Mais, qu'a donc fait le général PERCIN ?

[Rutilius]

Bonsoir à tous,


Un regard contemporain plus que nuancé sur la responsabilité de l’autorité militaire quant à l’abandon précipité de la place de Lille. Ou de l’incurie du personnel politique de l’époque...

— Pierre MIQUEL : « Le gâchis des généraux. Les erreurs de commandement pendant la guerre de 14 ~ 18 », éd. Plon, 2001, p. 87 et 88.

« Un seul [général] fut l’objet d’un jugement en conseil de guerre après une commission d’enquête, l’obscur général Fournier. Joffre s’apprêtait le 8 septembre [1914] à envoyer un télégramme de félicitation à cet officier qui défendait Maubeuge. Un radio lui annonçait au même moment la reddition de la place, qui avait retenu de nombreuses unités allemandes, un corps d’armée au moins disait-on, pendant plusieurs jours. On opposait jusque-là, dans les popotes d’état-major, la résistance du général Fournier à l’incapacité du vieux général Perçin, qui n’avait pas su évacuer les magasins de la garnison de Lille, déclarée ville ouverte. La place était déclassée depuis 1910 et n’était pas en état d’être défendue. Mais elle contenait trois millions de cartouches, quatre cents canons, des obus, des vivres en abondance, des fourrages pour les chevaux. L’ordre d’évacuation était arrivé trop tard.
On avait rabattu quelques unités de territoriaux pour faciliter la tâche du général Herment, commandant les dépôts d’artillerie à Douai, qui remplaçait Perçin, limogé, au commandement de la place de Lille. Il fallait tenter de la couvrir, ou du moins, assurer son évacuation. Mais le sénateur Debierre et le maire Delasalle avaient obtenus du gouvernement et de Messimy, ministre de la guerre, qu’il n’y eût pas de combat autour de la ville ni sur son territoire, pour éviter les représailles.
La garnison de Lille, obéissant aux ordres, s’était repliée dans uns retraite très désordonnée vers Béthune et La Bassée. Herment, qui ne pouvait disposer ni des chemins de fer ni du téléphone, avait semé son matériel en route sans être nullement talonné par l’ennemi. Il avait été, disait-on, " dépassé par les événements".
Joffre n’osait pas sévir, en raison de l’irresponsabilité morale manifeste des autorités civiles qui avaient imposé l’abandon de la place. Le général Pau avait été chargé d’un rapport relatif à l’enquête concernant l’évacuation de Lille qui donnait au général Herment toutes les circonstances atténuantes en raison de l’initiative désastreuse des autorités civiles qui avaient imposé l’abandon, soutenues par le gouvernement. La précipitation des événements militaires, l’absence totale d’information et d’ordres pour la garnison avait fait le reste. (1)

[...]
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(1) Général Pau : " Enquête sur l’évacuation de Lille ", rapport d’ensemble, Septembre ~ Décembre 1914. »
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Bien amicalement à vous,
Daniel.

[henri astoul]

Bonjour à vous
Le général Percin a les honneurs d'être le premier sur la liste des officiers généraux morts pendant le conflit, sur le blog
http://lavoiedelepee.blogspot.fr
Henri

[ALVF]

Bonjour,

La liste évoquée nomme le général Peslin et non Percin.
Rassurez-vous, le général Percin est bien vivant après la guerre, converti au pacifisme et aux idées les plus "avancées", il continue de poursuivre de sa haine vigilante les généraux de la Grande Guerre et principalement ceux issus de l'artillerie, son arme d'origine!
Voilà l'homme qui prônait avant la guerre à cor et à cri "la liaison" (sans avoir fait avancer la question) mais affirmait sans rire avant 1914 que nous avions 'trop de canons"!
Cordialement,
Guy François.

[henri astoul]

Merci Guy de cette précision
Henri

[lignard2]

Bonjour,

Recueilli hier lors d'une lecture des journaux d'août septembre 1914.
L'article a retenu mon attention car j'avais lu les messages concernant ce cas sur le forum
Voici ce qu'en disait un journal belge à l'époque. Le journaliste donne la raison....
Heureusement la rédaction journalistique avait pris les précautions d'usage.


De plus on signale le cas d'un autre général.....
L'article date de septembre 1914 et que ce journal a été interdit de publication dès le 11 novembre 1918 et ses journalistes poursuivis. Le titre a été définitivement supprimé et remplacé par un autre journal.

Cordialement
lignard belge

[chanteloube]

Bonjour,

je viens de lire:

Voilà l'homme qui prônait avant la guerre à cor et à cri "la liaison" (sans avoir fait avancer la question) mais affirmait sans rire avant 1914 que nous avions 'trop de canons"!

Comme on parle du général Percin qui ne cachait pas ses idées républicaines et fut un "adversaire" de Joffre , ( remarquez que Castelnau qui n'était pas, c'est le moins que l'on puisse dire, un fervent républicain, ne l'aimait pas beaucoup non plus, pas plus que Fayolle ou Lanrezac ou Sarrail ou Pourradier-Duteil ou beaucoup d'autres encore ), j'irai sur la pointe des pieds pour ne choquer personne.....et ferai remarquer qu'il n'est pas le seul, si j'en crois les "comités secrets" et certains ouvrages de MERMEIX à avoir dit que nous avions trop de canons.


par ailleurs ce n'est pas lui qui a écrit:

" Les canons lourds dans une artillerie de campagne dont la mobilité doit être une des qualités maîtresses, sont un encombrement inutile et le transport de leurs pesants projectiles, surtout sur route, est une grave complication. Qu'ils restent dans les équipages de siège ! Il ne doit y avoir, dans les batteries de campagne, qu'une sorte de canon, de manière à réaliser l'unité de calibre, canon léger, passant partout, à tir rapide "

c'est, il me semble, mais je parle sous le contrôle des spécialistes de la question, le règlement de 1913.

Les ouvrage de Mermeix sont une mine d'informations sur la "situation du matériel" avant et pendant le conflit.


A bientôt

Je m'empresse de dire que si je trouve absolument infâme ce que le général André et ses acolytes et affidés avaient tenté avec les fiches, je trouve tout aussi ignoble ce que d'autres "militaires" ont fait contre Dreyfus. Je ne m’étendrai pas non plus sur la façon dont le G.Q.G a écarté Gallieni des honneurs….

[tobrouk]

Bon, je viens de lire rapidement les différents commentaires sur l'évacuation de Lille. Comme souvent, il faut se référer aux archives plutôt qu'aux différents livres écrits sur le sujet, surtout ceux publiés après la guerre et qui n'ont pas tout le recul nécessaire.
Je suis en train de préparer une conférence sur le sujet à partir des archives du SHD et du département du Nord. A mon avis et au vu des documents, Il me semble trop facile d'accuser Perçin de l'abandon de Lille. Le problème est beaucoup plus complexe mais je vous en dirai plus qu'en j'aurai étudié tous les documents en ma possession.

[Alain59370]

je ne voudrais pas remuer une vieille discussion à propos de Percin qui avait peut-être des défauts mais aussi des qualités. Quand Percin est versé à Lille, il a 68 ans et appartient à la réserve. Il n'y a presque aucun officier pour le seconder. C'est dire tout l'intérêt du gouvernement et de l'Etat-major pour la région du Nord et la place de Lille. Son plan de défendre la frontière avec les 50 000 territoriaux du général d'Amade n'aurait sûrement pas marché car ces moyens étaient insuffisants pour résister à l'armée allemande mais au moins avait-il vu que faire cadeau de cette région du Nord si riche en industrie... et de Lille en particulier était une sacrée connerie.
Bien sûr que Delesalle, le maire de Lille a fait pression avec succès sur le gouvernement pour que Lille soit déclarée "Ville ouverte". Il avait envoyé six adjoints (trois de la majorité et trois de l'opposition à Paris) pour emporter le morceau sans que Percin ni le préfet Félix Tépont ne soient prévenus. Auparavant, il avait essayé de faire pression sur le général Percin lui-même. Si l'Etat major a finalement décidé de défendre Lille à minima, c'est pour des raisons de circonstances.
Bien sûr, en abandonnant Lille, Percin et Herment y ont laissé une belle pagaille mais ils n'ont fait qu'obéir à un ordre écrit de l'Etat Major. D'ailleurs l'enquête à charge du gouvernement, après guerre a capoté, et Percin a été blanchi. Il ne décolérait pas et a passé sa retraite à traiter Delesalle et Trépont de "traitres" dans la presse sans jamais se faire attaquer en diffamation.
Percin aura été un bouc émissaire, un écran de fumée pour masquer que le plan XVII de Joffre était intellectuellement, tactiquement et stratégiquement une ineptie totale. Un secret militaire très bien gardé jusqu'à aujourd'hui.
Si cela vous intéresse vous pouvez toujours vous procurer "Lille occupée 14 -18" Lumières de Lille, qui vient de sortir.

[Alain59370]

Cette histoire de canons résulte de la victoire de la doctrine d'une armée uniquement offensive dont le "penseurs emblématique est Joffre et qui a été mise en oeuvre entre 1914 et 1917 avec les inconvénients que l'on sait. Il a fallu que Clémenceau exfiltre Joffre pour que l'on puisse passer à autre chose..

[b sonneck]

Bonjour,

Il a fallu que Clémenceau exfiltre Joffre pour que l'on puisse passer à autre chose..

… et alors vint Nivelle. Pour autre chose, ce fut autre chose...

Cordialement,
Bernard