Bonjour à nos ami(e)s Belges
Suite de l’analyse du document du général V. Kühne, commandant de la 25e ID -Maissin/Anloy, avec une synthèse du combat de la 49e IB.
2)Combat de la 49e IB – 115e et 116e IR
La 49e IB, sous les ordres du général V. Uthmann, était stationnée à gauche de la 50e IB à Glaireuse. Aux environs de 12 h30, après avoir été ravitaillé par les cuisines de campagne, la brigade reçu l’ordre de prendre possession des hauteurs à l’ouest d’Anloy. Le I/61e FAR vient se positionner au S.E. d’Anloy, puis le II/61e FAR pris position au nord du village.
Au Burnaubois, le 117e IR (aile gauche de la 50e IB), dans sa marche d’approche vers le sud de Maissin, est confronté à des tirs du II/19e RI à proximité du moulin de Villance. Pour V. Kühne, la situation devant le front était obscure. Ordre est donné à la 49e IB de faire mouvement pour venir appuyer la gauche de la 50e IB. L’aile droite de la 49e IB est constituée du 115e IR et l’aile gauche par le 116e IR dont le 1er bataillon était maintenu en réserve au sud d’Anloy.
Le terrain accidenté sur lequel doit progresser la 49e IB à l’ouest d’Anloy V. Kühne le décrit en ces termes :
«Le terrain était difficile pour la progression ; le sol croisé par des vagues transversales, tranchées entre déclivité de terrain, couverture avec de hautes céréales, nombreuses clôtures de fil de fer séparant les champs, sous-bois dense dans les bosquets et les forêts.» Pour V. Kühne les fils de fer ne sont nullement des barbelés mais les clôtures des champs de pâturage. Quand aux «tranchées entre déclivité de terrain» peut être de larges fossés réalisés pour le drainage du terrain ?
Cette configuration particulière du terrain entrainera, pour les deux adversaires, des difficultés de coordination entre les unités. Les bataillons de la 49e IB vont se trouver mélangés dans des combats isolés.
A 14h -14h30, lorsque le III/115e IR s’approche de la cote 405 il fut assailli à l’improviste par les troupes du III/118e RI français. Les 4 compagnies de ce bataillon vont se lancer dans une folie meurtrière à l’assaut. Le chef de bataillon est blessé, les 4 capitaines sont mortellement blessés et des fantassins il ne reste que des débris. Le combat fut très meurtrier des deux côtés. Sans soutien ni renfort, le III/118e RI doit rapidement reculer alors que le III/115e IR avec des éléments du I/115e, arrivés en renfort, vont poursuivre leur progression vers les bois de Burnaubois et de Haumont. Ils ont ordre d’effectuer leur jonction avec des unités du 117e IR.
Risquant de se faire envelopper au Burnaubois, par un ennemi en surnombre, le II/19e RI se replie dans un premier temps au–delà du petit ruisseau de Chêne et gagne ensuite, par petits groupes, Framont et Paliseul.
A l’aile gauche de la 49e IB, au nord du carrefour des deux routes Sart-Maissin et Framont-Anloy, le II/116eIR vient se heurter au I/118e RI et le repousse pas à pas- pour mémoire, lire (pages 3 et 4) l’excellent témoignage du lieutenant Le Pivain, chef de la 1ère section de mitrailleuses, que nous a aimablement transmis Lapita.
Vers 15h 30, le feu allemand face au I/118e RI diminue d’intensité, le 116e IR arrête sa progression.
Une contre–attaque française de flanc, à l’Est du carrefour des deux routes précitées vient stopper l’élan du 116e IR.

Carte des positions de la 49e IB vers15 heures et des unités françaises qui lui font face
(extrait du croquis N° 2 Pugens)
Le général V. Kühne s’interroge sur l’appartenance des troupes qui ont effectué ces attaques frontales et de flanc contre la 49e IB. Par recoupements, à partir des régiments dont étaient issus des soldats enterrés dans les cimetières d’Anloy et de Maissin -59e RI et également 88e et 14e RI – il est persuadé, bien que pour lui « l’histoire complète est très obscure», que la 49e IB a non seulement combattu contre des bataillons de la 22e DI mais également du 17e Corps. Sans hésiter, on peut répondre que cela fut bien le cas.
Le général Eydoux, commandant du 11e CA, sans nouvelle des I/118e et II/118e RI, est inquiet pour son aile droite. Il a dépêché, dès 14h30, un capitaine de son E.M. au près du 17e CA pour : « lui demander de bien vouloir hâter son entrée en action à l’est de Maissin, pour aider la 22e DI, qui se trouve très fortement engagée.»
Le 59e RI (34eDI/ 68eBI) qui était en halte au sud du bois Piret (entre Sart et Anloy) reçoit l’ordre du 17e CA d’attaquer en direction d’Anloy et d’établir le contact avec le 11e CA. A la sortie nord du bois (cote 433) le III/116e IR est surpris par cette contre attaque de flanc du 59e RI. Le I/116e IR est lui-même fortement accroché, au sud d’Anloy, par le 14e RI (34e DI/67eBI).
Le III/116e IR, face à ce nouvel adversaire, est contraint de reculer. Des renforts sont demandés de part et d’autre.
Le bois est copieusement arrosé par le 61e FAR. L’artillerie allemande ne peut être contrebattue et l’épais rideau de bois au sud d’Anloy ne permet pas l’appui du 57e RAC (A.C.) aux troupes françaises.
Vers 16h15, le 59e RI engage un nouveau bataillon et une section de mitrailleuses dans le combat entrainant pour le III/116e IR une situation critique : Les capitaines de ses 4 Cies sont tués ou grièvement blessés, la compagnie de mitrailleuses est menacée d’encerclement. Face cette périlleuse situation une Cie de pionniers (21e PR) et des éléments du II/116e IR sont appelés en renfort et (extrait de l’historique du 116è IR) : « Le colonel Schimmelfennig (commandant le 116e IR) galopa alors vivement vers l’artillerie, il obtint là deux canons et les amena en position périlleuse au front. Un carnage terrible commença. Les deux canons arrachèrent des ouvertures monstrueuses dans les rangs ennemis débordés. Les mitrailleuses fauchaient à ras et tiraient ensemble avec une précision et une inexorabilité affreuse les lignes de tirailleurs adverses, si bien que chaque vie se figeait en elles. Des prisonniers décrièrent horrifiés l’effet effrayant des feux réunis d’artillerie et de mitrailleuses dont on pouvait constater avec frissons le jour suivant le résultat en franchissant le champ de bataille.» Le colonel commandant le 59e RI et deux chefs de bataillons sont tués, le régiment a perdu le 1/3 de son effectif.
Peu après 17h, le 88e RI (34e DI/68eBI), amené en renfort par la route Sart-Maissin, vient appuyer l’aile gauche du 59e RI. Mais sous le feu des mitrailleuses et de l’artillerie ennemie qui pilonnait systématiquement le bois Piret, le 88e RI ne peut à son tour déboucher du bois. L’anéantissement de la 66e BI (11e et 20e RI) dans la forêt de Luchy entrainera de 17 à 18 h la retraite de toutes les unités du 17e CA. -voir l’excellent sujet sur le forum consacré au 20e RI pages1418/qui-cherche-quoi/20-infanteri ... .htm#t9233
Le 115e IR a continué à avancer, alors que le II/116e IR, épuisé, ne reprendra qu’à 17h une lente progression vers l’ouest. Vers 17h30, après avoir franchi la route Sart-Maissin et pénétré dans le bois Derrière-Haumont des éléments du I/115e et II/115e IR vont enlever, après une résistance désespérée, la 6e batterie du 35e RAC (AD 22). Les artilleurs, avec 2 Cies du I/62e RI appelées en renfort, livrent des combats corps à corps autour des canons et caissons. Le commandant du 115e IR allemand y sera mortellement blessé.
Peu avant 18 h, le Commandant du 11e CA, inquiet de cette attaque du 115e IR, sentant son aile droite menacée, ordonne le repli de son Corps sur Paliseul.
A 18h, des éléments du 115e IR atteignent la crête du bois de Haumont (cote 429) et approchent de la route Paliseul-Maissin mettant en danger les batteries du III/35e RAC. Une contre attaque, partant de Bellevue, d’unités du 118e,116e et 62e RI stoppe leur progression. N’ayant plus de soutient sur sa droite, se sentant isolée après la retraite du 117e IR, la 49e IB se replie sur Anloy.
Tout comme la 50e IB, la 49e IB avait subi des pertes très importantes notamment le 116e IR avait perdu le 1/3 de son effectif dont 33 officiers.
Cordialement

Jean-Louis
A suivre l’analyse de quelques remarques de V. Kühne sur le rapport des forces et des pertes.