poteau et de lui bander les yeux?" : ce carré blanc (mouchoir ? enveloppe ?), je ne l'ai, pour ma part, jamais vu sur des photos d'exécutions françaises. Cela étant, malgré ce qui figure dans le Service de place, les espions fusillés à Vincennes étaient exécutés debout. La vérité du terrain semble donc avoir pu différer du contenu des directives.
"Sait-on si cet aspect du règlement a été appliqué aux quelques officiers exécutés. A Wolf par exemple, ou Millan ou Harduin?" : je doute que la situation ait été différente en ce qui concerne les officiers.
En revanche, le cas d'Herduin et Millant est particulier à plus d'un titre, puisque ces deux officiers n'ont pas bénéficié d'un jugement. La procédure n'ayant pas été respectée "en amont", qu'en a-t-il été lors de l'exécution ? Ce qui s'est produit avec Herduin est bien connu, voici ce qu'en a écrit Joseph Jolinon (in Les Revenants dans la boutique) : "Et le sous-lieutenant Herduin [...], condamné à mort à titre d'exemple, à Verdun, pour rien. Quand l'ordre arriva, comme aucun officier ne voulait s'en charger, il commanda lui-même le peloton d'exécution, courageusement il cria : feu ! Il était tombé cassé, la bouche ouverte, comme un épouvantail de linge retenu debout par une ficelle, quand on lâche la ficelle."
"Hors, nous savons que les sentences de mort appliquées bien après les faits perdent cette valeur d'exemple" : certes, c'est même tout l'intérêt qu'il y a à tenter de faire comprendre que la justice militaire de 1914 et celle de 1916 sont deux choses relativement différentes.
Il en va de même du traitement des affaires par des conseils de guerre spéciaux et par d'autres instances. Nous y travaillons.
"Je ne suis pas certain que cette violence exercée publiquement ait été exemplaire." : vaste sujet. On peut également s'interroger quant à ce qu'ont pu éprouver des civils qui assistaient à des conseils de guerre, puis à des exécutions...
"Une cinquantaine de soldats fusillés ont été au total réhabilités, une trentaine en 1934 par la Cour suprême de justice militaire." : si je puis me permettre, il serait temps qu'un travail de fond soit consacré à la Cour Spéciale de Justice Militaire. De 1932 à 1934, elle n'a finalement acquitté que 31% de l'ensemble des condamnés. On a d'ailleurs trop souvent tendance à oublier que tous les cas sur lesquels cette juridiction a statué, n'étaient pas des condamnés à mort : l'on y trouve des hommes condamnés pour abus de confiance, vol, escroquerie, meurtre...
De quoi travailler.
Bien sincèrement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.