Bonjour à tous,
Je craque avec le moteur de recherche du forum
Je dois être nul, j'en suis conscient mais passons...
Il s'agit (de mémoire) d'un sujet il y a quelques mois sur une marche de 80 km qu'aurait effectué un régiment lors de la concentration en Lorraine en août 14. J'ai tout tenté, "marche 80 km", "marche 80 kilomètres", "Lorraine 80 km.... Je largue !
Bon si c'était 75 km j'ai tout faux, mais il me semble bien que c'était 80.
J'ai des choses à dire et à demander, donc si un fouilleur pro du forum peut retrouver le sujet, merci !
Cordialement,
Bernard
Bonsoir,
Merci Stephan, c'est bien ça. (N'empêche, le moteur... Passons)
Je fais donc un copier-coller du message de Jérôme (extrait) « A propos des 80 kilomètres des « Marines » sac au dos, écrit-il, je me permets de vous faire connaître que le 90e d'Infanterie, qui était en garnison à Châteauroux, est parti le 4 août 1914 pour le front. Il fut dirigé sur la Lorraine par le train, jusqu’aux environs de Nancy. De là, le régiment en tenue de campagne de cette époque, et sous un soleil de plomb, partit à pied pour se mettre en ligne sur la Seille. Il effectua, en une journée, 80 kilomètres. Le soir, au lieu de se reposer, les hommes durent prendre leurs emplacements de combat, face à l'ennemi. Aucun fantassin n'avait flanché. Les Français n’ont donc pas attendu les Américains pour cette performance.»
Henri Fusié, ex-sergent au 90e d’Infanterie.
Alors je me pose des questions... Témoignage d'un sergent du 90ème, à première vue y'a rien à dire puisque témoignage... Mais les témoignages ...
A deuxième vue, le 18ème CA dont le 57ème RI avait aussi pour zone de concentration la Lorraine (IIème armée avant de passer à la Vème Lanrezac le 19 août). Débarquement à Maxey-sur-Vaise, et à partir de là des marches pour rejoindre un endroit plus précis (?). Je passe sur le détail des étapes, 110 km en 11 jours, maxi le 12 août, 27 km.
Cdt Couraud, "Le 57ème R.I. pendant la Grande Guerre", 1925: "Ces marches longues et pénibles par une chaleur accablante éprouvent nombre de réservistes dont quelques-uns, non valeurs à éliminer, doivent Btre évacués." Non valeurs à éliminer... Le lecteur appréciera... Le 57 aussi dans la guerre de positions à venir, là ou on ne marche plus et où les réservistes seront là.
Alors, le 90ème était composé tout comme les autres régiments de soldats d'active, jeunes et endurants, comme mon pépé Raymond du 57 puisque en plein dans le service militaire, mais il a été gonflé par l'apport des réservistes à la mobilisation.
Alors si au 57ème des non-valeurs durent être évacuées après une vingtaine de bornes (des réservistes), je me demande ce qu'il en a été au 90ème après 80 kilomètres !
J'ai quelque part je ne sais plus où un "brevet" de marche de 50 km lors de la période d'instruction juste avant la guerre. Mais je pense qu'il s'agissait là du maxi que l'on était supposé demander à une troupe okazou.
Ces 80 bornes, je me demande....
Bonjour Bernard,
C'est en effet une longue distance à parcourir mais c'est à mon avis tout à fait possible.
Pour comparer, une course à pied en montagne ( Trail ) autour du Mont Blanc avec 86 kms et + de 4000m de dénivelé positif a été parcouru par le vainqueur en 10h30, le dernier ou plutôt la dernière a terminé cette épreuve en 24hrs.( 2007)
Soit une moyenne de 10 à l'heure pour le premier contre 3.5 kms heure pour la dernière.
Tu me diras, oui mais les chaussures, le petit portage, la légèreté de l'équipement....
En 14, les étapes de 50 kms étaient choses courantes et malgrès le barda, les gars y allaient.
Pour 80 kms, prenons un départ à 4 hrs du matin, une moyenne de 5 voir 6 kms heure = +/- 15 heures de marche soit une arrivée vers 19hrs. Ajoutons à cela, l'engouement de la montée au front, la forme physique de nos anciens plus actif de par leur travail, l'effet "peloton",....
Bien évidemment, je n'oublie pas les sangles des musettes qui lacérent les épaules, les godillots de l'époque qui rendaient les pieds en sang, les équipements lourds et non "respirants", la vinasse qui "coupe" les jambes, la poussière qui séche la langue,le flingot qui peut même pas servir de bâton de marche... mais c'est possible, pas tout les jours mais c'est possible.
J'ai le témoignage écrit d'un soldat Belge qui a parcouru 65 kms en 12 hrs lors de la retraite de Namur.Oui bon c'était la retraite....
L'état des soldats après une telle épreuve est déplorable à mon avis et il fallait seulement commencer à affronter l'ennemi. De plus on ne cite pas dans ton témoignage les pertes dues à cette marche de l'extrème. A mon avis 30% sont arrivés en retard suite à différents pépins rencontrés sur la route.
Alors, nos Anciens, randonneurs forcés malgrès eux !? Oui et de grands marcheurs en tout cas..
Moi je m'en tiens à une moyenne bien plus basse et c'est pour rigoler.
Amicalement
François
Par comparaison, si je me rappelle bien et si je ne me trompe pas, des soldats de l'Empire napoléonien ont du faire une marche forcée depuis le Nord jusqu'à Vienne (jusqu'à 40 km par jour), en 1805. Ce seraient alors de sacrés randonneurs.
A l'époque napoléonienne comme en 1914, la majorité de la population française était d'origine rurale. Ce ne serait alors pas étonnant que des ruraux rompus à une endurance puissent parcourir de longues lieues. Ma mère, qui fut fille de ruraux bretons, avait l'habitude de parcourir toute petite une longue lieue pour aller à l'école depuis sa maison rurale.
Sans oublier la fameuse armée romaine. Citons Wikipedia (tout en prenant à l'esprit qu'il faut toujours se méfier de Wikipedia ) :
La discipline et l’entraînement des légions se manifestent également dans ses déplacements, et notamment dans ses cadences de marche. La cadence normale est de 5 kilomètres en une heure, puis 10 minutes de pause. Cette cadence est maintenue pendant 5 à 7 heures de marche par jour. Il existe aussi une cadence accélérée à 7,2 kilomètres en 50 minutes, maintenue parfois pendant plus d'heures (8 ou 9 exceptionnellement), en cas d’urgence (pour aller porter secours à une autre légion).
Cette rapidité de déplacement (inégalée jusqu'à la Révolution française) donne de grands avantages opérationnels à la légion romaine : elle permet de réunir deux fois plus de troupes que l'ennemi en un endroit déterminé, avant qu'il puisse réagir.
Les bagages réduisent d'un tiers cette vitesse (étape normale de 25 kilomètres). Chaque soir, un camp fortifié est construit.
Sous l’Empire, cette cadence est possible grâce à un entraînement (ambulatura) ayant lieu au moins trois fois par mois, à date fixe (quel que soit le temps). Tous les militaires se chargent de tout l’équipement réglementaire (jusqu’à 40 kilogrammes) et font, via des itinéraires accidentés, une quarantaine de kilomètres, en alternant les deux cadences.
Peut-être faire une marche forcée exceptionnellement à 80 km en une journée est-elle plausible. ^^
Bonjour à tous,
Je pense que Jérôme Charraud qui doit être en vacances nous éclairera avec le JMO du 90ème car cette étape est très certainement mentionnée.
Je n'ai pas dit que c'est impossible, mais je souhaite seulement des preuves autres que des témoignages. Alors un JMO, c'est aussi un "témoignage" mais dans le registre "étapes" il n'y a aucun doute. Sur celui du 57, au jour le jour les points de départs et d'arrivées sont notés.
80 km en 24 heures... Il faut bien dormir. Une troupe ne peut marcher 80 km en 24 heures sans dormir. Si ? Même un régiment composé pour 1/3 environ de réservistes ? En attendant et pour ce qui est des calculs de faisabilité, n'oublions pas aussi les haltes repos, alors tout ça fait sérieusement grimper la moyenne horaire. Ou alors, quelques champions sont arrivés le jour J et les autres à J+1... Et d'autres jamais car évacués...
Et puis autre question, pourquoi cette marche ? De la gare à la zone de concentration oui, mais quoi ? Il était en retard ?
Nous en saurons plus.
Autre chose, ne confondons pas cette marche isolée d'un régiment avec la retraite d'août 14, où il ne s'agit pas de battre des records mais de reculer tous en même temps et sans rupture entre C.A., excepté peut-être François pour la petite armée belge en retraite sur Anvers. Mais le témoin dit 65 km en 12 h, ça pète tous les records. 5,4 km/h, si tu comptes les haltes repos indispensables ça nous fait du combien ça ? 6 ou plus ?
A suivre...
Cordialement,
Bernard
""""BJR à tous Je pense que la réponse est à chercher dans le JMO 80Kms sur 24 heures à voir!!!!!! il devait y avoir de la casse à l'arrivée surtout qu'il faut tenir compte de la configuration du terrain d'engagement, avec des réservistes ayant trés peu d'entrainement j'ai des doutes, enfin à vérifier.
Bonjour,
une remarque, l'essentiel des poilus étaient des paysans dont le principal moyen de locomotion dans le civil était les pieds, donc, en principe la marche ne leur était pas inconnue.
Pour revenir au raid Mont Blanc, il s'agit d'une compétition pour sportifs hyper entraînés.
N'oublions pas non plus le poids du barda et la capote en laine qui tient chaud...
Cordialement.
P. Lamy
"C'est le Vin qui a fait gagner la Guerre"
Jean-Louis Billet, agent de liaison au 70e BACP
Bien loin de moi l'idée de donner une réponse définitive : Jérôme se chargera de nous dénouer définitivement tout cela. Cependant, à défaut de JMO, nous disposons de l'Historique. Il nous apprend :
Les 7 et 8 Août, le Régiment débarque à Mâron, dans la Meurthe-et-Moselle, et va occuper la
zone, Pont-Saint-Vincent, Bainville, Maizières.
Le 11 Août, le Régiment se porte vers le N.-E. Sa tête est avant-garde de la 33e Brigade et, vers 7 heures, il est à hauteur de Nancy.
Pour la première fois; on entend le canon au loin, vers le Nord. Par Malzéville le Régiment atteint Eulmont où il cantonne en détachant une compagnie du 3 e Bataillon aux avant-postes.
Le 12 Août, dès 4 h. 15, on signale l'ennemi à Nomény. Aussitôt les 1er et 2e Bataillons partent pour Lanfraicourt, Armaucourt, Arraye, cote 230, aux avant -postes. (...)
Le 12, le 90e passe la frontière, le premier de la Division. (...)
Le 12, le 13, le 14, les 1 er et 2 e Bataillons continuent à tenir les avant-postes à l'est de Manhoué, Han, Arraye et Ajoncourt, n'échangeant que quelques coups de feu avec les patrouilles ennemies.
Ce texte nous donne des noms de lieux qui permettent de retracer le parcours et de la chiffrer, même approximativement : 11 août : Pont-Saint-Vincent - Nancy - Malzéville - Eulmont : environ 20 à 25 km (je ne connais pas l'itinéraire exact). 12 août : Eulmont - Lanfraicourt (par exemple, mais tous les autres villages cités sont à proximité) : environ 12 à 15 km. Ces villages étant à proximité de la Seille citée dans le témoignage du sergent du 90e RI, je pense que ses 80km sont exagérés.
Le lien mène vers la carte utilisée pour effectuer les mesures de distance. http://www.coeur-de-provence.org/randon ... Ise@zY{w@
Toutes ces conclusions sous réserve car elles ne reposent que sur l'Historique.
Amicalement,
Arnaud
bonjour Arnaud
ces kilometres ne sont pas forcement exagérés...certes 80 c est long..je sais de quoi je parle.Mais mon grand pere qui a effectué son service militaire au sein de ce régiment me racontait qu ils avaient effectués dans la jounée précisement en Lorraine une marche trés éprouvante qui avait commencée tres tot le matin....la distance ca c est une enigme pour eux bien que fantassins n avaient pas un compteur kilométrique branché sur les chaussures mais les 60 kilometres y sont surement et il faut savoir aussi que nos gars effectuaient des marches de diversions afin d embrouiller l ennemi mais là...il faudrait savoir ou servait ce sergent (la compagnie )pour en fait le recoupement avec le jmo ....mais là je crois que Jerome pourrait répondre
cordialement christian terrasson
Il faut bien dormir. Une troupe ne peut marcher 80 km en 24 heures sans dormir. Si ? Même un régiment composé pour 1/3 environ de réservistes ? En attendant et pour ce qui est des calculs de faisabilité, n'oublions pas aussi les haltes repos, alors tout ça fait sérieusement grimper la moyenne horaire. Ou alors, quelques champions sont arrivés le jour J et les autres à J+1... Et d'autres jamais car évacués...
