260 kilomètres à pied, ça use ça use...

[Cuchlainn]

Bonsoir à tous,
Je souhaiterais vous faire partager le résultat d'une petite recherche que j'ai effectuée à propos d'un de mes arrière-grands-oncles au front en 14. En reprenant tout simplement le JMO du 133e RI, j'ai reporté sur une carte le trajet effectué par le 1er bataillon et donc, mon AGO le soldat Amédée Cognet, pendant la "première partie" de sa guerre : de la mobilisation au 1er septembre 1914, date à laquelle il est blessé une première fois, dans les Vosges.
Voici cette carte. Le trajet représente environ 260 km, effectués à pied, en 28 jours, depuis Le Thillot, où le régiment avait finalement été débarqué du train, en provenance de Belley. Que de boucles, de détours, de marches et de contremarches que les hommes devaient avoir du mal à comprendre - avant la remontée à marches forcées vers le Nord et notamment une étape de 40 km conclue par l'ascension de la Schlucht. Le lendemain, nouvelle étape de 25 km et immédiatement l'attaque de la Tête de Béhouille...

Qui d'autre a déjà effectué des relevés de ce genre ? Je présume que pour les unités engagées en Belgique puis contraintes de se replier, on arrive à des kilométrages impressionnants...



Les points noirs correspondent aux combats importants.

[geojeff]

Bonsoir,

il me semble que le sujet a été abordé dans le forum mais impossible de retrouver le fil. De mémoire, il était question de distance maximale susceptible d'être parcouru en une journée.
Si je peux me permettre, vu que l'on est dans les Vosges, vous devriez étudier les dénivellations de ce parcours au moyen d'une coupe topographique. Cela sera certainement très instructif

http://laeti.perrierbrusle.free.fr/U102_fiche1.pdf

Quand aux unités engagées en Belgique, c'est notamment le cas de mon AGP mais lui avait la chance d'être à cheval...

Amicalement
Jean-François

[Arnaud Carobbi]

Bonsoir,

Voici le long sujet qui porte sur les distances parcouriues en août-septembte 1914 :
pages1418/qui-cherche-quoi/kilometres-p ... 6076_1.htm

Bonne lecture,
Cordialement,
Arnaud

[Laurent59]

Qui d'autre a déjà effectué des relevés de ce genre ? Je présume que pour les unités engagées en Belgique puis contraintes de se replier, on arrive à des kilométrages impressionnants...

mesimages/3153/Campagne Alsace Amedee.jpg

Bonjour, je me suis également "amusé" à calculer le nombre de kms parcourus en aout 1914 lorsque le 72e RI monte vers Virton, la distance est réellement impressionnante d'autant plus qu'il fait un soleil de plomb (d'après les nombreux témoignages), 30 kg de matériel divers et le manque de ravitaillement.
Dans son carnet de route un sous officier note que les chaussures ne sont pas adaptées à de longues heures de marche, que les hommes souffrent d'un manque d'eau. Il conclue ses notes de service en précisant qu'après une si longue distance parcouru à pied il doute que les hommes puissent encore tenir une ligne de front...et pourtant ils le feront dans un état de fatigue parfois extrême

Laurent

[Cuchlainn]

Bonsoir,

il me semble que le sujet a été abordé dans le forum mais impossible de retrouver le fil. De mémoire, il était question de distance maximale susceptible d'être parcouru en une journée.
Si je peux me permettre, vu que l'on est dans les Vosges, vous devriez étudier les dénivellations de ce parcours au moyen d'une coupe topographique. Cela sera certainement très instructif

http://laeti.perrierbrusle.free.fr/U102_fiche1.pdf

Quand aux unités engagées en Belgique, c'est notamment le cas de mon AGP mais lui avait la chance d'être à cheval...

Amicalement
Jean-François

Je crains de ne pas avoir les outils pour réaliser cette coupe de manière précise, mais il est certain que pour les étapes vosgiennes, ce serait assez terrifiant. D'ailleurs, lors de l'étape de 40 km, le JMO précise que le bataillon, attendu à Xonrupt-Longemer mais relevé trop tard, s'est arrêté à la Schlucht accablé de fatigue. On imagine la scène.
Je suis également perplexe devant le tracé lui-même qui présente des boucles et des détours difficiles à expliquer et que les hommes, sur le terrain, devaient mal digérer.

Cdlt
Cyrille

[Alain Dubois-Choulik]

Je crains de ne pas avoir les outils pour réaliser cette coupe de manière précise,

Bonjour,
Ce n'est pas très compliqué, il suffit d'avoir une carte du parcours avec les courbes de niveau (cartes IGN, géoportail même), un papier, un crayon (une règle). C'était un amusant exercice de géographie, qui se fait peut-être encore ...

Cordialement
Alain

[Cuchlainn]

Bien sûr ! ça je sais faire, je l'ai même fait souvent
Je pensais aux outils qui permettent de le faire autrement "qu'à la main" et j'aurais dû écrire : rapide, plutôt que "précise". J'avais en tête les fonctions automatiques d'IGN Rando ou de Carto Exploreur et je n'ai pas le secteur des Vosges pour ces logiciels.
Je ferai l'exercice pour les trois étapes où ça semble intéressant.

Par contre, je me pose une question relative à la stratégie d'ensemble, à la vue de ces longues étapes à pied suivies de combat. J'ai l'impression que l'armée française - si on peut tirer des conclusions à partir de cette unité - sur ce bout du front, n'a pas vraiment l'initiative. Je m'explique : une fois la guerre déclarée, tout d'une traite on abat les 10 km réglementaires qui séparent l'unité de la frontière, on la franchit, on descend dans la vallée et on avance, on pousse jusqu'à rencontrer une résistance solide et là, on affronte celle-ci avec une jolie promenade de 25 km dans les jambes. C'est-à-dire qu'au lieu de s'arrêter en un point non occupé et de s'y préparer, soit à repartir frais et dispos le lendemain, soit à arrêter un éventuel retour offensif allemand, le 133e RI donne l'impression de se laisser aspirer, grisé par la perspective de libérer l'Alsace, par ces villages vides, cette avance facile - et au final, alors qu'il est l'assaillant, il combat toujours là où et quand les Allemands le souhaitent, et donc toujours dans des conditions difficiles... notamment à Cernay où il tombe sur de l'artillerie et des mitrailleuses puis une violente contre-offensives dans les hautes vignes où - le JMO le souligne - les problèmes de couleur d'uniforme sont particulièrement gênants.
Idem à Mulhouse, et tout cela pour devoir galoper en direction des Vosges se jeter, là encore, dans la fournaise... bref, ce régiment passe à l'attaque et ce sont pourtant les Allemands qui le font danser au son de leur musique.

Pensez-vous que ces observations aient un sens et que les mouvements du 133e soient vraiment une illustration d'une armée française que les Allemands piègent ?

Cordialement,
Cyrille

[Eric Mansuy]

Bonjour à tous,
Bonjour Cyrille,

Je ne serai certainement pas en mesure, n'ayant fait ni études d'histoire, ni l'Ecole de Guerre, de vous donner mon avis sur la question, et moins encore des cours de stratégie. Cela étant, votre questionnement est légitime, et la thématique du "piège" allemand à Mulhouse, Sarrebourg et Morhange, est bien connue et a été maintes fois traitée.

Si je puis me permettre un conseil, au cas où vous ne l'auriez déjà fait, jetez un oeil aux JMO du niveau brigade et DI - pour les 14e et 41e DI - et vous aurez sans doute une meilleure vue d'ensemble de ces journées d'août et septembre 1914. Le cas échéant, si des pistes bibliographiques vous intéressent également...

Quant au 133e RI, j'espère que le président de son excellente amicale, M. Pierret, nous donnera son avis !

Bien cordialement,
Eric Mansuy

[Cuchlainn]

Bonjour,
Je suivrai votre conseil de lire les JMO des grandes unités - faut juste que je trouve du temps.
Idem sur le "piège" allemand; ce qui m'intéresse, ce n'est pas de réinventer des choses étudiées et comprises depuis longtemps à l'échelle des grandes unités, c'est de comprendre le pourquoi du comportement du régiment que je regarde; dans quelle mesure cela s'insère effectivement dans une grande stratégie, ou si cela relève juste des contraintes inhérentes à la guerre de cette époque, etc.
Les soldats devaient se poser ces questions, il y allait de leur peau. Et les témoins rapportent souvent, en cet été 14 particulièrement, la grogne du soldat qu'on fait aller et venir sans lui donner un mot d'explication, s'épuise en marches et contre-marches interminables, parfois sans combattre, et qui ne comprend pas.

Cordialement
Cyrille

[LABARBE Bernard]

Bonjour à tous,
Concernant le 57 puisque parmi ceux qui ont le plus marché en 14 (Vème armée oblige...) un tableau ICI
Cordialement,
Bernard