80 kilomètres à pied, ça use, ça use...

Parcours individuels & récits de combattants
p Lamy
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Re: 80 kilomètres à pied, ça use, ça use...

Message par p Lamy »

Bonjour,
pour revenir au Braunschweigisches Infanterie Regiment Nr 92, celui-ci faisait partie de la 19e Reserve Division qui formait avec la 2e division de réserve de la Garde le Xe Corps et appartenait à la IIe armée (Von Bulow).
Pour le "parcours pédestre" du régiment : Entre en Belgique à Spa le 15 août 1914, passe par Liège et franchit la Sambre à l'ouest de Charleroi le 22. Combat à Nalines le 23, puis entre en France le 26 à Avesnes. Engagé les 29 et 30 août du côté de Saint-Quentin et Ribemont. Participe ensuite à la bataille de la Marne (Vauchamps-Montmirail) les 6 et 7 septembre.
Se replie par Orbais dès le 7 septembre et retraite par Vertus, Epernay, Rilly la Montagne (10 septembre), Reims (12 septembre)...Jolie promenade...
Cordialement.
P. Lamy
"C'est le Vin qui a fait gagner la Guerre"
Jean-Louis Billet, agent de liaison au 70e BACP
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francois mattart
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Re: 80 kilomètres à pied, ça use, ça use...

Message par francois mattart »

Bonjour,
Loin de moi de prétendre que ce 90ème ait effectué ces fameux 80 kms. je n'ai aucune preuve de ce fait.
En se replongeant à l'époque, je continue de dire que c'est possible de parcourir cette distance en temps de guerre.
Voici des extraits du carnet de O Barthélemy soldat à l'armée Belge (13ème de ligne) en 1914.
Je n'ai retranscrit que ce qui touche le sujet des marches forcées ( ici en pleine retraite ).

Extraits du carnet de O. Barthélemy du 13ème régiment de ligne.

« Dimanche 23 août :… à 14hrs arrive l’ordre de battre en retraite… Halte à Wépion…On repart pour s’arrêter à Bois de Villers…On fraternise avec les français puis on repart….Marche pénible…Dans les rares haltes on se couche sur les côtés de la route… 21hrs30, arrivée à Bioul, fatigués et démoralisés (28 kilomètres de marche )… Dans le parc, nous nous étendons à terre, l’un sur l’autre mais pas pour longtemps car une demi-heure après, on nous réveille déjà. Il faut monter la garde…Repos vers 23hrs.
Lundi 24 août : … 2 heures du matin, branle-bas dans le parc, il faut partir… Nous nous trainons mais bientôt les forces reviennent… Nous nous promettons de tenir jusqu’au bout et de marcher toujours mais le pourrons nous ?... On traverse un bois… Sacs abandonnés…Et on marche sans arrêt et vite même. Le lieutenant Jung circule dans les rangs et nous dit : Continuez toujours, marchez, il le faut absolument même si vous avez les pieds en sang car il vaut mieux arriver dans cet état que de tomber entre les mains des boches… Et on marche toujours… Nous nous traînons…. Halte de 5 minutes à Denée…On continue la marche par Flavion, Rosée, Villers le Gambon, Merlemont, Villers en Fagne…Vers 11 heures, Halte quelques instants….Autres villages…Un moment je n’en peux plus ; je quitte la Cie et m’étends dans un fossé, Je ne sais combien de temps je suis resté là mais quand je me relevai, toute la colonne était passée ainsi qu’un régiment Français et le convoi, Enfin , je m’accroche à un chariot qui me traîne….les Pieds meurtris nous croisons des soldats qui ont tout abandonné, d’autres qui n’ont plus que le fusil, certains marchent sur leurs bas, d’autres pieds nus…
A 18 hrs nous arrivons à Mariembourg… A 21hrs enfin on peut s’étendre.Tout le monde tombe de fatigue. Nuit tranquille. Sommeil Lourd. Nous avons parcouru 60 kilomètres en 18 heures… »
Mardi 25 août : Réveil à 4 heures 45. Allocution du major : « je vous demande à tous de faire votre possible pour suivre la colonne.Le moment est grave et nous sommes loin d’être hors d’atteinte. Vous n’avez pas mangé ou plutôt on ne vous à rien donné depuis deux jours, si ce n’est de l’eau ; vos officiers en sont réduits au même état.Tout traînard est un homme pour les Boches . »
On se remet en marche…Le sac me pèse lourdement ; aussi à la première halte je le laisserai dans le fossé…Enfin on s’arrête. Vite je tire mon havresac, en enlève le linge que je mets dans la besace et laisse le reste dans le fossé….Chaleur accablante, on marche toujours…On passe la frontière…On est casé dans un prè … Il est 19hrs. De 5 hrs à 19hrs on a parcouru 50 kilomètres… »
Mercredi 26 août : Réveil à 4 hrs… Marche jusqu’au Liart où nous arrivons à 10 hr30.


Voilà de quoi confirmer mes dires d'un peu plus haut même si j'avais un peu gonflé (involontairement) la distance des 65kms en 12 hrs...
Quand aux 80 kms soi disant fait par le 90ème , je ne sais par où ils sont passé. J'ai observé la carte c'est très court comme distance pour prendre position, alors de là à parcourir 80 kms il faut en faire des tours et détours...
Dans leurs écrits, Barthas et Genevoix cite néanmoins des marches épuisantes, des demi tours, des erreurs de parcours lors de leur montée au front.
Bon qui aura le dernier mot?
Pour en terminer avec mon soldat Belge, j'ai effectué son parcours pédestre jusqu'au Liart, j'ai eu dur, très dur et je ne peux que m'incliner devant ces marcheurs d'un autre temps...
Amicalement
François

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Arnaud Carobbi
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Re: 80 kilomètres à pied, ça use, ça use...

Message par Arnaud Carobbi »

Bonjour à tous,

Voici les marches du 106e RI. Le trajet reprend les écrits de Genevoix : 111 km du 25 août au 5 septembre 1914.
http://www.coeur-de-provence.org/randon ... %7EAkApHcH

Bernard, très intéressant ton tableau. Pour être complet, il faudrait que tu précises les sources de ces données.

Amicalement,
Arnaud
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Stephan @gosto
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Re: 80 kilomètres à pied, ça use, ça use...

Message par Stephan @gosto »

Bonjour tout l'monde,

Sans rentrer dans les détails au jour le jour, voici pour le 74e R.I. :

Du 6 (débarquement) au 21 août (combat de Roselies) : 174 kms
  • Etape la plus longue : 40 kms
Du 23 août au 6 septembre (combat de Courgivaux) : 302 kms
  • Etape la plus longue : 34 kms
Kilométrage établi par un des secrétaires du colonel.

Amicalement,

Stéphan
ICI > LE 74e R.I.
Actuellement : Le Gardien de la Flamme

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francois mattart
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Re: 80 kilomètres à pied, ça use, ça use...

Message par francois mattart »

Re,
Je contaste une chose : les Belges sont de plus grands marcheurs que les Français! :lol: :pt1cable:
Mais bon, abandon de matériel en temps de guerre ça peut aller loin! ( Dixit un dénommé Pitivier bien connu ! )
Très amicalement
François
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LABARBE Bernard
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Re: 80 kilomètres à pied, ça use, ça use...

Message par LABARBE Bernard »

Bonjour à tous,
Arnaud, mes sources c'est le JMO où pour chaque jour les villages traversés et les cantonnement ou bivouacs sont notés. J'ai pris les distances sur des cartes Michelin.
Cordialement,
Bernard
PROCHET
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Re: 80 kilomètres à pied, ça use, ça use...

Message par PROCHET »


Bsr.

Les marches de la 15e D.I en 1914 ne sont pas mal non plus - ex pour le 10e R.I plus de 80 kilomètres du 23 septembre à 8 heures au 24 à 17h 30. Pour le 27e R.I 90 kilomètres en 35 heures. La réalité dément les calculs de l'EM, malgré les grand-haltes et repos on finit à 2 à l'heure.

Cdlt P.ROCHET
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LABARBE Bernard
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Re: 80 kilomètres à pied, ça use, ça use...

Message par LABARBE Bernard »

Bonsoir à tous,
PROCHET, nous y revoilà, même sujet ou presque, 80 km pour le 10ème en 34 heures, et 90 pour le 27ème en 35 heures.
La Lorraine aime les marcheurs ! N'y voyez surtout pas de moquerie, simplement de la recherche. Lorraine, zone de concentration en 14 puis de piétinement suite aux combats que l'on sait. Bref, pour reprendre la bonne question de Arnaud concernant le tableau du 57, quelles sont vos sources ?
Cordialement,
Bernard
PROCHET
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Re: 80 kilomètres à pied, ça use, ça use...

Message par PROCHET »



Bjr Bernard.

En premier lieu les Historiques Régimentaires et les souvenirs du Général de Castelli Cdt du 8e C.A à cette période.
2° Les molets de mon GP Maternel et un certain volume de papier sur le sujet.

Cdlt P.ROCHET
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croc-5962
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Re: 80 kilomètres à pied, ça use, ça use...

Message par croc-5962 »

Bonjour à tous

Concernant les longues marches de nos poilus, je ma souviens que mon père, un paysan du Périgord affecté au 220° RI (133° Br, 67° DIR, 3° GDR), s’était étonné d’avoir autant marché lorsqu’il refit ses différents déplacements de 14 à 16 dans la RFV, en 2 chevaux, quand il remonta à Verdun lors du cinquantenaire de la bataille.

En ce qui concerne les distances de marche, j’ai lu dans le livre de Georges Blond “La Marne”, page 244, le texte suivant:

"Lieutenant Wilhelm Harloff. 90° d’infanterie, 17° division, IX° corps. Les marches fournies par la 17° division n’ont jamais été égalées. Placés à l’aile gauche de la I° Armée*, nous avons dû, dans le mouvement de conversion, longer l’arrière du front pour aller renforcer l’aile droite de l’armée tout au nord. Le 7** au soir nous avons quitter les environs d'Esternay et nous sommes arrivés à onze heures du soir à Guillauche, prés de Fontenelle. Trente et un kilomètres. Nous étions si fatigués que plusieurs d’entre nous se sont couchés sur des tas de fumier sans s’en apercevoir. A trois heures trente le 8, réveil et en route! Nous avons été survolés par des aéroplanes français. A onze heures, nous avons traversé Château-Thierry, jolie ville, mais abîmée par les bombardements. A treize heures, nous avons eu une halte de dix minutes, au milieu d’un champ, et en avant dans la poussière et la chaleur! Nouvelle halte de dix minutes prés de La Ferté-Milon, puis, après encore six heures de marche, trois heures de sommeil, et encore en avant! C’est après avoir parcouru cent trente kilomètres en trente-deux heures, avec en tout sept heures de sommeil, que nous sommes arrivés à nos emplacements de combats. Qui dit mieux? Notre unité avait*** un surnom d’une gloire particulière: Kilometer Division."
* von Kluck
** septembre
*** a acquit (??)

Je vous laisse juge de cet information, je n'ai pas vérifié sur les cartes.

Amicalement
croc-5962


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