Un cimetière qui n'existe pas (ou plus) ?

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lauref
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Re: Un cimetière qui n'existe pas (ou plus) ?

Message par lauref »

Merci d'avoir pris le temps de me renseigner toutes ces informations, je suis touchée.

Gilles à été porté disparu le 25 août dans le JMO de son bataillon, mais son décès date du même. Il a du être retrouvé le même jour par un autre bataillon, je suppose.
Il a cependant été enterré au cimetière de la Pierre Laye sans en informer la famille (en tout cas, c'est mon hypothèse). Puisque la famille à reçu un avis de décès en 1920-1921, ce qui correspond à peu près, au déplacement des dépouilles de ce cimetière dans le cimetière d'Amblény. Là ou il repose actuellement. (Ou alors, c'est juste qu'il a fallut du temps pour rapatrier l'information dans le sud?)

Je me suis donc posé la question de savoir si ces effets personnels (s'il en avait), ont été enterrés avec lui à la Pierre Laye et donc envoyé à sa famille quand il a été déplacé. Ou bien, si ses effets personnels lui ont été pris quand il a été enterré à la Pierre Laye. Dans ce cas, ils n'ont sûrement pas dû être renvoyé à la famille. Puisque sa femme l'a cherché pendant plusieurs années avant de recevoir l'avis de décès vers 1921.

Voilà, c'était la petite histoire. :)

Bien à vous,
Laure
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lauref
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Re: Un cimetière qui n'existe pas (ou plus) ?

Message par lauref »

JMO de la 127e DI - Attaque Chaussée Brunehault (p.122/204 > http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... m_rotate=F)
Rodolphe,

Merci infiniment pour ce lien, il m'est d'une grande aide pour comprendre la situation sur cette chaussée pendant cette période !


Bien à vous,
Laure
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lauref
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Re: Un cimetière qui n'existe pas (ou plus) ?

Message par lauref »

(re)Bonjour à tous,

Je me suis lancée dans la lecture du JMO de la 127ème DI. Et j'aimerai retrouver tous les lieux "étapes". Cependant les lieux sont donnés avec des chiffres dont je ne connais pas la signification. Je suppose que ce sont des points de repères sur une certaine carte, que je n'ai vraisemblablement pas ? Si vous pouvez m'éclairer, je vous en remercie !

Voici des exemples :

ImageImageImageImage

Bien à vous,
Laure
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air339
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Re: Un cimetière qui n'existe pas (ou plus) ?

Message par air339 »

Bonjour Laure,



Plusieurs personnes de ma famille ont également participé à ces combats au 30e CA, un site internet y a même été consacré, avant de connaître quelques déboires...


Voici un extrait de carte (JMO) du 8e Zouaves, présent quelques jours plus tard au même endroit et annotée selon vos recherches :

Image

La double ligne orange = ligne que doit atteindre la 127e DI
A = le plateau 131
B = le boyau qui descend vers Maison Blanche
C = Bagneux
D = la ferme de Montécouvé (l'Orme est un peu plus au nord-est)
E = Juvigny
F = Chavigny
G = la batterie de mitrailleuses qui prend (théoriquement) en enfilade la chaussée Brunehault
Ligne pointillée rouge = la chaussée Brunehault
ligne de flèches vertes = le boyau emprunté par le 327e RI (82 17 à 87 17)


Cordialement,


Régis
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lauref
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Re: Un cimetière qui n'existe pas (ou plus) ?

Message par lauref »

Bonsoir Régis,

Dommage pour le site internet, ça m'aurait été d'une grande utilité !
Merci pour la carte, j'y vois plus clair maintenant.


Bien à vous,
Laure
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Re: Un cimetière qui n'existe pas (ou plus) ?

Message par air339 »

Bonsoir Laure,


Le site n'existe plus mais il me reste quelques centaines de pages de documents...

Pour ces journées, l'Historique du 29e BCP indique de manière laconique :
"Rentré de la Vesle, le bataillon est immédiatement engagé, sans repos et sans renfort, au nord de l'Aisne, le 21 août, sur les plateaux de Bieuxy et de Tartiers, où, pendant 5 jours, il harcela l'ennemi, ne lui laissant ni trêve ni repos. Malgré une chaleur étouffante et un défense désespérée, c'est l'attaque de la Chaussée Brunehaut où chacun rivalise d'ardeur et d'entrain. Puis l'organisation et la résistance acharnée aux contre-attaque furieuses de l'ennemi qui ne veut pas de rendre".


On peut reprendre cela en détail si vous le souhaitez.


Cordialement,

Régis
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Re: Un cimetière qui n'existe pas (ou plus) ?

Message par air339 »

Bonsoir Lauref,



Voici une synthèse de mes notes prises sur les combats d'août 1918, concernant le 29e BCP, et plus globalement la 127e DI. Celle-ci dépend du 30e CA, mais elle est détachée au 1er CA du 20 au 24 août. Tous les témoignages sont tirés du livre "Avant l'oubli" du capitaine Terrasse.


20 août 1918

Offensive générale de la Xe armée (général Mangin) au nord de l’Aisne. La 127e DI doit prolonger la progression de la 11e DI.
  • A 14h25, la 127e DI se rapproche et porte son PC à la creute Vauban (400m sud de Vingré).

21 août 1918
  • 17h : reprise de l’attaque après un bombardement qui manque totalement de précision, la progression est comprise entre 50 à 200m.
On relève déjà, pour ce deuxième jour de combat, une chaleur torride et un manque d’eau qui fait souffrir les hommes sur ce plateau dénudé.
Les 355e RI et 29e BCP restent en réserve dans les ravins.


22 août 1918

L’adversaire recule au nord de Vézaponin. Pour la 127e DI, la journée est consacrée au repos et aux reconnaissances. Le 25e BCP occupe la pente ouest de la cote 160, sous les tirs de mitrailleuses venant de la creute de Valpriez et du lavoir de Villers-la-Fosse. Valpriez est occupé par le 69e RI.
  • A la nuit, le 355e RI relève par dépassement le 172e RI, à sa droite le 25e BCP qui occupe toujours les pentes devant la cote 160 est rejoint par le 29e BCP.
Témoignage du capitaine Terrasse, 355e RI
« La nuit était assez calme, seules quelques rafales de mitrailleuses balayaient par intermittence le plateau. Les 17 et 19 [compagnies] m’avaient fait savoir que leurs patrouilles avaient été reçues par des coups de fusils partant de la chaussée. Le capitaine de Loestre, commandant le groupe de chasseurs à ma droite était venu en personne à mon PC et m’avait dit que son avant-garde avait atteint la chaussée »


Sur cette carte, le rond bleu correspond à l'emplacement du PC du capitaine Terrasse, la flèche bleue, l'axe d'attaque du 355e RI. A sa droite, les 25e et 29e BCP. La chaussée brunehaut (trait rouge), est en surplomb devant le 355e RI, encore aujourd'hui c'est imposant un talus. Devant les chasseurs, la chaussée est un simple chemin parcourant la crête de la hauteur 162.8.
Image


23 août 1918
  • 18h35 : seconde attaque qui échoue également.
Témoignage de l’agent de liaison Lacomblez (355e RI)
« Il fait une chaleur torride, et nous suffoquons à rester sur place, il n’y a que la nuit que l’on peut respirer un peu. Les chardons, dont le plateau est couvert, sont tellement secs qu’ils se recourbent et rentrent dans la peau malgré les bandes molletières. Tout le monde a les jambes en sang".
  • Témoignage du soldat Martin (355e RI)
« A l’aube ce fut l’attaque. Le lieutenant Pailloux tomba dans les premiers mètres, suivi du sergent Lansard et du soldat Dosnes de mon escouade. A plusieurs reprises nous sortîmes de nos trous, toujours sans résultat. Et la tragédie continua avec le tir trop court de nos 75, dont les éclats sifflaient à nos oreilles. Il faisait si chaud que les cadavres de nos camarades se décomposaient avec rapidité. L’odeur nous prenait à la gorge. Nous n’avions plus de ravitaillement et la soif était devenue une terrible souffrance. Mon camarade Gilles, pari avec des bidons, n’est, hélas ! jamais revenu »


24 août 1918
  • 19h30 : Devant le 29e BCP, une nouvelle contre-attaque partant de 155,5 est repoussée et laisse 4 prisonniers.
Témoignage du capitaine Terrasse :
«Ordre de reprendre l’attaque à 10 heures, après une préparation d’artillerie d’un quart d’heure. Elle échoue ; puis à 14 heures, ordre du général d’armée [général Mangin] de prendre la chaussée « à tout prix » ; puis deux nouveaux ordres à la tombée de la nuit »
« ces ordres se traduisent en première ligne par des tentatives de progressions à la grenade, au Viven-Bessières ; mais la position était toujours tenue fortement par les Fritz. Les mitrailleuses clouent les assaillants au sol, et cela coûte des pertes. Ce jour-là, il y eut aussi du cafouillage avec les chasseurs, à notre droite. D’après certains renseignements, ils auraient dépassé la chaussée. J’étais heureusement en liaison à ma droite avec la compagnie des chasseurs du capitaine Prioux, esprit froid et réfléchi, qui remit les choses au point et évita ainsi de faire encore des bêtises
».


25 août 1918
  • 19h30 : le 355e RI repousse une forte attaque.
A la nuit, les chasseurs, qui ont combattu toute la journée à la grenade, sont relevés par extension du front du 355e RI et par la 59e DI (232e RI)

Témoignage du capitaine Terrasse
« le front du bataillon était ainsi porté à 1 200 mètres, tenu par 165 fusils. Au PC, il me restait deux pièces de mitrailleuses et deux hommes »


26 août 1918

Le 355e RI combat toujours à la chaussée Brunehaut, sous des tirs d’obus toxiques.


27 août 1918
  • 21h : le 126e RI US (32e DI US) relève le 355e RI.
La 127e DI totalise pour la semaine de combat : 133 tués, 778 blessés, 66 disparus.

La 32e DI US va rester 5 jours en ligne, consignés dans son historique comme « cinq jours d’enfer sur la terre ».

28 août 1918

La 32e DI US doit repousser une attaque allemande.

29 août 1918

La 32e DI US participe à la reprise de la bataille sur tout le front. La préparation d’artillerie déclenchée de nuit est suivie d’une attaque à 5h25, accompagnée de tanks. Attaque rapidement bloquée par le barrage d’artillerie allemand.

Photo prise le 29 août, par le US Army Signal Corps, près de la ferme Valpriez
Image


30 août 1918

Reprise de l’attaque, la division américaine conquiert Juvigny et se porte au rebord du plateau.


Après la bataille

La chaussée Brunehaut ne devient pas pour autant un endroit tranquille : visible de loin, elle est sous le tir des canons, des mitrailleuses, des avions qui profitent des nuits claires pour harceler les troupes. Il faut attendre le repli allemand du 5 septembre pour que l’on puisse songer à ramasser les corps qui parsèment le champ de bataille. Les inhumations des corps, abandonnés sous la chaleur caniculaire depuis plusieurs jours, se font sur place, au plus vite et à l’aide de prisonniers allemands.



Cordialement,


Régis
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lauref
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Re: Un cimetière qui n'existe pas (ou plus) ?

Message par lauref »

Bonsoir Régis,

Merci pour toutes ces informations, la carte et la photo, je commence à comprendre la chronologie.
Si les corps n'ont été enterré qu'autour du 5 septembre, je devrais peut-être chercher dans les JMO des troupes présentes à cette période pour voir s'il n'y a pas une carte notant l'emplacement du cimetière. Ou tout simplement pour avoir encore plus d'information ! :)

Merci infiniment,
Laure
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Re: Un cimetière qui n'existe pas (ou plus) ?

Message par air339 »

Bonsoir,


Vous pouvez effectivement éplucher les journaux des unités ayant pris la suite.Les informations seraient à rechercher dans les journaux de groupes de brancardiers divisionnaires (GBD) ou de corps d'armée (GBC). Parfois ce sont des unités territoriales qui sont en charge des inhumations. Il faut donc aussi les recenser à partir des journaux de corps d'armée ou de division. C'est un travail fastidieux, hélas souvent décevant car les carnets du champ de bataille, où sont notés les emplacements de sépultures, ne sont pas présents dans les JMO.


Cordialement,

Régis
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Re: Un cimetière qui n'existe pas (ou plus) ?

Message par lauref »

Bonsoir,

Il m'est arrivé de voir des cartes avec des emplacements de sépulture dans des JMO, mais c'est assez rare, effectivement.

Bien à vous,
Laure
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